Dossier d’œuvre architecture IA72058830 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Rédacteur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Hôpital Saint-Jean, puis couvent de sœurs du Bon-Secours, actuellement maisons, 18, 20 rue des Dames, 2 route de Connerré
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Savigné-l'Evêque
  • Commune Montfort-le-Gesnois
  • Adresse 18, 20 rue des Dames , 2 route de Connerré
  • Cadastre 1836 B3 768 769  ; 2019 AB 137 138 408 412 440 441
  • Précisions anciennement commune de Pont-de-Gennes
  • Dénominations
    hôpital, couvent
  • Genre
    de soeurs du Bon-Secours de Paris
  • Vocables
    Saint-Jean
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, cour, lavoir, portail, mur de clôture, dépendance

Jusqu'au début du XVIIIe siècle, il existait à Pont-de-Gennes une aumônerie (au lieu-dit éponyme à la sortie du bourg) ainsi qu'un petit hôpital qui semble avoir occupé successivement plusieurs maisons du bourg. Ces établissements charitables, dont les fonctions sont mal différenciées dans les textes anciens, avaient été créés à l'initiative des seigneurs de Montfort et étaient communs aux deux paroisses de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou. Toutefois, chacun de ces lieux apparaissait depuis longtemps comme inadapté à sa fonction, notamment l'insalubre aumônerie, régulièrement inondée par les crues de l'Huisne. De plus, en ce début de XVIIIe siècle, l'ensemble était laissé à la gestion désastreuse de René de Bresseau, frère du marquis de Montfort.

S'indignant contre cette situation, le curé de Montfort, Julien Bigot, intenta à partir de 1709 de longues procédures contre le marquis Louis de Bresseau et obtint que la gestion de l'aumônerie fut confiée à un bureau de direction et qu'un règlement soit établi. C'est dans ce contexte de remise en ordre de l'institution que Julien Bigot décida d'installer aumônerie et hôpital dans un nouvel établissement sain et à l'abri des crues. Dès 1712, un contrat est signé avec la veuve Jeanne Rousteau pour l'achat du bâtiment principal du nouvel hôpital, une maison en rez-de-chaussée avec dépendances, face au cimetière Saint-André et dépendant censitairement du prieuré Saint-Gilles. Ces bâtiments, qui présentent encore des ouvertures chanfreinées, pouvaient dater du XVIIe siècle. Le procès entre le curé Bigot et Louis de Bresseau retarde toutefois les premiers travaux et le déménagement à 1716.

Les premiers aménagements concernent les couvertures, le pavage et le vitrage des bâtiments existants, ainsi que la suppression des portes sur la rue en vue de créer un portail unique sur le carrefour. Des caves sous la maison sont condamnées pour récupérer poutres et carreaux. Une partie des bâtiments de l'ancienne aumônerie, menaçant ruine, est démolie en 1717 pour pourvoir le chantier en matériaux de construction. A cette époque, on décide de dire les messes de l'hôpital à la chapelle Saint-André du cimetière, celle de l'aumônerie étant trop éloignée. La construction d'une nouvelle chapelle est planifiée dès 1717, ainsi que celle d'une grange, d'une boulangerie et d'un lavoir. La clôture est établie en 1718 et un petit bâtiment est démoli pour construire le grand portail : on doit à l'entrepreneur Mathurin Cossonneau la suggestion de le surmonter d'une croix en pierre. Pour les couvertures et sols, 6 000 tuiles et 3 000 pavés sont achetés au sieur Pitton, marchand tuilier à Courceboeufs.

Le principal chantier de 1720-1721 est la construction de la chapelle. L'entrepreneur des travaux de maçonnerie est également Mathurin Cossonneau. En mai, un traité est conclu avec Jean Poupard, charpentier à Savigné-l'Evêque, pour "faire toute sorte de charpente et autres ouvrages de son métier, nommement la charpente du bâtiment nouveau qu'on y édifie actuellement, consistant dans une grande salle et d'une chapelle au bout, à laquelle il y aura un petit clocher". Ce clocher (aujourd'hui disparu) devra s'inspirer de celui de la chapelle du cimetière de Champagné et sera couvert d'ardoise. Les pièces de charpente proviennent d'un bâtiment plus ancien, peut-être de l'ancienne aumônerie ou bien d'une grange dont on a acheté les bois en 1719. En 1722, un contrat est passé avec Nicolas Cottenseau pour la fourniture du lambris de la voûte, des portes et du retable (celui-ci se trouverait aujourd'hui à l'institution libre Notre-Dame, à Saint-Calais). La bénédiction de la cloche est réalisée le 8 septembre 1722, puis celle de la chapelle le 22 novembre 1724. La porte sur cour présente le chronogramme 1720.

L'établissement, parfois appelé hôpital Saint-Jean, est tenu par quelques sœurs de la Charité de la Chapelle-au-Riboul. Il n'est pas saisi à la Révolution car reconnu d'une grande utilité pour le soulagement des indigents. On compte alors quatorze lits pour les malades répartis dans trois dortoirs (voir annexe). On y trouve également une école de filles, laquelle aurait été fondée en 1778. En 1819, il est question de l'aménagement d'un réfectoire pour les sœurs. En 1825, l'hôpital est autorisé à acquérir une maison contigüe pour s'agrandir et aménager un dortoir et une salle de classe pour l'école des filles : les travaux sont réalisés en 1828. Le succès de l'école est tel qu'un petit pensionnat s'y tiendra plusieurs années. La construction d'un bûcher est mentionnée en 1842, puis les travaux d'appropriation d'une salle pour les malades contagieux en 1852. D'autres travaux d'agrandissement prévus pour accueillir plus de malades et vieillards, ainsi qu'une salle d'asile (école maternelle), ne seront pas réalisés.

Selon une enquête de 1867, soit peu avant son transfert dans un établissement neuf et mieux équipé au centre de l'agglomération, l'hôpital possède 18 lits en fer pour 21 malades, quatre en bois pour les sœurs. Il reçoit les malades et les vieillards, mais n'accueille "ni détenus, ni aliénés, ni filles publiques", pas plus que les orphelins, enfants assistés ou d'indigents. Il y a un dortoir pour les incurables vieillards, deux dortoirs pour les malades (hommes et femmes séparés), une salle pour les malades contagieux. Il possède une boulangerie, une basse-cour, mais pas de salle de bains (une seule baignoire dans l'établissement). L'hôpital est tenu par cinq soeurs de la congrégation de la Charité d'Évron (dont deux pour l'école) qui ont remplacé celles de La Chapelle-au-Riboul, assistées par une infirmière et une cuisinière. Les médicaments sont pris chez le pharmacien de Montfort, et un médecin intervient selon les besoins.

Les bâtiments, abandonnés suite à la translation de l'hôpital en 1879, sont divisés en cinq lots et vendus en 1883. La partie principale est achetée par M. Hippolyte Boutroux, riche notable propriétaire du château de la Roche-Breslay, d'une tuilerie et de fours à chaux à Soulitré, ainsi que de la maison de maître au débouché du vieux pont de Pont-de-Gennes. Les bâtiments sont remis en état et offerts en mai 1884 aux sœurs garde-malades de Notre-Dame du Bon Secours, congrégation dont la maison-mère se trouve à Paris. C'est sans doute à cette époque, ou peu après, que la partie centrale est surélevée d'un étage, lui donnant son aspect actuel. Les sœurs du Bon Secours y demeurent une bonne partie du XXe siècle, avant que les bâtiments ne soient de nouveau divisés et revendus. Plusieurs ouvertures, notamment sur le bâtiment à gauche du grand portail, ont été remaniées à la fin du XXe siècle et au début du XIXe siècle.

Les bâtiments de l'ancien hôpital, alignés sur la rue des Dames et couverts de tuile plate, sont orientés au sud-est. On accède à la cour par un portail couvert chanfreiné en plein cintre, surmonté d'une croix en pierre avec l'inscription "JHS HOPITAL DE MONTFORT ET PONT DE GENE". Les bâtiments au nord-est, en rez-de-chaussée, ont été en grande partie transformés. Il subsiste notamment une porte chanfreinée. Il semble qu'il s'agissait, du temps de l'hôpital, du bureau d'administration et de dépendances, avec four et bûcher.

Au sud-ouest du portail s'étendent les principaux bâtiments, à commencer par l'ancienne chapelle sainte-Marie-Madeleine. Elle est accessible directement depuis la rue par une large porte à double battant en anse de panier et à encadrement mouluré, surmontée d'une console et d'une niche où se trouvait une statue (aujourd'hui disparue). Au-dessus, on remarque les derniers vestiges d'un décor peint en blanc, imitant des pilastres en pierre de taille. Côté cour, la chapelle est éclairée par des ouvertures en arc déprimé, à encadrement chanfreiné ou mouluré. Le meneau séparant la porte de sa grande imposte présente la date 1720. Le vantail de la porte, avec ses moulures chantournées, est d'origine. Il semble assez probable que les ouvertures ainsi que la charpente à poinçons et entraits, au style plutôt archaïsant pour le début du XVIIIe siècle, soient issus de remplois, peut-être de bâtiments de l'ancienne aumônerie de Pont-de-Gennes. Le petit clocher qui surmontait le pignon nord de la chapelle a disparu. Le mur-pignon sud, mitoyen avec le reste des bâtiments, présente des ouvertures aujourd'hui murées qui permettaient aux malades de suivre les offices depuis les dortoirs.

Dans le prolongement se trouve un vaste bâtiment à sept travées et d'autres ouvertures disposées sans ordre, dont une lucarne, orné d'un bandeau et d'une corniche. Il fut longtemps simplement en rez-de-chaussée et abritait les grandes salles des malades, avant d'être surmonté d'un étage. Une porte chanfreinée est visible côté rue, ainsi qu'une niche avec une statuette de la Vierge à l'Enfant (récente). Il se prolonge par un autre bâtiment qui possédait déjà son étage lorsqu'il fut rattaché à l'hôpital dans les années 1820. Il abritait le logement des sœurs et la salle de classe. La cuisine se trouvait semble-t-il à la jonction de ces deux bâtiments. Un petit lavoir en ruine subsiste dans la cour, en bordure de l'Huisne.

  • Murs
    • grès moellon enduit
    • calcaire moellon enduit
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • peinture
  • Représentations
    • ornement architectural, pilastre
  • Précision représentations

    Vestige de décor peint (pilastres) au-dessus de la porte principale de la chapelle.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 135 AC 131 et 132. 1842-1883 : hospice de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; GG 2 à 76 et 1 à 13. 1572-1792 : registres paroissiaux de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H 1586. 1721-1724 : prieuré de Pont-de-Gennes, fief et déclarations, déclarations de l'hôpital du même lieu.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 B 1. 1712-1792 : bien-fonds de l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H Dépôt 26 B 3. 1607-1736 : titres de propriété de l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 B 15. 1712-1717 : translation de l'hôpital de Pont-de-Gennes et de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 B 21. 1712-1792 : bien-fonds de l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou et travaux.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 C 1. 1655-1730 : chapelle de l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 E 9 à 12. 1712-1879 : registres des délibérations de l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; H-Dépôt 26 E 64. 1806-1866 : travaux à l'hôpital de Pont-de-Gennes et Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 575. Collection Paul Cordonnier, ancienne commune de Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 1343 (R 146). 1800-1873 : délibérations du conseil municipal de Montfort-le-Rotrou.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 1343 (R 155). 1790-1889 : délibérations du conseil municipal de Pont-de-Gennes.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Q 64. 1801 : statistique des biens nationaux conservés pour un service public.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 X 140 et 141. 1800-1940 : hospice de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes, délibérations, ventes et échanges, divers.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 1106. Papiers concernant la paroisse de Pont-de-Gennes.

Bibliographie

  • DEBUISSER, J.-P. Histoire de Pont-de-Gennes, Montfort-le-Rotrou, Saussay (avant 1789). Pont-de-Gennes : 1981.

    p. 13, 95, 110-113
  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1204
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    p. 484
  • ROBVEILLE, Alphonse. Montfort-le-Gesnois, seigneurie et paroisse de Montfort-le-Rotrou. Paris : Res Universis, 1991.

    p. 48, 81

Périodiques

  • BELLEE. "Maître Julien Bigot, curé de Montfort, et l'hôpital de Montfort-le-Rotrou". Bulletin de la Société d'Agriculture, Sciences et Arts de la Sarthe, 1871.

    p. 358-380
  • ROBVEILLE, Alphonse, FROGER, Louis. "La communauté d'habitants de Pont-de-Gennes". La Province du Maine, 1908.

    p. 392-394
  • ROBVEILLE, Alphonse. FROGER, Louis. "La communauté d'habitants de Pont-de-Gennes" (suite et fin). La Province du Maine, t. 17, 1909.

    p. 24-30, 32-33, 36-38

Documents figurés

  • 1836 : plans cadastraux napoléoniens de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes. (Archives départementales de la Sarthe ; PC\208 et 244).

  • 2e moitié 19e siècle : plans sommaires des bâtiments de l'hôpital de Pont-de-Gennes. (Archives départementales de la Sarthe ; 1 X 141).

  • Collection Goisedieu de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Montfort-le-Gesnois. (Collection particulière).

Annexes

  • L'hôpital de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes en 1724.
  • L'hôpital de Montfort-le-Rotrou et Pont-de-Gennes en 1804.
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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