Dossier collectif IA72058930 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Les maisons du bourg de Tuffé Val de la Chéronne
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

  • Dénominations
    maison
  • Aires d'études
    Pays du Perche sarthois
  • Adresse
    • Commune : Tuffé Val de la Chéronne

Les constructions de l’après-guerre de Cent Ans

Si l’habitat civil antérieur au XVe siècle n’est pas représenté au bourg de Tuffé, comme c’est généralement le cas en Perche Sarthois, la période d’importante reconstruction qui suit la guerre de Cent Ans a laissé de nombreux éléments. Quelques maisons et anciens bordages du bourg de Tuffé (une petite dizaine) conservent des éléments de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, souvent très remaniées par la suite. Celles-ci se concentrent dans la Grande rue et près de la place du Général Leclerc, et dans une moindre mesure dans les rues Fresnet et de l’Étang. Les plus grandes et les plus visibles sont attestées comme auberges au XVIIIe siècle par le plan terrier du prieuré : c’est le cas des 10 et 12 Grande rue, du 12 place du Général Leclerc et du 8 rue de l’Étang. On ne peut toutefois en déduire que c’était déjà leur fonction leur de leur construction, même si on peut en formuler l’hypothèse pour le 12 Grande rue, de par ses décors sculptés qui pourraient évoquer une activité de cabaret. L’adjonction de galeries contre la façade arrière vers le XVIIe siècle, comme c’est le cas au 12 place du Général Leclerc et sans doute au 12 Grande rue est en revanche propre à la fonction d’auberge.

La caractéristique récurrente des maisons les plus anciennes de Tuffé est la toiture très pentue sur charpente à chevrons porteurs ou à pannes, lorsqu’elle n’a pas été refaite par la suite, qui témoigne des modes constructifs de la fin du Moyen Age et des couvertures en bardeaux aujourd’hui totalement disparues. D’autres éléments peuvent contribuer à cette datation lorsqu’ils ont été conservés : ouvertures chanfreinées (taillées en biseau) voire à meneau et traverse, cheminées sculptées à colonnettes et corbeaux pyramidaux, décors sculptés (uniquement au 12 Grande rue). On note surtout la récurrence de la tour d’escalier, élément de prestige qui atteste de l’aisance des commanditaires. Ces tours, placées sur la façade arrière, sur la façade avant si elle donne sur une cour ou sur un mur-pignon, sont polygonales ou carrées. On en observe ainsi au 12 Grande rue (carrée sur la façade arrière), au 6 Grande rue (polygonale sur le mur-pignon), au 32 rue de l’Étang (polygonale, sur la façade sur cour), au 14 place du Général Leclerc (polygonale sur la façade arrière, très remaniée). Une cinquième visible au 3 rue de la Gare est de construction beaucoup plus récente. Ces tours concernent les demeures les plus importantes à étage carré, qui ont peu être celles d’une petite bourgeoisie commerçante ou administrative et des aubergistes. D’autres de la même époque sont de modestes habitations en rez-de-chaussée, logements d’artisans ou de bordagers.

Les XVIIe et XVIIIe siècles peu représentés

Il semble que, malgré la réforme mauriste visant à retrouver le lustre du prieuré de Tuffé, les XVIIe et XVIIIe siècles n’aient laissé qu’une maigre empreinte sur les maisons du bourg. Peut-être les demeures à toitures pentues les plus tardives pourraient-elles dater du XVIIe siècle, mais aucun élément ne permet de l’affirmer en l’absence d’étude plus poussée, par dendrochronologie par exemple. Quelques remaniements sont attribuables au XVIIIe siècle, généralement reconnaissables aux ouvertures en arc segmentaire délardé (au 11 place du Général Leclerc par exemple). On trouve également la date portée 1757 dans la cour du 2 rue Fresnet, dont la graphie est en tout point identique à la date 1757 au-dessus de la porte du presbytère. Celui-ci est d’ailleurs l’une des rares maisons dont la façade est entièrement datable du XVIIIe siècle, avec le 10 rue de l’Étang. Le rez-de-chaussée du 12 Grande rue a été repris à la même époque et pourvu de grandes baies en arc segmentaire délardé, de portes à moulures chantournées, d’une cheminée de style rocaille et de décors peints dont il subsiste quelques éléments.

Bien que remaniée aux XIXe et XXe siècles, une maison témoigne de la forme nouvelle dans l’architecture, à la fin du XVIe siècle et au début du XVIIe siècle, qu’est le pavillon. En effet, le 2 rue de l’Étang, déjà nommé le Pavillon sur le plan terrier de 1757-1759, a conservé son volume ancien : plan carré, rez-de-chaussée surmonté d’un étage carré, toiture en pavillon couverte d’ardoise. Cette maison est tout à fait originale et unique dans le bourg de Tuffé mais les transformations ultérieures et notamment le percement de la grande vitrine au rez-de-chaussée ne permettent pas d’en connaître les dispositions d’origine.

Les reconstructions et extensions du XIXe siècle

Comme partout en Perche Sarthois, le XIXe siècle marque profondément le bâti du bourg de Tuffé. La modernisation et la densification de l’habitat ainsi que les normes d’alignement fixées pour régulariser la largeur de la voirie conduisent au remaniement voire à la reconstruction de presque toutes les demeures du bourg. Il est alors intéressant de constater les différences criantes de l’architecture des maisons entre les rues qui révèlent la présence de différentes catégories sociales. Les grandes maisons commerçantes et des demeures cossues de notables bordent la Grande rue ; les petits logis d’artisans s’alignent le long de la rue Fresnet ; la rue de L’Étang présente des logis d’apparence souvent modeste mais cachant des soubassements habitables ; la rue de la Gare révèle un habitat mixte fait de petites maisons et demeures plutôt bourgeoises témoignant de son urbanisation en deux temps, avant et après l’implantation de la gare.

Au cours du XIXe siècle, le bourg s’étend mais uniquement sur des axes déjà tracés : les rues se densifient, la rue de la Gare (anciennement Cossonneau) s’urbanise, des constructions apparaissent sur des chemins ruraux qui deviendront la rue de Chéronne ou la rue des Promenades, principalement vers la fin du siècle. L’agglomération conserve ainsi et accentue son plan en carrefour, aux rues bordées d’un bâti sans profondeur, tendance qui sera partiellement corrigée au siècle suivant. Contrairement à d’autres bourgs voisins, une grande variété architecturale est de mise, liée une nouvelle fois à la diversité sociale de ses habitants, de la maison à une ou deux pièces sans décor, à la grande maison bourgeoise parée de multiples ornements dont l’exemple le plus fastueux est le 21 Grande rue. Le 23 rue de la Gare est un intéressant exemple de surélévation d’une maison simple en rez-de-chaussée du milieu du XIXe siècle en demeure cossue à étage décoré au début du XXe siècle, preuve d’un quartier qui s’embourgeoise suite à l’implantation de la gare en 1872.

L’étalement urbain au XXe siècle

Une autre caractéristique du bourg de Tuffé, absente dans de nombreux autres bourgs, est la poursuite de l’extension du bourg au début du XXe siècle, qui est souvent une période de stagnation. Ici, l’implantation de la fonderie Léon Jacques en 1918 et la pérennité de l’activité industrielle a permis une certaine continuité dans le développement du bourg. Ainsi, de nouveaux quartiers apparaissent dans les premières décennies du XXe siècle, avec de petites maisons caractéristiques évoquant parfois la mode des chalets régionalistes (toits débordants, demi-croupes, faux pan-de-bois, parements décoratifs, lambrequins, etc). Celles-ci, construites en milieu de parcelle, alors qu’on construisait jusqu’ici généralement en alignement de la rue, préfigurent les pavillons contemporains. On les trouve principalement à des endroits stratégiques, le long de la voie ferrée rue de la Libération, près du nouvel hôtel de ville du de la Mairie, en bord de Chéronne rue de la Chéronne.

La 2e moitié du XXe siècle voit l’explosion des besoins en logements, à mettre en lien avec le développement de la fonderie et le développement des activités économiques, puis progressivement avec la reconnaissance d’un cadre de vie privilégié (proximité des grands axes et des villes, plan d’eau, équipements de loisirs). Les premiers HLM et maisons de série apparaissent dans les années 1950 rue de la Fonderie, ainsi que les premiers lotissements (celui de la Nouette à partir de 1956). De nouvelles rues apparaissent pour densifier l’agglomération, par exemple lors de la création des immeubles collectifs de la cité des Roses en 1963, ou du lotissement des Noyers en 1973. L’habitat pavillonnaire se généralise autour du bourg de Tuffé, notamment au sud et au nord de celui-ci, augmentant considérablement la surface bâtie. Aujourd’hui, l’agglomération poursuit son développement notamment vers l’est en direction de l’ancien bourg de Saint-Hilaire-le-Lierru (lotissement en cours de construction).

  • Période(s)
    • Principale : Moyen Age, Temps modernes, Epoque contemporaine

Le bourg de Tuffé Val de la Chéronne présente un très large panel de maisons, du simple logement ouvrier à la maison bourgeoise, en passant par l’habitat sériel ou régionaliste. Les anciennes fermes sont présentes en périphérie du bourg et pour certaines ont été rejointes par l’urbanisation au cours du XXe siècle. Quelques anciens bordages sont visibles rue Frenet, mais ils sont été totalement remaniés. Pour ces raisons, les fermes ont été exclues de cette synthèse sur l’habitat.

Les maisons du bourg ancien se répartissent le long de quatre rues en carrefour uniquement, aucune impasse ou rue secondaire ne vient densifier l’agglomération, à l’exception de quelques cours communes. Le réseau viaire périphérique s’est développé tardivement. En centre-bourg, les maisons sont alignées sur la voirie. A partir du milieu de la 2e moitié du XIXe siècle, certaines sont bâties entre cour et jardin, en retrait de la rue. Au XXe siècle, les maisons sont généralement en milieu de parcelle. Les volumes varient selon les rues. Ainsi, on trouvera presque uniquement des petites maisons en rez-de-chaussée dans la rue Fresnet, des maisons larges à étage carré et de nombreuses caves dans la Grande rue, des maisons à étage de soubassement dans la rue de l’Étang, et un habitat mixte dans la rue de la Gare. En périphérie, outre les pavillons récents, on trouve plusieurs exemples d’habitat sériel, logements HLM ou lotissements concertés.

Les matériaux employés pour la construction sont variés mais le moellon de grès ou de calcaire, systématiquement enduit, domine largement. La pierre de taille est rarement employée et peut se confondre avec le plâtre, fréquemment utilisé pour les corniches et les encadrements d'ouvertures. La brique est régulièrement utilisée pour les encadrements d'ouvertures au XIXe siècle, mais ne se généralise pas au reste des façades, à l’exception du 22 rue de l’Étang ou de quelques dépendances. Le pan-de-bois, également enduit avant d'être mis à nu, a presque totalement disparu : on en trouve quelques rares vestiges au 8 rue de l’Étang ou au 12 Grande rue (hangar). Une dépendance en bois et torchis promise à la démolition est également à signaler derrière la rue de l’Étang en bordure de Chéronne. Concernant la couverture, le bardeau de bois, d'utilisation courante jusqu'au XIXe siècle, a entièrement disparu. Les maisons sont couvertes de tuile plate ou d'ardoise, parfois de tuile mécanique. La tuile plate domine encore largement sur les maisons modestes comme dans la rue Fresnet, tandis que l’ardoise tend à s’imposer sur les maisons plus importantes comme dans la Grande rue ou la rue de la Gare.

Les décors de façades sont le plus souvent discrets. La corniche est l'élément le plus récurrent, mais elle n'est que rarement en pierre de taille calcaire : on lui substitue généralement le plâtre ou la brique. Au XIXe siècle, les baies sont régulièrement disposées en travées et ornées d'un encadrement en pierre de taille, en plâtre ou en brique. Néanmoins, quelques maisons sont pourvues d’ornements plus exceptionnels, conférant à certaines rues, notamment la Grande rue, la rue des Promenades ou dans une moindre mesure la rue de la Gare, des airs cossus. On trouve ainsi plusieurs lucarnes en pierre de taille, des frontons, des appuis de fenêtres moulurés, des larmiers, des agrafes sculptées, des bossages, des bandeaux, des ferronneries. La maison bourgeoise la plus aboutie est le 21 Grande rue avec son ample façade à cinq travées, ses multiples décors et notamment son balcon, unique à Tuffé. D’autres ornements, propres au début du XXe siècle, confèrent à certaines maisons en périphérie des allures de chalets de villégiature : plaquage en pierres polygonales, faux pan-de-bois, aisseliers, lambrequins, plaques Art Nouveau, etc.

Fait assez rare en Perche sarthois, les dates portées sont relativement fréquentes sur les maisons du bourg de Tuffé. Celles-ci concernent le plus souvent des maisons de la fin du XIXe siècle ou du début du XXe siècle.

  • Toits
  • Décompte des œuvres
    • repéré 250
    • étudié 15

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 111. 1838-1925 : chemin de Grande communication n° 7 de Tuffé à Vouvray-sur-Huisne, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 171. 1841-1928 : chemin de Grande communication n°17 de Tuffé à l’Eure-et-Loir, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 198. 1851-1905 : chemin de grande communication n°21 de Tuffé au Grand Lucé, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 420. 1846-1911 : chemin d’intérêt commun n°59, de La Ferté-Bernard à Lombron, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 O 1660. 1828-1923 : voirie urbaine, commune de Tuffé.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 3 P 370. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de Tuffé.

Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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