Louis Chéron, maire de Conflans-sur-Anille et propriétaire du bâtiment dans le courant du XXe siècle, écrit dans sa monographie : « A l’extrémité gauche du bourg, voici la maison des Ligueurs. Demeure de Perrot des Turs (cité dans un aveu de 1465 comme censitaire du seigneur de Saint-Calais), puis de Pierre Thureau (en 1510, il fonde une rente pour l’église de la Madeleine sur la pièce de terre proche de la maison et dite de la Bousardière), cette maison fut remaniée vers 1530 comme l’atteste la cheminée Renaissance d’époque François Ier ». La maison devrait son surnom aux conflits des guerres de Religion, le parti ultra-catholique de la Ligue ayant occupé le haut du bourg de Conflans et celui des protestants s’étant réuni dans la partie basse, dans la maison dite la Huguenottière. Louis Chéron poursuit : « Dans ce logis seraient passés : vers 1580, le duc de Mayenne, chef de la Ligue ; en 1795, Rochecotte, le chef de la chouannerie sarthoise ; en mai 183, la duchesse de Berry qui se rendait au château de Semur et ensuite en Bretagne ».

Aucun document n’a été retrouvé permettant de confirmer les propos de Louis Chéron, ni comment l’historien a pu associer tous ces éléments à cette maison précise. On ne sait pas non plus d'où viennent exactement les appellations de ces maisons, qui ne semblent pas figurer dans les archives de la Barre ou dans celles de la Cour-du-Bois, principales sources sur le Conflans d'Ancien Régime. Il semble donc qu’il faille prendre ces informations avec une grande prudence. Par ailleurs, l’historien calaisien Louis Renard situe pour sa part la maison des Ligueurs à un tout autre endroit du bourg : « il y a une petite maison à l’entrée du bourg de Conflans, à l’angle de la route qui monte au bourg et de celle qui va à Montaillé, que l’on a longtemps appelée dans le pays la maison des Ligueurs, sans doute parce que leurs chefs se réunissaient là ». Quant à Louis Froger, autre historien local, il n’en parle pas dans ses travaux sur Saint-Calais.

Le bâtiment principal perpendiculaire à la rue peut être daté du XVIe siècle de par la pente du toit et la cheminée aux corbeaux sculptés Renaissance. On peut également s'interroger sur l'ancienneté du bâti longeant la rue, qui conserve un corbeau de cheminée de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, mais qui pourrait aussi bien être un remploi. Les façades et les autres constructions ne semblent pas antérieures à la fin du XVIIIe siècle ou au début du XIXe siècle. En 1829, la maison (ou plutôt les maisons), qui figure sur le plan cadastral napoléonien, est propriété d’un certain Cottereau pour la partie perpendiculaire à la rue, et d’un François Coudray, cardeur de son état, pour la partie parallèle à la rue. Sur le plan d’alignement de 1872, l’ensemble est propriété Daunay, et l’alignement projeté du bâti en saillie ne sera jamais réalisé. En revanche, un escalier d’accès au sous-sol est supprimé (le sommet de la porte est encore visible au ras du sol). D'après Paul Cordonnier, le pignon était encore couvert de bardeaux au début du XXe siècle. La maison est actuellement en cours de restauration.