Dossier d’œuvre architecture IA53004418 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Maison de maître, le Tertre
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Lassay-les-Châteaux
  • Commune Martigné-sur-Mayenne
  • Lieu-dit le Tertre
  • Cadastre 1829 D3 866  ; 2021 D 628
  • Dénominations
    maison
  • Précision dénomination
    maison de maître
  • Parties constituantes non étudiées
    ferme, dépendance, hangar agricole, écurie, étable, grange, cour, allée, portail

La maison de maître du Tertre est associée à la tentaculaire famille Duchemin, grande dynastie de bourgeois lavallois enrichis dans le négoce des toiles. Selon l'abbé Angot, la métairie du Tertre est acquise en 1672 de Renée Gastin, veuve Guillaume, par Ambroise Duchemin de la Gimbretière. La branche de son fils Gabriel, lui-même négociant rue de Paradis à Laval, prend par la suite le nom Duchemin du Tertre. Selon un compte-rendu de visite dressé en 1695, Gabriel Duchemin (1649-1704), marchand et sieur du Tertre, réside faubourg du pont de Mayenne à Laval ; la métairie du Tertre qui lui appartient est tenue censitairement du duché de Mayenne et exploitée par des fermiers à titre de colonie partiaire. L'état des lieux, apparemment antérieur à la construction de la maison de maître, ne fait état que d'un petit logis aux baies irrégulières pourvues de grilles en fer et de volets en bois, d'une étable, d'une écurie, d'un four, d'une forme à fumier et de jardins clos de haies.

La "maison à maître" est apparemment élevée avant 1740 puisqu'elle est signalée à cette date : la métairie est alors estimée à 19 000 livres. Néanmoins, les titres et les successions des Duchemin du Tertre, dont le plus illustre représentant est Pierre Duchemin du Tertre (1691-1755), bourgeois et échevin à Laval, n'y font aucune référence. En réalité, suite au décès de Gabriel Duchemin, la propriété du Tertre est transmise non à la branche éponyme mais à une branche cadette, les Duchemin des Loges, du nom de la métairie du Gué des Loges à Montigné. Ainsi, le commanditaire de la maison pourrait être Gabriel-Christophe Duchemin des Loges, né en 1695. La suite de la transmission du domaine, par les femmes, est documentée par les matrices du cadastre napoléonien : Louise Duchemin des Loges, épouse de Gabriel Berset de Vaufleury, transmet ainsi le Tertre à sa fille Louise, épouse de Philippe Thomas du Taillis. En hérite sa fille Désirée-Louise, épouse de Pierre Foucault de Laubinière, puis la fille de ces derniers, Sidonie, épouse Henri du Bois de Maquillé, dans la 2e moitié du XIXe siècle. Lorsque celui-ci demande l'autorisation de clore le domaine du côté du chemin de halage en 1863, la propriété s'étend depuis le chemin de Montgiroux jusqu'au ruisseau du Bois-Belleray.

Une description des lieux, très sommaire, figure dans le partage des successions de Jacques Duchemin des Loges et son épouse Louise-Charlotte Le Hirbec, en date du 5 décembre 1800. Le Tertre y figure parmi les métairies et closeries de la famille : "Le lieu métairie du Tertre situé commune de Martigné exploité en faire valoir par Jean Palicot, le dit lieu composé de maison, terrasse, jardin et chapelle pour le maître ; maison pour le colon, bâtiment servant à l'usage dudit lieu, estrages issues et jardin". Les matrices cadastrales indiquent que le logement du fermier est transformé en dépendance en 1855. En revanche, aucune information complémentaire n'a été trouvée au sujet de la chapelle, également mentionnée dans la succession de Gabriel Berset de Vaufleury en 1819.

L'essentiel des bâtiments figure sur le plan cadastral napoléonien de 1829 : on remarque seulement la disparition d'un petit bâtiment étroit fermant une courette devant la maison de maître, ainsi que de ce qui devait être un four. Une courte allée plantée d'arbres, desservant deux petits jardins sans doute destinés à l'agrément, est aménagée dans le prolongement nord de la maison, pour bénéficier d'une promenade avec vue sur la vallée de la Mayenne. L'accès au Tertre se fait alors par un chemin aujourd'hui désaffecté, débouchant dans la cour dans l'axe de la maison de maître. Quelques constructions sont ajoutées dans la 2e moitié du XIXe siècle : un hangar à gauche de la cour, une petite dépendance (porcherie ?) à droite, un appentis près du portail actuel. Une soigneuse restauration est menée en 1993 par l'architecte des Bâtiments de France Jacques-Henri Bouflet : à cette occasion, certaines baies murées sont ré-ouvertes, les frontons sont restaurés, les parements extérieurs et intérieurs refaits. La propriété a été dotée de nouveaux jardins qui se déploient vers le sud-est, à l'emplacement d'un grand jardin plus ancien, peut-être utilitaire. L'accès se fait désormais par le sud, depuis la route de Martigné à Montgiroux.

  • Période(s)
    • Principale : 1ère moitié 18e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle

Les bâtiments, disposés sans ordre sur le pourtour d'une cour approximativement carrée, sont placés sur une éminence dominant la Mayenne, au creux d'une ondulation de la rivière. Le chemin d'accès primitif à l'est, désaffecté, est remplacé par une nouvelle route, au sud.

Placée en fond de cour par rapport à son accès d'origine, la maison de maître est implantée sur le rebord du ravin, parallèlement à la rivière. Les façades, orientées au sud-est et au nord-ouest, présentent un ordonnancement à trois travées d'une grande sobriété, et sont couronnées d'un petit fronton triangulaire central ajouré d'un oculus. La maçonnerie est en moellons de granite et joints largement beurrés ; les baies, en arc segmentaire délardé, possèdent des encadrements en pierre de taille de granite. La façade sur la Mayenne présente des portes-fenêtres pourvues de garde-corps à l'étage. Les portes sont pourvues d'impostes fermées par des barreaux. Le toit à longs pans et à croupes, avec égout retroussé, est sommé d'épis de faîtage en zinc. Un appentis est accolé à droite de la maison. Simple en profondeur, le rez-de-chaussée présente deux grands volumes séparés par la cage d'escalier centrale. L'escalier en bois possède une rampe droite et un garde-corps à balustres. L'étage est divisé par de simples cloisons.

Les dépendances agricoles, incluant écuries, étables, grange, porcherie et hangar, se répartissent irrégulièrement autour de la cour. Une courte allée plantée d'arbres, sans autre fonction que celle de la promenade contemplative, se trouve dans le prolongement nord de la maison et longe le ravin sur une trentaine de mètres seulement.

  • Murs
    • granite moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier droit en charpente
  • État de conservation
    bon état, restauré
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 E 9/350. Partage entre Marie Duchemin des Loges et Gabriel Berset de Vaufleury, mari de Louise Duchemin des Loges, des successions de feu Jacques Duchemin des Loges et feue Louise-Charlotte Le Hirbec son épouse, incluant la métairie du Tertre à Martigné-sur-Mayenne, 5 décembre 1800.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 72 J 1. Fonds Duchemin, documents concernant la métairie du Tertre à Martigné-sur-Mayenne, 1695-milieu du XVIIIe siècle.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 96 et 181. Fonds Jacques-Henri Bouflet architecte, restauration de la maison du Tertre à Martigné-sur-Mayenne, 1993.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 505 J 57. Archives du château de Champfleury à Arquenay ; successions de la famille Thomas du Taillis, 1834-1851.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 505 J 58. Archives du château de Champfleury à Arquenay ; succession de Gabriel Berset de Vaufleury, 1819.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 252-253, 626, 1549. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Martigné-sur-Mayenne, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; S 513. Pétition pour la clôture du domaine du Tertre à Martigné-sur-Mayenne, du côté du chemin de halage de la Mayenne, 1863.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Périodiques

  • ANTOINE, Annie. Les comptes ordinaires de Pierre Duchemin du Tertre, marchand de toile et seigneur dans la première moitié du XVIIIe siècle. Laval : Société d’Histoire et d’Archéologie de la Mayenne, 1998.

    p. 94
  • LAURAIN, E. Livre de raison de Pierre Duchemin du Tertre. Bulletin de la commission historique et archéologique de la Mayenne, tome 53, 1937.

Documents figurés

  • Plans et photographies pour la restauration de la maison du Tertre à Martigné-sur-Mayenne, par l'architecte Jacques-Henri Bouflet, 1993. (Archives départementales de la Mayenne ; 321 J 96).

  • Plan cadastral napoléonien de Martigné-sur-Mayenne, 1829. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2741).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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