Dossier d’œuvre architecture IA53004427 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de villégiature dite château, le Buat
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Saint-Berthevin
  • Commune Changé
  • Lieu-dit le Buat
  • Cadastre 2021 XH 26
  • Dénominations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    dépendance, écurie, parc

La métairie du Buat (anciennement Buard), signalée sur le cadastre napoléonien de 1814, était à cette date propriété du marquis Léon Dumans de Chalais. D'après les travaux de Louis-Marie-François Guiller, qui y consacre un chapitre de sa monumentale monographie sur Changé, il aurait existé une maison seigneuriale ou plus vraisemblablement une maison de maître au Buat, sur laquelle aucune information complémentaire n'a pu être trouvée. Selon les documents consultés par Guiller, les frères Vivien et Hamelin Lenfant avaient fait donation de la métairie du Buat à l'abbaye de Clermont dès le XIIe siècle. Au XVIIe siècle, elle appartenait aux familles de Montesson, Chapelle, Guays puis Chasteigner, avant de de devenir propriété des Dumans de Chalais. A proximité, une ancienne carrière d'ardoise aurait été comblée en 1764.

L'abbé Angot indique dans son dictionnaire de la Mayenne que le commanditaire de ce qu'il qualifie de "chalet de forme originale" est le comte Jules Régnault d'Evry (1820-1902). Parisien d'origine, résidant rue du Lieutenant à Laval et au château de la Jaffetière à Changé, il rachète la métairie du Buat au marquis de Messey en 1875. D'après les matrices cadastrales, la maison et son écurie sont achevées en 1882 et déclarées imposables en 1885. Conçue comme une résidence de villégiature dont elle adopte les codes architecturaux, la demeure donne directement sur la Mayenne qu'elle domine de son petit tertre. Jules Régnault d'Evry, peintre paysagiste à l'œuvre encore largement méconnue, débuta au Salon des Arts Réunis en 1842 et y envoya des vues de paysages, principalement mayennais, normands et bretons, jusqu'en 1852 ; il fut le fondateur et le premier conservateur du musée de peinture de Laval de 1854 à 1879, auquel il offrit son tableau "Vue des Alpes". Peut-être posa-t-il également son chevalet sur les bords de la Mayenne ; certaines de ses toiles, représentant des scènes de l'Evangile inscrites dans de vastes paysages, sont visibles dans l'église de Changé.

Suivant les recensements et les annuaires du début du XXe siècle, s'y succèdent ensuite Charles-Marie Luce et son épouse (acquéreurs du Buat en 1892) et leur gendre Georges Gerbault, industriel propriétaire des fours à chaux du Bourny et père du navigateur Alain Gerbault, puis Maurice Courcelle, journaliste, maire de Saint-Jean-sur-Mayenne et conseiller général de 1931 à 1940. L'acte de vente de 1892 mentionne ainsi : "le château du Buat de construction récente, élevé sur le bord de la route stratégique de Changé à Saint-Jean-sur-Mayenne, les bâtiments de service qui en dépendent comprenant écurie, remise, bûcher et volaillerie, jardin, potager, petit parc, futaie et taillis". D'après un guide touristique de la région lavalloise de 1896, qui rapporte une légende non vérifiée, la maison aurait été jouée et gagnée aux cartes. D'après l'oralité, la demeure aurait été occupée par les Allemands pendant la Seconde guerre mondiale et aurait servi de prison.

Aucun remaniement n'est visible, si ce n'est le remplacement des huisseries et de la couverture en tuile mécanique (encore en place sur les communs) par de l'ardoise. En revanche, l'intérieur a été en partie transformé pour accueillir des appartements. Le parc a été en partie replanté après la tempête de 1999. Les arbres les plus imposants, qui menaçaient de tomber sur la route, ont été supprimés.

  • Période(s)
    • Principale : 4e quart 19e siècle

La maison, orientée au sud-est, est perchée sur un coteau et donne directement sur la Mayenne, dont elle est séparée par la départementale 162 reliant les bourgs de Changé et de Saint-Jean-sur-Mayenne. Le parc s'étend sur la butte à l'arrière de la maison d'où l'on jouit d'un panorama remarquable sur la vallée.

La demeure est construite en moellons enduits, avec des décors de briques, de pierre de taille calcaire et de terre cuite soulignant les travées et les ouvertures ; le soubassement présente des baies encadrées de pierres de taille de granite et un placage de pierres de granite polygonales. L'architecture reprend celle des villas balnéaires, inspirée des chalets de montagne. L'élévation est symétrique et présente sur chaque face principale trois travées sur trois niveaux, en plus du niveau de soubassement. L'avant-corps central est couronné de chaque côté d'un pignon couvert, tandis que les travées latérales sont surmontées de lucarnes passantes. Les façades latérales présentent deux travées chacune, surmontées d'un oculus éclairant le comble. Les toitures largement débordantes sont supportées par des aisseliers en bois. Les ouvertures en arc segmentaire possèdent des encadrements harpés en briques, tandis que les allèges en pierre de taille présentent des plaques de terre cuite aux motifs de losanges, de volutes et de fleurs. Les niveaux sont séparés par de larges bandeaux délimités par des briques, où l'enduit est peint en damier. La travée centrale de la façade sur la Mayenne, dévolue à la contemplation du paysage, bénéficie de grandes portes-fenêtres pourvues de balcons (l'un en bois découpés, l'autre disparu) et d'un garde-corps en fer forgé. Une cloche est placée sous le débord du toit, à droite.

L'intérieur de la maison conserve quelques éléments remarquables, à commencer par le massif escalier en bois suspendu placé dans l'angle sud-ouest. Desservant le rez-de-chaussée et les étages, il possède trois volées droites par niveau et un garde-corps à balustres. Transformé en appartement, le soubassement accueillait les pièces de service et la cuisine. Il n'est accessible que par l'extérieur par deux escaliers en granite convergents ; d'après un témoignage, un monte-charges permettait d'acheminer les plats dans la salle à manger au rez-de-chaussée. Les pièces de vie au rez-de-chaussée et les chambres sont équipées de petites cheminées en marbre simples, à l'exception du salon nord où se trouve un poêle en céramique de type alsacien, peut-être d'origine ou rapporté. Le comble à surcroît était réservé au logement des domestiques et peut-être à une lingerie.

Le bâtiment des écuries et remises, prolongé d'un appentis et couvert de tuile mécanique, est construit perpendiculairement à la route. L'accès pour les voitures est ménagé sur le mur-pignon où se trouvent deux grandes portes en arc segmentaire surmontées d'un oculus. La façade en mur gouttereau présente trois lucarnes pendantes ainsi que deux fenêtres à claustra de briques. Il subsiste, à proximité, les restes d'une pièce d'eau et d'un bâtiment à trois piliers maçonnés, une volière ou une basse-cour selon l'oralité. Le parc, incluant une prairie entre deux espaces boisés ceinturés de chemins, s'étend à l'arrière des bâtiments sur une butte naturelle ; il est délimité au nord par un chemin et le ruisseau de la Morinière. Un rideau d'arbres l'isole de la ferme voisine, à l'ouest, et de la route à l'est.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, étage en surcroît
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées, élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon couvert
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 81-83, 518, 1446. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Changé, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne; 226 Q 953. Contrat de vente de la maison du Buat par M. et Mme d’Évry à M. et Mme Luce, 2 mai 1892.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • GUEDON, Isidore. Laval et ses environs, guide de l'étranger, 1897.

    p. 183
  • GUILLER, Louis. Recherches sur Changé-les-Laval. Laval : S. Chailland, 1882, 1883, 1885.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

Date d'enquête 2021 ; Date(s) de rédaction 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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