Dossier collectif IA72059022 | Réalisé par
Ferey Marie (Contributeur)
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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  • inventaire topographique, Les faubourgs manceaux
Maisons et immeubles du quartier du Maroc
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    immeuble à logements, maison
  • Aires d'études
    Mans (Le)
  • Adresse
    • Commune : Le Mans
      Lieu-dit : Maroc
      Adresse : avenue, Felix-Geneslay, boulevard, Pierre-Brossolette, rue, Denis-Papin, avenue de , Bretagne, rue du Vercors
      Cadastre : 2019 KN / KO / KP

Les observations sur les maisons et les immeubles du quartier du Maroc portent sur l'ensemble du quartier compris entre l'avenue de Bretagne et l'avenue Felix-Geneslay, correspondant aux sections cadastrales KN, KO et KP. Dans le cadre de l'inventaire du patrimoine 546 entités ont été repérées, réparties en 27 immeubles et 519 maisons.

Matériaux, typologies et formes : vers une unité ?

Les matériaux

L'immense majorité des bâtiments est construite en béton (99%). Le peu de maisons en matériaux mêlés recouverts d'enduit sont les plus anciennes (construites dans les années 1910-1920) et situées autour du boulevard jean-Jacques-Rousseau. Quelques maisons présentent des parements de brique en façade (5%) ou des dalles assemblées de pierre lavée (2%). Bien que d'autres matériaux aient été utilisés dans le quartier (acier pour les maisons Fillod et Forges de Strasbourg et bois pour les pavillons Angelika), ils ont laissé place aujourd'hui à des constructions en béton. Néanmoins, leur appréciation reste nécessaire en ce qu'elle rappelle que l'ensemble de ces matériaux sont des matériaux utilisés pour la construction rapide et généralement en pièces détachées. C'est en effet ce mode de construction qui fut privilégié au quartier du Maroc.

Les toitures privilégient deux matériaux : l'ardoise, matériau local dont la production s'industrialise dans le premier quart du 20e siècle (59%) et les tuiles mécaniques (41%), marquantes pour les années 1930.

La typologie

De même que pour l'ensemble du Mans, la maison individuelle est privilégiée (95%). C'est en effet ce type de logement qui est choisi pour les premières constructions des années 1910-1920, ce qui se poursuit jusqu'aux années 1960. Les immeubles collectifs font une timide apparition dans les années 1930 (5 unités) puis dans les années 1950-1960 pour répondre, notamment, à la crise du logement.Vue des immeubles rue du Maroc.Vue des immeubles rue du Maroc.

La majorité des façades des maisons sont établies sur le mur gouttereau (86%) bien que l'utilisation du pignon pour la façade principale soit particulièrement appréciée pour les maisons des années 1930. Un nombre élevé de maisons sont des pavillons doubles (78%) reprenant des typologies architecturales des années 1920-1930, dévolues principalement aux cités ouvrières ou aux cités-jardin.

Les formes

Mise à part d'infimes tentatives de décor en façade, telles que les jeux de brique (maisons des années 1910 et de la Collectivité),Vue de la lucarne d'une maison boulevard Jean-Jacques-RousseauVue de la lucarne d'une maison boulevard Jean-Jacques-Rousseaudes ouvertures circulaires (pavillons réalisés par Heckly), ou des détails empruntés à l'architecture de la villégiature (15 maisons rues du Maroc, du Château d'eau, du Rif), les maisons et les immeubles du quartier du Maroc ne présentent pas de décor. Les fenêtres et les portes sont rectangulaires et enduites et on note l'absence de modénature. Ce constat amène à rappeler la rapidité d'exécution de ces bâtiments, réalisés principalement par des entrepreneurs et des sociétés d'Habitations à bon marché.

Le Maroc : une vraie cité-jardin

Plusieurs éléments permettent d'affirmer que le noyau du quartier du Maroc est une cité-jardin. Le réseau viaire constitué selon des axes orthonormés autour d'un noyau central se retrouve autour du centre social et de l'économat au Maroc, reprenant les conclusions exposés par Purdom en 1913. Bien qu'on ne puisse parler de doctrine architecturale liée aux cités-jardins, l'importance de la nature, par le jardin entourant la maison, est un élément incontournable de ces espaces qui se multiplient dans l'Europe de l'entre-deux guerres. Au Maroc, l'imbrication des jardin et de l'architecture des habitations et des équipements est évidente, avec 70 % des maisons entourées d'un jardin. En cartographiant les maisons et leur position sur la parcelle, on observe qu'au cœur de la cité, ce dispositif englobant atteint 98% de la conception. Toujours dans un souci de dialogue avec l'espace vert, les ilots du Maroc sont des ilots ouverts avec des chemins traversants, selon des modèles développés par Howard dès la fin du 19e siècle.Vue d'un chemin en cœur d'ilotVue d'un chemin en cœur d'ilot

Quand ? Par qui ? Pour qui ?

Un rythme de production saccadé

La construction de logements dans le quartier du Maroc est en douce évolution de 1920 à 1949. Du fait de la Reconstruction et de la crise du logement amenant les politiques publiques à accélérer la production, les années 1950 présentent un pic de construction marqué qui étend le quartier vers la zone sud, jusqu'alors vierge d'habitations. Le nombre de contructions plus conséquent entre 1970 et 1979 est dû à la réhabilitation des pavillons Angelika et des maisons métalliques construites dans les années 1930 et 1940.

Le quartier connaît donc une urbanisation progressive, avec des zones construites d'un même jet selon les principes de lotissement, conférant une certaine unité au sein de la cité.

Les chemins de fer, mais pas seulement

Le commanditaire majoritaire pour la cité centrale du quartier du Maroc est certes la Compagnie des chemins de fer, cependant le dépouillement des permis de construire a permis de constater que les entreprises commanditaires de logement étaient plus nombreuses avec une part non négligeable de Carel, Manu Rhin et en particulier les Comptoirs Modernes.

De même, la ville par le biais de société d'habitation bon marché développe de nombreux programmes de lotissement (Maroc national, Petits Deshaies, Oasis...).

Enfin, le Maroc est également touché par les initiatives de lotissements privés qui s'installent à la périphérie de la cité dite cheminote.

Avant l'établissement de la gare de triage vers 1911, les traces d'architecture sont quasi inexistantes si ce n'est deux hameaux aujourd'hui complétement disparus.

Dans la première moitié du XXe siècle, de nombreuses maisons sont construites selon des intentions privées (Maison de la collectivité) publique ou entrepreneuriale. Entre 1920 et 1940, l'habitat du quartier est constitué jusqu'à la rue Auguste-Piron.

A partir des années 1950, les immeubles et quelques maisons individuelles viennent combler les dents creuses. A cette même période des secteurs pavillonnaires s'établissent en périphérie et en particulier au sud du quartier du Maroc.

  • Période(s)
    • Principale : 20e siècle

546 habitations ont été repérées dans le quartier du Maroc, dont 27 immeubles et 519 maisons. La très grande majorité de ces édifices sont construits en béton recouvert d'enduit. De même, la grande majorité des toitures est recouverte d'ardoise, bien que la tuile mécanique soit également visible par endroits.

L'analyse des formes a permis d'établir avec certitude la volonté de construire une cité-jardin : positionnement sur parcelle, réseau viaire...

  • Toits
    tuile mécanique, ardoise
  • Murs
    • béton enduit
  • Décompte des œuvres
    • repérées 546
    • étudiées 13

Documents d'archives

  • Archives historiques de la SNCF, Le Mans ; 0505LM0467. Construction des logements après-guerre, 1946.

  • Archives historiques de la SNCF, Le Mans ; 250LM0001. Rénovation des logements de la cité du Maroc, 1973-1980.

  • Archives historiques de la SNCF, Le Mans ; 0505LM0573. Construction de logements lors de la Reconstruction, 1945-1974.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 16 J 30. Le Maroc. Industrialisation, urbanisation. De la marge urbaine au quartier, GOGER Evelyne. Institut de géographie de l'Université du Maine, 1985.

Bibliographie

  • COLLECTIF, Les cités-jardins d'Ile-de-France. Une certaine idée du bonheur. Paris : Ed. Lieux Dits. 2018.

Périodiques

  • FEREY, Marie. "Le Maroc, cité cheminote", in Gares et réseaux ferrés, Revue 303, n° 160, 2020.

  • LAVERGNE, Philippe. "Le Maroc, une vraie cité cheminote", in Le Maine Libre, 6 août 2013.

  • MAGRI, Susanna. "Des ouvriers aux citoyens modestes : naissance d'une catégorie : les bénéficiaires des habitations à bon marché au tournant du XXe siècle", in Genèses, 1991.

Date d'enquête 2019 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Ferey Marie
Ferey Marie

Chercheur auprès du Service Patrimoine de la Région des Pays de la Loire.

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