Dossier d’œuvre architecture IA44005233 | Réalisé par ;
  • enquête thématique départementale, ligne ferroviaire Nantes-Châteaubriant
Forges de la Jahotière
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Voie ferrée Nantes-Châteaubriant - Nozay
  • Commune Abbaretz
  • Lieu-dit la Jahotière
  • Dénominations
    forge anglaise
  • Parties constituantes non étudiées
    logis, maison, entrepôt industriel, logement patronal, logement d'ouvriers

En 1826, le Comte Achille de Jouffroy d'Abbans se lance dans la réalisation d'un projet métallurgique moderne et ambitieux. Il achète le domaine de la Jahotière qui renferme d'importants gisements de fer. Le comte souhaite exploiter le minerai selon les méthodes anglaises en utilisant uniquement de la houille (et non du charbon de bois), provenant des mines de charbon voisines de Languin à Nort-sur-Erdre et de Mouzeil. Le projet prévoyait deux hauts fourneaux, deux affineries à l'anglaise, douze fours à réverbère et un moulin à fer. Mais en 1828, seule la moitié des installations des productions de fonte sont construites et rien de l'affinerie. Plusieurs éléments expliquent l'insuccès du comte : un contexte économique difficile, un manque de sens pratique, un défaut de coke en qualité et quantité et un transport beaucoup trop onéreux. Le site est racheté en 1831 par l'armateur nantais François-Joseph de la Brosse qui le loue à une entreprise anglaise, exploitant aussi les mines de houille de Languin en 1841 pour 50 ans. De nouvelles techniques sont introduites comme le soufflage à air chaud dans un haut-fourneau reconstruit et probablement la machine à vapeur. En 1845, les forges tournent à plein régime et emploient 200 ouvriers. En 1848, le principal actionnaire de la société exploitante est le grand fondeur nantais Voruz qui y trouve un approvisionnement en fonte de première fusion. En 1855, les forges dépassent les autres établissements du département. Suite au traité de libre-échange, la fonte anglaise inonde le marché français et la Jahotière voit ses commandes s'effondrer. La production s'arrête à l'automne 1860 et l'établissement ferme définitivement en 1863.

Du vaste projet de 1826, ne furent construits que quelques bâtiments. L'ensemble réalisé ne comprend qu'une unité de production de fonte avec la chaudière, la cheminée, le bâtiment contenant les machines à vapeur et une grande partie de la halle de coulée. Il n'existe pas de traces de la halle à charbon et de magasin à coke bien qu'un bâtiment occupe l'emplacement prévu pour ces derniers. La partie forge La chaudière : De la chaudière divisée en trois compartiments, il ne reste plus que la base des murs et la cheminée en brique. Construite dans l'axe de symétrie, cette dernière devait être le centre de l'établissement dans le projet d'origine. Le bâtiment des machines à vapeur : Il subsiste le premier niveau avec deux cellules où se trouvaient la pompe et un soufflet à piston. Le puits amenant l'eau à la machine est encore visible. Le haut fourneau : Le haut fourneau a presque été construit selon le plan de 1827, bien qu'un peu plus trapu (10 mètres de côté sur 14 mètres de haut). Sa cuve large (2,20 mètres au niveau du gueulard, 4 mètres de diamètre maximum) et sa masse réduite lui donnent un aspect novateur. À la base du côté nord, on voit encore les extrémités des conduits où étaient logées les tuyères qui prenaient l'air au fourneau par deux orifices situés sur les faces est et ouest. Le creuset a disparu. La partie de la cuve encore intacte possède un double chemisage en grosses briques réfractaires de tailles différentes (le chemisage en contact direct avec la fonte étant constitué des briques les plus grandes) vraisemblablement fabriquées sur place. La base du fourneau, de section carrée, formant des gradins, est construite en tuffeau pour le parement extérieur et en schiste pour le reste de la maçonnerie. La partie supérieure a la forme d'une tour en briques cerclée de fer, suivant le procédé anglais et comporte en son sommet les vestiges des « batailles » (garde-corps) qui protégeaient les ouvriers sur les plates-formes de chargement du gueulard. À ce niveau, on peut voir aussi une petite plate-forme qui devait correspondre à un treuil fixé sur les « batailles » pour permettre l'élévation des matières premières depuis une rampe d'accès située à l'aplomb de ce dispositif et au pied du fourneau. Cette installation a dû être construite par la société de Languin vers 1841. Une cheminée de briques, de section carrée et s'appuyant sur la base du fourneau, servait peut-être à la récupération des gaz chauds par le gueulard. La halle de coulée : Malgré la ruine partielle du bâtiment, on peut distinguer l'organisation réalisée au 3/4 de la longueur initialement prévue. Sa toiture présentait encore en 1984 une forme originale pour la 1ère moitié du XIXe siècle puisqu'elle comportait un faîtage surélevé sur la totalité de son étendue, formant une sorte de lanterneau pour l'éclairage et l'aération de la halle. La retenue d'eau : La retenue d'eau, servant de réservoir, finalement réalisée plus à l'ouest, conserve le plan semi-circulaire prévu par le projet initial. La maison du garde : Un petit bâtiment a été construit à la place de la maison du garde. Selon la tradition orale, il était occupé par un ingénieur anglais. La maison est en maçonnerie de schiste, à pignons, de plan presque carré, bâtie sur trois niveaux, dont un étage de soubassement. Chaque niveau est occupé par une seule pièce et ils communiquent entre eux par un escalier en bois. Sur le pignon sud, faisant face à la forge, un auvent surmontant la porte s'appuie sur l'étage de soubassement. Les magasins à coke transformés en logements d'ouvriers : Les logements ouvriers sont complétés par une grande salle appelée « la cantine » qui servait de réfectoire. La structure actuelle reprend le projet de 1827. Des murs de refend divisent la construction en compartiments réguliers. Sur la façade sud, la maçonnerie de chaque cellule est constituée par un remplissage entre les deux murs de refend. Chaque compartiment comprend deux unités d'habitation, avec ou sans porte de communication, composée d'une chambre basse chauffée et d'une chambre haute. Les cheminées et leurs conduits sont entièrement en briques tandis que les linteaux sont en fonte. Les techniques de construction et l'agencement intérieur du bâtiment font fortement penser aux constructions anglaises de la même époque. La partie magasin et habitation Les magasins bâtiments annexes de la maison de maître : Ces édifices ont pu servir d'ateliers, de magasins ou de logements. Leur architecture soignée surprend par son caractère original. Les bâtiments sont sans doute contemporains de la forge. Ils sont édifiés selon un plan symétrique de deux ensembles identiques de part et d'autre d'une large allée centrale qui prolonge l'avenue principale d'accès au domaine. Les façades donnant sur cette allée centrale sont fortement divergentes par rapport à l'axe de symétrie. Elles modifient l'effet de perspective en élargissant le champ de vision, depuis l'entrée du domaine, sur la nouvelle maison de maître que l'on projetait peut-être de construire dans l'axe de l'allée. L'ensemble des bâtiments possède une aile supplémentaire peut-être construite ultérieurement. Chaque ensemble, élevé sur deux niveaux, s'organise autour d'une cour centrale parallélépipédique. Le rez-de-chaussée devait être occupé par les ateliers et les magasins, le premier étage par des logements d'ouvriers. L'ensemble des élévations est traité avec plus de recherche qu'à la forge. On y retrouve pourtant un certain nombre de caractères architecturaux communs : grands arcs en plein cintre et gros œuvre en dalles de schistes appareillées et enduites, baies géminées avec encadrement de briques. Pour les dépendances, la diversité des formes et le jeu savant des volumes donnent un caractère pittoresque aux élévations. L'emploi des contreforts rythme la composition, les décrochements dans les façades sont soulignés par des frontons triangulaires ou semi-circulaires. Le traitement privilégié des baies (baies géminées aux arcs de briques avec pilier en tuffeau et piédroits en bois peint au goudron, portes ou fenêtres cintrées, doubles ou triples, inscrites dans des arcs en plein cintre) anime les élévations. Les effets de polychromie obtenus par l'emploi de la brique, du tuffeau du bois peint au goudron produisent un heureux contraste avec le gros oeuvre en maçonnerie de schiste recouverte d'enduit. L'impression d'ensemble fait penser à des modèles architecturaux anglais et les grands arcs brisés des façades sud des bâtiments ne sont pas sans rappeler l'esprit du « gothic revival ». La maison de maître : La maison de maître est constituée de l'ancien corps de logis rectangulaire avec toit à croupes, flanqué de part et d'autre d'une tourelle demi-hors-oeuvre, construit dans la seconde moitié du XVIe siècle ou dans la 1ère moitié du XVII siècle. Ce bâtiment a été agrandi au milieu du XIXe siècle suivant un parti architectural différent de celui des communs et de la forge dont la construction est antérieure. Il fut probablement reconstruit vers 1845.

  • Murs
    • pierre
    • brique
    • schiste
    • enduit
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan régulier
  • Étages
    2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Couvertures
    • terrasse
    • toit à longs pans
    • toit bombé
    • toit conique
    • croupe
  • État de conservation
    établissement industriel désaffecté
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 1986/03/14
    classé MH, 1987/08/04

La maison de maître et les magasins ont été restaurés dans les années 2000 et sont aujourd'hui loués pour des manifestations.

Documents d'archives

  • Abbaretz : mine de la Jahotière.

    Archives départementales de Loire-Atlantique, Nantes : Série M ; 5 M 493

Bibliographie

  • BELHOSTE, Jean-François ; MAHEUX, Hubert. Les forges du Pays de Châteaubriant. Service régional de l'Inventaire. 1984.

    pp. 200-221
Date(s) d'enquête : 2011; Date(s) de rédaction : 2010