Dossier d’œuvre architecture IA53004328 | Réalisé par
  • enquête thématique régionale, Les Corbineau, une famille d'architectes dans le Grand Ouest au XVIIe siècle
Chapelle de la Trinité, Couvent d'ursulines, actuellement Centre Culturel de la communauté de communes du pays de Château-Gontier, rue Horeau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays de la Loire - Château-Gontier Est
  • Commune Château-Gontier
  • Adresse rue Horeau
  • Dénominations
    chapelle
  • Genre
    de moniales
  • Précision dénomination
    Chapelle conventuelle, Chapelle Paroissiale
  • Vocables
    Sainte-Trinité

Le 26 juillet 1658, Pierre et Gilles Corbineau passent un marché avec les ursulines de Château-Gontier pour la construction de nouveaux bâtiments conventuels et une chapelle. Les deux architectes s’engagent à construire l’église conventuelle contre les chœurs de religieuses avec deux chapelles secondaires à pans coupés en « demye octogone » formant transept. L’édifice religieux doit être accompagné vers le nord-est d’une sacristie, de confessionnaux et d’une apothicairerie. Selon les termes du marché, le chantier doit être lancé à partir du 1er novembre 1658 avec la taille des pierres de tuffeau, les élévations doivent quant à elles être mises en œuvre à partir du mois de mars 1659. Le 10 mars 1659, les religieuses commandent à un métayer, Jean Saudreau, trois cents charretées de pierre à transporter vers le couvent depuis le port d’Azé. À cette date, l’activité se concentre sur la prolongation de l’aile nord-est du cloître. La construction de l’église est lancée à partir du 5 avril 1660 avec la bénédiction de la première pierre par l’abbé Paire.

La conduite du chantier de l’église est déléguée à l’architecte René Trouillard. Néanmoins, si la conduite de l’église est confiée à un autre bâtisseur, Pierre Corbineau effectue quelques incursions à Château-Gontier tel que l’indique en 1660 le marché de construction du couvent des catherinettes de Rennes (ADIV, Bertelot, 4 E 170). Dès l’automne 1660, le 10 octobre, les ursulines commandent l’ensemble du carrelage ainsi que le blanchissage de l’église aux terrassiers/ blanchisseurs Mathurin Voué et Mathieu Le Guillet. Le 7 février 1662, le menuisier Jean Belot est chargé par les religieuses de réaliser les lambris. Enfin, le 7 mars 1662, elles engagent deux « marchands charpentiers » afin qu’ils fournissent le bois de charpente nécessaire. Dans le courant de l’année 1663 ou au début de l’année 1664, les boiseries sont réalisées par le menuisier Lizard ainsi que le dôme de l’église par l’Angevin Noël Nau. Finalement, l’église conventuelle est consacrée le 5 novembre 1664 par l’évêque d’Angers, Henri Arnauld. À cette date, la voûte lambrissée, les grilles des chœurs hauts et bas des religieuses, les lambris ainsi que les marches du chœur de l’église sont également achevés. La date de livraison des pièces annexes (sacristie, confessionnaux, apothicairerie) et de l’aile nord-est n’est pas connue, mais doit, selon toute vraisemblance, coïncider peu ou prou avec celle de l’église.

Aujourd’hui, la majeure partie des décors intérieurs de l’église sont postérieurs au XVIIe siècle, le retable du maître-autel a été construit à partir de 1760 par Légué de la Rivière sur les dessins du sculpteur Louis Boynet. Enfin, sont ajoutés au XIXe siècle, les peintures de la nef, de nouveaux vitraux ainsi que l’ensemble des stucs néo-renaissance qui ornent toutes les surfaces intérieures de l’église, en particulier les voûtes du transept et du chœur.

L'église est construite selon un plan en croix latine à transept peu saillant. Contrairement aux termes du marché, les bras du transept ne sont pas à pans coupés mais droits. Le bras sud est ouvert sur les chœurs bas et hauts des religieuses (aile sud-ouest) et le mur gouttereau sud ferme en grande partie la cour du tour. Les sacristie, confessionnaux et apothicairerie sont pour leur part placés dans l’axe du chœur et forment au rez-de-chaussée, le départ de l’aile nord-est du cloître. Aussi église paroissiale, elle est accessible aux habitants du faubourg par l’ancien parvis qui se situait à l’emplacement de l’actuelle place André Counord ainsi que par une porte située le long de la rue Horeau. Dans le respect de la clôture, les religieuses n’ont accès à l’église que de manière indirecte, par une pièce intermédiaire qui se situe entre le chœur et le cloître.

Son plan en L, en prenant en compte les chœurs des religieuses, s’inscrit parfaitement dans ce que l’on pourrait appeler le « plan type » mis en œuvre par les architectes au profit des communautés religieuses féminines post-tridentines au XVIIe siècle. Une telle organisation permet de disposer d’une nef dédiée aux laïcs où officie un prêtre disposant de son propre accès à la sacristie et à l’espace sacré. Le chœur des religieuses, placé en équerre par rapport à la nef et dans le prolongement du transept, permet ainsi d’isoler au moins visuellement les sœurs. Ici, il existe toujours les chœurs bas et haut, l’un, sans doute celui du rez-de-chaussée, devait être destiné aux novices et aux religieuses alors que le chœur haut dont l’accès se fait uniquement par le couloir des cellules des religieuses, était strictement réservé à ces dernières.

Les élévations, tant sur la cour du tour que sur la rue sont très dépouillées et consistent simplement en des maçonneries de moellons enduits percées de grandes baies plein-cintre. Les chaines d’angles qui structurent l’édifice apportent un peu d’animation aux surfaces murales achevées par horizontalement par une corniche continue agrémentée de denticules. La simplicité choisie pour ces élévations tranche avec la composition en pierre de taille de la façade. Bipartite, son premier niveau est rythmé par quatre pilastres doriques en bossage plat installés sur de hautes bases. Tous portent un entablement singulier à l’architrave dépourvue de profondeur et dont la frise laissée nue semble disproportionnée. La travée centrale rompt le plan vertical par un léger ressaut selon la formule développée en Italie puis en France. Le chambranle de la porte est orné de décors végétaux sculptés et surmonté d’une niche à crossettes flanquée d’ailerons à volutes et cornes d’abondance. Renfermant initialement une figure de sainte Ursule, elle accueille aujourd’hui un saint Louis. Motif traditionnel dans le répertoire des Corbineau, un angelot parachève à son sommet le cul-de-four de ce percement. Le registre supérieur est également composé autour de l’axe central occupé par une grande baie plein-cintre. Cette dernière est inscrite dans un mur traité en bossages plats et flanquée de pilastres toscans portant directement un grand fronton triangulaire à partir duquel sont initiés trois retraits. La partie inférieure de ce registre reçoit des moulurations horizontales issues des bases des pilastres qui font écho à l’entablement du dessous. L’effet pyramidant n’est pas créé ici par l’usage d’ailerons mais par la mise en œuvre de pans inclinés dont les rampants sont ornés de figures d’angelots tenant chacun deux bouquets de fleurs et de fruits. La façade est finalement achevée par un édicule carré encadré d’ailerons à volutes complétés de feuillages et surmontés d’un fronton curviligne. Les instruments de la passion et la croix nimbée qu’il porte sont des ajouts effectués par l’architecte Fouilleul au milieu du XIXe siècle.

  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH partiellement, 1987/12/31
    classé MH, 1991/10/31
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2020
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