La rue de l’Étang est l’une des quatre rues anciennes du bourg de Tuffé, qui se joignent au carrefour formé par la place du Général Leclerc. En réalité, elle apparaît sur le plan terrier du prieuré de Tuffé (1757-1759) sous le même nom que l’actuelle Grande rue, la « rue de Quatre Oeufs, autrement de Quatre Roues ». C’était l’un des axes principaux du bourg, traversant la Chéronne et reliant Tuffé à La Ferté-Bernard.

La rue de l’Étang, qui s’étire entre l’église et le pont sur la Chéronne, présente la particularité d’occuper le sommet de la digue des anciens étangs du prieuré, également chaussée du moulin. Cette rue a donc été entièrement façonnée par les moines qui ont réalisé dans la vallée de la Chéronne d’importants aménagements hydrauliques à partir des XIe-XIIe siècles. Ainsi, la rue enjambe le bief du moulin banal (actuellement n°14) dont le petit étang constitue la retenue, puis au niveau du pont l’emplacement des anciennes portes et de la bonde du grand étang, asséché à la fin du XVIIIe siècle. Ainsi, on ne trouvait aucune construction du côté nord de la rue qui donnait dans les eaux des deux étangs. En revanche, les bâtiments les plus anciens encore visibles du côté sud remontent au XVe ou au XVIe siècle : il s’agit du manoir dit la Cour de Chéronne au n°32, des maisons aux n°24 et 30 (dite maison de la Chaussée, façade arrière) et d’une portion de l’ancienne auberge du Chêne Doré au n°8. Les autres constructions ont été totalement remaniées ou remplacées.

Au milieu du XVIIIe siècle, comme en atteste le plan terrier, le flanc sud de la rue est bordé de nombreuses maisons entrecoupées de cours et de passages. Certaines sont décrites dans le terrier, comme par exemple celle du sieur Jean Vallée "sur la chaussée du grand étang nommée la maison longue". Le front de rue se densifie encore par la suite puisqu’il apparaît comme presque continu sur le plan cadastral de 1831. C’est également à cette période, consécutive à l’assèchement du grand étang, qu’apparaissent deux maisons sur le côté nord, mais elles ne seront pas plus nombreuses à cause des difficultés à construire ici sans contrarier l’écoulement des eaux. Ainsi, la maison du carrefour (n°3) construite en 1827 par un certain Hérode au-devant du pont fait l’objet d’une enquête a posteriori, les riverains craignant qu’elle ne génère de graves inondations. Lors de son agrandissement, une arche dut être aménagée sous la maison pour permettre le passage d’un bras d’eau aujourd’hui asséché.

Le XIXe siècle et le début du XXe siècle voient également la reprise de l’intégralité des façades donnant sur la rue, en lien avec l’amélioration de la voirie (nivellement de la rue en 1843) et un plan d’alignement tardif de 1875. Hors remaniements postérieurs, toutes les façades sur rue appartiennent à cette période, avec notamment plusieurs dates portées (1858, 1876, 1903).