Dossier d’œuvre architecture IA72059002 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Église Saint-Martin, place de l'Église
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Commune Semur-en-Vallon
  • Adresse place de l' Église
  • Cadastre 1831 C4 444  ; 2019 AD 77

Si Semur est mentionné, semble-t-il, à partir de la période carolingienne (Actus Pontificum Cenomannis), et avec plus de certitudes au XIe siècle (cartulaire de l’abbaye de Saint-Calais), l’existence de la paroisse et de l’église n’est clairement établie qu’avec les pouillés de la province ecclésiastique de Tours, à partir du XIVe siècle. S’il ne fait guère de doute que l’église est plus ancienne, aucun élément architectural ne peut être attribué de façon certaine à la période romane. La maçonnerie ne conserve pas non plus de trace nette des éventuels agrandissements de l’église, dont seuls le désaxement de la nef et du chœur et l’imbrication des toitures de hauteurs différentes témoigne. De plus, il est bien difficile d’interpréter et de dater les traces de baies cintrées murées visibles sur la chapelle sud : il s'agirait plus volontiers d'un archaïsme que d'ouvertures romanes. En 1902, le curé de la paroisse indique que cette chapelle, dite du château, était le lieu d’inhumation des seigneurs de Semur. Ceci semble confirmé par la donation d’un nouveau presbytère par Louise de Beauxoncles en 1652, en échange de messes basses "en l’honneur de la Vierge en la chapelle de l’église pour le repos de l’âme de ladite dame".

De nombreux éléments attestent des profondes transformations opérées à la fin du XVe siècle ou au début du XVIe siècle : la forme des fenêtres, en arc brisé ou trilobé, à remplage flamboyant pour l’une. Le chœur est ensuite construit ou bien agrandi du curieux bas-côté nord dont le pilier porte la date 1539. Les lambris peints du chœur datent sans doute de la même campagne : aucune signature n’est visible, mais à la même époque, un certain Mathurin Dolibon, de Semur, lambrissait les églises d’Artins, de Lavaré et de Coudrecieux. La chapelle sud pourrait dater d'une époque rapprochée. Peu de travaux sont à signaler par la suite. Le portail principal et la petit porte latérale pourraient dater de l’époque moderne (?). Des devis sont dressés pour des travaux "au chœur et chancel" en 1743 puis pour renouveler la couverture en 1818. Dans la 1ère moitié du XIXe siècle, une tribune éclairée par un oculus est aménagée par M. de la Goupillière, marquis de Dollon, puis de nouveaux retables sont installés. Des travaux de charpente sont signalés par les comptes de fabrique dans les années 1835. Une nouvelle sacristie est édifiée en 1876 par l’entrepreneur Guillochon sur les plans de l’architecte Ernest Rodier. La porte primitive de la chapelle sud s'en trouvant masquée, une nouvelle porte est percée de l’autre côté, dont le auvent est de construction récente.

La nef était surmontée d’un haut clocher comprenant une souche octogonale d’environ 7 mètres percée de lucarnes et une flèche de 11 à 12 mètres, selon un rapport de l’architecte départemental Durand : il y précise qu’il était probablement postérieur à la charpente de la nef qui peinait à le supporter. Dès 1868, on signale son mauvais état, étant "en grande partie dépouillé de ses ardoises" et soumis aux infiltrations. En 1881, un devis pour des réparations urgentes, mais sans doute insuffisantes voire non réalisées, est fourni par le charpentier René Clément. En 1902 le curé signale la chute d’une des lucarnes. En 1908, face à la menace de l’effondrement, la municipalité obtient l’autorisation de déposer la flèche et envisage même la démolition de l’église. Conservée et coiffée d’un petit toit, la souche octogonale du clocher s’effondre le 20 janvier 1918 suite à un coup de vent, emportant la toiture de la nef. Celle-ci est reconstruite en 1920 aux frais de M. de Réverseaux, châtelain de Semur, et grâce à une souscription auprès des habitants. Pendant la période d’interdiction de l’église liée au danger, en 1913, M. Lécureux, chargé de l’étude des peintures murales du Maine, met au jour sur le mur nord de la nef un décor de la fin du XVIe siècle représentant la lapidation de saint Étienne, aujourd’hui disparu.

La voûte lambrissée de la nef est réalisée dans un second temps comme en témoigne l’inscription visible depuis la tribune : "Voûte faite en 1949 par M. le curé Marchault M. Barbet ma. aider de M. G. Fouquet et ses fils et de Guibert L. entreprit par Mme la marquise de Réverseaux bois scier par M. R. Lebis mars 1949". Elle s’inspire de celle du chœur par ses motifs mais ne reprend pas les blasons armoriés évoqués par Léopold Charles avant l’effondrement. Deux anciens entraits de charpente, devenus inutiles car remplacés par des tirants métalliques, ont été posés à la verticale pour supporter le petit clocher carré édifié au-dessus de la tribune. On en devine encore un peu les couleurs d’origine, rouge et blanc, également attestées par un écrit de Léopold Charles. Une partie de la toiture est refaite en 1970, les vitraux sont restaurés en 1986.

Dédiée à saint Martin, l’église de Semur-en-Vallon est orientée, c’est-à-dire que le chœur fait face à l’est. Son plan, très simple, comprend une nef rectangulaire, un chœur presque carré, plus bas et plus étroit, agrandi d’une sorte de bas-côté au nord, ainsi qu’une chapelle seigneuriale accolée au sud. Le presbytère occupait le flanc nord avant 1652, et le cimetière le flanc sud avant 1818.

Les murs présentent un appareillage de moellons de grès, grison, calcaire et silex. La nef possède deux portes, l’une en plein cintre, chanfreinée et surmontée d’un oculus ovale, sur le mur-pignon occidental, l’autre à linteau droit orné d’un cadran solaire sur le mur sud. Deux fenêtres éclairent la nef au sud, l’une en arc brisé à remplage flamboyant, l’autre en plein cintre, à arc trilobé. Le mur nord est aveugle. Le petit clocher carré, essenté et couvert d’ardoise, surmonte le mur-pignon : il abrite deux cloches de 1779 ainsi que celle provenant de l’ancienne chapelle des Seysses aujourd’hui détruite. Le chevet, épaulé dans l’angle sud-est d’un gros contrefort, présente la trace d’une grande baie murée. Trois petites ouvertures éclairent le bas-côté en appentis au nord, tandis que la chapelle seigneuriale au sud présente une grande fenêtre en arc brisé à moulures prismatiques, ainsi que les traces de trois petites ouvertures cintrées dont les arcs sont faits de tuiles juxtaposées (dont deux placées au sommet du pignon). Il subsiste tout autour de l’édifice une corniche en quart-de-rond ainsi que de nombreuses traces d’une litre funéraire en plâtre mais dont les armoiries ont été entièrement effacées. La sacristie, placée dans l’angle entre le chœur et la chapelle, est ornée d’un solin en brique et d’une corniche moulurée, et percée de deux fenêtres à appui commun et à linteaux à accolades. On retrouve ce motif à la porte actuelle de la chapelle, placée sous un petit auvent récent.

A l’intérieur, au revers du pignon occidental, se trouve une tribune très simple en bois, desservie par un escalier tournant. Deux anciens entraits au décors de bagues caractéristiques du XVe ou du XVIe siècle ont été placés verticalement pour supporter le poids du clocher. Sous la tribune se trouvent le confessionnal et les fonts baptismaux entourés d’une balustrade en bois. Sur la tribune sont visibles le mécanisme de l’horloge de l’église orné d’une plaque gravée "Arnouillaut mairie 1er septembre 1874" ainsi qu’une bannière mariale de 1843. On peut également y observer la dédicace de la restauration du lambris de 1949 : ce dernier est orné de motifs géométriques et floraux stylisés reprenant ceux du chœur. Des tirants en fer ont remplacé les entraits en bois. A l’entrée du chœur, de part et d’autre de l’arc triomphal en plein cintre, sont disposés deux petits retables en bois, l’un dédié à la Vierge, l’autre à saint Joseph. Le Christ en croix en bois, daté du XVIIe siècle, placé sur le mur nord de la nef, occupait auparavant le sommet de l’arc triomphal. Il est classé au titre des Monuments Historiques depuis 1952.

Le chœur est couvert d’une voûte lambrissée à quatre pans ; les entraits et les poinçons ont été sciés probablement pour dégager la vue sur le haut du retable. Le décor peint se compose de motifs simples et grossiers, géométriques ou végétaux, mais aussi de têtes d’angelots ou masques à cornes reliés par des guirlandes. Certains éléments, en rupture avec la continuité du décor, ont été remontés. Des médaillons peints de motifs divers (têtes humaines, tête de diable, tête de mort, fleurs, oiseaux, agneau ?) sont cloués sur le lambris. Le mur oriental est masqué par un grand retable en bois tripartite, orné de colonnes cannelées à chapiteaux corinthiens, garni des statues de saint Martin et saint Étienne de part et d’autre d’un tableau représentant l’Ascension. L’entablement et le fronton cintré sont surmontés de statues d’anges en adoration et de la Vierge à l’Enfant. L’étroit bas-côté nord du chœur, parfois assimilé à une chapelle seigneuriale (ce qui semble inexact) en est séparé par deux arcs en plein cintre retombant sur un pilier central. Celui-ci possède un chapiteau sculpté de feuillages, de volutes et d’un cartouche daté 1539. Du sommet de la corbeille émerge, sur chaque face, un élément figuré : un ange tenant un phylactère, Dieu bénissant tenant le globe, une tête de lion et un squelette. Le bas-côté est couvert d’une voûte lambrissée en quart de rond où l’on retrouve les traces de motifs ornementaux. Une petite niche avec lavabo y est également visible.

De l’autre côté du chœur, la chapelle seigneuriale est accessible par un grand arc en plein cintre. La charpente et le lambris ont été repeints en bleu avec un semis de fleurs de lys. Certaines lattes ont été remplacées par des éléments de remploi où l’on retrouve des motifs semblables à ceux du chœur. L’autel est dédié au Sacré-Cœur. La porte d’accès primitive, chanfreinée et à arc en anse de panier, donne aujourd’hui dans la sacristie, elle-même accessible par une autre porte à accolade donnant dans le chœur. On remarque sur les murs, ainsi que dans l’ensemble de l’église, les traces d’une litre funéraire en grande partie effacée. Un seul des blasons, repeint, demeure lisible aujourd’hui, dans le bas-côté nord. Il présente un écartelé des armoiries des familles de Picher (acquéreurs de la terre de Semur en 1643), de Beauxoncles et de Montmorency : aux 1 et 4 d’argent à trois pichets de sable, au 2 d’azur à trois coquillages d’or, au 3 d’or à la croix de gueules cantonnée de seize alérions d’azur (repeints en fleurs de lys).

  • Murs
    • grès moellon
    • calcaire moellon
    • silex moellon
  • Toits
    tuile plate, ardoise
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
    • charpente métallique apparente
    • lambris de couvrement
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • État de conservation
    état moyen
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • ornement géométrique
    • ornement végétal, fleur de lys
    • ornement animal, oiseau, agneau, lion
    • ornement figuré, tête d'homme, tête de femme, tête de mort, ange, squelette
    • ornement en forme d'objet, litre funéraire
    • armoiries
    • sujet chrétien, Dieu le Père
  • Précision représentations

    Linteau de la porte sud de la nef orné d'un cadran solaire.

    Voûte lambrissée peinte de motifs géométriques ou végétaux, de têtes d’angelots ou masques à cornes reliés par des guirlandes, et ornée de médaillons représentant des têtes humaines, une tête de diable, une tête de mort, des fleurs (fleur de lys), des oiseaux, un quadrupède (agneau?).

    Pilier du bas-côté à chapiteau sculpté de feuillages, de volutes, d'un ange tenant un phylactère, de Dieu bénissant tenant le globe, d'une tête de lion et d'un squelette.

    Litre funéraire extérieure et intérieure avec vestiges d'armoiries.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 210 AC 4 à 7 et registre non coté. 1827-1918 : délibérations du conseil municipal de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 210 AC 28. 1881 : devis de René Clément pour des travaux de réparation à la toiture de l’église de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; G 890. 1617-1774 : presbytère et domaine de la cure de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 608. Collection Paul Cordonnier, commune de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 342/6. 1817-1920 : église Saint-Martin de Semur-en-Vallon.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 5 V 262. 1816-1906 : comptes de la fabrique de Semur-en-Vallon.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîtes 1396 et 1397. Papiers concernant la paroisse de Semur-en-Vallon.

  • Archives municipales de Semur-en-Vallon. 1945 à nos jours : registres de délibérations du conseil municipal.

Bibliographie

  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1648-1649
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 6, p. 100
  • VALLÉE, Eugène. Dictionnaire topographique du département de la Sarthe, comprenant les noms de lieux anciens et modernes, revu et publié par R. LATOUCHE. Paris, Imprimerie nationale, 1952.

Périodiques

  • TRIGER, Robert. "L’église de Semur". Revue Historique et Archéologique du Maine, t. 73, 1913.

Documents figurés

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Semur-en-Vallon. (Collection particulière).

Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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