Dossier collectif IA72059104 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Maisons du bourg de Bessé-sur-Braye
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Bessé-sur-Braye

Un habitat ancien fragmentaire

Peu d'éléments nous sont parvenus de l'époque médiévale. Quelques toitures pentues, un pignon découvert (5, rue d'Estournelle-Constant), une porte chanfreinée à accolade (10, place de la Tour), et peut-être une façade en pignon très remaniée (7, rue Émile-Zola) témoignent de maisons de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, postérieures aux destructions de la guerre de Cent ans. Une imposante cheminée en remploi doit aussi être signalée dans une maison de la rue Auguste-Hubert, mais sa provenance exacte est inconnue. L'ancienne maison dite du Bec de Lièvre (6, rue d'Estournelle-Constant, non accédé au cours de l'inventaire) conserve, d'après des photographies anciennes, une tour d'escalier sur sa façade postérieure, de même peut-être que la maison 4, rue Émile Zola. Ces éléments concentrés au cœur du bourg sont trop ténus et trop remaniés pour tirer de véritables conclusions sur l'habitat ancien de Bessé-sur-Braye.

L'ampleur de la construction en pan-de-bois à la fin du Moyen Age ou à l'époque moderne ne peut pas non plus être appréciée au regard des maigres vestiges conservés : la maison à l'angle de la rue Émile-Zola et de la rue du Docteur-Ferrien doit néanmoins être signalée, puisque la structure en pan-de-bois (époque moderne ?) apparaît sous le décor plaqué au XIXe siècle. Cet exemple indique que d'autres façades du même type ont tout à fait pu être méticuleusement recouvertes et ne sont plus aujourd'hui identifiables. Par ailleurs, de nombreuses élévations sur cour de maisons anciennes à l'abandon n'ont pu être observées au cours de l'inventaire. Les vues anciennes témoignent de certaines démolitions mais n'apportent pas davantage d'indices.

Maisons de bourgeois et d'ouvriers, fin du XVIIIe et début du XIXe siècle

En revanche, l'étude d'inventaire permet de mettre en lumière un certain nombre de maisons de maître et de logements ouvriers de la 2e moitié du XVIIIe siècle et de la 1ère moitié du XIXe siècle, en lien avec le développement de l'industrie des cotonnades à Bessé. Suivant la réussite d'Élie Savatier, de nombreux fabricants se lancent alors dans cette activité, attirant de nombreux ouvriers qui s'installent alors à Bessé pour y travailler. Une bourgeoisie commerçante apparaît alors et fait construire d'importantes demeures, dont celle de Courchet apparaît comme la mieux conservée pour le XVIIIe siècle. Pour le début du XIXe siècle, la maison de maître de la filature, au fond d'un vaste parc, est caractéristique de l'architecture néoclassique. Bien que largement remaniées à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle, les autres sont aisément repérables à leur disposition entre cour et jardin, leurs volumes imposants, leurs façades sobres et ordonnées, et leurs toitures à croupes, parfois brisées : par exemple aux 41 et 42, rue Jean Jaurès, mais aussi l'ancienne gendarmerie transformée à cet effet en 1857 (37, rue Émile-Zola) et sans doute l'actuel EPHAD (rue Pasteur), bien que remanié à de nombreuses reprises. Toux ces ensembles figurent déjà, dans leurs dispositions primitives, sur le plan cadastral napoléonien de 1829.

En grande partie détruit ou très transformé, mais toujours bien présent, le logement ouvrier de la même période est plus difficile à appréhender. Il s'agit de maisons très modestes en rez-de-chaussée généralement surélevé, sur cave (où le tisserand installait son métier pour conserver une certaine humidité au fil), avec un comble à usage de grenier accessible par une échelle, via une lucarne gerbière. Certaines de ces maisons, pour les mieux conservées (rue Élie-Savatier ou face à la papeterie), témoignent d'un habitat sériel précoce construit par les industriels pour leurs ouvriers. Très difficile à lire en centre-bourg, notamment impasse Ledru-Rollin, impasse de la Tour ou impasse du Bicêtre, ces logements sont disposés autour de petites impasses et cours, dans une promiscuité criante. Trop modestes et dépourvus de confort, tous ont été largement modifiés au XXe siècle. Plus largement, ce type de maison est encore visible dans la plupart des rues du bourg (rue Pasteur, rue des Écoles, rue Émile-Zola…) et témoigne de l'afflux de tisserands à Bessé au tournant du XIXe siècle.

Un bourg cossu dans la 2e moitié du XIXe siècle aux années 1900

La plupart des maisons sur rue à étage en centre-bourg sont des maisons de commerçants, avec boutique au rez-de-chaussée. La plupart de ces façades datent, dans leur état actuel, des travaux d'embellissement de la 2e moitié du XIXe siècle, notamment suite à l'établissement des plans d'alignement. Il faut toutefois exclure la plupart des façades donnant sur la place de la Tour ou sur la rue d'Estournelle-Constant, remaniées dans la 2e moitié du XXe siècle, ou certaines de la rue Émile Zola (10, 12, 14), qui pourraient en revanche remonter à la fin du XVIIIe siècle. On trouvera de beaux exemples de ces maisons avec boutiques le long de la rue Jean Jaurès. Au même moment, de nombreuses façades se reconstruisent dans le goût de l'époque, le plus souvent en pierre de taille, parfois mêlant la brique, par exemple rue du Docteur Ferrien, rue Pasteur ou sur le flanc sud de la place de l'Hôtel de Ville, qui s'urbanise au milieu du XIXe siècle. Ces façades régulières deviennent en quelque sorte, sur les espaces les plus passants de la ville, l'écran continu qui masque aux regards les arrière-cours, les ateliers et les quartiers d'ouvriers.

Cet élan s'amplifie après l'implantation de la gare ferroviaire en 1879, qui donne à l'économie de Bessé d'importantes perspectives. Le long des grands axes, mais à la périphérie du centre ancien, apparaissent de grandes maisons bourgeoises aux façades parfois très ornées, aux façades de trois à cinq travées. Les plus importantes sont celles de l'avenue de la Gare, véritable vitrine de la ville pour qui arrive du train et quartier bourgeois par excellence, avec ses demeures cossues de la Belle Époque où se mêlent dans le goût éclectique différents styles architecturaux. Quelques maisons de style villégiature construites dans les années 1900 (« chalets » de la papeterie, maison 19, rue du 11-Novembre) annoncent la grande vogue de ces modèles dans la vallée du Loir. En parallèle, plusieurs lotissements de maisons sérielles sont construites par les grandes usines pour leurs employés, notamment dans la partie sud du bourg.

Les extensions de la 2e moitié du XXe siècle

Un ralentissement de la construction de maisons est perceptible dans la 1ere moitié du XXe siècle. Celle-ci reprend avec vigueur au sortir de la Seconde Guerre mondiale, face au manque important de logements : bombardé en 1944, le bourg a perdu plusieurs dizaines de maisons, et une grande partie de l'habitat est jugé insalubre. Quelques maisons et immeubles, dont les plus visibles sont rue du Docteur Ferrien, sont édifiés à l'emplacement des zones sinistrées, dans l'architecture sobre et fonctionnelle typique de la Reconstruction. C'est l'époque des premières interventions publiques dans le secteur du logement : les sociétés HLM construisent, à partir des années 1950 et jusque dans les années 1980, plusieurs quartiers incluant maisons individuelles et immeubles permettant de loger un grand nombre de familles.

Cependant, la formule du logement en bande, avec ses maisons mitoyennes et ses parcelles étroites, séduit de moins en moins d'habitants. A partir des années 1960, la commune se lance dans l'aménagement de grandes zones pavillonnaires, où les maisons individuelles sont construites sur de grandes parcelles et isolées les unes des autres. Cette forme d'urbanisation consomme de vastes terrains et nécessite un développement considérable de la voirie, d'où les zones pavillonnaires tentaculaires qui s'étendent aujourd'hui en périphérie du bourg de Bessé, au nord et au sud du bourg. En parallèle, les vieilles maisons du centre-bourg, pour beaucoup en mauvais état, sont largement remaniées pendant la 2e moitié du XXe siècle, altérant souvent le cachet de certaines rues ou places. Aujourd'hui, l'identité architecturale du bourg de Bessé-sur-Braye ne repose plus véritablement sur son centre ancien, mais sur ses quartiers bourgeois et ouvriers du XIXe siècle et du début du XXe siècle, témoignages de son identité et de son histoire industrielle.

  • Période(s)
    • Principale : Temps modernes, Epoque contemporaine

Le bourg de Bessé-sur-Braye présente une grande variété de typologies d'habitats, bien qu'il faille exclure, faute d'éléments suffisamment bien conservés, les maisons antérieures au XVIIIe siècle. En plus des maisons de bourg typiques avec commerce au rez-de-chaussée, il faut insister sur l'importance en nombre des maisons bourgeoises, maisons ouvrières et maisons sérielles (voir dossier concernant l'habitat sériel de Bessé).

Le noyau ancien, au bâti à la fois très dense et très remanié, présente comme d'usage des maisons mitoyennes sur des parcelles plus profondes que larges, dans un espace resserré témoignant de la faible importance du bourg à l'époque médiévale. Les cours et jardins sont rejetés sur l'arrière quand cela est possible. Les maisons sont de faible hauteur et n'excèdent pas un étage carré et parfois un étage de comble. Les façades ont été transformées et régularisées aux XIXe et XXe siècles. Des cours et des impasses desservent des espaces secondaires où s'imbrique une forte densité de petits logements de tisserands, comprenant à l'origine une à deux pièces, une cave et un grenier. Ces espaces de vie commune comportent généralement un puits encore visible.

A mesure que l'on s'éloigne du centre du bourg, le bâti perd en densité et en épaisseur pour se concentrer sur le bord des rues. Les maisons modestes en rez-de-chaussée cohabitent avec les demeures à étage de deux à cinq travées. Celles-ci sont souvent construites, pour les plus anciennes, entre cour et jardin. Par la suite, elles tendent à s'aligner sur le front de rue comme le reste des maisons. L'avenue de la Gare illustre parfaitement ces grandes maisons bourgeoises, de tailles, de formes et de décors variés, implantées en bordure d'un axe qui était, à la fin du XIXe siècle et au XXe siècle, le boulevard le plus coté de Bessé. Quelle que soit la richesse de ces maisons, elles ne comptent pas plus d'un étage carré et d'un étage de comble, à l'exception d'un immeuble à deux étages au 13, rue Jean-Jaurès.

Parmi les matériaux utilisés pour la construction, le bois a presque entièrement disparu. La plupart des maisons sont construites en moellons de calcaire ou de grès, néanmoins l'utilisation de la pierre de taille est fréquente, aussi bien sur les façades principales que secondaires ou sur les communs. Bessé-sur-Braye, comme Saint-Calais, se situe à la jonction des terroirs de la vallée de l'Huisne et de la vallée du Loir, où la brique le dispute à la pierre pour l'ornementation des façades. La présence de sols argileux où s'implantent des briqueteries (notamment la Nouette face à Courtanvaux) et la proximité des carrières de calcaire de Montoire, expliquent cette ambivalence illustrant la transition entre le Perche sarthois et la vallée du Loir. Alors qu'au nord de Saint-Calais, la brique est encore bien prédominante, son utilisation tend à se raréfier à Bessé pour presque disparaître à La Chartre-sur-le-Loir. De la même façon, l'emploi de l'ardoise d'Angers se substitue de plus en plus largement à la tuile plate locale.

Bien que la plupart des façades des maisons soient plutôt sobres, un grand nombre d'entre elles présentent des décors. Il peut s'agir de décors en briques assez simples, d'un jeu de couleur brique et pierre, ou d'ornements en pierre de taille plus ou moins élaborés, la pierre calcaire étant facile à sculpter. Aux éléments récurrents que sont les solins, les bandeaux, les corniches ou les encadrements d'ouvertures, s'ajoute tout un répertoire de formes utilisées à grande échelle sur les maisons les plus ostentatoires, mais aussi par petites touches de fantaisie sur certaines maisons modestes : décors architecturaux (balustres, pilastres, agrafes, lucarnes…), décors végétaux ou géométriques. Les maisons de l'avenue de la Gare offrent un panel de décors et de styles très importants, allant des ferronneries Art Nouveau aux sculptures troubadour de la maison Debourges-Mary, en passant par le foisonnement des balustres des n°34 et 36, etc. Plusieurs maisons, très différentes de la maison besséenne traditionnelle, sont influencées par l'architecture de villégiature et le régionalisme à la mode dans les premières décennies du XXe siècle. Elles se caractérisent par les décrochements de volumes et de toitures, l'emploi de parements évoquant la meulière, de garde-corps, balcons ou lambrequins en bois, de bow-windows ouvrant la vue sur le jardin, et parfois de décors de céramique vernissée.

Les constructions des années 1950 à 1970, impulsées par la Reconstruction, tranchent par la sobriété de leur lignes et leur architecture en béton. Il s'agit principalement de maisons individuelles, mais aussi de quelques immeubles à deux ou trois étages. Une grande barre du lotissement rue de Courtanvaux a été démolie récemment. Les pavillons des années 1970, très nombreux à Bessé, se caractérisent par un logement à l'étage et des espaces utilitaires relégués au rez-de-chaussée.

Les quelques anciennes fermes en périphérie du bourg, incluses dans celui-ci par un développement tardif de l'urbanisation, ne sont pas incluses dans cette synthèse. Néanmoins, il faut signaler l'ancienne exploitation viticole de la Margeotte, à l'architecture tout à fait atypique pour la région, avec ses grandes arcades au rez-de-chaussée.

Bien que la vallée du Loir soit proche et que la présence de "caves habitées" soit attestée à Bessé-sur-Braye par les matrices cadastrales, le troglodytisme ne concerne pas le bourg. Les quelques aménagements creusés dans le coteau (notamment à Courchet) étaient des lieux de stockage et non d'habitation.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • étudié 20

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 36. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Bessé-sur-Braye.

Documents figurés

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Bessé-sur-Braye. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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