Dossier d’œuvre architecture IA53000059 | Réalisé par
Eraud Dominique
Eraud Dominique

Conservateur du patrimoine, chercheur à l'Inventaire général, conservateur des Antiquités et Objets d'Art de la Mayenne.

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Garnavault Sylvie
Garnavault Sylvie

Chercheure à l'Inventaire général du patrimoine culturel (Mairie de Laval).

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  • inventaire topographique, Laval centre
  • enquête thématique régionale, Auguste Alleaume peintre-verrier
Établissement de bains dit bains-douches municipaux, 32 quai Albert-Goupil, Laval
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Laval centre - Laval Est
  • Commune Laval
  • Adresse 32 quai Albert-Goupil
  • Cadastre 1973 CE 9
  • Dénominations
    établissement de bains
  • Appellations
    dit bains-douches municipaux
  • Parties constituantes non étudiées
    logement

Influencée par les préoccupations hygiénistes développées par le milieu médical depuis la fin du XIXe siècle, la Ville de Laval, sous l'impulsion de son maire Eugène Jamin, décide en 1923 de doter la ville d'un établissement de bains publics. Avant cette date, seule la commission des hospices met des bains à disposition de la population. Certains Lavallois peuvent ainsi prendre leur douche à l'hôpital Saint-Julien.

C'est à Léon-Henri Guinebretière, jeune architecte lavallois recruté sur concours, qu'est confiée la construction du bâtiment sur un terrain municipal. En partie financés grâce à des crédits de l’État, les bains-douches sont inaugurés le 27 janvier 1927. Ont notamment participé à la réalisation ce ce "palais social" : l'entreprise Brisard pour le gros-œuvre, le mosaïste Isidore Odorico fils, les serrureries lavalloises Bourny-Gaillard et Jamois, les menuisiers parisiens Leroux et Levet ainsi qu'Auguste Alleaume, peintre-verrier lavallois, qui réalise notamment le vitrail de la fenêtre située au-dessus du bureau d'accueil. Un menuisier-ébéniste lavallois, monsieur Bouvier, a conçu les menuiseries du sas d'entrée.

En 1927, l'établissement qui est dirigé par un directeur locataire, est ouvert quatre jours par semaine : les mercredi, jeudi, samedi et dimanche. Les tarifs pour 30 minutes (y compris l'habillage et le déshabillage) sont alors de deux francs pour un bain et d'un franc pour une douche (trente centimes pour les scolaires). En 1935, pas moins de 11 771 douches et 3 983 bains sont ainsi vendus. En 1948-1949, d'importants travaux intérieurs sont réalisés afin d'augmenter la capacité d'accueil du bâtiment. La travée d'entrée est ainsi vidée de son comptoir et subdivisée en quatre cabines de douches par des cloisons en béton armée. Deux nouvelles salles de bain sont également ajoutées tandis qu'à l'extérieur les façades sud et ouest sont remaniées (par l'entreprise Cattirolo ?). Après 1981, les bains-douches de moins en moins rentables en raison de l'augmentation du coût du chauffage, sont municipalisés et gérés en régie. En 1998, une douche coûte 9,80 francs et un bain, 12,00 francs. Peu avant leur fermeture définitive en 2003, ils sont uniquement ouverts le vendredi et le samedi et n'attirent plus qu'une quinzaine de personnes.

En 2010, le bâtiment obtient le label Patrimoine du XXe siècle et quatre ans plus tard, il est inscrit dans sa totalité au titre des monuments historiques. En 2017, il fait l'objet d'une restauration-réaffectation pilotée par le cabinet Architrav d'Angers qui lui redonne son aspect d'origine avec le vitrail d'Alleaume et la banque d'accueil restitués. Cette opération a bénéficié de dons de mécènes : Lavallois, Fondation du Patrimoine et Crédit Agricole notamment.

Bâtiment Art déco au rez-de-chaussée surélevé. La façade antérieure utilise la pierre de taille de calcaire sur un socle en granite. Les élévations latérales et postérieure combinent briques et moellons de calcaire bleu enduits de ciment. Côté rue, la façade est percée d'une enfilade de neuf petites fenêtres quadrangulaires placées très haut. Ces ouvertures sont réparties de part et d'autre d'une porte d'entrée désaxée.

A l'intérieur, un sas d'entrée permet d'accéder à un grand vestibule couvert d'une voûte en berceau se développant sur toute la profondeur du bâtiment. Fermé par des doubles portes vitrées, ce hall d'entrée distribue seize cabines de douches ainsi qu'un W.-C. et six cabines de bains (quatre à l'origine). Leurs dimensions répondent à des normes nationales précises : les cabines de douches mesurent 4 m2 et les cabines de bains 7 à 8 m2. Le large couloir menant aux douches est éclairé par une verrière métallique. Son extrémité nord accueille un banc intégré dans la maçonnerie. Ce type de siège se retrouve dans le corridor des cabines de bains.

Pour des raisons de facilité d'entretien, de résistance à l'humidité et de mise en œuvre abordable, les sols, les murs et les bacs de douches sont revêtus de mosaïques en tesselles de grès cérame et de pâte de verre parfois rehaussée de feuille d'or.

Le sous-sol renfermait la chaufferie.

La maison construite à l'arrière du bâtiment accueillait une salle commune, une laverie et, à l'étage, le logement du gardien.

  • Murs
    • calcaire pierre de taille
    • granite pierre de taille
    • pierre moellon enduit
    • brique
  • Toits
    métal en couverture, verre en couverture
  • Plans
    plan rectangulaire régulier
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée surélevé
  • Couvrements
    • voûte en berceau
  • Couvertures
    • terrasse
  • État de conservation
    restauré
  • Techniques
    • vitrail
    • mosaïque
    • ferronnerie
    • sculpture
    • menuiserie
  • Représentations
    • colonne
    • ornement architectural
    • fleur
    • feuille
    • ornement végétal
    • armoiries
  • Précision représentations

    La signature de l'architecte accompagnée des abréviations DPLG est gravée à l'extrémité droite de la façade sur rue. L'entrée du bâtiment est signalée par un fronton à pans coupés portant l'inscription "BAINS-DOUCHES MUNICIPAUX" au lettrage Art déco sur un fond de peinture dorée. La corniche incurvée arbore une frise néo-égyptienne constituée d'ondes, de fleurs et de feuilles de nénuphars stylisés. Les fenêtres sont flanquées de colonnettes dont les chapiteaux prennent la forme de congélations aux contours simplifiés. Les ouvertures sont précédées de ferronneries martelées adoptant les lignes droites caractéristiques du style Art déco. Ces lignes convergent vers un cartouche renfermant un ou plusieurs motifs en spirale. Le seuil de l'entrée est marqué par un paillasson en mosaïque dont l'unique sujet représente les armoiries de la Ville de Laval ("de gueules au léopard d'or"). La partie supérieure des lambris de demi-revêtement en mosaïque figure des frises dorées desquelles s'échappent des ornements constitués de deux lignes bleues s'apparentant à des stalactites. Le fond azur des bacs de douche est éclaboussé de gouttes d'or en tesselles disposées de manière concentrique. Les sols des couloirs et du hall d'accueil sont pavés de mosaïque à majorité bleu composant de grands tapis cernés de bordures noires et blanches.

  • Statut de la propriété
    propriété publique
  • Intérêt de l'œuvre
    à signaler
  • Protections
    inscrit MH, 2018/12/18
  • Précisions sur la protection

    Bains-douches (cad. CE 198 et 199) : inscription par arrêté du 18 décembre 2014.

Bâtiment dont l'architecture et le décor intérieur forment un ensemble totalement harmonieux. Les mosaïques parfaitement conservées constituent son élément le plus remarquable. Par ses motifs et ses dégradés de bleu, ce luxueux décor réalisé par Isidore Odorico fils (1893-1945) évoque l'univers aquatique et l’œuvre de l'artiste viennois Koloman Moser. Bien que de dimensions modestes, les bains-douches se caractérisent par la modernité de leur architecture rappelant aussi les créations de la Sécession viennoise.

Bibliographie

  • GUENE, Hélène. Odorico mosaïste, un atelier de mosaïstes italiens en en Bretagne et en Anjou, 1882-1978. Th. univ. : Histoire de l'art : Rennes II : 1984.

  • LEMAITRE, Capucine, ENOQ Daniel. Photogr. Hervé Ronné. Odorico, l'art de la mosaïque. Rennes : Éditions Ouest-France, 2018.

    p. 106-109
  • VILLEBRUN, Xavier. Les bains-douches Art Déco lavallois. Le Mans : Éditions de La Reinette, 2017.

  • [Exposition. Rennes, Musée de Bretagne Les Champs Libres, 2009-2010]. Odorico, 100 ans de mosaïques. Rennes : Éditions Apogée, 101 p.

Périodiques

  • BARDY, Céline. Les bains-douches aux portes de la renaissance. Ouest-France, 13 octobre 2014.

    p. 8
  • BRECHAUD, R. Établissement des bains-douches de Laval. Carto-Mayenne, n° 39.

    p. 22-43
  • GRUAU, Jean-Christophe. Les Bains-Douches de la ville de Laval. Laval infos, n° 27.

    p. 20-21
  • MOREAU, Julien. De la culture dans les Bains-Douches. Le Courrier de la Mayenne, 5 juin 2014.

    p. 43
  • NEDELEC, Guillaume. Les anciens des bains-douches se souviennent. Ouest-France, 23 octobre 2014.

  • PICHARD, Mikaël. Une seconde vie pour les bains-douches. Ouest-France, 3 juin 2014.

Documents figurés

  • Ville de Laval. Établissement de bains-douches. Façade principale. [Dessin de la façade antérieure des bains-douches, 32 quai Albert-Goupil à Laval] / dessiné par Léon-Henri Guinebretière. Laval : 1924. 1 dess. : encre noire sur papier.

    Archives municipales, Laval
  • Ville de Laval. Établissement de bains-douches. Quai d'Avesnières. [Plan du rez-de-chaussée des bains-douches, 32 quai Albert-Goupil à Laval] / dessiné par Léon-Henri Guinebretière. Laval : 1924. 1 dess. : encre noire sur papier et lavis.

    Archives municipales, Laval
  • Ville de Laval. Établissement de bains-douches. Plan de l'étage. Plan du sous-sol. [Plan du sous-sol et de l'étage des bains-douches, 32 quai Albert-Goupil à Laval] : dessiné par Léon-Henri Guinebretière. Laval : 1924. 1 dess. : encre noire sur papier et lavis.

    Archives municipales, Laval
  • Ville de Laval. Établissement de bains-douches. Coupe transversale. [Coupe transversale des bains-douches, 32 quai Albert-Goupil à Laval] / dessiné par Léon-Henri Guinebretière. Laval : 1924. 1 dess. : encre noire sur papier et lavis.

    Archives municipales, Laval
  • Ville de Laval. Établissement de bains-douches. Coupe longitudinale. [Coupe longitudinale des bains-douches, 32 quai Albert-Goupil à Laval] / dessiné par Léon-Henri Guinebretière. Laval : 1924. 1 dess. : encre noire sur papier et lavis.

    Archives municipales, Laval

Documents multimédia

  • TONDREAU, Viviane. Léon-Henri Guinebretière (1892-1965), architecte départemental de la Mayenne. La Mayenne, archéologie, histoire. [en ligne]. N° 2014 [20.01.2018]. Accès Internet : <https://archives.lamayenne.fr/publication/leon-henri-guinebretiere-1892-1965-architecte-departemental-de-la-mayenne>

Annexes

  • Paroles d'usagers et d'employés
Date(s) d'enquête : 1981; Date(s) de rédaction : 1995, 2017
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Ville de Laval
Eraud Dominique
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