Dossier collectif IA72058824 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maisons du bourg de Montfort-le-Gesnois
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Montfort-le-Gesnois

Un habitat médiéval encore très présent

Montfort-le-Gesnois présente la particularité de conserver un nombre intéressant de maisons de la fin du Moyen Age, du XVe ou du début du XVIe siècle. Les deux anciens bourgs ont en effet subi l'occupation anglaise au cours de la Guerre de Cent ans et ont probablement été incendiés, c'est du moins ce qu'affirment la plupart des historiens. Ces maisons, qui datent donc de la reconstruction successive aux conflits, ont été très remaniées au fil des siècles, mais conservent leurs volumes caractéristiques, rez-de-chaussée, étage carré, comble logé sous une toiture haute et très pentue, et parfois encore une tour d'escalier circulaire ou carrée contre la façade arrière. La grande majorité se concentre dans la partie haute de la Grande rue, dans le cœur historique de l'ancien bourg de Montfort-le-Rotrou. Ce sont par exemple les numéros 6, 10, 15, 38, 40, etc. Certaines sont parallèles à la voirie, d'autres devaient être placées à la perpendiculaire, comme l'indiquent plusieurs murs-pignons donnant sur la vallée (par exemple au n° 12), avant que la façade sur rue ne soit régularisée par rapport aux maisons voisines. L'ancien Pont-de-Gennes a également livré quelques logis de la même période : le plus remarquable est une ancienne demeure, peut-être de négociant, à façade en pignon, dans la cour du n° 16 rue des Piliers : très peu modifiée depuis sa construction, cette maison présente un grand espace de stockage voûté au rez-de-chaussée, surmonté d'un étage habitable. En revanche, on trouve à Pont-de-Gennes davantage de petites maisons rurales, parfois relevant d'anciennes fermes. Certaines, avec leur toiture pentue et parfois leurs ouvertures chanfreinées, pourraient remonter également au XVIe siècle, comme le n°12 rue des Dames.

Qu'en est-il de l'habitat en pan-de-bois ? Il en subsiste un exemple remarquable au n° 30-32 Grande-Rue, du XVe ou du XVIe siècle. Aucun bâti n'a pu être daté antérieurement à la Guerre de Cent ans, aussi on peut supposer que toutes les maisons en bois, qui devaient sans doute alors constituer l'essentiel de l'habitat, ont été détruites par le feu. Par la suite, on a reconstruit essentiellement en pierre. Toutefois, on note la présence de quelques murs en pan-de-bois ailleurs dans l'ancien bourg de Montfort-le-Rotrou, au n° 13 Grande-Rue, au n° 15 rue du Pâtis, ou sur la place Jacques Moreau. Ces façades, longtemps masquées par un enduit, réapparaissent peu à peu et laissent présager d'autres découvertes à venir. Néanmoins, leur datation est malaisée, probablement entre le XVIe et le XVIIIe siècle.

Les reconstructions et extensions du XIXe siècle

L'habitat des XVIIe et XVIIIe siècle pose un réel problème d'identification. Certaines ouvertures chanfreinées prêtent à une datation du XVIIe siècle, d'autres en arc segmentaire délardé sont attribuables au XVIIIe siècle, mais il s'agit souvent de reprises sur des maisons à l'évidence plus anciennes, ou bien d'éléments isolés sur des demeures fortement remaniées par la suite. Aussi, il est difficile d'identifier des maisons-type pour cette période à Montfort-le-Gesnois. On peut imaginer que les deux anciens bourgs ne se sont que peu développés à cette période. Le dénombrement des feux (foyers fiscaux) à partir de la fin du XVIIe siècle n'est pas très parlant, avec des hausses et des baisses de population successives que l'on peut aujourd'hui difficilement expliquer. Certes, Montfort-le-Rotrou, dont l'espace restreint entre les deux portes de villes était déjà saturé de constructions, possède une topographie qui ne se prête pas facilement à l'urbanisation. A Pont-de-Gennes, où l'espace ne manque pas, on peut se demander si les rues des Dames, Honoré Broutelle et de La Ferté ne se développèrent pas surtout à cette période, avant d'être rhabillées sous les transformations du XIXe siècle. De plus, l'aménagement d'un vaste champ de foire (probablement à l'Époque Moderne, mais la date demeure inconnue), offrait d'importantes perspectives d'urbanisation, mais il faut attendre le XIXe siècle pour le voir se border de maisons.

Comme c'est le cas dans tous les bourgs du Perche Sarthois, la marque du XIXe siècle est importante dans le bâti. Le développement économique et la hausse de la population dans la 1ère moitié du XIXe siècle (chacune des deux communes voit alors sa démographie dépasser le millier d'habitants, pour se rétracter après 1850) expliquent ce phénomène. Toutefois, c'est une prospérité en demi-teinte qui se perçoit également dans l'architecture : délaissées par la route royale puis nationale, peu industrialisées, concurrencées par le développement d'autres localités comme Connerré, Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes ne tirent pas véritablement leur épingle du jeu dans la réorganisation de l'espace et des réseaux qui s'effectue après la Révolution. Aussi, peu de maisons du XIXe siècle affichent ici avec ostension une mise en œuvre soignée ou des décors exhubérants (à quelques exceptions près comme au n° 18 rue de l'Église). Au contraire, ce sont souvent des maisons de modestes dimensions, en matériaux peu coûteux (moellons ou briques enduits) et ornées de décors bon marché en brique, plâtre ou bois. Néanmoins, les deux bourgs connaissent de véritables extensions, à commencer par leur jonction en une seule agglomération, avec la construction de maisons et bâtiments publics à mi-chemin entre les deux bourgs. Du côté de Montfort-le-Rotrou, la rue Basse, et les rues nouvellement percées à l'ouest (avenue de la Libération, rue de la Pointe), se bordent de nouvelles maisons. A Pont-de-Gennes, le pourtour du champ de foire se construit. De manière générale, assez peu de façades échappent à une mise au goût du jour, notamment avec les plans d'alignement réalisés à partir de 1840.

L'agglomération de Montfort-le-Gesnois au XXe siècle

Si la 1ère moitié du XXe siècle voit une diminution assez sérieuse de la démographie, et donc un repli de la construction, on note que le développement urbain se poursuit dans le sens impulsé au XIXe siècle : de nouvelles maisons continuent d'apparaître notamment avenue de la Libération, rue Basse, à la jonction de la Grande rue et de la rue Honoré Broutelle, autour du champ de foire. Toutefois, certaines de ces maisons témoignent d'une nouvelle manière d'habiter à Montfort-le-Rotrou ou Pont-de-Gennes : elles revêtent, de manière plus ou moins prononcée, les caractéristiques de l'architecture de villégiature. Ces petites villas, inspirées des chalets ou des maisons de bord de mer, et dont l'exemple le plus remarquable est au n° 1 avenue de la Gare, témoignent d'un goût pour la vallée de l'Huisne et le charme pittoresque du lieu. Ce sont probablement des citadins manceaux qui initient ce phénomène qui reste néanmoins assez limité. En revanche, l'habitat ouvrier sériel tel qu'on peut encore l'observer à Connerré ou à la Pécardière est totalement absent des bourgs de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes.

A partir de la 2e moitié du XXe siècle, l'agglomération de Montfort-le-Gesnois (fusion administrative des deux communes en 1986) poursuit son extension de manière significative. Située à proximité du Mans, de la nationale 323 et de l'autoroute, dotée d'un supermarché et de toutes les commodités, la petite ville s'entoure de pavillons, de lotissements, de résidences et même de trois barres HLM construites en 1971 (démolies dans les années 2000). La commune compte aujourd'hui 3 000 habitants, principalement dans le bourg. Celui-ci, coincé entre la vallée de l'Huisne et le parc du château, s'étire en longueur pour atteindre aujourd'hui environ 4 kilomètres, et annexe plusieurs anciens hameaux. Comme souvent, le développement de cette périphérie "dortoir" s'effectue au détriment des centre-bourgs et des commerces de proximité. Néanmoins, la richesse du patrimoine architectural, aussi bien du côté de l'ancien Montfort que de l'ancien Pont-de-Gennes, le pittoresque et la qualité des paysages, offrent de précieux atouts à la commune pour la reconquête de ces espaces.

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le bourg de Montfort-le-Gesnois présente un large panel de maisons, du logement ouvrier le plus simple à la maison de maître, en passant par la villa d'inspiration balnéaire, excluant toutefois les grandes demeures bourgeoises. Néanmoins, les maisons commerçantes et les anciens logis d'artisans, notamment tisserands, souvent assez remaniés, sont très présents. Les quelques anciennes fermes, totalement transformées ou intégrées tardivement au tissu urbain, n'ont pas été prises en compte lors de cette étude.

La répartition spatiale des demeures, leur forme et leur architecture sont bien évidemment étroitement liées. Les anciens centre-bourgs de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes présentent une forte densité bâtie : les maisons y sont mitoyennes et bordent les rues, les cours et jardins sont rejetés à l'arrière lorsque l'espace le permet. On y trouve également les habitations les plus hautes, avec généralement un étage carré, exceptionnellement deux, et un étage de comble. La plupart de ces maisons anciennes sont édifiées sur des caves, le plus souvent voûtées en pierre. De nombreuses demeures médiévales, parfois avec leurs tours d'escalier, subsistent. A mesure que l'on s'écarte des secteurs les plus anciens, les logis diminuent en hauteur : ils sont alors le plus souvent en rez-de-chaussée avec ou sans comble à surcroît. Les plus riches demeures conservent un étage, des façades régulières à travées et quelques ornements.

A la première périphérie apparaissent les maisons du début du XXe siècle, souvent situées en milieu de parcelle, et dont les volumes plus complexes et les décors soignés s'inspirent directement des villas balnéaires. Pour la même période, c'est toutefois hors du bourg, à la Pécardière, que l'on rencontre un grand nombre de maisons, à la fois ouvrières ou inspirées de la villégiature : en effet, le quartier de la nouvelle gare de Montfort, implantée en 1880, a connu dès lors un important développement économique et démographique. Enfin, le pourtour du bourg de Montfort-le-Gesnois est construit de zones pavillonnaires qui peuvent s'étaler jusqu'aux limites de la commune.

Les matériaux employés pour la construction sont variés mais le moellon de grès ou de calcaire, systématiquement enduit, domine largement. La pierre de taille est rarement employée et peut se confondre avec le plâtre, fréquemment utilisé pour les corniches et les encadrements d'ouvertures. La brique est régulièrement utilisée pour les encadrements d'ouvertures au XIXe siècle, mais ne se généralise que rarement au reste des façades. Le pan-de-bois, également enduit avant d'être parfois mis à nu, apparait à Montfort-le-Rotrou sur quelques maisons. Concernant la couverture, le bardeau de bois, d'utilisation courante jusqu'au XIXe siècle, a presque entièrement disparu à l'exception de très maigres vestiges. Les maisons de Montfort-le-Gesnois sont couvertes de tuile plate et d'ardoise.

Les décors de façades sont généralement discrets voire absents pour les maisons les plus anciennes ou les plus modestes. La corniche est l'élément le plus récurrent, mais elle n'est que rarement en pierre de taille : on lui substitue le plâtre, la brique ou encore le bois peint. Au XIXe siècle, les baies sont régulièrement disposées en travées et ornées d'un encadrement en plâtre ou en brique. Les décors plus élaborés sont rares. On notera deux remarquables exceptions au n°18 rue de l'Église, avec pilastres, moulures, imposante corniche à modillons et lucarnes à frontons et colonnes, et au n°32 rue Honoré Broutelle, un riche décor de mosaïques plaqué sur une façade plus ancienne. Quelques maisons sont ornées d'un solin en cailloutis de diverses couleurs, à l'image des communs du château. L'une d'elles, rue de l'Écu, est même pourvue d'un décor peint extérieur, imitant un appareil de pierre de taille. Parmi les maisons les plus ornées, citons enfin les villas du début du XXe siècle, avec tantôt des cartouches, tantôt des lambrequins en bois, tantôt des céramiques vernissées.

On relève également une certaine diversité des formes, couleurs et matériaux employés pour les devantures des anciens commerces, notamment dans la Grande rue. Plusieurs vitrines en bois de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle sont visibles, mais aussi des carreaux de céramique, des revêtements en marbre (la Poste) ou encore l'habillage métallique aux lignes plus contemporaines de la devanture d'une ancienne charcuterie.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repérées 400
    • étudiées 15

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 120. 1839-1914 : chemin de grande communication n° 8 de Ballon à Bouloire, commune de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 121. 1839-1927 : chemin de grande communication n° 8 de Ballon à Bouloire, alignements et travaux, commune de Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 157. 1847-1932 : chemin de grande communication n° 13 de Marolles-les-Brault à Montfort-le-Rotrou, commune de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 454. 1863-1895 : chemin d'intérêt commun n°81 de Tuffé à Pont-de-Gennes, commune de Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 1171. 1818-1924 : voirie urbaine, commune de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 1273. 1801-1938 : voirie urbaine, commune de Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 2083 P 208. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 244. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Pont-de-Gennes.

Bibliographie

  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    p. 153-163, 480-485
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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