Dossier collectif IA72059105 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Habitat sériel du bourg de Bessé-sur-Braye
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Bessé-sur-Braye

Les premières séries de maisons ouvrières

Les premières traces d'un habitat sériel à Bessé-sur-Braye sont lisibles sur le plan cadastral napoléonien de 1829. Ce sont de petites maisons mitoyennes de même dimensions, chacune avec un lopin de terre, datables du début du XIXe siècle, voire de la fin du XVIIIe siècle (?). Trois ensembles principaux peuvent être mis en évidence. Le premier et peut-être le plus ancien est celui de la filature, visible aujourd'hui rue Élie Savatier, mais qui devait se poursuivre le long de la rue Émile Zola comme semble l'indiquer le plan de 1829. Le second et le mieux préservé est celui de la papeterie, rue du 8 Mai 1945. Construit en 1824, il apparaît sur de nombreuses cartes postales anciennes pour le pittoresque de ses échelles alignées qui permettaient de monter dans les greniers. De manière plus incertaine, un troisième ensemble important peut être identifié en plein centre-bourg, impasse de la Tour et impasse du Bicêtre, avec un ensemble de maisonnettes homogènes séparées de ruelles formant un quartier très dense, mais aujourd'hui très remanié.

A ses origines, l'habitat en série du bourg est donc déjà à mettre en parallèle avec le développement industriel précoce de Bessé, et principalement l'activité textile qui prend une très grande ampleur aux XVIIIe et XIXe siècles. A la suite d'Élie Savatier, de nombreux petits industriels lancent leur propre affaire avec plus ou moins de succès : une douzaine de noms apparaissent ainsi dans les textes : Leroy, Couty, Vivet, Dehargne, Besnard, etc. Pour la plupart d'entre eux, il s'agit de "fabriques à métiers non réunis", c'est-à-dire que les tisserands travaillent pour leur compte à domicile. Les fabriques de Bessé font ainsi travailler et vivre des centaines d'ouvriers de la commune et des environs.

Le logement sériel de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle

La multiplication des fabriques et la surproduction semble à l'origine d'une crise du secteur textile besséen au milieu du XIXe siècle, évoquée dans les registres de patente, mais aussi perceptible dans le climat social tendu et les grandes grèves des années 1850. Les débouchés manquent et de nombreux ouvriers (à l'usine ou à domicile) se retrouvent sans emploi. En 1859, on dénombre encore dix de ces entreprises de tissage, mais elles ferment dans les décennies qui suivent pour ne laisser subsister que les deux grandes industries que sont la filature Vétillard, Quentin puis Rolland (anciennement Savatier) et le tissage Leroux de la Roche. En parallèle, la papeterie de Bessé poursuit son développement.

La construction de séries de logements par les industriels ne reprend qu'à la toute fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle : à cette époque, on édifie en périphérie du bourg et sur des terrains encore agricoles des maisons en bandes continues de trois à dix unités, aujourd'hui très lisibles aussi bien dans le parcellaire que dans le paysage. Très peu de documents éclairent le contexte de leur construction, mais la tradition orale en attribue la majorité à la filature de Bessé. On compte cinq (voire six) ensembles pour cette période, le Clos Mahieu, le Clos Joli et le Clos Fleury étant les plus marquants dans l'urbanisme du bourg. A cette époque, on remanie également les bâtiments de l'ancien tissage Besnard (impasse Gambetta) en logements identiques. Dans aucun cas toutefois on ne peut parler de véritable cité ouvrière, en raison de la modestie de chacun de ces ensembles, ne possédant pas d'ailleurs leurs propres équipements. En 1945, l'urbaniste Guittet fait un parallèle entre les séries de logements de Bessé et les corons du Nord de la France.

Après guerre, la construction de logement sociaux

En parallèle de la politique de Reconstruction menée à Bessé-sur-Braye suite aux bombardements de 1944, les premiers projets de construction de maisons à bon marché apparaissent dès 1949. Avec le développement massif que connaissent alors la filature et la papeterie de Bessé-sur-Braye, il s'agit d'apporter une solution au problème du logement des nombreux ouvriers alors entassés dans des maisons insalubres. On doit désormais à l'intervention du secteur public la construction de nouvelles formes de maisons en série à bas coût. L'architecte Leroux-Hugon, par ailleurs chargé de la construction de nouveaux équipements communaux (foyer culturel, bains douches…) conçoit en 1952 un vaste quartier neuf au nord du bourg, route de Cogners. Achevé en 1954, puis agrandi en 1961, celui-ci comprend des maisons individuelles mitoyennes ainsi que de petits immeubles. Dans les années qui suivent, d'autres ensembles de logements sociaux plus modestes sortent de terre : les HLM de la Société coopérative mancelle de construction "Union et Progrès" (subventionnées par la papeterie), impasse de Courchet, et les "Logécos" de la rue Auguste Hubert, en contrebas du cimetière. L'aménagement de ces derniers sera modifié en cours de travaux, "du fait de l'aversion manifestée par les acheteurs éventuels pour la construction en bandes continues" et l'étroitesse des parcelles : une seule série est construite, le reste du terrain est dévolu à des pavillons.

Le quartier d'Habitations à Loyer Modéré le plus important de Bessé demeure le "lotissement Montesquiou", vaste ensemble comprenant deux barres d'immeubles de 18 et 36 logement (le plus grand récemment démoli) et une cinquantaine de maisons construites sur l'avenue de Courtanvaux. Aménagé à partir de 1965 et jusqu'au milieu des années 1970, il est conçu par l'architecte Gervais. Deux autres ensembles verront ensuite le jour plus au sud du bourg, le lotissement des rues Jacques Brel et Georges Brassens et celui de la rue Alfred de Musset. En parallèle, il faut noter une dernière intervention notable d'un industriel dans la construction de nouveaux logements, lorsque la papeterie fait aménager dans les années 1980 un lotissement de belles maisons pour ses contremaîtres dans la discrétion des bois de Courtanvaux, à la sortie ouest du bourg. Les difficultés puis la fermeture de la filature en 2011, et plus récemment de la papeterie en 2019, mettent un coup d'arrêt à la construction de nouveaux logements.

  • Période(s)
    • Principale : limite 18e siècle 19e siècle, limite 19e siècle 20e siècle, 2e moitié 20e siècle

Seize ensembles de maisons sérielles ont été identifiés dans le bourg de Bessé-sur-Braye (sont prises en compte les séries de trois logements et plus, car on trouve également des maisons jumelles dont la construction n'est pas nécessairement en lien avec l'industrialisation de la commune). Il faut y ajouter les logements de série aménagés dans les anciens bâtiments du tissage Besnard (impasse Gambetta) et sans doute un ancien ou plusieurs ensembles de maisons de tisserands en centre-bourg, toutefois très remaniés. Par ailleurs, une autre série de maisons identiques aurait été détruite pour l'aménagement du parking de la maison de santé.

De taille extrêmement variables, composés de maisons mitoyennes en bandes ou jumelées, ces ensembles illustrent par leur architecture une des trois grandes périodes associées au développement industriel du bourg. Les plus anciens (fin XVIIIe ? - début XIXe siècle) sont de très modestes logements à une ou deux pièces avec cave et/ou grenier accessible par une lucarne gerbière. La cave semi-enterrée est à associer à l'activité des tisserands, qui y installaient leur métier à tisser pour garantir une humidité constante. Toutefois, de nombreux remaniements rendent généralement ces logements difficilement lisibles. Les maisons sérielles de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle sont plus grandes, avec comble à surcroît voire étage carré. Elles se distinguent principalement par un soin nouveau apporté aux décors, notamment avec l'emploi de la brique à des fins esthétiques dans les années 1900. Enfin, le logement social des années 1950 et suivantes se caractérise par sa sobriété et sa rigueur. Les lotissements de HLM couvrent pour la plupart de vastes parcelles où la disposition du bâti perd peu à peu en régularité pour atténuer la rigueur de l'alignement : lotissement de l'avenue de Courtanvaux aménagé en amphithéâtre, lotissements des rues Jacques Brel et Georges Brassens et celui de la rue Alfred de Musset construits autour d'une voirie volontairement sinueuse.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 16

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1015 W 10. 1945-1961 : plan d'aménagement et de reconstruction de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1807 à nos jours : délibérations du conseil municipal de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1946 à nos jours : permis de construire de Bessé-sur-Braye.

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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