Des bâtiments figurent à cet emplacement sur le cadastre napoléonien de 1836. Ceux-ci sont propriété, au début du XXe siècle, de Marie Lecordier, parisienne originaire de Pont-de-Gennes, laquelle épouse le 8 décembre 1930 M. Paul Dubus. "Ebranlés par un choc", les vieux bâtiments sont démolis en mai 1931. A cette époque, les époux Dubus-Lecordier nourrissent le projet de fournir à la paroisse une salle pour diverses activités publiques. Faisant appel à l'architecte départemental de l'Orne, Félix Besnard-Bernadac, proche de la famille, Marie Dubus-Lecordier écrit : "Voyant cet espace vide, il nous a semblé pouvoir y monter, avec toutes les pierres que j'ai déjà, un petit bâtiment que nous voudrions susceptible (étant tout près de l'église) de rendre plusieurs services utiles, mais surtout religieux, pour réunions, catéchismes, projections, petites séances etc". M. Dubus-Lecordier fournit une ébauche de plans à l'architecte qui dresse le projet définitif en septembre-octobre.

Les travaux commencent dès la fin de l'année 1931 : les entrepreneurs sont Léon Daigneau (maçonnerie), Robert Bigoteau (zinguerie), Armand Garnier (charpente et couverture), Dagonneau (serrurerie), Lemeunier (menuiserie), Lebel (électricité), Gombourg (peinture). Le chantier est suivi de près par les Dubus-Lecordier qui font très régulièrement le voyage entre Paris et Pont-de-Gennes. Marie notamment est très impliquée dans les travaux, malgré les événements qui bousculent la vie du couple à cette période : naissance d'un enfant, puis décès de celui-ci quelques mois plus tard. Par exemple, les commanditaires s'offusqueront d'une peinture intérieure bleu-gris jugée affreuse dans la salle, en lieu et place d'une décoration en faux-bois qu'ils envisageaient de réaliser eux-mêmes. La salle, baptisée Saint-Gilles (saint patron de Pont-de-Gennes), est achevée et mise en service à la fin de l'année 1932.

Il semble que la salle Saint-Gilles n'ait pas été utilisée très longtemps, peut-être trop petite et inadaptée aux besoins de la commune. Transformée pour divers usages (magasin de commerce, maison), la façade Art Déco est considérablement altérée dans la 2e moitié du XXe siècle par le remaniement des portes du rez-de-chaussée et le percement de fenêtres avec l'aménagement d'un comble à surcroît.