Dossier d’œuvre architecture IA72000365 | Réalisé par ;
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
  • inventaire préliminaire, documentation préalable
Moulin à blé, puis usine de papeterie, 19 rue du 8-Mai-1945
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Hydrographies la Braye
  • Commune Bessé-sur-Braye
  • Adresse 17 rue du 8-Mai-1945
  • Cadastre 1829 B2 152  ; 2020 AI 11 à 23, 68, 121, 124
  • Précisions œuvre située en partie sur le département Loir-et-Cher
  • Dénominations
    moulin à blé, usine de papeterie
  • Parties constituantes non étudiées
    atelier de fabrication, entrepôt industriel, magasin industriel, atelier de conditionnement, atelier de réparation, chaufferie, logement d'ouvriers, logement patronal, station d'épuration

La papeterie construite en 1824 pour Jacques Montaru est globalement conservée : les quatre bâtiments encadrant la cour A, construits pour partie en pierre de taille dans un style homogène inspiré du néoclassique, sont aujourd'hui réaffectés en bâtiments administratifs. Le garde-corps de la maison de maître A1 porte les initiales des familles Pothée-Montaru, la succession d'arcades du rez-de-chaussée du bâtiment A3 permet d'identifier les anciennes écuries ou magasins. A l'inverse, le bâtiment A2, qui abritait les cuves et cylindres puis jusqu'en 1964 la machine à papier, a été plusieurs fois remanié au XIXe siècle (porte à chambranles de briques couverte en plein cintre, poutres métalliques rivetées) et dans la 1ère moitié du XXe siècle (structure en béton armé pour soutenir pour un pont roulant, charpente métallique). Les logements ouvriers A5, le long de la route, ont été repris au milieu du XXe siècle. Par contre, il ne subsiste que quelques soubassements des bâtiments ajoutés à ce premier noyau dans la 2e moitié du XIXe siècle sur la rive droite de la Braye, connus par photographies anciennes et remplacés en 1969 par le bâtiment de la seconde machine à papier.

Plusieurs bâtiments témoignent des augmentations apportées à la papeterie à la limite des XIXe et XXe siècles, alors que celle-ci s’oriente vers la production de papier couché et commence à s'étendre vers le sud et sur la rive gauche de la Braye. Les ateliers de couchage B et l'ancienne salle de triage C sont ceux construits entre 1895 et 1906 par l'architecte Etienne Barberot, qui élève au même moment les locaux parisiens de la société Prioux. Les deux pignons ouest de l'atelier de couchage, composé de deux corps construits en moellons enduits, sont remarquables par leur décor d'enduits (et ciment ?), mais l'intérieur et la charpente sont remaniés : quelques travées de baies à linteau métallique sont encore visibles par endroit. La salle de triage a conservé sa structure métallique hourdée de briques (aujourd'hui enduites) et son toit de sheds, elle a été augmentée après coup de deux travées à gauche. La chaufferie et la salle des machines du même architecte, connues par photographies anciennes, ont disparu et il n’existe plus qu'une partie du pignon ouest en moellons de l'atelier D, peut-être également construit par Barberot (même mise en œuvre des moellons). Ce bâtiment a été doublé en profondeur et surélevé, en pan-de-fer hourdé de briques, dans la 1ère moitié du XXe siècle, et constitue encore aujourd'hui, avec ses deux étages, l'un des bâtiments les plus hauts de la papeterie. Quelques rares éléments de transmission en fonte et bois sont conservés à l’intérieur. Le logement (patronal ?) E et le bâtiment F datent également de la limite des XIXe et XXe siècle. Le premier, édifié à l'entrée de l'usine, est remarquable par son décor de briques et les jambettes de métal soutenant le débord du toit. Le second, construit en pan-de-fer hourdé de briques et desservi par un escalier en vis en métal, marque la première extension de l'usine sur la rive gauche de la Braye. Sa fonction n'a pas été identifiée (chaufferie ?).

La chaufferie G et sa passerelle de service H ont été édifiées vers 1927 en béton armé (procédé Hennebique) sur la rive gauche de la Braye, la dernière par les entrepreneurs Buche et Grammont de Saint-Calais. La chaufferie a été augmentée dans un second temps d'un corps également en béton armé, lequel conserve un pont roulant à alimentation électrique, construit par les ateliers de La Société de construction et de levage, ancien Établissement Veuve Bernier, 78 rue Vitruve à Paris. Elle est aujourd'hui désaffectée et revêtue d'un essentage de métal.

Au milieu du XXe siècle, l'atelier de couchage est augmenté d'un nouveau corps I, construit pour partie en béton et en métal, à l'emplacement de la chaufferie et de la salle des machines de Barberot, pour abriter la nouvelle coucheuse à lame d'air. L'angle donnant sur la rue et l'embranchement ferroviaire de l'usine (aujourd'hui disparu) a fait l'objet d'un traitement particulier : un couronnement pyramidal, à l'origine revêtu d'un quadrillage, masque le toit, et les initiales des deux sociétés gérant l'usine sont apposées sur le mur. De l'autre côté de la voie ferrée, les premières halles métalliques J des ateliers de finition et de conditionnement construites dans le même temps sont alignées sur la route. L'atelier de maintenance K, en bois hourdé de briques, est édifié rive gauche, face à la chaufferie.

Les augmentations de l'usine dans la 2e moitié du XXe siècle sont remarquables par leur ampleur. Sur la rive droite, les deux grands bâtiments abritant les deux machines à papier, longs chacun de plus de 100 m, sont édifiés en béton et métal en 1964 (bâtiment K) et 1973 (bâtiment L). Ils couvrent en partie l'un des bras de la rivière. Les ateliers de préparation de la pâte à papier M, en béton et métal, les deux stations d'épuration N et les bâtiments de production d'énergie P sont installés pour l'essentiel rive gauche de la Braye, après comblement du bras de rivière qui marquait la limite départementale entre la Sarthe et le Loir-et-Cher. Sur la rive droite, les ateliers J sont considérablement agrandis vers le sud (bâtiment Q) jusque dans la 2e moitié du XXe siècle, en plusieurs campagnes et avec une orientation légèrement différente des campagnes précédentes. L'usine franchit également la route départementale avec la création des réservoirs de carbonate de calcium R, alimentant l'atelier de couchage grâce à des conduites passant au-dessus de la route.

La papeterie de 3 cuves et 2 cylindres mus par roue hydraulique est construite en 1824 par Jacques Montaru, gendre d'Auguste Pothée, fabricant de papier à Vendôme et petit-fils d'Elie Savatier. Elle occupe l'emplacement du Grand Moulin ou Moulin de la Roche, à blé, vendu l'année précédente par le comte de Montesquiou à la condition qu'il y soit fait un moulin à papier, établissement utile et avantageux pour le pays. En 1829, elle comprend un premier bâtiment perpendiculaire à la Braye, abritant les cuves, les cylindres et la roue, quatre autres distribués autour d'une cour quadrangulaire et affectés en bureau de contremaître, loge du portier, salle à papier de 26 x 7 m, magasins à chiffons et écuries, pourrissoir, délissoir et séchoirs dans les combles, et un dernier de 30 m de long, séparé de l'usine par la grande route, divisé en 13 logements de deux pièces. Elle emploie alors 35 personnes et consomme 100 tonnes de chiffons par année.

En 1835, la papeterie est mécanisée (machine à papier installée par le fabricant parisien Chapelle et 4 cylindres sécheurs en fonte actionnés par une machine à vapeur). Elle devient en 1844 propriété du marchand parisien Gauffre, et est gérée à partir de 1847 par Gabriel Gaspard Artru, associé avec ses gendres Félix Lanos puis Numa Munier. En 1859, elle est actionnée par une turbine hydropneumatique (installée en 1852 par le fabricant Charles Callon) deux machines à vapeur de 12 et 6 chevaux et une petite roue hydraulique. Une maison de maître est mentionnée, une annexe située au moulin du Bas Rosay à Marolles-les-Saint-Calais fournit de la pâte à papier supplémentaire.

Plusieurs fois augmentée (construction vers 1886 le long de la Braye d'un bâtiment supporté par colonnes en fonte et un plancher en fer et briques), la papeterie est à partir des années 1880 progressivement spécialisée dans la production de papier couché. En 1898, les bâtiments sont partagés entre deux entités juridiques : la société Numa Munier et fils gère la production de papier, celle créée entre Munier et le marchand parisien Paul Prioux gère le couchage et la distribution. A cette date, l'usine commence à s'entendre sur la rive gauche de la Braye et surtout vers le sud : entre 1895 et 1899, l'architecte parisien Etienne Barberot édifie un grand bâtiment de 60 x 15 m complété par une chaufferie et une salle des machines, puis en 1905-1906 une salle de triage de papiers couverte de sheds. L'usine compte alors 4 chaudières et 270 salariés.

En 1927, une nouvelle chaufferie et une passerelle au-dessus de la Braye sont édifiés en béton armé (procédé Hennebique), un nouveau magasin est construit en 1930.

Dans la seconde moitié du XXe siècle, l'usine est gérée successivement par la société Dufournier pour la partie papeterie et Prioux et Munier pour le couchage, puis intégrée au groupe Arjomari-Prioux (1969) et enfin Arjowiggins (1990). Deux nouveaux bâtiments sont construits en 1964 et 1973 le long de la Braye pour abriter deux nouvelles machines à papier (la première machine est arrêtée au même moment). Les ateliers annexes (triage, magasins, ateliers de finition) sont considérablement augmentés vers le sud, par delà la desserte ferroviaire de l'usine. En 1976, la papeterie occupe 12 ha, emploie près de 700 personnes, et prend la 12e place de la production française par le tonnage, la 7e par la valeur de la production et 1ère de la région papetière de Normandie. En 1980, elle produit 180 000 tonnes de papier par an et emploie près de 870 salariés. En 2005, la papeterie emploie encore près de 700 personnes, produit annuellement 310 000 tonnes de papiers couchés, papiers pour cartes à jouer et papiers « transfert ». Elle accueille également l'un des trois centres de recherche du groupe Arjowiggins. En 2018, une centrale à cogénération est édifiée. L'usine ferme en 2019. un projet de redémarrage est lancé en 2020.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 19e siècle , daté par source
    • Principale : limite 19e siècle 20e siècle
    • Principale : 2e quart 20e siècle
    • Principale : milieu 20e siècle
    • Principale : 2e moitié 20e siècle
  • Auteur(s)

L'usine s'étend le long de la rue du 8-mai-1945 et est traversée par la Braye, divisé aujourd'hui en deux bras, et par la limite départementale et régionale entre la Sarthe et le Loir-et-Cher (commune de Bonneveau).

Les bâtiments A de l'usine sont disposés autour d'une cour carré. Ils comptent un étage carré et sont construits pour partie en pierre de taille (tuffeau) et en maçonnerie enduite et sont couverts de toits à longs pans avec croupes et d'ardoises. Le logement patronal A1 compte en plus un étage de comble et six travées en façade, la fenêtre de l'étage de la travée centrale est munie d'un garde-corps en fer portant les initiale P et M. Le rez-de-chaussée des anciens magasins et écuries A3 est rythmé par une succession d'arcades couvertes en plein cintre. L'atelier de fabrication A2, plusieurs fois remanié et reconverti reconverti en magasin industriel, est en rez-de-chaussée. Le intérieurs n'ont pas été vus.

L'atelier D, la salle de triage des papiers C et le bâtiment F sont des bâtiments en pan-de-fer hourdés de briques (avec réemploi de maçonnerie de moellons pour l'atelier D). La salle C est en rez-de-chaussée et couverte de sheds, les deux autres bâtiments comptent 2 étages carrés et sont couverts de longs pans et d'ardoises : le premier, plusieurs fois redivisé en hauteur et partiellement désaffecté, est desservi par des escaliers droits et passerelles métalliques, et conserve par endroits des vestiges de plafonds en bois et en métal à voûtains de briques, et quelques éléments de transmissions en bois et fonte. Le second est desservi par un escalier en vis en fer.

Le logement patronal E compte un sous -sol, un étage carré et un étage de comble, l'atelier B un étage carré. Les deux sont construits en maçonnerie de moellons. L'atelier B est remarquable pour son décor de pilastres et d'arcs en enduits, le logement E pour ses chaînes d’angles, bandeaux et chambranles de briques et les jambettes de métal soutenant le toit. L'intérieur du logement n'a pas été vu.

La chaufferie G compte deux étages carré, elle est construite en béton armé hourdé de parpaings de mâchefer enduits, aujourd'hui essentés de métal, et couverte d'un toit plat. A l'intérieur, un réseau de poutres de béton reposant sur un pilier central soutient deux grandes trémies de béton armé. Un escalier droit en métal et un réseau de passerelle dessert l'ensemble. L'atelier de réparation K est un hangar sur poteau de bois hourdé de briques et couvert d'ardoises.

Les ateliers L, M, N et I sont construits en métal et béton et essentés de métal. Les autres bâtiments sont pour l'essentiel des halles métalliques en rez-de-chaussée, couvertes de toits plats ou de longs pans.

  • Murs
    • brique
    • tuffeau pierre de taille
    • calcaire moellon enduit
    • fer pan de fer enduit
    • béton pan de béton armé enduit
    • métal essentage de tôle
    • bois
  • Toits
    ardoise, métal en couverture, béton en couverture
  • Plans
    plan régulier en L
  • Étages
    sous-sol, 2 étages carrés, étage de comble
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
    • toit à un pan
    • shed
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit en charpente métallique
    • escalier intérieur : escalier en vis en charpente métallique
  • Énergies
    • énergie thermique
    • produite sur place
  • État de conservation
    inégal suivant les parties
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne morale
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler

La papeterie de Bessé-sur-Braye est à signaler comme témoignage particulièrement bien conservé et homogène de l'industrialisation du sud du département à la fin du XIXe siècle.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 1343 (R 233). 1820-1838 : registre d'enregistrement des actes de l'administration municipale de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 36. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 7 S 244. 1824-1934 : ouvrages sur la Braye et papeterie de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 8 S 40 à 62. Déclaration d'implantation des machines à vapeur au Mans, 19e siècle.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 16 J 32. LOUTREL Simon. Arjomari-Prioux. Usine de Bessé. 72310 Bessé-sur-Braye. Mémoire de stage. Ecole supérieure de commerce et d'administration des entreprises de Rouen, septembre-décembre 1977.

Bibliographie

  • ANDRE, Louis. Machines à papier. Innovations et transformations de l'industrie papetière en France. 1798-1860. Paris, EHESS, 1996.

Périodiques

  • L'industrie du papier dans la Sarthe. Les papeteries de Bessé-sur-Braye, dans L'opinion économique et financière, t. III, Le Maine et l'Anjou, 1952.

  • ANDRE, Louis. La papeterie de Bessé-sur Braye, dans L'archéologie industrielle en France. Revue du CILAC, n° 47, décembre 2005.

    p. 36

Documents figurés

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Bessé-sur-Braye. (Collection particulière).

Documents multimédia

  • Fonds Bétons armés Hennebique (BAH). Subdiv. 35 : Pays de la Loire. 076 Ifa> Chapitre A. Liste des projets>> Objet BAH-18-1927-31666. Papeterie Dufournier, Bessé-sur-Braye (Sarthe) : chaufferie. 1927.

Date(s) d'enquête : 2005; Date(s) de rédaction : 2005, 2020
(c) Conseil général de la Sarthe
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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