Dossier d’œuvre architecture IA72059257 | Réalisé par
Dewancker Camille (Contributeur)
Dewancker Camille

Chargée de mission inventaire du patrimoine du Pays du Perche Sarthois depuis le 26 avril 2021.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Moulin de Cherruau, actuellement maison, cour Cherruau
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Perche sarthois
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Torcé-en-Vallée
  • Adresse cour Cherruau
  • Cadastre 2021 000 B 251, 252

La mention du moulin de Cherruau apparaît pour la première fois dans une charte du prieuré de la fin du XIIe siècle évoquant une transaction entre les moines de Marmoutier et un chevalier, nommé Foulques de L'Ile. Celle-ci est passée devant Guillaume de Passavant, évêque du Mans (1143-1186/87), et fait référence à un « moulin à foulon de Charruel, nouvellement construit ». En 1284, une seconde mention indique que l'archidiacre de Montfort contraint le meunier du « moulin de Charuel » à payer une partie des dîmes que le prieur avait pour habitude de recevoir.

Il apparaît ensuite sur la carte de Cassini de 1765 parmi les six autres moulins à eau de la commune : moulins des Aunais (Aulnais), des Eards (Epaillard), de Rose, du Petit et du Grand Boré (Beauray). En 1791, alors propriété des sœurs de la Visitation, il est vendu comme bien national à un fermier de Sillé-le-Philippe, Jacques Fouquet, avec sept hommées de prés (2,3 ha env.) et un journal et demi de pâtures (66 a env.). La grange avec sa charpente d'assemblage a vraisemblablement été bâtie peu de temps après.

Le cadastre napoléonien, datant de 1836, montre le système hydraulique alors en place. La rivière, dite « la Vive Parance » sur celui-ci, qui alimente le moulin de Cherruau, est en réalité une dérivation de celle-ci. Sa prise d'eau s'effectue en aval du moulin du Petit Bauray (Beauray). Néanmoins, cette partie du vieux lit a déjà disparu sur le cadastre napoléonien. Il semble qu'aucun bassin de retenue n'ait été aménagé devant le moulin. Au niveau de ce dernier, un canal de décharge rejoint la rivière morte en longeant le mur gouttereau est. L'eau passe le long du pignon sud du bâtiment où se trouve la roue. Enfin, le canal de fuite vient rejoindre la rivière juste avant le pont et celle-ci poursuit sa course en alimentant le moulin d'Epaillard. Si à l'origine il ne devait pas compter plus d'un ou deux bâtiments, le cadastre napoléonien montre qu'au début du XIXe siècle, il s'agit d'une propriété conséquente composée de deux bâtiments distincts et d'un troisième ensemble de deux bâtiments accolés s'élevant autour d'une cour. En 1836, le moulin de Cherruau est donc un moulin-ferme sur dérivation dit moulin sur bief. En 1852, les matrices cadastrales confirment que la propriété est composée du moulin, d'une maison, de deux bâtiments, d'une cour et d'un étang et qu'elle appartient à un certain Hulin Louis, adjoint à la commune de Torcé. Cet étang aurait pu être un étang de retenue néanmoins, rien sur le cadastre ne semble confirmer cette éventualité.

Au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, les règlements d'eau apportent de nombreuses informations sur le moulin de Cherruau. En effet, par délibération du 23 août 1861, le Syndicat des bassins réunis de l'Huisne et de la Vive-Parence a demandé à ce que soit effectué le règlement de toutes les usines situées sur le cours d'eau. Cette décision concorde avec le nombre croissant de plaintes des meuniers contre les autres propriétaires de moulins. Le 26 septembre 1863, un rapport d'enquête établit par l'ingénieur ordinaire indique qu'il n'existe pas de déversoir maçonné au niveau du bief du moulin de Cherruau. Il existait alors deux vannes de décharge formant un ensemble de 1,13 m de largeur mais dont la hauteur est au-dessus du niveau légal de la retenue. A cette époque, le cours d'eau possède une largeur moyenne de 3,50 m. Le règlement d'eau fait suite à ce rapport et est établi par arrêté préfectoral le 30 octobre 1863. Celui-ci spécifie que le moulin est devenu une usine à blé, mais ne mentionne pas à quelle époque ce changement est opéré, et qu'il est doté de deux roues disposées à 90°, l'une en pignon et l'autre sur le mur gouttereau, vraisemblablement alimentée par le canal de décharge. Mme Aubourg, propriétaire, est autorisée à maintenir son activité à condition de procéder à des aménagements nécessaires au maintien d'un niveau d'eau suffisant. Ainsi, un déversoir en maçonnerie doit être construit, la hauteur des vannes de décharge revue afin d'atteindre le niveau légal de la retenue (fixé à 5 cm au-dessus du seuil de la porte située près de la roue de droite) et l'exhaussement de la digue longeant la rive droite de la dérivation entretenu régulièrement. Le déversoir, dont il est question ici, doit être installé légèrement en amont du moulin. En effet, un canal a été aménagé entre 1836 et 1863 afin de permettre l'écoulement du trop-plein de la dérivation en direction de la rivière morte. Le meunier possédant le fermage du moulin de Cherruau à cette époque est un dénommé Sr Launay. En juin 1868, les travaux ne sont toujours pas exécutés malgré de nombreuses relances et visites d'agents du service hydraulique. Le repère a même été déplacé et scellé 5 cm au-dessus du niveau légal. Suite à une énième plainte du Sieur Lepage, propriétaire du moulin de Rose situé en amont, Mme Aubourg est mise en demeure de se conformer au règlement d'eau du 30 octobre 1863 avant le 1er août 1868 ou l'usine sera mise en chômage. Selon les carnets de patente, le moulin à farine est exploité par un certain Brosse en 1873 puis par Armand Aubourg à partir de 1876. Ses deux roues sont actionnées par une chute d’eau de 2,80 m entraînant une force motrice de 7 chevaux. Celles-ci actionnent deux paires de meules dont l'une, faute d'un débit d'eau suffisant, chôme plus de quatre mois par an. Le bâtiment appelé « cage de l'usine », où étaient situées les roues motrices, les engrenages et les meules, était bâti en pierre. L'habitation comprenait une seule pièce à feu et était complétée de deux bâtiments disposés autour d'une cour. La propriété n’a donc pas évolué depuis 1836, date du cadastre napoléonien. A la fin du XIXe siècle, le moulin de Cherruau est considéré comme le deuxième plus important de la commune après celui des Aulnays.

Au XXe siècle, la propriété est agrandie à plusieurs reprises. L'habitation est augmentée en 1905 lorsque le moulin est toujours en activité et propriété de M. Aubourg Geslin Louis, meunier. Encore en activité en 1910, la date précise de l'arrêt de l'usine n'est pas connue. Toutefois, il apparaît toujours en tant que moulin en 1931 sur les matrices cadastrales, puis sa nature change en maison à partir de cette date et lorsqu'il est acheté par M. Cosnard-Galpin Jules. Des travaux d'agrandissement sont effectués en 1934 et une grange est construite en fond de parcelle, sans doute au cours du XXe siècle. A la même époque, un portail est ajouté ainsi qu'une terrasse entre le logis et le canal de décharge au niveau du mur gouttereau est.

  • Période(s)
    • Principale : 12e siècle , daté par source
    • Principale : 18e siècle
    • Principale : 20e siècle

Le moulin-ferme de Cherruau est situé au cœur du bourg de Torcé-en-Vallée, au fond de la cour commune du même nom, sur une île formée par les différents canaux. Il est composé de quatre corps de bâtiments implantés autour d'une cour. Son accès est marqué par un portail et un pont passant au-dessus du canal de fuite.

Le corps de bâtiment principal, situé à l'est de la parcelle et dont le pignon est longé par le bief, est composé du moulin au sud et du logis au nord. Le premier s'élève sur deux niveaux et s'étend sur deux travées. Il est revêtu d'un enduit ciment couvrant excepté sur la partie supérieure du pignon où une structure en pans-de-bois est apparente. Sa toiture à deux versants est recouverte de tuiles plates. Les roues ont aujourd'hui disparu, il ne reste aucune trace de celle située en pignon, seule la chute d'eau témoigne de l'existence d'une roue à cet emplacement. Néanmoins, au rez-de-chaussée, les engrenages, les supports de l'arbre et une partie de ce dernier sont encore présents. Dans sa continuité au nord, le logis est caractérisé par une souche de cheminée. De plain-pied, il est revêtu d'un enduit ciment.

Au sud-ouest, un bâtiment s'élève sur un rez-de-chaussée et un grenier, et sa toiture à deux versants est recouverte de tuiles plates. Une souche de cheminée est visible en pignon.

Au centre de la parcelle, la grange est l'élément le mieux conservé de la propriété.

Au cœur de la cour, au milieu de ces trois corps de bâtiments, un puits est surmonté d'une margelle en moellons apparents sur laquelle repose un treuil.

Enfin, une seconde grange non visible est présente au nord de la parcelle.

  • Murs
    • grès moellon crépi
    • calcaire moellon crépi
  • Toits
    tuile plate
  • Plans
    ensemble concerté
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • toit en carène
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée
  • Sites de protection
    abords d'un monument historique

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; H 375. Cartulaire du Prieuré de Notre-Dame de Torcé, XIe-XVIe siècles.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 J 77. Fonds abbé Charles Girault. Biens nationaux, fiches de vente des biens de 1e et 2e origine.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 155. Alignements et travaux : Torcé, lettre de Agent-Voyer en chef de la Sarthe au préfet, 26 mai 1864.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 P 1585. Patentes. Carnets des établissements industriels, Torcé, 1873.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 366/32. Matrice des propriétés foncières, folios 1 à 500, 1839-1913.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 366/36. Matrice des propriétés bâties, 1882-1911.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 366/37. Matrice des propriétés bâties, 1911-1935.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 7 S 163. Règlements d’eau des usines situées sur la Vive-Parence, Torcé-en-Vallée, 1859-1931.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 1486. Documents concernant la paroisse de Torcé-en-Vallée.

Bibliographie

  • PAYS DU PERCHE SARTHOIS. Laissez-vous conter Torcé-en-Vallée, septembre 2015.

Périodiques

  • COUTARD, A. Les Moulins du Bassin de la Vive-Parence. Moulins de la Sarthe, Bulletin de l’association des amis des moulins de la Sarthe, avril 1994, n°13.

Documents figurés

  • Cadastre napoléonien de Torcé-en-Vallée. B2 de Conhard. 1 : 1250. 1836. 1 plan : 1 : 1250. (Archives départementales de la Sarthe ; PC\366\008).

  • Plan du nivellement et des ouvrages régulateurs, règlement d'eau des usines situées sur la Vive-Parence à Torcé-en-Vallée / dressé par l'Ingénieur ordinaire du service hydraulique. Le Mans, 26 septembre 1863. Coupes et élévations. (Archives départementales de la Sarthe ; 7 S 163.)

  • Plan des aménagements hydrauliques, règlement d'eau des usines situées sur la Vive-Parence à Torcé-en-Vallée / dressé par l'Ingénieur ordinaire du service hydraulique. Le Mans, 26 septembre 1863. 1 plan. (Archives départementales de la Sarthe ; 7 S 163.)

Date d'enquête 2021 ; Date(s) de rédaction 2021
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Dewancker Camille
Dewancker Camille

Chargée de mission inventaire du patrimoine du Pays du Perche Sarthois depuis le 26 avril 2021.

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