Du cimetière à la place du marché

La place entourant l'église de Coudrecieux était occupée par le cimetière paroissial, dont témoigne encore le plan napoléonien de 1834. Au début du XIXe siècle, ce lieu d'inhumation était devenu trop petit, saturé de sépultures et jugé comme nuisible à la santé des riverains. En mars 1817, le marquis Le Gras du Luart vend à la commune une parcelle de terre à la sortie du bourg pour permettre la translation du cimetière. Dès lors, toute sépulture autour de l'église est interdite et cet espace est laissé à l'abandon. Il faut attendre 1836 pour voir l'ancien cimetière transformé en place publique, semble-t-il à la demande des habitants, notamment pour faciliter la circulation autour de l'église. Cet aménagement exige le déblaiement de grandes quantités de terres, surtout du côté nord de la place, ce dont témoigne encore l'important soubassement de l'église. Celui-ci nécessite la construction d'un mur de soutènement dès 1848 "attendu le déchaussement qu'avait produit l'enlèvement des terres". La place fait l'objet de travaux d'amélioration en 1858, selon le devis établi par l'agent voyer cantonal Deniau. Celui-ci inclut le nivellement, le terrassement et l'empierrement de l'esplanade.

En 1867, la municipalité de Coudrecieux obtient la création d'un marché aux denrées hebdomadaire, lequel sera déployé sur la place de l'Église. En 1873, suite à l'implantation de la ligne Mamers Saint-Calais, deux foires annuelles sont également établies, l'une le premier samedi de juin, l'autre le dernier samedi d'octobre (avancée d'une semaine à partir de 1875). Par manque d'entretien, la place de Coudrecieux fait triste figure à la fin du XIXe siècle, avec un sol très inégal raviné par les intempéries, un accès difficile et dangereux. A la demande du conseil municipal, le service vicinal d'arrondissement lance alors de nouveaux travaux d'amélioration (nivellement, empierrement), incluant la construction de trottoirs et de caniveaux. Ils sont adjugés en novembre 1896 à l'entrepreneur Julien Béquignon, maçon à Coudrecieux, et réceptionnés en avril 1897. En 1932, une bascule publique, fournie par M. Lonjarret constructeur d'instruments de pesage à Voiron (Isère), est installée sur la place, au pied du flanc nord de l'église. De nouveaux travaux de réhabilitation ont été réalisés à la fin du XXe ou au début du XXIe siècle.

Les maisons de la place

L'emplacement des façades sur les côtés nord et est de la place sont régis par les plans d'alignement des chemins d'intérêt commun n°30 et 31 de Thorigné-sur-Dué à Bessé-sur-Braye, de 1865 et 1872. Les escaliers extérieurs y semblent proscrits, alors qu'ils sont un élément récurrent des côtés ouest et sud et nécessaires au regard de la pente qu'accuse la place. En 1859, un certain Casimir Durand demande ainsi l'autorisation de faire reconstruire son perron. Ces aménagements privés empiétant sur la place publique, même minimes, contrarient la municipalité, "considérant que la place est très petite et qu'il n'est pas possible d'accorder le moindre terrain pour la construction de perrons au-devant des maisons". Plutôt laxiste en la matière, elle accepte néanmoins de traiter à l'amiable lorsqu'elle est mise devant le fait accompli (construction d'un perron sans autorisation par la veuve Coulon en 1879, construction de pilastres aux extrémités d'une façade par Marie Vadé en 1886). Peut-être parce que la mairie, installée de 1868 à 1910 avec l'école de garçons dans la maison bourgeoise au n°8, comporte elle-même un imposant escalier extérieur à deux volées.

Les maisons autour de l'église ne conservent pas, en façade, d'éléments antérieurs au XIXe siècle, bien que la majorité figure déjà sur le plan napoléonien de 1834. Seul le côté ouest, face au portail de l'église, ne comptait alors qu'une seule maison. Sauf remaniement dans la 2e moitié du XXe siècle, les façades des demeures en rez-de-chaussée sont datables de la 1ère moitié ou du milieu du XIXe siècle, celles des maisons à étage du milieu ou de la 2e moitié du XIXe siècle. Quelques demeures plutôt cossues caractérisées par leurs volumes et leurs décors y côtoient de modestes maisons d'artisans. En 1834, un sabotier est signalé comme propriétaire des petits logements en rez-de-chaussée aux n°17, 18, 19. L'auberge Callu occupe l'angle de la rue de la Fontaine. Les devantures des anciens commerces ont disparu dans la 2e moitié du XXe siècle.