Dossier d’œuvre architecture IA49009669 | Réalisé par
  • inventaire topographique
Maison, ancien tribunal seigneurial de Montsoreau 1, passage du Marquis-de-Geoffre
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
  • (c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Fontevraud-l'Abbaye - Montsoreau - Saumur canton Sud
  • Commune Montsoreau
  • Adresse 1 passage du Marquis-de-Geoffre
  • Cadastre 1813 B1 35, 38 ; 2011 B 39
  • Dénominations
    maison, tribunal
  • Précision dénomination
    ancien tribunal seigneurial

Aujourd'hui devenu une habitation, cet ancien tribunal de justice seigneurial formant également le porche d'entrée de l'ensemble du site castral est un bâtiment qui peut être daté de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle. Il conserve des éléments remarquables, dont notamment une façade en pan de bois richement orné qui relève d'une mise en œuvre et d'un type très ostentatoire. Il recèle ainsi de plusieurs éléments de distinction sensés, vraisemblablement, en souligner symboliquement l'importance, comme espace de transition entre le site castral et le village, mais aussi comme lieu de justice.

Dans l'aveu qu'elle rend au roi René en 1480, Jeanne Chabot, dame de Montsoreau et veuve de Jean II de Chambes, mentionne plusieurs éléments constitutifs de la basse-cour de son château, évoquant les bâtiments, mais aussi les « portal, portes, [...] barrières [...] et aultres deffences, appartenances à chastel et forteresse [...] et autres appartenances quelconques, avec ma basse court estant en la closture et pourprins de mondit chastel ». Toutefois, s'il semble évident qu'une porte ferme cette basse-cour, il n'est nulle part fait mention de cette maison à passage couvert, alors que tous les autres bâtiments qu'encore aujourd'hui on peut rattacher à cette partie occidentale de la basse-cour sont décrits (église castrale et corps de l'angle nord-ouest). Au vu du long et très détaillé descriptif de cet aveu féodal, il serait donc étonnant que cette salle de justice ou ce bâtiment ait déjà existé en 1480.

Ce même texte rappelle que la baronnie de Montsoreau dispose, par ailleurs, des « droictz de justice haulte, basse et moyenne », exercée par les officiers seigneuriaux, sénéchal, châtelain ou prévôt selon les crimes et délits. Il devait ainsi y avoir antérieurement un lieu où était rendue la justice : peut-être un autre bâtiment (mais non cité dans l'aveu ?), voire dans le château lui-même.

C'est donc sans doute après 1480, entre la fin du XVe et le début du XVIe siècle, qu'est construit ce bâtiment. Il intègre, en façade extérieure, au sud, un pan de mur plus ancien, qui devait relever d'un état antérieur de l'enceinte de la basse-cour.

Si l'identification de cette maison comme tribunal seigneurial n'est rapportée que dans des documents tardifs, il semble bien, au regard de ses caractéristiques, que ce dût être le cas dès sa construction.

Il garda probablement son usage jusqu'à la fin de l'Ancien Régime et c'est sans doute au cours de la période révolutionnaire, lorsque les droits de justice seigneuriaux furent supprimés, que ce bâtiment fut réaffecté et baillé en boutiques (cordonnier et bonnetier) et habitation. Formant, avec un jardin attenant et une cave située à proximité, le second lot de cette vente, cet ancien tribunal est cédé lors de la vente aux enchères du château de Montsoreau par Charles du Bouchet de Sourches-Tourzel, en 1804. Cet édifice est depuis lors une habitation et, au cours du XXe siècle, il fut acquis, ainsi que le château, par le Conseil départemental de Maine-et-Loire.

Cette maison est située dans l'ancienne basse-cour du château fort, en limite de l'ancienne enceinte. Elle abrite la grande porte et le passage couvert donnant accès à ce site castral depuis la place des Diligences, qui formait le centre du bourg ancien.

Sur rue, l'examen des maçonneries montre qu'un premier bâtiment, ou un mur, préexistait, qui était en moyen appareil (de gabarit assez réduit, cependant) et était peut-être en connexion avec les parties basses de l'église. Seul un pan de cet ancien mur est conservé en élévation dans le bâtiment actuel.

Construit en moyen appareil de tuffeau (mais d'un gabarit plus important que le précédent), cet édifice vient flanquer la partie haute de l'église couvrant en partie basse le passage carrossable et la porte cochère qui constituent l'accès à la basse-cour et de là au château. Les vantaux de cette grande porte ont disparu, mais on en discerne les yeux des anciens pivots. L'embrasure de la porte est assez épaisse et forme une rupture de maçonnerie avec le mur oriental du passage couvert, ce qui tend à montrer l'antériorité de la construction de la porte sur le reste de ce bâtiment.

Cette maison-porche, relativement uniforme en façade extérieure sur rue, est constituée de parties distinctes, nettement discernables en façade intérieure sur cour.

La travée occidentale compte un soubassement, un rez-de-chaussée surélevé, un étage-carré et un comble à surcroît. En façade nord (où les autres baies ont été remaniées), la porte qui ouvre sur le soubassement est à encadrement chanfreiné et couvrement en accolade ; servant d'écurie en 1804, cet espace peut avoir eu un usage dans le fonctionnement judiciaire. Le vantail de cette porte est sans doute du XVIIe ou du XVIIIe siècle et est constituée par un assemblage de planches fixées à un bâti de revers en croix de Saint-André au moyen de clous, avec un jeu d'alternance entre clous en bois et clous forgés. Le rez-de-chaussée surélevé accueille une salle plus spécifiquement désignée comme étant le tribunal dans le descriptif de la vente de 1804. Une telle surélévation est usuelle dans les tribunaux seigneuriaux. Elle est dotée d'une porte ouvrant sur un balcon de pierre qui est un ajout récent succédant à un perron à balustrade ; rien, cependant, ne permet d'établir qu'il y avait là à l'origine une telle structure en avancée. La baie originelle (fenêtre ou porte ?) a disparu et la porte qui ouvre sur le balcon résulte d'un remaniement, mais à côté de celle-ci subsistent les vestiges d'une petite fenêtre médiévale (murée et peut-être tronquée), sous la forme d'un petit linteau orné d'un chanfrein en accolade. Une étroite baie quadrangulaire, aujourd'hui murée, donnait aussi le jour à la salle de ce rez-de-chaussée surélevé depuis le passage couvert. L'étage-carré, côté rue, prend le jour par une fenêtre qui peut être datée de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle au vu de son linteau en accolade et de son encadrement mouluré à double cavet avec congés et bases prismatiques.

La travée orientale, composée du passage au rez-de-chaussée est couverte d'une salle sur plancher à bousillage. En partie haute, sa façade sud, sur rue, est maçonnée et percée de deux baies qui relèvent de remaniements tardifs : une fenêtre à l'étage-carré et une lucarne pour le comble à surcroît. Sur cour, la façade nord, portée par un poitrail, est en pan-de-bois à armature en losanges aux décharges perpendiculaires entre elles. Ces motifs sont soulignés par un hourdis constitué de petits blocs de tuffeau, carrés et posés sur l'angle dont chaque arête est encadrée d'une brique de faible épaisseur. Ce jeu sur le bois, la pierre et la brique procède d'une recherche de polychromie rare en Saumurois. Les raccords latéraux à l'armature primaire montrent toutefois des hésitations dans la mise en œuvre de ce décor, les hourdis offrant ici des géométries moins régulières. Deux poteaux encadrent une baie autrefois géminée à appui saillant et encadrement moulurés, dont le meneau qui la divisait a disparu. Son allège est constituée de potelets avec hourdis de pierres de taille de tuffeau, alors que le dessus de fenêtre, jusqu'à la sablière, où là aussi le pan de bois est constitué de potelets présente un hourdis où l'on retrouve brique et tuffeau, ici dans une alternance de carrés superposés.

Ce panneautage est ainsi particulièrement ornemental et relève d'un type qui n'apparaît qu'à la fin du XVe siècle pour devenir, tout au long du XVIe siècle, un marqueur des architectures de prestige en pan de bois dans un large val de Loire.

Le comble n'est pas habitable et la charpente est à fermes et pannes portées par des arbalétriers, d'un type très voisin de celui que l'on trouve dans la chapelle nord de l'église castrale (sans doute de peu antérieure), mais avec un contreventement plus sophistiqué (sous-faîtière sur aisseliers entre les poinçons). Le toit, à longs pans et à coyaux, a été restauré et est aujourd'hui couvert d'ardoises, mais dans la vue de Montsoreau de la collection de François-Roger de Gaignières, en 1699, on peut noter qu'il était couvert de tuiles. Il s'agit vraisemblablement d'un choix de couverture qui, là encore, permettait de distinguer visuellement ce bâtiment dans le paysage du bourg, où l'ardoise dominait largement. Il est d'ailleurs à noter que sur cette même vue, le seul autre bâtiment couvert de tuiles au sein de la basse-cour du château est la tourelle d'escalier de la maison dite du Sénéchal, dont une partie servait donc de logement au juge des seigneurs de Montsoreau, qui empruntait précisément cette vis pour accéder au tribunal. Devenus logements, les intérieurs ont tous été nettement repris et cloisonnés au début du XIXe siècle, les salles de l'étage-carré disposant de cheminées à encadrements néoclassiques stuqués (avec pilastres cannelés et frises d'acanthes et de feuilles d'eau).

  • Murs
    • brique
    • moyen appareil
    • pan de bois
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, 1 étage carré, comble à surcroît
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Escaliers
    • escalier intérieur
  • Statut de la propriété
    propriété privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 5 E 37 / 22. Notaires. Vente du château de Montsoreau et de ses dépendances par Charles Louis Yves de Bouchet de Sourches-Tourzel et Augustine Eléonore de Pons son épouse (6 messidor An XII, 25 juin 1804).

  • Archives départementales de Maine-et-Loire ; 1 J 4414. Archives privées. Pièces isolées et petits fonds. Aveu rendu au roi René d'Anjou par Jeanne Chabot, dame de Montsoreau (15 avril 1480).

Bibliographie

  • BIGUET, Olivier, LETELLIER-d'ESPINOSE, Dominique. Les maisons en pans de bois d'Angers. L'apport de la dendrochronologie et des sources documentaires. In : ALIX, Clément (dir.), ÉPAUD, Frédéric (dir.), La construction en pans de bois au Moyen Age et à la Renaissance, Rennes/Tours : Presses universitaires de Rennes/Presses universitaires François-Rabelais de Tours, 2013.

    p. 181-199
  • HUNOT, Jean-Yves. Le pan de bois antérieur au XVIe siècle dans l'habitat seigneurial de l'Anjou. In : ALIX, Clément (dir.), ÉPAUD, Frédéric (dir.), La construction en pans de bois au Moyen Age et à la Renaissance, Rennes/Tours : Presses universitaires de Rennes/Presses universitaires François-Rabelais de Tours, 2013.

    p. 161-179. Voir notamment p. 173-174

Annexes

  • AD Maine-et-Loire ; 1 J 4414 et 5 E 37 / 22.
Date d'enquête 2010 ; Date(s) de rédaction 2010
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Conseil départemental de Maine-et-Loire - Conservation départementale du patrimoine
Articulation des dossiers