Dossier d’œuvre architecture IA49009605 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Eglise paroissiale Saint-Pierre de Rest
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur canton Sud
  • Commune Montsoreau
  • Lieu-dit Rest
  • Adresse 18 rue de l' Eglise
  • Cadastre 2011 E 96
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Saint-Pierre

Outre la qualité de ses élévations médiévales et l'originalité de son parti initial qui semble tenir tant à des expérimentations formelles qu'à un souhait de concilier les deux statuts de l'église, paroissiale et priorale (église-halle, chœur ouvrant par des baies hautes entre chapelles orientées et abside, jeu sur l'épaisseur des doubleaux entre chœur et transept), cet édifice est notable en ce qu'il témoigne d'une multiplicité de chantiers de construction et de restauration. Par ailleurs, puisque la date de 1305 semble marquer l'interruption brutale d'une construction sans doute entamée à la fin du XIIIe siècle, cette église offrirait le témoignage d'une particulière longévité d'un style architectural traditionnellement admis comme caractéristique des premières décennies du XIIIe siècle. L'étude même de son état d'inachèvement est des plus intéressante pour disposer d'un instantané sur la construction d'une église gothique : des éléments sont déjà achevés alors que d'autres restent à établir, le programme iconographique est en place, on édifie des pignons « provisoires » sur une charpente à achever, etc. C'est aussi un véritable catalogue de modes de couverture tant les toits diffèrent, du temporaire au définitif, du toit en pavillon à l'appentis. Cette église est enfin un édifice qui concentre de larges pans de l'histoire montsorélienne : principal lieu marquant de l'originel site de Rest, reflet du mécénat des seigneurs de Montsoreau et d'autres familles du village, réceptacle de la dissémination des biens de l'abbaye de Fontevraud, traduction d'un maintien durable et opiniâtre en zone inondable et protégée in fine par la levée de la route de Loire.

Les mentions les plus anciennes de l'église Saint-Pierre de Rest datent de la fin du XIe siècle. La présence d'un habitat aggloméré sur ce site est par contre bien plus ancienne et il semble probable que dès le Haut Moyen Âge un édifice de culte ait été élevé dans le secteur, voire en cet endroit.

En 1089, Geoffroi Fulcrade (ou Fouchard) prend l'habit à Saint-Florent de Saumur et donne à ce monastère les droits (oblations, sépultures et dîmes) qu'il détient à Rest. Au vu des droits ecclésiastiques associés à cette donation, Rest dispose donc d'une église paroissiale qui avait alors dû échoir en mains laïques. L'église elle-même n'est pas même mentionnée dans ce texte, mais elle devient ainsi un prieuré de Saint-Florent. Peu après, son fils aîné confirme cette donation. Après une contestation de ce don par le fils cadet de Geoffroi, la donation est définitivement ratifiée en 1101. Entretemps, en 1096, l'église de Rest (cette fois-ci désignée comme telle) avait été concédée par l'abbé de Saint-Florent à l'abbaye de Bourgueil, mais elle lui avait été rétrocédée peu après. La première mention du vocable Saint-Pierre de l'église de Rest n'apparaît dans la documentation que vers 1140, mais il pourrait être nettement antérieur.

On ne conserve en élévation aucun vestige de l'église mentionnée dans ces premiers textes, ni d'un éventuel lieu de culte antérieur à l'édifice visible aujourd'hui. Le cimetière paroissial est toujours à proximité de l'église, occupant ce site depuis sans doute la construction de celle-ci, voire antérieurement déjà.

Priorale et paroissiale, l'église Saint-Pierre de Rest avait donc deux desservants, un prieur et un prêtre, lesquels habitèrent sans doute originellement le prieuré, flanquement nord de l'église, avant qu'au XVIIIe siècle le prêtre ne dispose de son propre presbytère situé à proximité, au sud de l'église. Il semblerait que, progressivement, les prieurs n'assurent plus que très ponctuellement leur résidence à Rest.

L'église actuelle, dans sa partie orientale, la plus ancienne, est régulièrement datée du XIIIe siècle (voire de la seconde moitié du XIIe pour les auteurs les plus audacieux) et la bibliographie la rapproche souvent de l'église Saint-Serge d'Angers ou de la chapelle Saint-Jean de Saumur, toutes deux datées des premières décennies du XIIIe siècle. Toutefois, une datation par dendrochronologie de la charpente (« provisoire ») qui couvre la croisée donne pour date d'abattage des arbres ici mis en œuvre l'année 1305 (source : Jean-Yves Hunot, Service archéologique départemental de Maine-et-Loire) et il semblerait qu'il s'agisse bien d'une charpente mise en place sans discontinuité notable avec la phase d'édification du bâtiment. Si l'on suit cette datation, la construction de l'église serait donc plus tardive que ce que l'on avance ordinairement et pourrait donc ne dater que de la fin du XIIIe siècle, voire du début du XIVe siècle. À cette date, l'église était donc visiblement encore en cours de construction lorsque, pour des raisons probablement financières, le chantier fut interrompu. Cela se serait alors traduit par le choix de réaliser au-dessus des voûtes des couvertures très diversifiées, dont une charpente initialement conçue comme provisoire (mais qui est demeurée en place) ainsi que par l'inachèvement de la sculpture monumentale du chœur où clefs et chapiteaux sont, sauf exception, seulement épannelés alors que le programme iconographique semblait déjà conçu. Il semble probable que les travées centrale et sud de l’avant-chœur n'aient d'ailleurs même pas été achevées et qu'elles n'aient jamais reçu leur couvrement voûté.

Si cette église fut dotée d'une nef, entièrement reconstruite au XVIIIe siècle, on ne sait pas à quelle date elle fut édifiée. Des arrachements de maçonnerie visibles en partie ouest de l'église actuelle montrent un départ d'arc que la bibliographie donne comme vestiges de la nef médiévale. Toutefois, la rupture que l'on perçoit à l'articulation des travées orientales et de la nef semble témoigner d'une dichotomie déjà ancienne entre ces deux parties de l'église. Sur le plan-minute de l'atlas Trudaine, de 1747, est représentée une nef dont l'axe serait un peu plus au nord que celui du chœur et qui compterait trois travées ; si l'on suit ce plan, au vu des contreforts qui ici l'épaulent, cette nef devait être voûtée. Il semblerait qu'elle soit plus courte que l'actuelle, mais cela paraît peu compatible avec les vestiges d'arc mentionné précédemment : soit le plan de 1747 compte ici quelques imprécisions (ce qui est avéré ailleurs), soit l'arc en question relève d'une autre construction (un portail latéral qui ouvrait sur la cour du prieuré-cure ?).

Par ailleurs, des cloisonnements intérieurs (disparus, mais mentionnés au XIXe siècle), vraisemblablement maçonnés, furent progressivement érigés pour aménager une sacristie et isoler des autels dans les bas-côtés de l'église et dans les chapelles orientées.

Placée sous le vocable de Saint-Pierre, l'église vit en effet tôt s'établir des chapelles consacrées au culte d'autres saints. Une charte des années 1138-1142 atteste que l'abbaye de Saint-Florent d'Angers est en possession de l'église Saint-Pierre de Rest avec sa chapelle de Sante-Marie de Montsoreau (ecclesiam Sancti Petri de Resto, cum capella Sancte Marie de Monte Sorello), formulation que l'on retrouve à l'identique dans un texte de 1477 lorsque l'évêque Jean de Beauvau reconnaît à l'abbé de Saint-Florent Louis du Bellay le droit de présentation sur Saint-Pierre de Rest avec la chapelle de Sante-Marie de Montsoreau (ecclesiam Sancti Petri de Resto cum cappella Sancte Marie de Monte Sorello). Ces mentions évoquent donc une chapelle Sainte-Marie ou Notre-Dame, fondée dans l'église Saint-Pierre. Par ailleurs, la qualification de chapelle Notre-Dame « de Montsoreau » renvoie au seigneur de Montsoreau fondateur de cette chapelle dans l'église paroissiale, à une date où Rest doit encore former un noyau aggloméré suffisamment conséquent pour que le toponyme de Montsoreau ne s'impose pas de lui-même et désigne encore le lignage seigneurial, soit peut-être au XIe ou au début du XIIe siècle, dès l'état antérieur de cette église. Cette chapelle reste longtemps en fonction. Ainsi, dans les aveux que Jeanne Chabot rend au roi René en 1480, elle précise que « mes pridicesseurs seigneurs de Montsoreau ont fondée et institués » plusieurs chapelles, dont « le chappelle de Notre Dame fondée en l'église de Saint Pierre de Rest » et dont elle détient ainsi « tout le droit de patronnaige de présentation », réservant toutefois à « l'évesque d'Angiers la collation et provision » du chapelain.

On ne sait où se situait cette chapelle dans l'église attestée aux XIe-XIIe siècles, ni dans l'actuelle qui lui succède au XIIIe siècle. Au début du XIXe siècle, la chapelle est décrite comme formant le flanquement sud de l'église (aujourd'hui dépôt annexe de la sacristie) où se trouve, en effet, un retable architecturé de la première moitié du XVIe siècle portant l'inscription « Ave Maria » qui devait donc orner cette chapelle de la Vierge. La date de construction de ce flanquement est inconnue, mais il n'est pas contemporain de la construction de l'église : fut-il édifié à la fin du Moyen Âge, au début du XVIe siècle (en même temps que le retable) ou ultérieurement ? La bibliographie rapporte que le médaillon sculpté et bûché que l'on y voit en façade sud portait la date de 1601. Si celui-ci datait l'édifice (à moins qu'il ne s'agisse de la date de percement de la baie située au-dessous), le retable serait donc ici en redéploiement. Dans les derniers siècles de l'Ancien Régime, on note un léger changement de vocable et l'ancienne chapelle Notre-Dame de Montsoreau est dès lors désignée comme Notre-Dame-de-Toutes-Aides, ce qui correspond d'ailleurs peut-être à une dévotion déjà ancienne. Cette chapelle fut également un lieu de sépulture, notamment choisie par des lignages en vue : plusieurs membres de la famille Lemercier de la Rivière s'y font par exemple inhumer au XVIIIe siècle.

D'autres chapelles sont mentionnées dans l'église et un état des lieux dressé en 1676 évoque ainsi la chapelle des Maillards, la chapelle Sainte-Catherine et la chapelle Saint-Armel. La bibliographie rapporte aussi l'existence, peut-être plus tardive, d'une chapelle Sainte-Némoise.

Sans doute du fait d'un sol meuble, au carrefour des vallées alluviales et inondables de la Loire et de l'Arceau, cette église dut assez tôt présenter des signes de fragilité structurelle. Elle connut ainsi de premières restaurations à une date où le chœur fut repris et consolidé et qu'il est difficile d'estimer (entre le XVe et le XVIIIe siècle). La bibliographie rapporte qu'en 1787 la nef est reconstruite. On ne connaît pas la cause de cette réfection, mais au vu des éléments alors édifiés il se pourrait qu'il s'agisse d'une reprise due à un état de dégradation avancée ou à un effondrement, voire du fait de l'une des grandes crues de la fin du XVIIIe siècle (celle de 1783 ?). En plus de la nef, ces travaux paraissent aussi avoir concerné deux des travées d’avant-chœur dont la couverture fut refaite en appentis et dont l'espace intérieur fut, comme la nef, doté d'un simple plafond plat lambrissé. À la date du 18 mai 1788, le registre paroissial indique que l'église a été bénite par l'un des chanoines de Sainte-Croix de Montsoreau agissant au nom de l'évêché : il s'agit probablement d'une cérémonie liée à la réception de la nouvelle nef.

Lors de la Révolution française, le prieuré est dissout, mais l'église Saint-Pierre de Rest demeure paroissiale. Avec la suppression de la paroisse du château, elle redevient même l'unique paroissiale de la commune de Montsoreau. Plusieurs oeuvres issues du démantèlement de l'abbaye de Fontevraud y sont redéployées.

Au milieu du XIXe siècle, l'état général de l'église est préoccupant. Il est probable que les crues de 1843 et de 1856 (des repères en sont portés dans la nef) contribuèrent à cette dégradation. L'église était dans un tel état d'insalubrité, du fait de l'humidité, que l'évêque avait ordonné l'abandon de la cure après que deux prêtres en soient tombés malades et qu'un troisième y ait perdu la santé au point d'être « obligé d'aller deux ans de suite aux eaux thermales » n'ayant pu « échapper qu'à grand'peine à une maladie terrible ». L'évêque exige donc des réparations aux bâtiments, proposant même, à la suite d'une expertise conduite en 1858 par l'architecte diocésain Charles Joly-Leterme, que l'église soit abandonnée au profit d'une nouvelle à construire en partie haute du bourg de Montsoreau. Face aux coûts d'un tel choix, le Conseil municipal refuse et, après une contre-expertise un peu moins alarmiste des architectes Sébastien Dellêtre et François Lachèse, préfère se contenter de restaurations à moindres frais. L'architecte Ernest Piette conduit ces travaux à partir de 1863. Lors de l'inondation de 1866, les eaux de la Loire pénètrent à nouveau dans la nef (la marque de crue est là aussi conservée).

Les travaux s'attachent à une meilleure ventilation, au remaniement des couvertures et à la suppression des ruissellements, facteurs de l'insalubrité de l'église. L'ancien couvrement de l'abside, décrit comme étant « en pierre » et où l'eau pénètre toujours après de premières restaurations de la voûte, est finalement recouvert d'un toit d'ardoises par délibération municipale de 1867. Il semble, par ailleurs, que les couvertures de deux des travées de l’avant-chœur, déjà reprises, furent à nouveau remaniées au cours de ces travaux, avec rehaussement de l'appentis de la travée centrale et construction d'un toit à deux pans pour la travée sud ; ces travaux s'accompagnent de la réfection du couvrement de chacune de ces deux travées par une fausse-voûte en berceau brisé, en plâtre. D'autres aménagements sont aussi réalisés : ainsi les cloisonnements intérieurs de l'église sont supprimés et les petits autels situés dans les bas-côtés du choeur qui devaient correspondre à d'anciennes chapelles sont déplacés dans les chapelles orientées qui avaient été fermées par des murs pour former de petites sacristies. Les travaux consistent également en la construction, en flanquement sud de l'église, d'une « sacristie nouvelle en prolongement de la chapelle de la Sainte Vierge » laquelle, étant jugée « pas assez utile pour être restaurée » est en partie remblayée pour en rehausser le niveau de sol et devient ainsi « le dépôt des ornements ou du mobilier de la nouvelle sacristie ». L'ancien accès couvert en plein-cintre qui permettait la communication à la chapelle depuis l'église après un petit degré descendant de quelques marches est muré ; c'est sans doute à cette occasion que sont aussi obturées les quatre baies jumelées au sud (à moins qu'elles ne l'aient été antérieurement déjà) et qu'est percée une grande fenêtre en plein-cintre dans le mur ouest de l'ancienne chapelle.

À la suite de ces restaurations, de nouvelles verrières commandées auprès de l'atelier de Lucien Lobin, à Tours, sont offertes en deux temps à la fabrique paroissiale par la famille Bruneau, d'abord en 1880, pour orner le chœur, puis en 1886 pour les chapelles orientées. Si elles ne l'avaient pas été dès l'achèvement des restaurations des années 1860, il est possible que ce soit lors de cette seconde donation que les chapelles orientées furent consacrées au culte de saint Jospeh, au nord, et de la Vierge, au sud. Il est à noter que cette chapelle liée à la Vierge assure ainsi une continuité avec le culte marial en place dans l'église depuis au moins le XIIe siècle.

En 1887, la famille Ernoult-Léger commande pour la baie sud du transept une verrière consacrée à Jeanne d'Arc, auprès de l'atelier tourangeau de Julien Fournier (restauration 2011 : atelier Théophile à Saumur).

À la fin du XIXe siècle, une nouvelle campagne de restauration est projetée, avec en particulier le désir de mettre la nef à niveau du sol du chœur par un nouveau carrelage, de gratter et retailler les maçonneries salpêtrées, d'enduire le bas des murs pour lutter contre l'humidité et de détruire le plafond lambrissé de la nef pour reprendre la charpente et édifier une voûte en plâtre sur cintres. Le conseil de fabrique semble aussi souhaiter une intervention structurelle sur les supports originels du chœur pour supprimer les confortements inesthétiques qui les étayent. L'essentiel du projet est abandonné et l'on se contente de menus travaux et d'aménagements intérieurs, dont la réalisation de verrières en grisaille ou en verre blanc pour les autres baies de l'église, réalisés en 1894 par Jean Clamens.

Au cours du XXe siècle, on note quelques interventions plus ponctuelles, dont la réfection du carrelage de la nef ou des réparations des couvertures. L'oculus du pignon de la nef est aussi doté dans les années 1960 d'un vitrail réalisé par le père Alain Cléry.

L'église Saint-Pierre de Rest fut inscrite sur la liste supplémentaire des Monuments historiques par arrêté du 13 septembre 1952.

Ce logis date du début du XVIe siècle. On ne connaît pas son commanditaire, mais au vu de la qualité architecturale de cet édifice, celui-ci devait appartenir à l'élite économique ou politique de Montsoreau. Il connut des remaniements importants, vraisemblablement dans la seconde moitié du XVIIIe siècle : la maison fut divisée entre plusieurs propriétaires dont l'un fit ériger un flanquement en retour d'équerre au nord-ouest. Cet ensemble, de nouveau réuni, est dans un état de délaissement depuis plusieurs décennies.

  • Période(s)
    • Principale : limite 13e siècle 14e siècle
    • Principale : 4e quart 18e siècle
    • Secondaire : 16e siècle , (incertitude)
    • Secondaire : 19e siècle
  • Dates
    • 1787, daté par travaux historiques

Cette église est située à Rest, foyer de peuplement originel du village de Montsoreau. Elle occupe un site de fond de vallon, à quelques dizaines de mètres de l'ancienne confluence de la vallée de la Loire et de celle de l'Arceau dont le cours coule très près à l'est et au nord de l'église ; elle fut ainsi édifiée en secteur inondable en cas de grande crue du fleuve. Toutefois, elle succède vraisemblablement ici à un lieu de culte plus ancien qui est attesté au début du XIe siècle, soit à une date antérieure à la construction de la Grande levée d'Anjou. Édifiée en rive nord de la Loire vers 1165-1170 cette levée eut pour effet, limitant les errances latérales du fleuve, d'en gonfler les eaux lors de crues. Initialement, l'église antérieure n'était donc sans doute pas située en zone inondable, alors que celle-ci l'est, puisque sa partie médiévale est probablement bâtie à partir de la fin du XIIIe siècle.

Cette église, partiellement reconstruite, agrège ainsi des éléments très diversifiés : relevant du gothique angevin, la partie orientale, avec vaisseau central et collatéral est médiévale (avec des flanquements plus récents au sud) alors que la partie occidentale est constituée d'une nef unique d'un sobre néoclassisme de la fin du XVIIIe siècle. Il est à noter qu'au nord l'église est flanquée de l'ancien prieuré-presbytère.

1. La partie orientale

La partie orientale de l'édifice est complexe les ruptures internes sont si ténues qu'il est difficile d'établir si l'on a affaire ici à un long chœur de trois travées ou si, hypothèse que l'on suit ici, l'on doit y voir un un chœur (avec abside et chapelles orientées), un transept non saillant et un avant-chœur avec clocher latéral.

L'ensemble s'inscrit dans un quadrilatère de 17x17 mètres, conçu d'un seul tenant et où, hormis les contreforts, ne fait saillie qu'une abside à trois pans, d'un type inconnu ailleurs en Maine-et-Loire. Cette abside se prolonge dans le chœur par deux murs qui la sépare des chapelles latérales, lesquelles sont orientées quadrangulaires à fond plat et non saillantes. Ces murs donnent ainsi une plus grande profondeur au chœur, ce qui convient mieux à une église qui, outre son statut de paroissiale est aussi une priorale. Il est à noter que ces murs latéraux était à l'origine percées de fenêtres hautes qui mettaient ainsi en relation ces trois travées de chœur, mais que ces fenêtres furent obturées : il pourrait s'agir d'un repentir, mais à l'examen des maçonneries, il semble que cette occlusion soit plutôt à associer aux travaux de confortement de cette partie de l'édifice. Le choix de murer ces baies fut donc, vraisemblablement, un moyen d'épauler les piliers est de la croisée du transept. Les couvrements de toutes les voûtes médiévales de cette partie orientale de l'édifice relèvent du gothique angevin, à voûtes d'ogives bombées. L'abside est couverte d'une voûte à sept nervures ; les retombées de six d'entre elles séparent les baies qui ajouraient l'abside et la septième nervure est une lierne qui tend vers la clef du doubleau.

Cette partie orientale ne compte que quatre piliers, composés, qui sont ceux de la croisée. Trois d'entre eux sont aujourd'hui en grande partie noyés dans des maçonneries destinées à les conforter à la suite de fragilités sans doute structurelles et qui doublent aussi plusieurs des arcs des voûtes. Les confortements de ces arcs sont à doubles rouleaux et sont ornés de chanfreins qui pénètrent dans les maçonneries qui épaulent les piliers. Ces consolidations furent donc ajoutées à une période non déterminée et peut-être en plusieurs temps, mais au vu de leur profil il semble qu'elles furent vraisemblablement mises en œuvre entre le XVe et le XVIIIe siècle.

Entre les voûtes du chœur et celles du transept, on note l'emploi de doubleaux très fins, qui se résument à une simple nervure torique (sous réserve que celle du vaisseau central, aujourd'hui invisible, soit bien de même type que celles des chapelles orientées). Ailleurs, les doubleaux, longitudinaux ou transversaux, sont au contraire de section quadrangulaire, massifs et encadrés de moulures toriques. Le parti d'utiliser des doubleaux du premier type est peut-être l'un des facteurs de fragilisation de ces couvrements. En admettant une progression traditionnelle du chantier de l'est vers l'ouest, il est possible, également, qu'une prise de conscience des risques d'effondrement survint sitôt après le voûtement du chœur, ce qui expliquerait que l'on ait utilisé le second type de doubleaux, plus robustes, pour les couvrements ultérieurs (transept). Une telle différence peut aussi résulter d'une volonté de magnifier le chœur par un voûtement que l'on souhaitait d'une plus grande finesse.

L'originalité des concepteurs de cet édifice se manifeste aussi dans le choix de concevoir ici une église-halle, avec des vaisseaux et un chœur de même hauteur, au moyen de couvrements qui unifient le volume. De part et d'autre d'une croisée couverte d'une voûte bombée à nervures toriques (ogives et liernes), les bras du transept relèvent ainsi d'un parti pris remarquable : appuyée contre le doubleau longitudinal leur couvrement correspond à une demi-voûte à nervures multiples, avec cantons formés de deux voûtains et de deux lunettes.

Dans l'avant-chœur, seule la travée nord, qui porte le clocher, fut achevée et dotée, là aussi, d'un couvrement haut, en voûte d'ogives avec liernes et clef annulaire. Cette voûte est pénétrée par la cage quadrangulaire à pan coupé de l'escalier en vis en maçonnerie de tuffeau qui permet l'accès aux parties hautes du clocher. Celles-ci se composent d'un étage-carré aveugle et d'une chambre des cloches dont chaque face est ajourée de baies géminées couvertes d'arcs en tiers-point et encadrées de colonnettes à bases et chapiteaux prismatiques et de moulurations toriques. Ces deux étages hauts du clocher sont coiffés chacun d'un même décor de bandeau, porté par des modillons moulurés. Malgré leur grande sobriété, les ornements de sculpture monumentale que l'on observe ici (chapiteaux, bases, modillons) sont à signaler, car ce sont les seuls à avoir été achevés. Couverte d'ardoises, la flèche du clocher est en pavillon, à coyaux.

Au sud du clocher, les deux travées inachevées interrogent : il est très vraisemblable qu'il ait été originellement prévu de les couvrir de voûtes, à l'instar des autres. Les piliers ouest de la croisée sont en effet ici également composés et il semble qu'entre la travée centrale et celle du clocher un doubleau longitudinal ait été présent à l'origine. Toutefois, avec l'interruption du chantier de construction, ces travées furent dotés d'un couvrement de nature inconnu (disparu), mais sans doute plafonné car l'appentis de pente est-ouest qui paraît être leur couverture initiale était trop bas pour envisager qu'il y ait eu un couvrement voûté. L'examen des reprises des couvertures permet d'en restituer les différentes phases. Vers 1787-1778, cette couverture fut détruite pour laisser place à un système à deux appentis de pente différente : au centre, il était de pente nord-sud et s'appuyait contre le mur sud du clocher pour suivre à partir de son faîte la pente de toit de la nouvelle nef ; au sud, il conservait son allure initiale avec une pente est-ouest ; le couvrement des travées est alors décrit comme étant un plafond. Dans les années 1860, la couverture ce couvrement fut repris, du fait de problèmes d'infiltrations ou pour couvrir ces travées de fausses-voûtes en plâtre : l'appentis central fut rehaussé et l'appentis sud laissa place à un toit à longs pans. Il est difficile de dater, par contre, les éléments qui, entre ces travées d'avant-chœur, assurent la stabilité des piliers ouest de la croisée. Au nord de la travée centrale, l'épais mur percé d'un arc brisé, qui vient apparemment englober un doubleau et noyer les retombées latérales originelles, est à l'évidence un remaniement, mis en œuvre à une date inconnue, peut-être entre le XVe et le XVIIIe siècle, comme les autres confortements ; au sud, semblable à un arc-boutant, le demi-arc segmentaire qui épaule le pilier relève assez nettement d'une mise en œuvre antérieure, mais sans être contemporain de l'arrêt du chantier.

Une corniche à double ressaut règne en continu sur les façades nord, ouest et sud de cette partie médiévale de l'église et en marque l'homogénéité. Dépourvu d'une telle corniche, un puissant mur forme l'élévation est de ce corps oriental de l'église : on ne sait s'il correspond, en l'état, au projet initial ou s'il fut édifié pour clore un chantier contraint de s'interrompre. Il est possible également que les maçonneries aient ici connu des reprises, car elles présentent des irrégularités (ressauts, voire mises en œuvre différentes). Ce mur ouvre sur la nef par un arc triomphal brisé, dépourvu d'ornementation et dont le style comme les dimensions ne relèvent pas du parti originel de l'église. On retrouve toutefois un profil similaire à cet arc dans la porte, plus petite (et rétrécie depuis), qui de l'extérieur donne accès à la travée sud-ouest de l'église. Il se peut que lors de l'arrêt du chantier, au début du XIVe siècle, on ait réalisé ces sobres percements à moindre frais. L'arc triomphal pourrait même avoir été aménagé en prévision d'une telle communication vers une nef qui n'était alors peut-être pas même commencée ou très inachevée. Il est à noter que les piédroits de cet arc sont étayés de contreforts trapus du côté de la nef. Par ailleurs, ces mêmes piédroits ont été grossièrement retaillés pour élargir la partie basse de l'arc, probablement lors de l'établissement de la nouvelle nef, vers 1787-1788.

Outre les remaniements des couvertures déjà évoqués, cette partie orientale de l'église présente l'intérêt de disposer de toits diversifiés, dont certains sont d'origine. C'est en particulier le cas de la couverture du transept, formée au-dessus de la voûte bombée de la croisée d'un toit à deux versants et pignons découverts, dont les pans se poursuivent par des brisures de moindre pente qui couvrent les demi-voûtes des bras nord et sud, là aussi fermées de pignons découverts. La charpente, dont une étude dendrochronologique a donné pour date d'abattage des bois l'hiver 1304-1305, est à chevrons portant fermes et présente un exemple précoce de contreventement, par faîtage et sous-faîtage liés aux poinçons par des aisseliers. Les pignons correspondent à des murs, sans doute originellement conçus comme temporaires, qui devaient protéger la charpente et la voûte à l'est et au sud, le temps que le chantier soit repris et la couverture achevée, ce qui n'advint pas. Le pignon oriental présente une petite baie chanfreinée couverte d'un arc brisé. Certains pans des maçonneries de ces pignons ont dû être repris, probablement lors d'interventions sur les charpentes. À l'ouest, le toit d'ardoises qui couvre le chœur (abside et chapelles orientées) succède depuis la fin des années 1860 à une couverture de pierre, qui dut être un état ponctuel car on n'observe pas de dégradations majeures que n'auraient pas manquer de causer des infiltrations prolongées.

Plusieurs hautes fenêtres ajourent le chœur et le transept, toutes élancées, à forte embrasure, couvertes d'un arc en tiers-point et d'une voussure brisée, à encadrement de moulures toriques et de colonnettes. Une baie à remplage polylobé et sans encadrement fut percée, plus tard (XVe ou XVIe siècle ?), dans le mur sud de la travée sud-ouest.

Dans l'église, les chapiteaux, clefs et retombées des arcs ne sont, pour la plupart, qu'épannelés, sans doute par manque de moyens. Les formes de ces blocs diffèrent, ce qui laisse suggérer que le projet iconographique était pourtant établi, mais qu'il ne fut pas réalisé, à l'exception de quelques clefs. Celles-ci ne semblent pas toutes avoir été sculptées de la même main, ni peut-être à la même époque. Parmi elles, on distingue des évangélistes et des anges, mais aussi une Vierge à l'Enfant, tous deux couronnés, et un Christ à l'hostie (ici entamée au quart). Si le sens de l'ensemble nous échappe du fait du petit nombre de ces sculptures achevées au regard des blocs prévus, il est à noter que sont ainsi présents des thèmes qui illustrent l'Incarnation (thème majeur dès le XIIe siècle) et l'Eucharistie (dévotion qui s'affirme nettement au cours de la première moitié du XIIIe siècle).

À l'intérieur comme à l'extérieur, les chapiteaux des colonnettes et colonnes engagées ne sont sculptés nulle part ailleurs que sur le clocher où le décor est des plus sobres (prismes).

2. Les flanquements sud

Deux flanquements viennent se greffer, au sud, à cette partie orientale de l'église. Le plus ancien correspond à la chapelle Notre-Dame, aujourd'hui dépôt de la sacristie, dont le niveau de sol fut rehaussé de près d'environ 70 cm dans les années 1860. Des documents du XIXe siècle précisent que l'on y descendait par un degré de trois marches depuis la travée sud-ouest de l'avant-chœur : ce passage, aménagé dans le mur de l'église, était couvert d'un arc en plein-cintre (aujourd'hui murée). Elle obture la baie du XVe ou du XVIe siècle de l'avant-chœur et la bibliographie rapporte que l'on pouvait lire, sculptée dans un médaillon de son mur sud la date de 1601 : si cette dernière date n'est pas forcément celle de son édification, puisqu'elle peut aussi dater la réalisation des quatre baies jumelées couvertes en plein-cintre qu'elle coiffe, elle permet d'établir qu'elle fut probablement construite au cours du XVIe siècle. Une telle période est à rapprocher du retable architecturé dont la partie haute est abritée dans cette ancienne chapelle. La partie basse de ce retable dut être ensevelie lors du surhaussement du sol et il était peut-être aussi amorti d'un élément disparu. Vraisemblablement associé à un autel consacré à la Vierge, il est composé essentiellement d'ornements qui attestent d'un art influencé par la Renaissance d'Italie du Nord, où prennent place de manière vestigiale de rares éléments issus du gothique flamboyant. Une niche couverte d'une coquille est ainsi encadrée de pilastres à disques et losanges, surmonté d'un entablement dont la frise est gravée de l'inscription « Ave Maria » en lettres capitales et dont les ressauts sont amortis de candélabres feuillés qui encadrent un fronton en trapèze curviligne flanqué de volutes et de crochets gothiques, dont le tympan est orné d'un quatre de chiffre et d'un cuir héraldique et bordé d'une ligne d'oves et de dards en flèche, sommé d'une frise d'acanthes.

Cet ensemble a dû être réalisé dans les années 1520-1540. Les armoiries sculptées (cuir chargé d'un bourdon une coquille brochant sur le fut, sommé d'un chevronnel) comme les initiales composant le monogramme en quatre de chiffre (I, H et peut-être X et S) qui les surplombent n'ont pas permis d'identifier les commanditaires de ce retable.

Couverte en appentis, la sacristie construite à la suite des travaux de restauration de l'église conduits dès 1863 par l'architecte Ernest Piette est dans le prolongement oriental de la chapelle : elle dut être tôt achevée, car elle présente un repère de la crue de 1866 sur son mur extérieur sud.

3. La nef

La disposition de la nef médiévale qui prolongeait l'édifice n'est pas connue, mais il reste les vestiges de ce qui doit être une ancienne arcade, en façade occidentale. Cette nef, d'environ 24x8 mètres, fut reconstruite en 1787-1788, en moyen appareil de tuffeau, avec toit à longs pans couvert d'ardoises et pignon découvert. Le vaisseau est doté d'un plafond plat lambrissé et il prend le jour de trois fenêtres hautes plein-cintre en façade nord et deux en façade sud, laquelle est également percée d'une porte à deux vantaux. La porte principale, là aussi à deux vantaux, se trouve en pignon ouest. Ces deux portes sont coiffées d'un fronton ; celui du pignon est surmonté d'un oculus.

Cette nef a ainsi été conçue dans un style architectural des plus sobres, où les seuls ornements des élévations sont les corniches qui règnent sur les gouttereaux et les chambranles en léger ressaut qui encadrent les deux portes et l'oculus.

4. Éléments remarquables du décor

Les verrières

Les vitraux qui ornent l'église sont tous de facture contemporaine.

Offertes par la famille Bruneau, les verrières de l'abside et des chapelles orientées, réalisées en deux temps, composent un programme iconographique articulé autour d'une thématique commémorative familiale. Casimir Bruneau (1817-1892, maire de Montsoreau en 1848-1852) et son épouse Ernestine née Bucaille (1821-1882) offrirent dans un premier temps les trois vitraux qui ornent l'abside, réalisés en 1880 par Lucien-Léopold Lobin (1837-1892), peintre-verrier établi à Tours et formé au sein de l'atelier de son père, le peintre-verrier Julien-Lépolod Lobin, et auprès du peintre Hippolyte Flandrin. Ces verrières mixtes sont chacune constituées d'un fond ornemental aux couleurs vives où prend place un panneau à grande figure peint en couleurs vitrifiables. Les deux verrières latérales se répondent par leur composition d'ensemble qui diffère un peu de celle de la verrière axiale. Ces trois panneaux où le travail de peinture supplante nettement celui de l'assemblage du verre, figurent des sujets de grande taille traités de manière très académique, avec une nette attention portée aux drapés, aux carnations ou aux paysages.

La verrière axiale est consacrée, assez classiquement, à un Christ en gloire, montrant de sa main gauche comme objet de dévotion le Sacré Cœur qui flamboie en sa poitrine et l'illumine ; plus bas une inscription souligne ce geste : « Voici ce cœur / qui a tant aimé / les hommes ». Les baies qui l'encadrent représentent par contre les saintes patronnes de la fille et petite-fille du couple de donateurs, respectivement Marguerite et Thérèse Dumény, toutes deux décédées en 1878. Sainte Marguerite, à droite, est représentée comme ce dernier sur un fond ornemental composé de rinceaux et motifs géométriques, dans une attitude relativement hiératique, tenant une palme et une épée dont la pointe pourfend la tête d'un petit dragon figuré à ses pieds ; le cartouche précise que cette commande a été faite par « Mr et Mme Bruneau en souvenir de / leur fille Marguerite Dumény ». Sur la baie gauche est figurée Sainte Thérèse d'Avila enfant partant pour les terres des Maures. Cette scène procède d'une iconographie rare où la sainte, âgée d'à peine sept ans quitte le domicile parental avec son petit-frère (que l'on aperçoit, de dos, au second plan), décidés à connaître le martyre pour leur foi, avant d'être reconduits chez eux par un oncle (discernable, à cheval, à l'arrière-plan). On la voit ici avec son paquetage, marchant d'un pas déterminé et guidée par la foi (un crucifix qu'elle brandit) vers une destinée tragique dans un paysage de montagnes assez hostile (un serpent file au devant d'elle), en une composition très naturaliste. Le choix de cet épisode par les Bruneau parmi les récits hagiographiques relatifs à Thérèse est vraisemblablement dû au jeune âge de leur petite-fille décédée (à 12 ans) ; le cartouche indique que l'œuvre fut offerte par « Mr et Mme Bruneau en souvenir de / leur petite-fille Thérèse Dumény ». Outre les traditionnelles petites mentions que le vitrailliste porte discrètement au bas de la verrière pour indiquer le nom de son atelier, la ville où il est établi et la date de l'œuvre, le peintre-verrier, Lucien-Léopold Lobin, signe ici ce vitrail peint dans le champ même du panneau, ce qui atteste sans doute que l'on est en présence de l'une de ses compositions originales (la tradition iconographique de cet épisode étant très limitée) et qu'il en a lui-même assuré plus spécifiquement la réalisation.

Hormis quelques cas isolés de pièces de verre fissurées, rompues ou manquantes, il est à noter que ces verrières, notamment en ce qui concerne les panneaux figurés, présentent de nettes altérations des couleurs vitrifiables avec nombreuses disparitions de grisailles en particulier au niveau des carnations.

Les verrières des baies des deux chapelles orientées qui encadrent cette abside furent commandées auprès du même atelier. Elles diffèrent pourtant très nettement des précédentes par leur type : ce sont des verrières archéologiques qui imitent ici des productions du XIIIe siècle. Composées d'une succession de scènes et figures placées dans des médaillons ou leurs écoinçons et organisées selon une trame narrative ascendante, ces verrières hagiographique se répondent l'une à l'autre et évoquent, dans la chapelle nord, la vie de saint Joseph et dans la chapelle sud, celle de la Vierge.

La première présente donc un programme iconographique illustrant chronologiquement la vie de Joseph dans une composition ascendante, où l'on reconnaît, en bas, David et Bethsabée (évocation de sa généalogie), le Mariage de la Vierge et de Joseph tenant son bâton fleuri, un étonnant Ange annonçant à Joseph la Nativité du Christ, la Fuite en Egypte, une Sainte Famille (où l'on voit une Éducation du Christ enfant par Joseph au métier de charpentier tandis que Marie file de la laine), la Bonne mort de Joseph et, au sommet de la verrière, des anges entourant un Saint Joseph à l'Enfant. Un cartouche, au bas de la composition rappelle que la verrière fut offerte par « Casimir Bruneau / En souvenir de / sa bien-aimée épouse / 1885 ». La verrière mariale de la chapelle sud illustre de la même manière divers épisodes de la vie de la Vierge : en bas, l'Annonciation, puis la Nativité, la Présentation au Temple, la Déposition de croix, une Apparition du Christ à sa mère, la Dormition de la Vierge (dans une composition originale, où à son chevet figure le Christ ressuscité portant son âme sous lest traits de Marie enfant), des anges thuriféraires encadrant une Vierge que l'on peut lire comme une Assomption. Là encore, un cartouche identique au précédent rappelle le contexte de la donation.

Offertes ainsi en 1885 par Casimir Bruneau, à la suite de la mort de sa femme (1882), et réalisées en 1886, ces deux verrières parachèvent donc le programme commémoratif familial, entamé avec les verrières de l'abside, en associant les parents Bruneau à ceux du Christ. Le commanditaire semble ici valoriser davantage le parti du père - c'est-à-dire le sien -, alors même qu'il place l'ensemble sous le souvenir de son épouse, dont il tait d'ailleurs le prénom : le cycle de Joseph est ainsi à la droite du Christ de la baie axiale et, contrairement à une iconographie plus traditionnelle lorsque les deux sont associés, c'est Joseph qui porte l'Enfant dans ses bras et non la Vierge dans le médaillon sommital.

La verrière du bras sud du transept est consacrée à Jeanne d'Arc écoutant ses voix, figurée en jeune bergère auprès d'une croix monumentale, dans une campagne vallonnée, ayant délaissé son troupeau et posé à ses pieds sa fusaïole et son fuseau de laine. Jeanne est parée d'une auréole, iconographie fréquente en France bien qu'elle n'était alors ni canonisée, ni même encore béatifiée. Sur la croix monumentale, entourant une niche abritant une effigie de la Vierge, figurent des inscriptions : « O crux ave / Sancta Maria / 1877 » dont on ne sait à quoi elles correspondent. En arrière-plan, on reconnaît aisément la silhouette de l'église Saint-Pierre de Rest (avec des erreurs de détail), mais le reste du paysage est fantaisiste, notamment le village, même si des éléments de topographie sont identifiables : le vallon et le cours de l'Arceau, les pâtures des berges de Loire. Cette verrière-tableau, dont la composition figurée occupe l'essentiel de la surface, fut réalisée en 1887 par Julien Fournier, peintre-verrier à Tours, actif de 1848 à 1895, formé lui aussi par le peintre-verrier Julien-Léopold Lobin et collaborateur de Lucien Lobin de 1864 à 1873. Le traitement du visage de Jeanne détonne du reste du panneau par sa qualité et la finesse des carnations. C'est peut-être le seul élément de la main du maître de l'atelier dans un style ici proche de l'art du portrait. Le cartouche, refait récemment (restauration 2011 : atelier Théophile, à Saumur) indique que ce vitrail fut « offert par M. et Mme Ernoult-Léger / en souvenir de leur nièce Jeanne Rétif / morte le 2 janvier 1887 » et il est possible que l'on puisse reconnaître dans les traits de Jeanne d'Arc ceux de la jeune fille. Un quatrain d'alexandrins, peint dans l'encadrement bas de la verrière joue, d'ailleurs, de l'identification d'une Jeanne à l'autre : « Le beau lac azuré, dans son cristal limpide / Réfléchit, nuit et jour, les splendeurs du ciel bleu / Ainsi, Jeanne, âme pure, innocente et candide / Reflétait parmi nous les grâces du bon Dieu ».

Les autres baies de l'église, dans la nef et le bras nord du transept, sont toutes dotées de verrières ornementales en grisaille, avec bordures, polylobes et disques colorés, décorées de rinceaux, fleurons et motifs géométriques. Elles furent réalisées en 1894 par Jean Clamens, peintre-verrier au sein des ateliers Mégnen, Clamens et Bordereau à Angers.

L'oculus du pignon de la nef est par ailleurs doté d'un petit vitrail en dalles de verre travaillées par écaillage et assemblées par réseau de ciment, orné des armes de Montsoreau et réalisé au début des années 1960 par Alain Cléry, prêtre et vitrailliste de formation.

Tableaux et autres objets

L'église compte plusieurs objets d'art, dont plusieurs sont notables, voire protégés au titre des Monuments historiques. Parmi ces œuvres, on peut en signaler plusieurs qui ont un lien attesté ou présumé avec l'histoire de l'édifice.

Daté de 1787, un tableau figurant Saint Pierre et saint Paul, signé du nom de Bérot (probablement Jean-François Bérot, peintre attesté en Saumurois à la fin du XVIIIe siècle) est conservé dans l'église dans le bras sud du transept. L'œuvre associe de manière très courante les deux saints patrons de l'Église romaine dont le premier est également le saint sous le vocable duquel est placée l'église de Rest. La composition est des plus simples, les saints Pierre et Paul étant figurés dans une attitude hiératique et dotés de leurs attributs classiques, respectivement les clefs et l'épée. Un chanci généralisé gêne la bonne lecture de ce tableau qui, par ailleurs semble lié à l'histoire de l'édifice puisque sa date d'exécution est à rapprocher de celle de la construction de la nouvelle nef : il fut donc peut-être commandé en vue de l'ornementation de celle-ci.

L'église Saint-Pierre de Rest accueillait une très belle Crucifixion de la première moitié du XVIe siècle, provenant de la dispersion du mobilier de l'abbaye de Fontevraud ; volée en 1970, retrouvée en 1974 et restituée à la commune de Montsoreau en 1975, elle fut ensuite déposée à l'abbaye de Fontevraud et remplacée ici par une copie.

Un ensemble de stalles dont la tradition fait aussi remonter leur présence à Montsoreau au dépouillement révolutionnaire de cette abbaye est aujourd'hui disposé dans le chœur. Il s'agit de stalles en bois, sans doute de la fin du XVe siècle, dont les miséricordes et appuis-mains sont sculptés d'ornements végétaux et de grotesques ; elles ont été classées parmi les monuments historique par arrêté du 6 juin 1902.

Une cuve monolithique polygonale de pierre dure, très érodée, constitue des fonts baptismaux de facture vraisemblablement médiévale ; plusieurs fois déplacé dans l'église, il est aujourd'hui installé sous l'arc obturé qui permettait le passage entre l'avant-chœur et l'ancienne chapelle Notre-Dame.

  • Murs
    • moyen appareil
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Couvrements
    • voûte d'ogives bombée
    • voûte à nervures multiples
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • appentis
    • flèche carrée
    • toit polygonal
  • Escaliers
    • escalier dans-œuvre : escalier en vis sans jour en maçonnerie
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
  • Représentations
    • Christ
    • ange
    • Enfant Jésus
    • Vierge
    • sainte Thérèse d'Avila
    • sainte Marguerite
    • saint Joseph
    • sainte-famille
    • enfance du Christ
    • vie de la Vierge
  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 1839. Abbaye de Saint-Florent. Diverses pièces, dont des actes relatifs à l'église de Rest (1089). Ulger, évêque d'Angers, confirme à l'abbé de Saint-Florent, Matthieu, tout ce que lui et son église possèdent acctuellement dans le diocèse d'Angers (vers 1140). Copie dans : Archives départementales de Maine-et-Loire. H 3714. Abbaye de Saint-Florent. Cartulaire ou Livre d'Argent (XIIe), dont f°75 la confirmation des droits de Saint-Florent sur l'église Saint-Pierre de Rest avec la chapelle de Notre-Dame de Montsoreau par Ulger évêque d'Angers (1138-1142).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 3713. Abbaye de Saint-Florent. Cartulaire ou Livre Blanc (XIIe), dont f°34-35 : pièces diverses relatives à Rest (1089-1101).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 3228. Abbaye de Saint-Florent. Diverses pièces, dont des actes relatifs à l'église de Rest (1089-1096).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; H 3723. Abbaye de Saint-Florent. Copies et extraits du livre d'Argent et autres (881-1480), dont la confirmation des droits de Saint-Florent sur l'église Saint-Pierre de Rest avec la chapelle de Notre-Dame de Montsoreau par Jean de Beauvau évêque d'Angers (1477).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 1 J 4414. Fonds privés : pièces isolées et petits fonds. Aveu rendu au roi René d'Anjou par Jeanne Chabot, dame de Montsoreau (1480).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire. 31 J 175. Fonds privés : fonds Allain-Targé. Papiers de François Henry, curé de Montsoreau (1663-1704).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; O 766. Biens communaux : commune de Montsoreau. Diverses pièces, dont liasses de travaux de restauration de l'église (1825-1899).

  • AM Montsoreau ; non cotés. Registres paroissiaux. Registres paroissiaux : baptêmes, mariages, sépultures, 15 volumes (1575-1792).

Bibliographie

  • BLOMME, Yves. Anjou gothique. Paris : Picard, 1998.

    p. 15-18 et 245-246
  • CARRÉ de BUSSEROLLE, Jacques-Xavier. Notice sur les églises et chapelles de Montsoreau et de Rest (Maine-et-Loire). Tours : Suppligeon Libraire-éditeur, 1888.

  • HUNOT, Jean-Yves. La charpente : entre traditions et nouveautés. In VACQUET, Étienne (dir.). Saint Louis et l'Anjou, Rennes : Presses universitaires de Rennes, 2014.

    p.187-204
  • MUSSAT, André. Le style gothique de l'ouest de la France : XIIe-XIIIe siècles. Paris : Picard, 1963.

    p. 384
  • PORT, Célestin. Dictionnaire historique, géographique, et biographique de Maine-et-Loire, 3 volumes, Paris-Angers : 1874-1878. Article « Montsoreau » : vol. 2 (1876).

    p. 733-736
  • RAIMBAULT, Louis. Notice historique sur le château et la commune de Montsoreau. Répertoire archéologique de l'Anjou, année 1865, Angers, 1865.

    p. 304-314
  • RHEIN, André. Première excursion. Montsoreau, Candes, Fontevrault. In Congrès archéologique de France, LXXVIIe session, tenue à Angers et à Saumur en 1910. Paris : Picard, Caen : E. Delesques, 1911.

    tome 1, p. 33-64
  • SAVETTE (colonel). Le château de Montsoreau. Étude historique & archéologique. In Bulletin de la Société des Lettres, Sciences & Arts du Saumurois, n° 66, avril 1933, p. 42-61 (première partie) et n°67, juillet 1933, p. 30-50 (seconde partie). Voir n°67 (seconde partie), p. 41-42.

Date(s) d'enquête : 2010; Date(s) de rédaction : 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
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