Dossier d’œuvre architecture IA44004447 | Réalisé par ;
  • inventaire topographique
Halles, place Saint-Aubin
Œuvre étudiée
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Guérande - Guérande
  • Commune Guérande
  • Adresse place Saint-Aubin
  • Cadastre 1989 AK 124

La première mention de la halle de Guérande date de 1400. Plusieurs actes de 1472, 1478 et de 1681 permettent de situer les anciennes halles sous l'édifice actuel, soit au cœur même de la cité. Entre 1500 et 1506, l'évêque y pratique de fréquents travaux d'entretien dont il est difficile d'estimer l'importance puisque les comptes réunissent les frais engagés pour la cohue et le manoir épiscopal. Les revenus dégagés par les halles sont alors partagés entre l'évêque et les chanoines de Guérande.

Pour Henri Quilgars, l'évêque fait remplacer cette cohue par une nouvelle halle au cours du 17ème siècle. Selon Marianne Idier, cette construction intervient en 1686. Tous deux voient là l'origine du bâtiment en pierre et bois qui perdure jusqu'en 1911. La façade principale sur la place centrale de Saint-Aubin développe alors deux ailes latérales basses à pans inclinés. Les deux petites portes latérales et les deux oculi encadrent une grande porte cintrée ouvrant sur la halle aux blés en rez-de-chaussée. Le vaisseau central surélevé, formant un volume de type basilical plus étroit et à simples croupes droites, accueille l'auditoire de justice à l'étage, tout comme à Auray, Bécherel, Guingamp, La Roche-Bernard, Moncontour, Plouescat, Quimperlé.

En 1681, la cohue est constituée de quatorze estaux. Mais, le 4 juillet 1712, l'auditoire du siège royal de Guérande est déjà qualifié d' ancien et caduque, menaçant ruine en plusieurs endroits. Les réparations engagées en 1712-1713 pour 550 livres concernent le plancher de l'auditoire, le plancher de la chambre du conseil, le siège des juges et les bancs des avocats et procureur, une grande fenêtre sur le pignon sud, une croisée au bas de l'auditoire au sud, une salle lambrissée avec deux lucarnes à l'ouest identiques à celles de l'est, la pose de vitres, une couverture d'ardoises.

Si les halles appartiennent encore en 1790 à l'évêché de Nantes, un arrêt du conseil du 29 mars 1773 attribuait aux communautés l'entretien et la réparation des auditoires et des prisons sous prétexte que s'il en doit résulter une dépense pour les villes, elles en sont indemnisées par les avantages que leur procure l'établissement des juridictions. Sous l'Ancien Régime, on trouve ainsi à l'étage de la halle de Guérande les sièges des juridictions de l'évêché, de Careil, de Cardinal, de Beaulieu, de Crémeur - au total 24 juridictions seigneuriales -, ainsi que celui de la cour royale de Guérande. À l'est de la halle, une petite maison accueille le poids du roy. La Grand'Chambre d'audience sert également de maison de ville. Le tiers état de la sénéchaussée s'y réunit le 1er avril 1789 pour élire les députés et rédiger les doléances.

Le 27 novembre 1797, Jean Mahé, musicien loue les deux salles hautes afin d'en faire un cabaret.

En 1853, la population, pour des raisons d'hygiène, réclame une nouvelle halle, l'ancienne étant jugée obscure et incommode. Le projet, envisagé sur les jardins autour de la place Sainte-Anne, avorte. Plusieurs magasins autour de l'ancienne halle sont détruits en 1859 afin, grâce à des lucarnes, d'accroître la clarté intérieure. L'établissement de greniers, un temps envisagé dans une partie du toit, est finalement repoussé. En 1862, la toiture, ébranlée par la destruction récente des bâtiments périphériques, est refaite de façon plus régulière.

En 1910, autant pour des raisons esthétiques que d'hygiène, la nécessité d'une nouvelle halle s'impose. L'architecte communal Jean Liberge s'attache au projet. La municipalité, propriétaire de l'emprise foncière de la vieille halle, retient par économie cet emplacement pour asseoir la future construction. Le nouveau projet demande l'acquisition de la maison voisine appartenant à M. Gourdon (ruelle du Vieux Marhé aux Grains), le déplacement de la justice de paix et de la salle de la Société de secours mutuel. La halle est achevée en 1912. Une nouvelle mise aux normes du bâtiment est entreprise le 14 mai 2005.

Le plan quadrangulaire irrégulier reste intégré dans l'alignement de la construction précédente, conservant une ruelle étroite sur l'arrière du bâtiment. Le traitement de la façade principale, sur la place Saint-Aubin, propose un parement de granit soigné, à bossages pour les trois piliers, plus simple pour les deux hautes arcades en plein cintre et les rampants du pignon. Sur le moellon apparent, matériau évoquant une construction vernaculaire, se détache le blason de la ville de Guérande portant dix-huit hermines disposées en diamant surmontées d'une couronne supportant trois tours. La façade arrière, bien plus modeste, porte au-dessus de deux assises parementées une élévation de moellons percée de deux arcs de briques.

Encore fermé par les anciennes grilles de ferronnerie récemment doublées de grandes baies vitrées à armatures métalliques, l'intérieur dégage un large espace de vente central. Des montants parementés supportent deux rangées basses d'arcades latérales de briques. Sur les quatre arcades occidentales, les deux centrales présentent encore une fenêtre d'aération couverte de briques mais désormais bouchée. Seules deux arcades ont été construites au sud-est ; le sommier nu du montant le plus au sud indique une interruption de chantier et un changement de parti architectural. Trois fenêtres munies de volets de ventilation occupent l'élévation, deux à l'ouest, une au sud-est. Quatre fermes métalliques sur tirants et à treillis soutiennent le couvrement d'ardoises. Au zénith, un lanterneau éclaire l'axe de la halle.

  • Murs
    • granite
    • brique
    • pierre de taille
    • moellon
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    en rez-de-chaussée
  • Couvertures
    • toit à longs pans
    • pignon couvert
  • Statut de la propriété
    propriété publique

Documents d'archives

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. B 1511. Addition de 1681 au papier rentier de la réformation de 1679 : la halle se debourne d´un bout de la porte du cimetiaire de l´eglise Saint-Aubin dudit Guerrande, reüe entre deux, d´autre a la prison de ladite ville a present ruisnee aussy le pavé entre deux.

    f° 1925 v°.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 173. Lauditoire du siege royal de Guerrande est si ancien et caduque quil menace ruine en plusieurs endroits ; Dans l´auditoire : au plancher avec dessous un parquet, il se trouve quil faut changer douze planches qui sont gatées et pouriës en plusieurs endroitz, et les meilleures seront employées a boucher les troux du plancher au bas de lauditoire. 4 juillet 1712.

    l. 58.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 173. Réparations ordonnées à l´auditoire du siège royal et des prisons royaux par arrêt du conseil du roi du 29 novembre 1712 : 29 novembre 1712 : Mémoire de l´argent quejay avancé a pierre Tressel et Quellien Bertin pour lauditoire pour la somme de 550 livres : dont marchand d´ardoises, pour acheter des cloux à la foire ; vitres et targettes, carreaux, 4 charettées de terre, le blanchisseur de la prison. Ordonnance de monseigneur l´intendant du 19 nbre ensuivant 20 décembre 1712 [identique à ce qui suit]. Bail à rabais des réparations de l´auditoire du siège royal de Guérande et les prisons royaux de ladite ville, 26 février 1713] : adjudication des réparations a faire à l´auditoire du siège royal de Guerrande.

    l. 46-49.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. C 173. Tiré d'un devis non daté : il faudra a la grand fenestre au pignon du midy donnat sur les prisons une pierre dapuy de 5 pieds et demi de long.

    l. 57.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. E 74/14. Année 1400.

    f° 28.
  • Archives départementales de Loire-Atlantique. G 747. Acte conclu hors lieu sainct entre le cimetière de Saint-Aubin et la cohue. 29 octobre 1478.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. 198 J 75. Acte au sujet de la rue et du pavé de la voie qui relie la cohue à la porte mortualle de la collégiale Saint-Aubin. 23 décembre 1472.

  • Archives départementales de Loire-Atlantique. 2 O 626. Projet de l´architecte Liberge (1911-1912) : plan, coupe, élévations.

  • Archives départementales d'Ille-et-Vilaine. C 118. 1773, 29 mars.

  • Archives communales de Guérande. 1 M 15. Nouvelles halles de Guérande : Demolistion des anciennes halles et de la maison Gourdon : série de prix, notes, délibérations, plan (calques), acte de session à l'amiable, règlement de mitoyenneté, coupe, relevé des décomptes des entreprises, devis, cahier des charches, affiche, procés verbal d'adjudication. 1909-1916.

  • Les halles de la place Saint-Aubin inaugurées, Ouest-France, 19 mai 2005.

Bibliographie

  • DÉGEZ, Albert. Vannes, la cohue. Congrès archéologique de France, Morbihan, 141ème session, 1983, éd. 1986.

    p. 351-360.
  • DUPUY, André. L´administration municipale en Bretagne au XVIIIème siècle. Annales de Bretagne, t. 3, Rennes, avril 1888.

    p. 56.
  • DUVAL, Michel. Foires et marchés en Bretagne à travers les siècles, Breizh Hor Bro, Le Pradi-Trédion, Elven, 1982.

  • GALLICÉ, Alain. Guérande au Moyen Âge. Guérande, Le Croisic, le pays guérandais du milieu du XIVe au milieu du XVIe siècle, Presses universitaires de Rennes, 2003.

    p. 159-160.
  • GALLICÉ, Alain. Les régaires de l´évêque de Nantes à Guérande au début du XVIème siècle (1500-1506) : étude de compte. Soc. Archéol. hist. Nantes, t. 129, 1993.

    p. 29, 31, 34, 35 et 54.
  • IDIER, Marianne. Tradition et modernité d'un édifice d´utilité publique : halles et marchés en Loire-Atlantique XVIIIème-XXème, École d´architecture de Nantes, TPFE, 1996.

    p. 114-115.
  • LA NICOLLIÈRE-TEIJEIRO, Stéphane de. Armorial des évêques de Nantes. Nantes, impr. Charpentier, 1868.

    p. 34.
  • LELOUP, Daniel. Halles de Bretagne, cinq siècles d´histoire. Rennes, éditions Apogée, 1999.

    p. 19, 24, 26, 27, 36, 37, 62, 93 et 98.
  • MAURY, Michel. L'auvergnat Jean Riom, acheteur de biens nationaux à Guérande. Assoc. préhist. hist. Saint-Nazaire, n° 68, 2004.

    p. 63.
  • QUILGARS, Henri. À travers la ville de Guérande. Guide historique et archéologique. Nantes, 1913.

    p. 33.

Annexes

  • Réparations ordonnées à l´auditoire du siège royal et des prisons royaux par arrêt du conseil du roi du 29 novembre 1712 : 29 novembre 1712 : Mémoire de l´argent quejay avancé a pierre Tressel et Quellien Bertin pour lauditoire pour la somme de 550 livres : dont marchand d´ardoises, pour acheter des cloux à la foire ; vitres et targettes, carreaux, 4 charettées de terre, le blanchisseur de la prison. Ordonnance de monseigneur l´intendant du 19 nbre ensuivant 20 décembre 1712 [identique à ce qui suit]. Bail à rabais des réparations de l´auditoire du siège royal de Guérande et les prisons royaux de ladite ville, 26 février 1713] : adjudication des réparations a faire à l´auditoire du siège royal de Guerrande (Archives départementales de Loire-Atlantique ; C 173).
  • GALLICÉ, Alain. Guérande au Moyen Âge. Guérande, Le Croisic, le pays guérandais du milieu du XIVe au milieu du XVIe siècle, Presses universitaires de Rennes, 2003.
  • GALLICÉ, Alain. Les régaires de l´évêque de Nantes à Guérande au début du XVIème siècle (1500-1506) : étude de compte. Soc. Archéol. hist. Nantes, t. 129, 1993.
Date(s) d'enquête : 2006; Date(s) de rédaction : 2006
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Guérande