Dossier collectif IA44006748 | Réalisé par
Orillard Marion (Contributeur)
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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  • enquête thématique régionale, Villages à communs
Maisons et dépendances rurales
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison, communs, dépendance
  • Aires d'études
    Pays du vignoble nantais

Introduction

En Pays du Vignoble nantais, les « villages à communs » sont des hameaux ou écarts dont les habitants possèdent en commun et de manière indivise un ou plusieurs biens fonciers, souvent sous forme d’une aire non bâtie en cœur de hameau. L’essentiel du patrimoine bâti qui constitue ces écarts relève de caractéristiques architecturales qui font l’objet de cette présentation.

Une architecture rurale humble.

Le travail de terrain a permis d’identifier par comparaison (en visitant des "villages à communs" et sans communs) qu’il n’existe pas de typologie architecturale spécifique aux écarts possédant des communs. La nature de l’architecture organisée autour du commun ne diffère pas de celle d’une architecture organisée autour d’un espace public ou d’une propriété privée individuelle.

En revanche, la fonction même du commun qui permet au XIXe siècle et auparavant aux habitants peu fortunés de disposer d’espaces supplémentaires pour leur assurer des conditions de vie modeste (qu’il s’agisse de zones de pâturage, aires pour travailler les récoltes agricoles, espaces de stockage, réserves naturelles en eau ou végétaux, ou des équipements comme le four et le puits), au prix d’une promiscuité renforcée et de contraintes collectives fortes, fait de ces écarts des lieux qui ont pour point commun la fixation d’une petite paysannerie. On y observe donc la construction d’une architecture rurale humble, ici très nettement surreprésentée au regard de la proportion de ces mêmes bâtiments dans les exploitations isolées, les hameaux sans communs ou dans les bourgs. Porter un regard sur ces écarts, par le biais de l’opération d’inventaire, permet donc d’établir un panorama de l’habitat des communautés rurales modestes du Pays du Vignoble Nantais.

L’analyse de l’architecture mise en œuvre dans le cadre de cette opération d’Inventaire n’a ni les moyens ni l’ambition d’analyser l’ensemble des types de logis et dépendance observés mais plutôt de dégager les formes rencontrées régulièrement dans les villages à communs ainsi que quelques formes singulières. L’analyse qui suit ne se veut donc pas exhaustive mais s’intéresse plutôt aux constructions les plus typiques qui sont souvent les plus fragilisées par les évolutions architecturales récentes.

Une architecture en mauvais état de conservation.

L’habitation est rarement visible dans son état d’origine. Il est alors difficile de lire l’ensemble des modifications postérieures à sa construction, tant elles sont rapides, nombreuses et d’un impact souvent irrémédiable. Cette architecture, soumise à une pression foncière importante est régulièrement détruite voire si transformée qu’elle n’est plus analysable en tant que telle. Au mieux, ces maisons, délaissées, sont devenues des annexes de la nouvelle habitation, servant de remise à leurs propriétaires ; rarement entretenues, jamais restaurées dans un souci de préserver leur état ancien, nombre de ces habitations, souvent en sursis, sont alors en état transitoire plus ou moins avancé vers la ruine. Trop rares sont celles qui font l’objet d’une reprise attentive, inventive, ambitieuse pour l’identité patrimoniale du territoire, qui permette de témoigner de leur qualité architecturale et d’un respect de leur mise en œuvre vernaculaire tout en étant adaptée élégamment et intelligemment à des usages modernes. Vestiges d'habitations aujourd'hui ruinées. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.Vestiges d'habitations aujourd'hui ruinées. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.

1. Caractéristiques générales des habitations.

1.1. Les principaux types d’habitations rencontrés.

Dans tous les cas, l’habitation repérée dans les "villages à communs" est extrêmement simple. Les deux formes les plus courantes d’habitation sont celles-ci :

1.1.1 Habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente.

La maison se compose d’une pièce à vivre unique d’une surface d’environ 35 m², sous charpente (sans plafond ni grenier), avec un sol en terre battue, une cheminée située contre l’un des pignons. Une baie de modeste dimension (variant d’une hauteur de 60 cm par 40 cm de largeur à un rapport hauteur – largeur de 80 cm par 60 cm) éclaire la pièce ; elle est placée à côté de la porte située dans le mur gouttereau antérieur. Cette baie peut être à droite ou à gauche de la porte, elle est en tous cas toujours positionnée entre la porte d’entrée et la cheminée. Une seconde porte fait souvent face à la première, dans le mur gouttereau postérieur : lorsque la maison est en bordure de commun, cette porte donne sur les parcelles postérieures, souvent signalées dans le cadastre napoléonien comme étant cultivées en jardin potager. Les portes de communication intérieure permettant l’accès aux dépendances accolées à l’habitation sont rares.

Sur le mur pignon, entre la cheminée et la fenêtre se trouve fréquemment une niche formant un placard de bois, encastré et pourvu de deux ou trois tablettes en minces planches. Il est parfois cerné d’un cadre de bois et pourvu d’une porte à simple ou double battant.

On ne trouve que rarement une pierre d’évier. Selon Christine Toulier, lorsqu’elle est visible elle se trouve souvent sur le mur gouttereau antérieur, entre la porte et le mur pignon dépourvu de cheminée, puis sous la fenêtre en façade antérieure après 1914-1918. Les murs peuvent avoir été enduits à la chaux.

L’habitation ne renferme jamais de four à pain, cet équipement est commun aux habitants de l’écart. Le toit est à deux versants, à longs pans ; il est le plus souvent peu pentu (de 18 à 30°) et couvert de tuiles creuses.

Habitation à pièce unique en rez-de-chaussée sous charpente. Mur gouttereau antérieur. La Heurnière, Gorges. Cadastre 2018, AZ01-202. Habitation à pièce unique en rez-de-chaussée sous charpente. Mur gouttereau antérieur. La Heurnière, Gorges. Cadastre 2018, AZ01-202. ;

Habitation à pièce unique en rez-de-chaussée sous charpente. Rue de la Verdonnière, Haute-Goulaine. Cadastre 2018, C01-271. Habitation à pièce unique en rez-de-chaussée sous charpente. Rue de la Verdonnière, Haute-Goulaine. Cadastre 2018, C01-271. ;

Habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente. Murs pignon et gouttereau antérieur. Le Praud, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, ZV 01-267.Habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente. Murs pignon et gouttereau antérieur. Le Praud, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, ZV 01-267. ;

Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-279.Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-279.;

Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. Vue de la façade principale. La Caillerie, La Haye-Fouassière. Cadastre 2018, AI 01-128.Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. Vue de la façade principale. La Caillerie, La Haye-Fouassière. Cadastre 2018, AI 01-128.;

 Habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente. Mur gouttereau antérieur. Les Laures, Vallet. Cadastre 2018, HN 01-97. Habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente. Mur gouttereau antérieur. Les Laures, Vallet. Cadastre 2018, HN 01-97.

1.1.2 Habitation avec comble à surcroît.

La maison se compose d’un rez-de-chaussée séparé du comble par un plancher. Le rez-de-chaussée accueille une unique pièce à vivre, qui reprend les caractéristiques de l’habitation en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente (d’environ 35 m²), si ce n’est que le sol est parfois recouvert de tomettes carrées et que la fenêtre est généralement d’un gabarit plus large (environ 80 cm de hauteur par 60 cm de large). La toiture est, là aussi, à deux versants, à longs pans. La différence provient de la présence d’un comble, qui, du fait de la faible pente des toits, est toujours doté d’un surcroît pour le rendre utilisable ; cet étage est directement couvert par la charpente. L’accès à cet espace peut se faire de plusieurs façons : par une simple échelle « volante » donnant accès à une trémie placée à proximité de la porte principale et le plus souvent fermée par un panneau de bois amovible, par un escalier en charpente droit avec ou sans contremarche, par un escalier en charpente tournant ou droit, parfois cloisonné par assemblage de planches ou pan de bois ou bien encore, mais bien plus rarement, par un escalier en pierre, tournant ou droit qui est alors ordinairement extérieur mais peut aussi être intérieur. Quand l’escalier est dans-œuvre, il est régulièrement situé à côté de la porte principale, contre le mur pignon face à la cheminée.

Escalier en charpente tournant avec contremarche. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-710.Escalier en charpente tournant avec contremarche. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-710. Escalier en charpente droit avec contremarche permettant l'accès au comble d'une habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-703.Escalier en charpente droit avec contremarche permettant l'accès au comble d'une habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-703.

Les façades de ces maisons sont souvent rythmées par 3 percements (porte, fenêtre au rez-de-chaussée et fenêtre au deuxième niveau) qui sans répondre à un agencement rigide, se répètent dans ces habitations sur tout le territoire.

Dans un certain nombre de cas repérés, il est visible que des habitations de ce type relèvent d’un remaniement d’une maison en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente qui, après rehaussement, soit devenue une maison avec comble à surcroît.

On peut observer trois types de maisons avec combles à surcroît, selon l’usage et la morphologie du comble :

1.1.2.1 Habitation avec étage de comble de stockage.

Cette première forme, la plus modeste, est dotée d’un surcroît d’une très faible hauteur, formant un étage de comble. Cet espace sert uniquement de pièce de stockage et on y accède toujours depuis l’intérieur de l’habitation (par une échelle ou un escalier). Ce comble à usage de stockage est parfois ajouré d’une petite baie en façade (La Barillère, Mouzillon, 2018, AT 02-216), (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, 2018, BN 01-389) qui peut n’être que très mince (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, 2018, BN 01-108 et 109), mais la pièce peut aussi être aveugle (La Massonnière, Barbechat, 2018, 008 G 01-204 ; La Dabinière, La Chapelle-Heulin, 2018, 000 AP 01-212).Habitation avec étage de comble de stockage. Comble aveugle. La Dabinière, La Chapelle-Heulin. Cadastre 2018, AP 01-212.Habitation avec étage de comble de stockage. Comble aveugle. La Dabinière, La Chapelle-Heulin. Cadastre 2018, AP 01-212.

1.1.2.2 Habitation avec étage de stockage en surcroît.

Cette seconde forme est d’un volume plus important, le surcroît plus haut formant un niveau de dimensions assez similaires à celles du rez-de-chaussée. Cet étage en surcroît est toujours dévolu à du stockage, mais offre des volumes plus importants et son chargement se fait le plus souvent par une porte haute en façade antérieure. S’il se trouve dans tout le territoire, il est très fréquent, voire dominant, dans les secteurs où les prairies abondent et l’activité principale est l’élevage : le comble servait alors vraisemblablement de fenil. Parfois, l’accès à l’étage en surcroît se fait par un escalier en pierre extérieur (Rousselin, Boussay, 2018, 000 ZW 01-126 ; Pé de Sèvre, Le Pallet, 2018, 000 BM 01-579 ; La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, 2018, BN 01-108 ; La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, 2018, 000 ZR 01-125), parfois ajouté lors de remaniements (à l’Anerie, Gétigné, 2018, 000 AW 01-133), ce qui, vu de la rue, tend à faire confondre de telles maisons avec des « maisons de vignerons » (où à l’inverse l’habitation est à l’étage et le stockage au rez-de-chaussée), type plus rare décrit ultérieurement. Habitation avec étage de stockage en surcroît. Rousselin, Boussay, cadastre 2018, 000 ZW 01-126.Habitation avec étage de stockage en surcroît. Rousselin, Boussay, cadastre 2018, 000 ZW 01-126. Habitation avec étage de stockage en surcroît. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2014, BN-108.Habitation avec étage de stockage en surcroît. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2014, BN-108. Habitation avec étage de stockage en surcroît. Escalier hors oeuvre sur le mur pignon. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZR01-125.Habitation avec étage de stockage en surcroît. Escalier hors oeuvre sur le mur pignon. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZR01-125. Habitation avec étage de stockage en surcroît ; escalier apposé à la façade lors d'un remaniement. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, 000 AW 01-133.Habitation avec étage de stockage en surcroît ; escalier apposé à la façade lors d'un remaniement. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, 000 AW 01-133.

1.1.2.3 Habitation avec étage en surcroît habité.

La troisième forme d’habitation est là aussi d’un volume plus imposant (environ 45 m²) : le surcroît est d’une hauteur importante et la façade se découpe en deux niveaux qui sont à peu près de la même hauteur. Le comble forme ainsi un étage à surcroît, toujours sous charpente, et est alors utilisé comme chambre, le plus souvent dépourvue de cheminée. Cette pièce prend le jour par une fenêtre en façade antérieure, de mêmes dimensions que celle du rez-de-chaussée ou plus réduite, mais compte parfois aussi une autre fenêtre, en façade postérieure ou, plus rarement, dans l’un des pignons. Habitation avec étage en surcroît habité. Façade antérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203.Habitation avec étage en surcroît habité. Façade antérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203. Habitation avec étage en surcroît habité. Mur pignon et façade postérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203.Habitation avec étage en surcroît habité. Mur pignon et façade postérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203. Habitation avec étage en surcroît habité. Façade postérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203.Habitation avec étage en surcroît habité. Façade postérieure. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre. Cadastre 2018, BL 01-203.

Parfois, l’accès à l’étage en surcroît se fait par un escalier en pierre extérieur, peut-être du fait d’un partage de propriété par niveau et de volonté d’établir un accès indépendant pour l’habitation en surcroît (Pé de Sèvre, Le Pallet, 2018, 000 BM 01-579 : maison pourvue d’une cheminée au rez-de-chaussée, flanquée d’un escalier sur le mur pignon discernable dès la rénovation du cadastre napoléonien); dans ce cas, il ne faut pas confondre ces maisons avec des « maisons de vignerons » (où le rez-de-chaussée sert au stockage), type plus rare décrit ultérieurement. Habitation avec étage de stockage en surcroît. Maison remaniée au XIXe siècle avec escalier hors oeuvre. Habitation au rez-de-chaussée, stockage à l'étage. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM01-579.Habitation avec étage de stockage en surcroît. Maison remaniée au XIXe siècle avec escalier hors oeuvre. Habitation au rez-de-chaussée, stockage à l'étage. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM01-579.

1.2 Quelques types secondaires d’habitations.

1.2.1 La maison à rez-de-chaussée et étage carré habitables.

Les habitations construites dans les premières années du XIXe siècle relèvent souvent du précédent modèle (La Paudière, Gorges, 2018, 000 E 02-589 ; La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, 000 B 01-300), mais l’étage en surcroît est de plus en plus séparé du couvrement du comble par un plafond pour devenir un étage carré habitable et le stockage disparaît. Effectivement, si ce type est déjà présent auparavant de façon ponctuelle dans les "villages à communs", à partir du XIXe siècle, la maison est de plus en plus souvent affectée à la seule fonction d’habitation et elle se différencie des dépendances. De plus, on observe que l’implantation de ces maisons se fait de moins en moins en mitoyenneté. Cette évolution architecturale témoigne de l’abandon progressif de l’activité de polyculture (au profit d’une spécialisation agricole ou viticole) et de l’évolution sociale des habitants qui sont restés habiter dans ces écarts. Les paysans les plus modestes sont ceux qui ont été les premiers touchés par l’exode rural ; ceux qui sont restés sont ceux qui ont eu les moyens financiers de poursuivre leur activité agricole et d’avoir une habitation plus proche des standards qui se diffusent, dans un processus d’homogénéisation des formes de l’habitat à l’échelle du territoire. Habitation à deux niveaux habités. La Paudière, Gorges. Cadastre 2018, E 02-589. Habitation à deux niveaux habités. La Paudière, Gorges. Cadastre 2018, E 02-589.

1.2.2 L’habitation en étage carré sur cellier, dite « maison de vigneron ».

L’habitation occupe l’étage et est située au-dessus d’une pièce de stockage (servant de resserre ou de cellier). Cette habitation se compose le plus souvent d’une unique pièce à vivre en tout point comparable à celle du rez-de-chaussée des maisons ordinaires décrites précédemment. L’accès à cet étage se fait par un escalier extérieur en pierre appuyé sur le mur gouttereau ou le pignon, qui peut-être couvert d’un auvent soutenu par des poteaux en bois, ressemblant ainsi aux « maisons à balet » du Poitou et du pays charentais. Ce type d’organisation de l’habitation est appelé localement « maison de vigneron » : cette terminologie renvoie à un forme architecturale souvent pointée en région viticole depuis la fin du Moyen Âge où le vigneron privilégie une telle disposition verticale de sa maison pour garder son vin au plus près de son logement pour mieux le surveiller et contrôler aisément les étapes de la vinification. Rien n’indique cependant dans ces villages à communs du Vignoble nantais, comme ailleurs en France, qu’il s’agisse d’une forme architecturale exclusivement réservée à l’activité viticole. On peut seulement observer, tout comme l’avaient déjà fait Valérie Nègre et Jean-Philippe Garric dans l’ouvrage Le viticulteur architecte que ces maisons ont été conservées en plus grand nombre dans les communes de ce territoire où la viticulture s’est intensifiée. (Pé de Sèvre, Le Pallet, 2018, 000 BM 01-578 ; la Bourchinière, Saint-Fiacre-sur-Maine, 2018, 000 A 02-916 et 917). Du fait de la difficulté à établir la destination originelle des pièces depuis la rue, nombre de bâtiments de ce territoire dotés d’un escalier extérieur en pierre sont interprétés comme étant de telles maisons dites « de vigneron », avec habitation à l’étage sur cellier ou resserre alors qu’il peut s’agir de maisons dont le rez-de-chaussée est habité.

Habitation en étage carré sur cellier. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578 Habitation en étage carré sur cellier. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578 Habitation en étage carré sur cellier. Auvent remanié. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578 Habitation en étage carré sur cellier. Auvent remanié. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578 Habitation en étage carré sur cellier. Vue arrière. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578 Habitation en étage carré sur cellier. Vue arrière. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-578

1.2.3 L’habitation double.

Deux habitations purent être construites conjointement lors d’une même campagne de construction. Ces habitations doubles peuvent être en rez-de-chaussée ou compter un comble voire un étage, donc elles peuvent relever individuellement de types déjà mentionnés précédemment. La plupart de celles qui ont été ici repérées sont à dater plutôt du XIXe siècle, même si certaines peuvent être antérieures. (La Massonnière, Divatte-sur-Loire, 2018, 008 G 01-206 et 209 ; L’Anerie, Gétigné, 2018, 000 AW 01-733 ; La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, 2018, 000 ZR 01-133 ; La Brie, Gorges, 2018 000 AK 01-143 et 144). Habitation double. La Massonnière, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, 008 G 01-206 et 209.Habitation double. La Massonnière, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, 008 G 01-206 et 209. Habitation double. L’Anerie, Gétigné. Cadastre 2018, 000 AW 01-733.Habitation double. L’Anerie, Gétigné. Cadastre 2018, 000 AW 01-733. Habitation double. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZR 01-133. Habitation double. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZR 01-133. Habitation double. La Brie, Gorges. Cadastre 2018,AK 01-143 et 144.Habitation double. La Brie, Gorges. Cadastre 2018,AK 01-143 et 144.

1.2.4 L’habitation de grand gabarit ou atypique.

D’une manière générale, de telles maisons sont assez rares dans les "villages à communs". Il s’agit là d’habitations anciennes dont le gabarit imposant et la facture architecturale signale une métairie, une maison de maître ou, bien plus rarement, un manoir. Ces bâtiments peuvent compter deux niveaux habités, trois travées ou davantage, peuvent être environnées de dépendances de grande ampleur, etc. Leur mise en œuvre est souvent soignée (utilisation de pierres de gros volume, encadrements de qualité, parfois chanfreinés, etc.) et inclut parfois des matériaux non locaux (tuffeau, etc.). Ce sont presque uniquement parmi de telles constructions que furent distingués des bâtiments médiévaux. (Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson, 2018, 000 ZA 01-273 ; La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, 2018, 000 BN 01-164 ; Les Laures, Vallet, 2018, 000 HN 01- 296 et 297 ; Pé de Sèvre, Le Pallet, 2018, 000 BM 01-733).

Habitation à deux niveaux. XVe siècle ?. Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZA 01-273.Habitation à deux niveaux. XVe siècle ?. Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZA 01-273. Habitation à deux niveaux. XVe siècle ?. Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZA 01-273.Habitation à deux niveaux. XVe siècle ?. Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson. Cadastre 2018, ZA 01-273. Habitation à deux niveaux et encadrements en tuffeau. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-733.Habitation à deux niveaux et encadrements en tuffeau. Pé de Sèvre, Le Pallet. Cadastre 2018, BM 01-733.

Lors de l’inventaire du canton de Clisson par Christine Toulier (1997), furent repérés pour des maisons remarquables du XVIe ou du début du XVIIe siècle des charpentes particulièrement ouvragées : la ferme peut présenter un poinçon et un entrait chanfreinés ou ornés et des arbalétriers cintrés. Plusieurs cas de telles charpentes ont été repérés : on peut alors avoir affaire à un réemploi (La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, cadastre 2018, 000 ZR 01-193), mais peut-être aussi à un cas d’habitation atypique, de qualité (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, 000 BN 01-164).

Hors normes au regard de la très grande majorité du bâti de ces "villages à communs", de telles habitations sont-elles alors à l'origine de la formation de ces écarts ? L’état actuel de la recherche ne permet souvent pas de répondre à cette question, mais c’est un phénomène avéré pour quelques exemples (ancien manoir de la La Pilotière, à La Chapelle-Heulin, cadastre 2018 ZB-78 et dépendances voisines ; ancienne ferme modèle du Rubis, à Mouzillon, cadastre 2018 AD-90-95-96-122 et dépendances alentour ; ancienne métairie de la Ménardière au Louroux-Bottereau, cadastre 2018 DI-12-13 et bâtiments environnants ; etc.). Ces habitations, relativement atypiques en « villages à communs » et relevant de formes d’une grande variété, n’ont pas été analysées en tant que telles dans cette étude puisqu’elles ne sont précisément pas l’ordinaire des maisons constitutives de ces écarts (plusieurs types récurrents à l’échelle de l’ensemble du territoire ont cependant pu être pointés lors de l’Inventaire général du patrimoine culturel du canton de Clisson conduit en 1997 par Christine Toulier, de la commune de Saint-Fiacre-sur-Maine en 2010 par Sylvie Mounier et de la commune de Vertou par Camille Linard en 2012).

1.3 Datation et évolution des habitations.

1.3.1 Une habitation difficilement datable.

Lorsqu’il est conservé dans un état peu modifié qui permette d’en étudier ses formes originelles, le bâti ancien constitutif des villages à communs est souvent si modeste qu’il est extrêmement difficile à dater. L’essentiel des maçonneries est par exemple constitué de moellons de pierre locale liés à la terre elle aussi extraites sur place. Les toits, peu pentus, ont des charpentes qui se résument le plus souvent à des pannes tendues entre les deux pignons, portant les chevrons couverts de voliges. Dans la majeure partie des cas, le couvrement des baies est assuré, souvent au gré du contexte géologique, par des plates-bandes ou arcs en larges dalles de schistes, des linteaux de granite parfois constitués de blocs très grossiers ou de simples linteaux de bois. Ces mises en œuvre sont ainsi des plus simples et assez intemporelles. Les dates portées sont très rares avant le XIXe siècle et ne figurent qu’assez exceptionnellement sur les maisons les plus ordinaires. Extérieurement, les formes datantes manquent et l’ornementation de ces façades aux maçonneries de moellons dépourvues d’encadrements est pour ainsi dire absente avant le XIXe siècle. Intérieurement, quelques éléments sont plus évocateurs, tels cheminées ou les escaliers, même s’ils sont là encore de types très simples et souvent peu différenciés. L’enquête de terrain donne de l’ensemble l’impression d’un bâti sans âge, souvent archaïque.

Façade principale d'une ancienne habitation. Les murs sont en pierre de schiste montés à la terre. Les baies et la porte sont surmontées d'un linteau de bois. La Mauvillonnière, La Planche.Façade principale d'une ancienne habitation. Les murs sont en pierre de schiste montés à la terre. Les baies et la porte sont surmontées d'un linteau de bois. La Mauvillonnière, La Planche.

Porte d'habitation à linteau de granite légèrement en bâtière. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre.Porte d'habitation à linteau de granite légèrement en bâtière. La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre.

1.3.2. Quelques remarques sur l’évolution du bâti.

Le cadastre napoléonien permet d’établir un crible où tout ce qui ne figure pas est plus tardif que les premières décennies du XIXe siècle. L’implantation des bâtiments, souvent imbriqués, appuyées les uns sur les autres, permet ensuite de donner des éléments de datation relative entre eux. Croisées avec de petites différences constatées sur les bâtiments, il est alors possible de proposer des fourchettes larges de datation d’une partie des édifices.

D’une manière générale, les principaux types repérés (maison en rez-de-chaussée et diverses variantes de la maison à combles à surcroît) semblent ainsi être caractéristiques d’une large période, du XVIIe (voire du XVIe ?) au XIXe siècle, sans réelle évolution morphologique. Il est à remarquer qu’il semble difficile pour ces bâtiments d’avancer des dates plus précoces : sauf nouvelle identification ou révision de la chronologie proposée ici le bâti médiéval modeste semble avoir intégralement disparu. Ces premières observations seraient à poursuivre cependant, notamment au moyen d’analyses des bois mis en œuvre (par dendrochronologie) afin d’établir des datations plus assurées pour certaines des maisons qui constituent ces écarts. Une approche archéologique serait aussi souhaitable pour tenter de mieux connaître la structure et l’histoire du bâti disparu au sein de tels hameaux.

D’une manière générale, il est notable qu’une grande part du bâti des XVIIe-début XIXe siècles en Pays du Vignoble nantais est encore en place et qu’il est constitué de ces petites maisons, même si les remaniements (surhaussements, enduits, élargissements de baies, remplacement des huisseries, réfection des sols, destruction des cheminées anciennes et d’une manière générale reprise généralisée des intérieurs) ont rendu cet héritage patrimonial à peine perceptible.

Pour ce qui relève, par contre, de bâtiments moins ordinaires, voire atypiques au sein de ces "villages à communs", de plus grand gabarit et à rattacher à des propriétaires plus fortunés (Beaulieu, Saint-Hilaire-de-Clisson, cadastre 2018, 000 ZA 01-273), édifices qui sont d’ailleurs peut-être à l’origine de la formation de certains de ces écarts (anciens manoirs, maisons de maîtres ou grandes métairies), les éléments caractérisant sont plus nombreux (ornements, mises en œuvre). On trouve alors des encadrements de baies chanfreinés ou à moulurations complexes voire portant des décors héraldiques, des embrasures, des couvrements clavés, des appuis saillants et autres détails relevant d’une architecture nettement plus savante, qui permettent d’établir des datations plus précises : on peut alors remonter, pour un certain nombre de bâtiments, à la fin du Moyen Âge et au XVIe siècle. Peut-être observe-t-on une surreprésentation de ces maisons à grand gabarit car elles offraient un volume habitable digne d’être conservé ? Existait-il, en dehors de ces logis, d’autres formes d’habitations plus modestes qui n’ont pas été conservées ?

Baie à chanfrein. Maupay, Gétigné.Baie à chanfrein. Maupay, Gétigné.

Ancien manoir. La Batardière, Gorges. Cadastre 2018, A 01-19Ancien manoir. La Batardière, Gorges. Cadastre 2018, A 01-19

D’une manière générale, on observe que le XIXe siècle apporte une relative harmonisation des mises en œuvre entre les différentes catégories de bâtiments. La construction devient ainsi généralement plus soignée (notamment encadrements des baies, chaînes d’angle, voire génoises). On observe également au XIXe siècle une modification très progressive des volumes. Les habitations nouvellement bâties sont le plus souvent avec un étage habité et les baies qui sont percées sont de dimensions plus importantes. Ces modifications témoignent d’une volonté de dissocier de la pièce de vie commune des espaces de vie plus intimes mais également une quête de lumière. La maison est également plus isolée : elle est moins souvent en mitoyenneté avec d’autres logis et elle se différencie plus nettement des dépendances qui sont implantées à l’écart.

Maison d'habitation à deux niveaux. XIXe siècle. Usage du tuffeau et de la brique. La Blissière, Le Landreau.Maison d'habitation à deux niveaux. XIXe siècle. Usage du tuffeau et de la brique. La Blissière, Le Landreau. Maison d'habitation à deux niveaux. XIXe siècle. Usage de blocs de granite pour les encadrements. Génoise en tuiles et briques. La Grande Brosse, Vieillevigne.Maison d'habitation à deux niveaux. XIXe siècle. Usage de blocs de granite pour les encadrements. Génoise en tuiles et briques. La Grande Brosse, Vieillevigne.

2. Les dépendances.

2.1. Les fonctions des bâtiments.

La principale difficulté rencontrée dans le cadre de l’étude de ces dépendances est qu’elles ne répondent pas à des typologies architecturales fonctionnelles. Ainsi, un même type de bâtiment a pu servir de cellier, d’étable ou de remise... Christine Toulier formulait déjà cette observation lors de son opération d’inventaire du canton de Clisson en 1997 : « Les « villages-mosaïques » sont constituées de maisons et annexes (que l’on ne peut pas appeler communs de par leur modestie). […] Il est difficile d’identifier avec certitude les affectations des constructions agricoles. Plus elles sont anciennes, plus elles sont agglomérées d’une manière empirique et désordonnée. Très souvent grange et étable à vaches sont associées mais ce n’est pas troujours vrai. La misère du pays et/ou l’avarice des propriétaires poussaient à une économie maximum des moyens. Le recours à l’appentis est systématique ou presque, et aboutit à des amas de constructions agricoles aux destinations diverses. »

Toutefois, il semble que ces bâtiments aient rempli les fonctions non exhaustives :

- D’accueil et d’abri pour les animaux :

> avec l’étable, terminologie employée permettant de désigner tout bâtiment agricole ayant permis l’accueil de chevaux, ânes, bœufs, vaches, chèvres, moutons…

> et la soue (ou « toit à porcs »)

Remarque : poulaillers et clapiers ne semblent pas avoir laissé de traces architecturales, soit qu’ils fussent aménagés dans des dépendances polyvalentes, soit qu’il s’agisse d’éléments principalement en matériaux périssables ou aisément escamotables.

- De production, d’élevage et conservation du vin :

> avec le pressoir et le « cellier », terminologie qui, employée localement, peut confondre le bâtiment réservé au pressoir et le cellier à proprement parler. Peut également être localement appelé « cave », bien que le cellier ne soit jamais situé au sous-sol d’une habitation.

- De stockage des denrées et du matériel agricoles :

> avec la grange permettant le stockage du foin,

> le hangar et la remise permettant de mettre à l’abri le matériel manuel, à traction animale, puis mécanique de travail du sol.

2.2. Caractéristiques générales des bâtiments.

Les dépendances qui accompagnent l’habitation rurale de ces « villages à communs » s’illustrent elles aussi par une économie de moyens à tous les degrés de la construction, de l’implantation, des volumes, des percements, des matériaux et de leur mise en œuvre.

Les dépendances revêtent en conséquence une forme similaire avec l’habitat : les volumes sont simples en petits moellons de pierre locale (schiste et granite principalement), recouverts d’une toiture à deux pans ou en appentis en tuiles creuses. Les percements sont à linteaux de bois.

Pour les volumes les plus modestes, la charpente est simple, sans ferme. Un nombre non négligeable de ces dépendances est formé de corps de bâtiments en appentis, n’offrant un toit qu’à un versant. Les appentis, dont le faîte s’appuie sur le mur d’un autre bâtiment, sont plus fréquents encore. Lorsque la toiture est à deux pans, cas le plus ordinaire, elle se compose comme pour les habitations d’une panne faîtière et de deux pannes latérales sur lesquelles reposent les chevrons ; les pannes sont encastrées dans la maçonnerie, les chevrons sont soit encastrés dans les murs soit reposent sur la partie haute des murs (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, 000 BN 01-209 et 210). Les plus longues dépendances, assez rares avant le XIXe siècle dans ces écarts à communs, peuvent compter des fermes à poinçon court de type « à la bordelaise ». Ces fermes peuvent alors être portées par des piles, de section quadrangulaire ou circulaire.

L’observation concernant l’habitat comme étant d’un volume plus imposant dans les communes dont l’activité vivrière est à dominante d’élevage vaut également pour les dépendances qui l’accompagnent (hangars, remises à char à foin et granges en particulier), en hauteur comme en largeur.

Ensemble de dépendances. La Renouère, Le Landreau. Cadastre 2018,  BM 01- 241, 260 et 130.Ensemble de dépendances. La Renouère, Le Landreau. Cadastre 2018, BM 01- 241, 260 et 130.

Îlot de dépendances en appentis. La Bauche, Remouillé. Cadastre 2018, YH 01-109 et 110.Îlot de dépendances en appentis. La Bauche, Remouillé. Cadastre 2018, YH 01-109 et 110.

Ensemble de dépendances en appentis. La Bauche, Remouillé. Cadastre 2018, YH 01-109 et 110.Ensemble de dépendances en appentis. La Bauche, Remouillé. Cadastre 2018, YH 01-109 et 110. Alignement de dépendances. La Massonnière, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, G 08-211 et 212. Alignement de dépendances. La Massonnière, Divatte-sur-Loire. Cadastre 2018, G 08-211 et 212.

2.3. Types de bâtiments.

L’étable.

L’étable correspond à une forme de bâtiment qui permet d’accueillir un très faible nombre d’animaux sans distinction de forme selon le type d’animal abrité (équidé, bovin, caprin, ovins).

Ces bâtiments sont d’un gabarit modeste et prennent le plus souvent la forme d’appentis adossés à une habitation ou à d’autres dépendances, qui n’appartiennent pas forcément à leur propriétaire comme en témoignent les indications du cadastre napoléonien. L’étable peut aussi être implantée à distance de l’habitation, mais l’essence-même de l’organisation des « villages à communs » avec une imbrication très importante du bâti fait que les exemples de ce type sont assez rares.

Etable isolée. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-103.Etable isolée. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-103.

Un ou plusieurs jours percés dans la maçonnerie permettent une faible aération du bâtiment. Le positionnement de la porte d’accès et des jours n’est pas strict et semble plutôt défini selon les besoins et l’agencement du bâti.Parfois ces bâtiments sont d’un volume plus imposant ; dans ce cas, le bâtiment est généralement couvert par une toiture à deux pans. La porte peut être simple (réservée aux équidés et caprins ?) ou double (réservée aux bovins ?). Dans certains cas ces bâtiments sont dotés d’un comble à surcroît servant de fenil.

Etable dotée d'un comble à surcroît servant de fenil. La Barillère, Mouzillon, cadastre 2018, AT 01-175.Etable dotée d'un comble à surcroît servant de fenil. La Barillère, Mouzillon, cadastre 2018, AT 01-175.

La soue.

Il ne semble pas avoir subsisté d’anciens « toit à porcs » ou du moins ceux-ci ne sont pas clairement identifiables et les soues que l’on trouve aujourd’hui dans les "villages à communs" paraissent dater du XIXe ou du début du XXe siècle. La soue est alors un petit bâti en appentis qui se compose d’une seule pièce percée d’une mangeoire et d’une porte et dotée d’une courette entourée d’un muret d’une faible hauteur (80 cm environ) elle-même close par une porte en bois. Si Christine Toulier semble avoir repéré lors de l’inventaire du canton de Clisson que « la soue à cochons est toujours près de la porte, contre la maison, par souci de commodité et de manque de place » (celle-ci communiquerait directement avec la pierre d’évier afin de « faire profiter » des eaux usées aux porcs), les quelques exemples repérés sur le territoire lors de cette opération d’inventaire ne permettent pas d’identifier une implantation spécifique de ces petits bâtiments. Ils viennent s’adosser soit à des dépendances soit à des habitations ; sur les murs gouttereaux ou pignons. Soue accolée au mur pignon d'un bâtiment. L'Anerie, Gétigné. Cadastre 2018, AW 01-140.Soue accolée au mur pignon d'un bâtiment. L'Anerie, Gétigné. Cadastre 2018, AW 01-140.

De très rares exemples illustrent aussi une implantation isolée de ce bâtiment.

Soues implantées isolément. La Grande Brosse, Vieillevigne.Soues implantées isolément. La Grande Brosse, Vieillevigne.

Le cellier.

Comme l’avait déjà repéré Sylvie Mounier lors de l’inventaire de la commune de Saint-Fiacre-sur-Maine en 2011, les termes de « pressoir » et « celliers » utilisés dans les états de section du cadastre napoléonien semblent désigner le même type d’édifice. Le bâtiment abrite ainsi à la fois le pressoir et les fûts. Il s’agit d’un édifice de faibles dimensions, généralement adossé en appentis à une habitation mais l’étude ponctuelle de la répartition des propriétaires selon les données du cadastre napoléonien n’indique pas que le propriétaire de l’habitation soit le même pour le cellier. La maçonnerie est percée d’une porte simple ou double et d’un ou plusieurs jours. Lorsque le bâtiment accueillait le pressoir, la façade est percée d’une large fenêtre dont l’appui ne se situe qu’à une vingtaine de centimètres du sol ; cette baie est localement appelée « fenêtre de vendanges » et permet le déversement des portoires pleines de raisin à l’intérieur du bâtiment (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, 000 BN 01-188). Cellier avec "fenêtre de vendanges". La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-188.Cellier avec "fenêtre de vendanges". La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-188.

La grange.

Il s’agit d’un bâtiment de gros volume avec une toiture en appentis ou le plus souvent à deux pans. Elle est dotée d’une porte charretière en bois percé en mur gouttereau ou pignon et parfois d’une ou deux fenêtres hautes. Ce bâtiment clos permet d’entreposer la récolte produite de l’activité agricole (paille, foin…) Dans les granges les plus imposantes on observe parfois des charpentes à fermes avec l’assemblage du poinçon avec deux arbalétriers par deux contre-fiches et deux liens soutenant la panne faîtière. Le tout reposant sur l’entrait.

Grange. Maupay, Gétigné.Grange. Maupay, Gétigné.

Certains bâtiments présentent un débord de toit formant auvent (La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, 000 YA 01-185). Mur pignon d'une grange avec débord de toit formant auvent. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, 000 YA 01-185.Mur pignon d'une grange avec débord de toit formant auvent. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, 000 YA 01-185.

La remise, le hangar.

La remise agricole sert à entreposer les véhicules agricoles, mais sa morphologie ne diffère ici qu’assez peu de celle de hangars à usages variés. Deux formes ont pu être observés sur le terrain. La première correspond à un bâtiment en appentis ou avec une toiture à deux pans, largement ouvert sur l’extérieur et dont la toiture est supportée par des piles de pierre rondes ou carrées (La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, 000 B 01-630, 702 et 735 ; La Massonnière, Divatte-sur-Loire, cadastre 2018, 000 G 08-209).

Remise. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, 000 B 01-630. Remise. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, 000 B 01-630. Remise. La Massonnière, Divatte-sur-Loire, cadastre 2018, 000 G 08-209.Remise. La Massonnière, Divatte-sur-Loire, cadastre 2018, 000 G 08-209.

La seconde correspond à un bâtiment fermé sur trois côtés et dont le mur pignon est ouvert. La seconde forme est plus régulièrement rencontrée et étant donnée la simplicité de sa forme, c’est un modèle qui perdure jusqu’à aujourd’hui.Dans certains cas, un tel volume est obtenu simplement en couvrant un espace laissé vide entre deux bâtiments peu distants et de même alignement et, éventuellement, en le fermant d’un gouttereau en partie postérieure (L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, 000 AW 01-735).

Remise. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, 000 AW 01-735.Remise. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, 000 AW 01-735. Remise. La Pouzinière, Saint-Hilaire-de-Clisson.Remise. La Pouzinière, Saint-Hilaire-de-Clisson.

La grange et le hangar sont les dépendances au gabarit le plus grand observées dans ces « villages à communs ». Leur implantation, à la différence des dépendances d’un gabarit moindre, semble distincte des îlots d’habitations et dépendances qui forment le cœur villageois. Ils peuvent être isolés (et servent d’appui à d’autres petites dépendances en appentis) (La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, cadastre 2018, 000 ZR 01-138) ou implantés en bout de rangée (La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, 000 B 01-630).

Grange. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, cadastre 2018, 000 ZR 01-138.Grange. La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson, cadastre 2018, 000 ZR 01-138.

2.4. Évolution des dépendances au XIXe siècle.

Au XIXe siècle et dans les premières décennies du XXe, l’évolution de l’agriculture tend à une spécialisation : la viticulture s’intensifie le long de la vallée de la Sèvre tandis que l’activité située sur les zones de plateaux se tourne vers une polyculture-élevage.Toutefois, aux XIXe et XXe siècles, où l’agriculture connaît un très net essor, les "villages à communs" se développent et certains bâtiments agricoles qui y sont élevés deviennent comparables à ceux élevés ailleurs sur le territoire. Quelques propriétaires aisés implantent alors des fermes modernes qui se caractérisent par une rationalisation de l’implantation des bâtiments (La Sauvionnière à Vallet, le Rubis à Mouzillon) ou mettent en œuvre quelques nouvelles constructions spécialisées comme les chais (La Fennetière au Loroux-Bottereau), les étables doubles (La Pichaudière, Saint-Hilaire-de-Clisson), la grange à collatéraux avec nef centrale et étables en bas-côtés.

Dépendances de la Sauvionnière, Vallet.Dépendances de la Sauvionnière, Vallet. Chais implantés au XIXe siècle à la Fennetière, Loroux-Bottereau.Chais implantés au XIXe siècle à la Fennetière, Loroux-Bottereau.

La mise en œuvre de ces nouveaux bâtiments agricoles et viticoles introduit la brique dans les encadrements des baies et portes, des chaînes d’angle. Le moellon de pierre locale tout comme la tuile creuse sont néanmoins conservés un temps pour les maçonneries, avant d’être supplantés par le parpaing de béton ou de mâchefer et la tuile mécanique, puis le bardage métallique.

3. Matériaux et mises en œuvre.

3.1. Les matériaux.

Des constructions en pierres extraites localement.

Les habitations et dépendances sont construites en pierre.Les deux matériaux principaux utilisés pour les maçonneries des habitations sont des pierres locales : le schiste et le granite,« La carte géologique montre la dominance du Massif armoricain, principalement composé de schistes avec des bancs de granite […] qui orientent les rivières [de la Sèvre et de la Sanguèze]. […] Le sous-sol est composé de roches éruptives, granite et gabbro, de roches métamorphiques, schistes et gneiss, et de roches sédimentaires, alluvions dans les vallées, limons et dépôts kaolithiques sur les plateaux. » (L’architecture rurale du Pays du Vignoble Nantais, CAUE 44, 2002).

Ces deux matériaux sont extraits localement, probablement pour des raisons de praticité et de faible coût. A ce titre, il semble (selon les témoignages oraux recueillis lors du travail de terrain) que les nombreux plans d’eau communs aux habitants d’un même écart sont issus du creusement d’une carrière servant à construire les bâtiments de l’écart. Ainsi, l’architecture retranscrit la nature du sous-sol du site sur lequel est implanté l’écart.

3.1.1 Le schiste.

La pierre de schiste, reconnaissable à sa structure feuilletée, est débitée en petits moellons et liée à la terre pour monter les maçonneries des bâtiments. La chaîne d’angle des maçonneries est généralement en moellons équarris. Aujourd’hui à nu dans la plupart des constructions, on discerne encore la trace de certains enduits qui semblent être composés pour partie du sable des rivières situées à proximité. Avec le granite, c’est le matériau principal de construction avant et au cours du XIXe siècle.

Portes de dépendances en arcs de schiste. La Bourchinière, Saint-Fiacre-sur-Maine.Portes de dépendances en arcs de schiste. La Bourchinière, Saint-Fiacre-sur-Maine. Détail de maçonnerie en pierres de schiste et terre. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.Détail de maçonnerie en pierres de schiste et terre. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.

3.1.2 Le granite.

Le granite est une « roche dure, granuleuse, formée de cristaux de feldspath, de quartz, de mica » (Architecture description et vocabulaire méthodiques, Jean-Marie Pérouse de Montclos).

Les constructions en granite localisées dans les communes de Boussay, Gétigné, Clisson, Saint-Hilaire-de-Clisson, Saint-Lumine-de-Clisson, Aigrefeuille-sur-Maine et Maisdon-sur-Sèvre se caractérisent par une mise en œuvre de leurs maçonneries en petits moellons pour les murs. Les gros blocs, légèrement équarris, sont réservés aux encadrements des baies et portes.Le granite est également observable dans les communes de Gorges, Monnières, La Planche et Vieillevigne. Dans ces communes, les failles granitiques rencontrent un sous-sol composé de schiste. Les murs en petits moellons peuvent ainsi être soit de schiste soit de granite ; les encadrements des baies et des portes sont en blocs de granite grossièrement taillés. Avec le schiste, c’est le matériau principal de construction avant et au cours du XIXe siècle.

Porte en blocs de granite grossièrement taillés en arc anse-de-panier. La Grande Brosse, Vieillevigne.Porte en blocs de granite grossièrement taillés en arc anse-de-panier. La Grande Brosse, Vieillevigne.

3.1.3 L’argile.

L’argile locale est cuite pour la fabrication de tuiles et de briques utilisées dans les habitations.

3.1.3.1 La tuile.

La tuile de type creuse (aussi appelée « tige de botte ») est utilisée pour la couverture des toits. Elle est constituée de tuiles creuses renversées et de tuiles creuses en couvre-joint, généralement scellées entre elles et au voligeage de la charpente par un mortier de chaux. Cette mise en œuvre a pour conséquence de rendre la toiture très lourde et donc de nécessiter une charpente dont la pente ne peut excéder 18 à 30°.

Le travail de repérage sur le terrain n’a pas permis d’identifier un autre matériau utilisé pour la couverture des toits. Existait-il auparavant des couvertures végétales ? La promiscuité avec le marais de Goulaine laisse à penser que des couvertures en « rouche » auraient pu être mises en œuvre auparavant, ce qui impliquerait des pentes de toit plus importantes. Une maison situé à l’Anerie, à Gétigné (cadastre 2018, AW-162), surhaussée, conserve en pignon oriental un volume primitif de petit gabarit lisible dans sa maçonnerie dont le profil de toiture assez pentu pourrait correspondre à ce type de couverture végétale, mais il est à noter qu’il conviendrait tout autant à des tuiles, notamment plates (ou, moins probable, à des ardoises). Seule une recherche approfondie (sur le terrain dans d’autres écarts, dans les archives) pourrait permettre de répondre à cette question.

3.1.3.2 La brique.

Avant la Révolution, la brique est surtout utilisée pour la construction des conduits et des souches de cheminées servant à chauffer l’habitation. Elle n’est jamais utilisée dans les maçonneries.

Les remaniements des architectures qui ont lieu au XIXe siècle témoignent de l’introduction de l’usage de la brique dans les bâtiments ruraux. Cette apparition se fait dans un contexte où les tuileries-briqueteries bénéficient de progrès techniques importants (mécanisation des étapes de broyage et malaxage de la terre, invention des séchoirs artificiels et des fours à feu continu) qui permettent d’augmenter la production de façon considérable. Selon les travaux de recherche menés par Laure Orefici et Jean-François Nauleau (in Terra incognita, briques et tuiles matière(s) à bâtir, Imprimerie des Hauts de Vilaine, 2017) la production passe dans la région de « quelque dizaine de milliers de briques à plusieurs millions par an ». Toutefois, il semble à première vue que les briques utilisées dans les remaniements soient plutôt le fruit d’une production artisanale. Valérie Nègre renseigne sur les types de briques fabriquées à cette période ((Domaine départemental de la Garenne Lemot. Le viticulteur architecte. Conseil général de Loire-Atlantique, 1998) : « D’après les sources écrites deux types de briques étaient produites au XIXe siècle. Une brique mince, ou chantignole, de 8 pouces de long, 4 pouces de large et d’un pouce d’épaisseur (21,6 x 10,8 x 2,7 cm) et une brique de même dimension mais deux fois plus épaisse. Ces formats sont très proches de ceux de la brique de Paris (22 x 11 x 2,5 cm et 22 x 11 x 5 cm). A l’observation cependant on s’aperçoit que les briques utilisées dans les maçonneries ont un format moyen de 21 x 10 x 2 cl et 21 x 10 x 4 cm, mais les dimensions réelles des briques, on le sait, sont en réalité très variables. Les formats relevés dans les bâtiments étudiés ne sont jamais les mêmes. Ces variations dimensionnelles témoignent du mode de production artisanal du matériau. ». Les briques observées dans les constructions des villages à communs sont de format variable mais les plus anciennes ont le gabarit de la chantignole.

L’usage de la brique dans les habitations des « villages à communs » ne s’étend pas à la construction des logis qui restent en grande majorité construits de la même façon qu’auparavant (en petits moellons de pierre liés à la terre ou au mortier de chaux). La brique est plutôt utilisée dans les bâtiments neufs comme pour les remaniements ponctuels des constructions anciennes en renforcement des maçonneries, pour les chaînes d’angle ou les encadrements de portes et fenêtres, en remplacement des blocs taillés en granite ou des dalles de schiste qui remplissaient anciennement cet usage. La brique s’invite également en corniche décorative (appelée génoise). Elle permet parfois des réparations de petite ampleur dans la maçonnerie (éboulement partiel, obturation d’une ancienne baie).

Une étude plus approfondie sur la brique (sa provenance, sa fabrication, son usage) serait à poursuivre avec l’étude notamment des fours à tuiles (repérés notamment dans les écarts des Tuileries et des Roseaux à Vallet), des villages de potiers installés dans la commune de la Chapelle-Heulin. Une comparaison plus fine des usages de ce matériau entre les domaines et les écarts permettraient de saisir les dynamiques et l’étendue réelle de la diffusion du style clissonnais sur le territoire.

Habitation à combles à surcroît. XIXe siècle. Les briques sont installées à intervalle régulier sur leur longueur et leur largeur. Les briques sont posées sur leur champ pour former l’appui des fenêtres. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-300.Habitation à combles à surcroît. XIXe siècle. Les briques sont installées à intervalle régulier sur leur longueur et leur largeur. Les briques sont posées sur leur champ pour former l’appui des fenêtres. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-300. Génoise à alternance de tuiles et briques. La Barillère, Mouzillon.Génoise à alternance de tuiles et briques. La Barillère, Mouzillon.

3.1.3.3 Les carreaux de terre cuite.

Les carreaux de terre cuite sont rarement présents dans les habitations des « villages à communs » dont le sol est souvent en terre battue ou en planches pour les étages. Leur usage a été repéré à quelques reprises dans les greniers à grain.

Plancher de grenier pavé de carreaux en tere cuite. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, AW 01-133.Plancher de grenier pavé de carreaux en tere cuite. L’Anerie, Gétigné, cadastre 2018, AW 01-133.

3.1.4 Le tuffeau.

De la pierre de tuffeau est parfois présente dans les habitations. Son utilisation avant le XIXe siècle est rarissime dans les habitations modestes et toujours réservé aux encadrements de baies et portes (deux dates portées ont été observées sur les linteaux de portes de bâtiments situés à la Bourchinière à Saint-Fiacre-sur-Maine : 1741 et à la Bastière à Vertou : 1701 ?). On observe plus régulièrement son utilisation dans les remaniements datant du XIXe siècle afin de moderniser les encadrements des portes, des baies et parfois des chaînes d’angle. Souvent, on retrouve uniquement un bloc ou deux de tuffeau récupérés et encastrés dans le mur d’une habitation. Dans ce cas, ces blocs peuvent être gravés d’une date (de construction ou de remaniement).

Porte plein cintre en tuffeau avec date portée (1741). La Bourchinière, Saint-Fiacre-sur-Maine. Cadastre 2018, A 01-947.Porte plein cintre en tuffeau avec date portée (1741). La Bourchinière, Saint-Fiacre-sur-Maine. Cadastre 2018, A 01-947. Bloc de tuffeau avec date portée (1774) initialement présent dans l'encadrement d'une baie d'habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-278.  Bloc de tuffeau avec date portée (1774) initialement présent dans l'encadrement d'une baie d'habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-278.

Il s’agit généralement de tuffeau gris (à la teinte bleutée caractéristique), mais aussi parfois de tuffeau jaune. Ces deux types de tuffeau, d’une qualité et d’un coût à l’achat moindres, ont une apparence irrégulière et sont peu étanches à l’humidité. Les vestiges qui sont encore présent dans les habitations sont souvent en très mauvais état de conservation ; présentent des traces d’alvéolisation. Cette pierre reste néanmoins un marqueur de richesses et est réservée aux propriétaires les plus aisés. L’extraction de cette pierre n’est pas locale et il est probable qu’elle soit importée depuis l’Anjou ou le Poitou-Charentes, territoires où la nature géologique du sous-sol permet sa production. On la retrouve dans des écarts situés à proximité des voies navigables et plus particulièrement la Sèvre (La Bastière à Vertou, la Bourchinière à Saint-Fiacre-sur-Maine, le Pé de Sèvre au Pallet, la Haie Trois Soues à Maisdon-sur-Sèvre), mais aussi à plusieurs reprises dans la commune du Loroux-Bottereau. Dans ce cas précis, était-il acheminé par le biais du Petit-Anjou (dont une ligne inaugurée en 1899 dessert les communes de Basse-Goulaine, Haute-Goulaine, Saint-Julien-de-Concelles (Embreil, La Queue-des-Haies, le Bourg), Le Loroux-Bottereau (La Landelle, Douet-Rouault, le Bourg) et La Remaudière) ? Seule une recherche approfondie dans les archives pourrait permettre d’identifier la provenance et le mode de commercialisation et d’acheminement de ces pierres dans ces écarts.

Baie d'habitation en tuffeau. La Fennetière, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BL 01-230.Baie d'habitation en tuffeau. La Fennetière, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BL 01-230. Encadrement de porte en pierres de tuffeau gris taillées spécialement pour être enduites au niveau du harpage. Cette mise en œuvre permet aux propriétaires d’acquérir des blocs de tailles différentes qui ne nécessitaient pas un travail de taille de la pierre impeccable mais qui d’apparence, après la pose de l’enduit, ont un harpage soigné. Les Perrines, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BE 01-40. Encadrement de porte en pierres de tuffeau gris taillées spécialement pour être enduites au niveau du harpage. Cette mise en œuvre permet aux propriétaires d’acquérir des blocs de tailles différentes qui ne nécessitaient pas un travail de taille de la pierre impeccable mais qui d’apparence, après la pose de l’enduit, ont un harpage soigné. Les Perrines, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BE 01-40.

3.1.5 Le bois.

Le bois, matériau peu onéreux et facile d’accès est employé quasi systématiquement dans les habitations. Il est débité en poutres et planches pour la construction des charpentes, des planchers de plafonds, comme linteaux pour les fenêtres et les portes. Il est également utilisé pour la fabrication du manteau des cheminées. Dans certaines habitations, le gond de porte est également en bois ; il est encastré à même le linteau. Gond de porte en bois. La Barillère, Mouzillon. Cadastre 2018, AT 01-216.Gond de porte en bois. La Barillère, Mouzillon. Cadastre 2018, AT 01-216.

A première vue, il semble que le chêne, robuste, soit le plus souvent utilisé pour la fabrication des charpentes et linteaux. A plusieurs reprises, il a été constaté que le bois employé était issu d’un remploi. Les autres essences utilisées dans les constructions n’ont pas été identifiées en l’état de la recherche.

Quelques exemples de cloisons en pan de bois avec un hourdis de torchis ont pu être observés dans des habitations à combles à surcroît. Cet espace servait alors de chambre supplémentaire. Cloison en pan de bois et hourdis de torchis au sein d'une ancienne habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-283.Cloison en pan de bois et hourdis de torchis au sein d'une ancienne habitation. La Brégeonnière, La Boissière-du-Doré. Cadastre 2018, B 01-283.

Le travail de terrain n’a pas permis d’identifier la présence de constructions en pans-de-bois sur le territoire, à l’exception d’un bâtiment de stockage situé dans l’écart de la Mauvillonnière à la Planche, dont les élévations sont en hourdis de torchis. Bien qu’à première vue, en sillonnant tout le territoire, les constructions en pans-de-bois ne semblent pas être une tradition locale, ce seul constat ne suffit pas à établir une généralité et un travail de recherche complémentaire devrait être mené afin d’identifier s’il existe un nombre plus important de vestiges comme celui-ci.

Bâtiment avec cloison en torchis. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187Bâtiment avec cloison en torchis. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187

Bâtiment avec cloison en torchis. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187Bâtiment avec cloison en torchis. La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187 Bâtiment avec cloison en torchis (détail). La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187Bâtiment avec cloison en torchis (détail). La Mauvillonnière, La Planche, cadastre 2018, YA 01-187

3.1.6 Les matériaux modernes.

S’ils n’ont pas un caractère patrimonial, les matériaux modernes utilisés dans les remaniements aux XXe et XXIe siècles méritent tout de même d’être ici évoqués. Il a effectivement pu être observé que les modifications, adjonctions, reconstructions, etc. de certaines habitations ont introduit la mise en œuvre de matériaux de constructions modernes tels que les blocs en béton de mâchefer, les blocs de béton manufacturés, les briques industrielles creuses utilisées pour les maçonneries, mais aussi les plaques profilées en fibrociment, la tôle métallique ondulée ou la tuile mécanique pour les toitures. Les enduits à base de ciment viennent recouvrir une majorité des bâtiments.Ces matériaux modernes sont surreprésentés dans les « villages à communs ». Conjugués aux matériaux anciens de constructions, ils évoquent avec une force visuelle importante le très grand nombre d'augmentations, rehaussements, flanquements… de l’architecture de ces « villages ». Encore aujourd’hui cette architecture est sans cesse remaniée dans ses volumes et matériaux. Alignement de bâtiments remaniés. La Paudière, Gorges, cadastre 2018, E 02-407, 408 et 409.Alignement de bâtiments remaniés. La Paudière, Gorges, cadastre 2018, E 02-407, 408 et 409. Alignement de bâtiments remaniés. La Renouère, Le Landreau. Cadastre 2018, BM 01-223, 183, 221, 181.Alignement de bâtiments remaniés. La Renouère, Le Landreau. Cadastre 2018, BM 01-223, 183, 221, 181.

3.2 Corrélation entre architectures et terroirs.

La répartition des différents types de paysages qui composent le Pays du Vignoble Nantais (ligériens, viticoles, bocagers) reflète une réalité géologique. De la même façon, les matériaux de construction du bâti, puisqu’ils sont extraits localement, dépendent de la nature du sol du site sur lequel l’écart est implanté. Les modes de mises en œuvre de ces matériaux ont aussi un rôle dans la morphologie des bâtiments.

Les formes architecturales anciennes témoignent également de l’histoire des pratiques agraires de ce territoire. L’analyse des plans cadastraux napoléoniens révèle qu’au début du XIXe siècle et assurément dans les siècles précédents, l’activité viticole n’était pas la monoculture qu’elle est devenue aujourd’hui dans certaines communes du territoire. L’activité correspondait plutôt à une polyculture. Cette activité de polyculture, selon la zone où elle était pratiquée avait parfois une dominante viticole, parfois une dominante d’agriculture-élevage. Ces tendances se sont accentuées à partir du XIXe siècle avec une intensification de l’activité viticole le long de la vallée de la Sèvre, une spécialisation maraîchère en bord de Loire et le développement de l’agriculture-élevage au sud et à la pointe nord-est du Pays, modifiant ainsi les paysages.

L’architecture ancienne des « villages à communs » illustre cette activité de polyculture au travers de dépendances qui permettent de stocker du foin, du grain, du bois, du matériel et d’accueillir le bétail (équidés, bovins, caprins, porcins). Dans quelques communes, où l’activité dominante est celle d’agriculture-élevage, les habitations et les dépendances (de type grange ou hangar) se différencient par des volumes plus imposants.

Les combles à surcroît des habitations sont notamment plus hauts, permettant le percement d’une porte haute ou d’une fenêtre de service pour un stockage facilité du foin. Habitation avec percement d'une porte haute sur le mur pignon. La Mauvillonnière, La Planche.Habitation avec percement d'une porte haute sur le mur pignon. La Mauvillonnière, La Planche.Alignement d'habitations et dépendances. Les combles à surcroît des habitations sont d'un niveau imposant. En bout de rangée, une remise en pan de bois. La Mauvillonnière, La Planche. Alignement d'habitations et dépendances. Les combles à surcroît des habitations sont d'un niveau imposant. En bout de rangée, une remise en pan de bois. La Mauvillonnière, La Planche. Habitation avec porte haute. L'Anerie, Gétigné, cadastre 2018, AW 214.Habitation avec porte haute. L'Anerie, Gétigné, cadastre 2018, AW 214.

3.3 Éléments vernaculaires.

Plusieurs éléments d’architecture vernaculaires ont été repérés et nécessitent d’être mentionnés car ils témoignent de l’identité architecturale du Pays.

3.3.1 Maçonnerie.

  • Angles arrondis.

A plusieurs reprises, des bâtiments montés sans chaîne d’angle ont été repérés. Il s’agit rarement des quatre chaînes d’angle pour un même bâtiment, mais plutôt d’un seul angle arrondi par bâtiment. Peut-être est-il un signe d’ancienneté dans la mise en œuvre ? Ou est-ce la manifestation de la rareté des pierres de grands gabarits à disposition pour la mise en œuvre des maçonneries ?Cette caractéristique est commune aux habitations et dépendances et à des bâtiments de gabarits très variables. Plusieurs exemples de cette mise en œuvre ont été repérés : la Massonière (Divatte-sur-Loire), la Rinière des Landes (Le Loroux-Bottereau), Les Laures (Vallet), la Chaussée (Aigrefeuille-sur-Maine)...

Angle arrondi de dépendance. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.Angle arrondi de dépendance. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau. Angle arrondi de dépendance. La Grande Brosse, Vieillevigne.Angle arrondi de dépendance. La Grande Brosse, Vieillevigne.

  • Pierres saillantes.

Dans certains écarts, des habitations (et quelques dépendances) présentent en façade des pierres saillantes. Les différents positionnements et gabarits de pierre, tout comme les échanges avec les habitants du territoire n’ont pas permis de trouver une explication certaine à cette caractéristique architecturale. Servaient-elles à caler ou supporter des éléments de bois disparus fixés sur ces façades ?

Pierres saillantes en façade de dépendances. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-367.Pierres saillantes en façade de dépendances. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-367.

3.3.2 Toiture.

  • Tuiles débordantes.

La mise en œuvre de toiture la plus sobre qui ait été observée consiste en une toiture à deux pans en tuiles creuses. Le faîtage est en tuiles également. La dernière rangée de tuiles formant l’égout du toit est disposée sur la face convexe afin de guider les eaux de pluie et rendant toute gouttière inutile. Cette caractéristique architecturale vaut pour les dépendances également.

Rangée de tuiles formant l'égout du toit d'une habitation. Les Laures, cadastre 2018, HN 01–97.Rangée de tuiles formant l'égout du toit d'une habitation. Les Laures, cadastre 2018, HN 01–97.

  • Débord de toit.

Souvent, les habitations sont couvertes par une toiture à débordement soutenue par des planches de bois fixées aux chevrons apparents. Ces chevrons sont parfois sculptés leur donnant une forme légèrement concave. Les tuiles posées sur la charpente sont elles-mêmes débordantes permettant ainsi d’éloigner les eaux de pluie du mur. (La Barillère, Mouzillon, cadastre 2018, 000 AT 01-175 ; La Paudière, Gorges, cadastre 2018, 000 E 02-589). Débord de toit avec chevrons apparents et tuiles débordantes. Habitation. La Fennetière, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BL 01-230Débord de toit avec chevrons apparents et tuiles débordantes. Habitation. La Fennetière, Le Loroux-Bottereau. Cadastre 2018, BL 01-230

  • Corniche en dalles de pierre.

Certaines habitations possèdent à la jonction entre la maçonnerie et le toit une corniche en dalles de pierres plates, destinée à éviter le ruissellement des eaux contre les murs. Celle-ci peut être en schiste ou en granite. Les tuiles de la toiture reposent sur cette corniche et sont débordantes. Parfois cette corniche est positionnée uniquement au-dessus des encadrements de portes (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-368 ; Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473) et fenêtres (Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473).

Corniche de pierre au-dessus d'une porte. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-368.Corniche de pierre au-dessus d'une porte. La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-368. Corniche en pierre au-dessus d'une baie. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473.Corniche en pierre au-dessus d'une baie. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473. Corniche de pierre au-dessus d'une porte. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473.Corniche de pierre au-dessus d'une porte. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-473.

3.3.3 Cheminée.

L’habitation modeste n’est dotée que d’une seule cheminée, installée au rez-de-chaussée dans la pièce à vivre. Son conduit est en partie aménagé en faible ressaut dans le mur pignon et complété par une hotte droite ou inclinée, en torchis voire en briques (La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-231) et recouvertes d’un enduit à la chaux. Des pierres saillantes assurent dans le conduit du pignon l’ancrage à la maçonnerie de cette hotte qui repose sur un faux manteau de bois (dont les parois latérales intérieures sont parfois protégés du feu par des plaquettes de schiste), lui-même porté par de petits corbeaux de section quadrangulaire également en bois, fréquemment sculpté en quart de rond ou (La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, 000 B 01-278 ; La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-231 ; La Barillère, Mouzillon, cadastre 2018, 000 AT 01-216) ou chanfreiné.

Hotte de cheminée avec faux manteau en bois. a Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-389.Hotte de cheminée avec faux manteau en bois. a Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-389. vestiges des corbeaux de cheminée sculptés en quart-de-rond. A droite, une cavité pour stocker le suif formée par deux tuiles. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, B 01-278.vestiges des corbeaux de cheminée sculptés en quart-de-rond. A droite, une cavité pour stocker le suif formée par deux tuiles. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, cadastre 2018, B 01-278.

Corbeau de cheminée sculpté en quart de rond. Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. La Caillerie, La Haye-Fouassière. Cadastre 2018, AI 01-128.Corbeau de cheminée sculpté en quart de rond. Habitation en rez-de-chaussée à pièce unique sous charpente. La Caillerie, La Haye-Fouassière. Cadastre 2018, AI 01-128.

Dans certains cas le faux-manteau porte sur des corbeaux en pierre (La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BL 01-377 ; La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-210 ou 232 ; la Minière), mais souvent ces corbeaux sont d’une taille démesurée indiquant un probable remploi.

Le foyer est rarement surélevé. Il présente parfois à environ 60 cm de hauteur du sol un décroché dans le mur d’une trentaine de centimètre de profondeur (La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, 000 B 01-278 ; La Pépière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BN 01-231).

Foyer de cheminée présentant un décroché d'environ 30 cm de profondeur. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, B 01-278. Foyer de cheminée présentant un décroché d'environ 30 cm de profondeur. La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, B 01-278.

On trouve parfois à hauteur du faux-manteau une cavité dans le mur dont la forme est due à la jonction de deux tuiles et sert à entreposer le suif (La Brégeonnière, la Boissière-du-Doré, 2018, 000 B 01-278 ; La Grenaudière, Maisdon-sur-Sèvre, cadastre 2018, BL 01-377 ; Les Laures, Vallet, cadastre 2018, HN 01-97).

Depuis l’extérieur de la maison, la cheminée se signale par les deux pièces de bois des corbeaux qui débordent en saillie du mur pignon. Ils sont surmontés d’une pierre plate elle-même encastrée dans le mur qui fait office de contrepoids et protège ces pièces de bois des intempéries.

Corbeau de cheminée en saillie du mur pignon d'une habitation. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.Corbeau de cheminée en saillie du mur pignon d'une habitation. La Rinière des Landes, Le Loroux-Bottereau.

La souche, implantée sur le haut du pignon en bordure du faîtage, est constituée de briques (souvent plates, de type chantignole) et son couronnement est généralement pyramidal. Souche de cheminée à couronnement pyramidal. Les Laures, Vallet, cadastre 2018, HN 01-166.Souche de cheminée à couronnement pyramidal. Les Laures, Vallet, cadastre 2018, HN 01-166.

3.3.4 Charpente.

Pour l’habitat le plus modeste, la charpente est simple, sans ferme (trop coûteuse). Elle se compose le plus souvent d’une panne faîtière et de deux pannes latérales sur lesquelles reposent les chevrons. Les pannes sont encastrées dans la maçonnerie des pignons ; les chevrons sont soit encastrés soit reposent sur la partie haute des murs gouttereaux. Des voliges fixées sur les chevrons forment le couvrement du rez-de-chaussée sous charpente ou du comble. En couverture, les tuiles sont souvent scellées au mortier à ces voliges. Dans le cas d’habitations ou de dépendances aux espaces plus larges, on observe plus régulièrement des fermes de charpentes traditionnelles, le plus souvent de type dit « à la bordelaise », au poinçon très court, avec assemblage du poinçon aux deux arbalétriers par deux contre-fiches et deux liens soutenant la panne faîtière, le tout reposant sur un entrait.

Charpente simple. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-481.Charpente simple. Pé de Sèvre, Le Pallet, cadastre 2018, BM 01-481.

3.3.5 Planchers.

Les poutres des planchers sont encastrées dans les murs par des encoches. Elles peuvent être directement couvertes de planches formant le sol du niveau supérieur, ou bien supporter des solives soit couvertes de planches, soit à bousillage recouvert d’un carrelage.

4. Remaniements.

4.1 Remaniements : la maison conservée comme habitation.

La grande majorité des habitations observées sur le terrain ont connu de nombreuses modifications. Rares sont les exemples qui n’ont pas été remaniés et s’ils ne l’ont pas été ils sont souvent en état de ruine.

Lorsque la maison est conservée comme habitation, on observe des types de remaniements récurrents.

Les habitations en rez-de-chaussée à une pièce sous charpente ou à combles à surcroît d’une très faible hauteur sont quasiment toutes rehaussées (pignons et gouttereaux) afin d’offrir plus de volume en rez-de-chaussée ou deux niveaux habités. Les murs anciens étant généralement irréguliers, il est souvent encore possible de lire la hauteur première du bâtiment sous l’enduit. Ces rehaussements sont parfois l’occasion d’ajouter une génoise en façade. De très nombreuses charpentes sont ainsi intégralement rénovées ou très remaniées. Reprise en hauteur au XXe siècle d'une habitation. La rupture entre l'angle arrondi originel du bâtiment et le rehaussement en pan coupé est lisible sous l'enduit. Les Laures, Valles. Cadastre 2018, HN-88.Reprise en hauteur au XXe siècle d'une habitation. La rupture entre l'angle arrondi originel du bâtiment et le rehaussement en pan coupé est lisible sous l'enduit. Les Laures, Valles. Cadastre 2018, HN-88.

Des habitations peuvent aussi avoir été remaniées et agrandies par la réunion de deux habitations voisines en une seule, formant une longue maison de plain-pied ou à étage, comptant plusieurs pièces. Afin d’agrandir les espaces de vie les habitations peuvent être flanqués contre les murs gouttereaux de volumes complémentaires, généralement en appentis. Les espaces intérieurs sont divisés par des cloisons et l’accès au deuxième niveau est simplifié par la création d’un escalier lorsque celui-ci n’était pas déjà présent. Les baies sont généralement agrandies (100 cm de hauteur x 60 cm de largeur) et la mise en œuvre de l’encadrement (des baies et des portes) est alors plus nette avec l’utilisation de pierre de taille (granite, plus rarement tuffeau) ou de briques. La façade est fréquemment enduite sous un enduit à la chaux ou au ciment aux teintes ocre clair. Les îlots compacts de bâtiments dont les contours sont rythmés par les flanquements successifs ne sont pas toujours adaptés à l’installation de la voirie moderne. Ainsi les habitations peuvent-elles être remaniées afin de créer un alignement en bordure de rue (mur à pan coupé, façade reculée, modification de l’orientation de la façade principale…).

4.2. Remaniements : la maison transformée en dépendance.

L’habitation, qu’elle soit en rez-de-chaussée ou à deux niveaux peut être transformée en dépendance au cours des XIXe et XXe siècles. Elle peut alors servir de resserre, de remise ou de cellier. Dans ce cas, la cheminée est détruite (le manteau et la hotte sont supprimés ; le bois du faux manteau et les pierres servant de contrefort sont coupés au ras du mur. La souche de cheminée est parfois supprimée elle aussi ; seules les pierres faisant office de contrepoids et débordant en saillie du mur pignon sont conservées. Rez-de-chaussée et étage sont parfois réunis par la suppression du plancher. En tous les cas, la porte d’entrée est élargie, soit par la découpe de la partie basse de la porte (en arrondi ou à pans) afin de faire entrer aisément les barriques de vin, soit par l’élargissement de toute l’ouverture qui implique alors une reprise du linteau. Celui-ci peut être conservé en bois mais aussi en briques ou remplacé par un IPN au cours du XXe siècle. Les baies sont occultées par le matériau « sous la main » : briques, parpaings…

4.3. Remaniements : la dépendance transformée.

Enfin, les bâtiments de dépendances peuvent être aussi transformés et connaître certains des remaniements évoqués précédemment, soit pour accueillir de nouvelles activités (spécialisation agricole, notamment vinicole, atelier, etc.), soit pour devenir des habitations (notamment en étant annexés à une maison mitoyenne). Parmi les remaniements que l’on peut observer au tournant des XXe et XXIe siècles, les anciens hangars, remises ou granges à piles ou colonnes, qui offrent de hautes élévations et de larges ouvertures en façade, sont privilégiés pour des transformations contemporaines où le goût est à la baie vitrée ou aux parois de bois ainsi qu’à des volumes amples, à mezzanine et sans cloisonnement.

Date(s) d'enquête : 2018; Date(s) de rédaction : 2018
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Syndicat Mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais
Orillard Marion
Orillard Marion

Chargée de mission Inventaire - Syndicat mixte du SCoT et du Pays du Vignoble Nantais

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