Durant la cérémonie du 11 novembre, nous fut donnée la description du souvenir élevé dans notre église aux 151 Lorousains morts pour la patrie. On sera sans doute heureux de relire cette description, afin de mieux comprendre et de mieux apprécier cette belle fresque due au talent de Monsieur l'abbé Bouchaud.

"C'est un autel d'abord, l'autel du sacrifice infini, qui soutient, relève et divinise le sacrifice de ceux qui sont morts pour la défense de la Patrie. Les deux dates qui commencent et finissent la guerre 1914-1918, et la dédicace "Le Loroux à ses enfants morts pour la France".

Puis, le soldat Lorousain, représentant tous ses frères ; lequel blessé, perdant son sang, les lèvres entrouvertes, mais énergiques toujours, va mourir. Au moment où il doit rendre son âme à Dieu, d'un bond du cœur, d'un élan de l'esprit, il retrouve et revoit sa famille et son pays.

Près de lui, agenouillés, ses chers petits enfants, qui le regardent, le soutiennent, pleurent et prient et lui jettent des fleurs. Et voici, ô merveille d'amour, que Dieu, à ces chers petits enfants, met des robes d'or et des aies d'argent comme à ses anges et qu'ils viennent cueillir son âme pour la porter en Paradis, "In paradisum déducant te angeli".

Il se revoit étendu dans la cour de son patronage où il se forma et se disciplina pour la défense de la patrie. Devant ses yeux : l'école chrétienne Saint-Jean où il apprit à lire, à écrire, à compter, mais surtout à aimer Dieu et ses frères et à les bien servir, la cure, la maison hospitalière du père commun, où lui aussi a fait un jour sa retraite de départ.

Il s'élève et revoit son vieux Loroux, si cher, le château et ses tours, l'antique rue de Bourgogne, origines lointaines, souvenirs vénérables d'un passé qui fut grand, et l'église Saint-Laurent, centre premier et point de départ de notre foi chrétienne.

Il s'élève et revoit : tous les gracieux vallons où joua son enfance ; les coteaux verdoyants, les collines couvertes de vignes florissantes où il se plut à essayer les premières forces de sa jeunesse ; le val de Loire, immense les splendides horizons qui l'enserrent ; et enfin, tout là-bas, les clochers de Nantes, éclatants au soleil ou devinés dans la brume, selon les jours.

Et surtout, il revoit et salue son beau, son grand clocher qui domine et la ville et le pays, son beau son grand clocher qu'il aimait tant à reconnaître de partout et qui lui montre le ciel. Et, si son élégante et fine pointe brise et traverse le cadre qui voulait le contenir, de même son âme à lui brise l'enveloppe de son corps, dépasse la terre et les nuages, toutes ces palmes qui l'entourent, et s'élance vers le ciel dans un grand cri "Spes", l'Espérance, "Et spes non confundit", et l'espérance se réalise.

En effet, l'archange Saint-Michel, le porte-étendard de Dieu, le premier protecteur des antiques confréries lorousaines, est là dans son resplendissant vitrail ; il recueille l'âme de ce soldat vaillant. Il le place en ses balances de justice, la pèse, la trouve lourde de mérites, de sacrifices, et l'introduit dans la lumière sainte "reproesentet eas in lucem santam". Et Dieu, lui-même, par delà les choses visibles, la reçoit et lui donne, dans l'éternelle merci et l'éternel amour, l'éternelle récompense."

Merci à l'auteur, aux promoteurs, aux bienfaiteurs, aux ouvriers de ce splendide monument, vrai chef d'œuvre que l'on aimera à contempler, à méditer, et à revoir souvent".