Dossier d’œuvre architecture IA72001323 | Réalisé par
Aquilon Stéphanie (Contributeur)
Aquilon Stéphanie

Chargée de mission Inventaire du Patrimoine PETR Pays Vallée du Loir

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  • inventaire topographique
Église paroissiale Saint-Blaise de La Chapelle-Gaugain
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Vallée du Loir - La Chartre-sur-le-Loir
  • Commune La Chapelle-Gaugain
  • Cadastre 1814 A 550  ; 1992 A2 256
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    saint Blaise
  • Parties constituantes non étudiées
    cadran solaire, chapelle seigneuriale

D'après la copie d'une chronique manuscrite, ni datée, ni signée, la première "église" de La Chapelle-Gaugain aurait été implantée à côté du Tertre, sur le champ du Miseri [cadastré]. Rien n'est démontré et le cas échéant, il s'agissait peut-être d'un simple autel voire d'un bâtiment en bois. A noter que le Tertre était un fief.

La seigneurie de paroisse était annexée au château de La Chapelle-Gaugain. L'église paroissiale Saint-Blaise est mentionnée au moins dès le XIIIe siècle mais l'examen du bâti permet de dater l'édifice du XIIe siècle. De cette époque subsistent le choeur et l'abside, peut-être reprise (cf. côté nord) à quelques décennies d'écart. Il est difficile dans l'état actuel de savoir si le mur sud de l'édifice respecte en partie la limite de l'édifice du XIIe siècle ou s'il est reconstruit au-dessus au XVIe siècle. A l'intérieur de l'église, le désaxement de la nef par rapport au chœur tend à confirmer la préexistence du mur roman sud ; en revanche, le mur nord de la nef correspond à un agrandissement qui englobe le contrefort ouest, bien visible, de la chapelle des Ronsard [cf. relevé]. Cette extension de la nef vers le nord est cohérente avec la disposition des deux pignons découverts de la nef et tend à en faire une construction homogène. Ces dispositions révèlent les fortes contraintes foncières qui ont guidé les bâtisseurs : maintien du mur sud, par économie et/ou par la présence du cimetière, démolition du mur nord pour reconstruction en limite extrême de propriété.

L'agrandissement de l'édifice remonte au début du XVIe siècle et s'achève autour de 1536 comme l'indique la date portée, repeinte à la fin du XIXe siècle, sur un entrait de la charpente de la nef, et comme peut le confirmer le grand vitrail (très restauré) du mur sud de la nef, datable des alentours de 1540. Cet agrandissement comprend le mur nord de la nef, une travée supplémentaire côté ouest permettant d'inclure un clocher, le rhabillage de la façade occidentale dans le goût de la Première Renaissance architecturale ligérienne, un probable rehaussement de la nef et une chapelle seigneuriale au nord du chœur liturgique.

Il est l'oeuvre de la famille de Ronsard, probablement de Louis / Loys (1479 – Paris 6 juin 1544), chevalier, seigneur de La Possonnière à Couture-sur-Loir (à 8 km), La Chapelle-Gaugain, Sarceau, gentilhomme de l'Hôtel du Roi dès 1498, chevalier de l'ordre de Saint-Michel, ambassadeur du Roi, d'abord maître d'Hôtel puis premier maître d'Hôtel du Dauphin François et de son frère Henri et père du poète.

Loys de Ronsard a également fait réaliser de grands travaux sur l'église paroissiale de Couture, qu'il faut comparer avec celle de La Chapelle-Gaugain. Certains auteurs attribuent cependant les travaux à La Chapelle-Gaugain à son fils Claude.

Le 2 septembre 1663, une petite cloche est bénie : "la petite cloche de cette paroisse, qui a été nommée Marie-Madeleine par messire François de Saintrailles, chevalier, vicomte de La Chapelle de Saintrailles, alias La Chapelle-Gaugain, du Vau, Sainte-Cérotte, La Bournaye et Manteaux, et damoiselle Marie-Madeleine Le Jay, fille de messire Jacques Le Jay, chevalier, seigneur de Tilly et de La Fourrerie, et de dame Louise Le Forestier, par moi, prêtre, curé, soussignés en présence de MM. Christophe Marais, prêtre, curé de Bessé, et Simon Bertre, aussi prêtre, curé de Lavenay." Signé : Rigault, curé.

Le 1er avril 1719, deux cloches sont bénies par Jacques Gaugain, prêtre, curé de La Chapelle-Gaugain.

Le 16 juin 1732, deux cloches nouvellement fondues sont bénies dans l'église par Jacques Vaidie, prêtre, prieur-curé de Châtillon, doyen rural de La Chartre. La grosse cloche est nommée Louise-Catherine (parrain : messire Louis-François Massue, conseiller du Roi et seigneur de La Chapelle-Gaugain, y demeurant ; marraine : dame Catherine Le Roy, veuve de Me Charles Derville, conseiller du Roi au siège royal de Château-du-Loir, y demeurant). "La petite a été nommée Jacquine-Elisabeth, par messire Jacques-Hercule Massue de Malitourne, conseiller du Roi, son receveur des tailles de la ville de Château-du-Loir, y demeurant, parrain ; et marraine demoiselle Elisabeth-Agnès de Moges de Préaux, demeurant à Ternay."

Les registres paroissiaux donnent également le nom des curés de paroisse inhumés dans l'église : Jacques Groysil (qui fonda un "collège" à La Chapelle-Gaugain) en 1655, Jacques Rigault en 1701, Jacques Gaugain en 1724.

Le XIXe siècle est comme partout ailleurs celui des grands travaux à l'intérieur de l'église paroissiale. La sacristie est entièrement reconstruite en 1840 sur les décombres d'une plus ancienne. Des peintures monumentales romanes sont découvertes dans le le chœur [cf. dossiers]. La première verrière neuve est posée en 1842 [cf. dossiers]. De nouvelles suivront. Autour de 1880, la sacristie est transférée dans un nouveau petit bâtiment accolé au mur sud de l'abside, ce qui masque une baie romane mais libère de la place au bras sud du transept. Durant la même période, la voûte de la nef est plâtrée puis lambrissée de sapin. A la fin du XIXe siècle, entre 1891 en 1894, le curé de La Chapelle-Gaugain, Frédéric Delaroche, finance personnellement les travaux des peintures monumentales qui couvrent toutes les parties de l'édifice [cf. dossiers].

L'église paroissiale se trouve au centre d'un carrefour de routes, dans le bourg, à proximité du château de La Chapelle-Gaugain. Elle est dédiée à saint Blaise, patron des maçons et des tailleurs de pierre, couramment invoqué au Moyen Âge dans le Vendômois. L'édifice réunit une nef à vaisseau unique, un transept (non originel) formé par deux chapelles, et un très petit chœur prolongé par une abside semi-circulaire couverte en cul-de-four.

L'abside conserve en partie son décor roman : la petite baie centrale, restaurée au XIXe siècle, est encadrée de colonnettes à chapiteau végétalisé, festons, dents de scie... La petite baie côté nord a été allongée et restaurée en 1725, comme l'indique la date gravée sur le linteau.

La façade occidentale présente un clocher dont la tour rattrape le portail par le biais d'un demi-pignon. Ce clocher-tour, de plan carré, s'achève par un lanternon fermé que surplombe un épi de faîtage (l'épi ancien, en fonte, probablement du XVIIIe s., a été déposé dans l'église) et un coq. Il s'élève à 30 mètres environ. Il est étayé par deux contreforts. L'accès au clocher se fait à l'intérieur de l'église, par une trappe haute. Le mur nord de la nef est percé côté chœur d'une entrée remodelée en pierre de taille qui permet l'accès direct à la chapelle seigneuriale, et à l'autre extrémité d'une petite porte surmontée de motifs de la fin du XVe ou du début du XVIe siècle et qui a été obstruée. Ce mur nord a été orné au niveau de la corniche d'une console surplombant une guirlande de fruits et de pommes de pin dans laquelle se cache une petite tête -un décor sous l'influence de la Première Renaissance architecturale de la vallée de la Loire. Il conserve aussi les traces d'une litre seigneuriale. Paul Cordonnier avait repéré dans les années 1960 les rectangles de deux écus disparus.

Le grand portail occidental est surmonté d'un décor d'architecture sculpté en tuffeau, très abîmé, effrité, caractéristique de la Première Renaissance ligérienne.

Dans un grand cartouche rectangulaire, de fins rinceaux encadrent deux petits personnages (anges ?) portant un cuir découpé au motif armorié illisible (car martelé), sous une couronne. L'ensemble est surmonté par un fronton trapézoïdal encadré de pilastres sculptés, que surmontent trois niches. La niche centrale abrite un saint Michel, doté de deux ailes et portant une épée. La présence de saint Michel s'explique par le fait que Loys de Ronsard, seigneur de La Chapelle-Gaugain, très probable instigateur de l'agrandissement de l'église autour de la décennie 1530, était chevalier de l'ordre de Saint-Michel.

L'écu armorié des Ronsard (trois poissons d'argent rangés en fasce), figurant trois poissons appelés rosses ou rossards, entièrement restitué, est apposé sur le pignon est de la nef.

Le mur sud de la nef n'a aucun décor mais présente des traces de remaniements de baies. Il est étayé par trois contreforts.

L'église a été construite en moellons de silex et de calcaire, enduits à chaux et à sable. Les encadrements de baies et chaînages sont en pierre de taille calcaire. Les contreforts en pierre de taille calcaire reposent sur des blocs de grès roussard. Au mur sud de la nef, le contrefort central, plus large, est en partie en pierre de grison, en partie en pierre de taille calcaire. Il conserve les vestiges d'un cadran solaire à stylet au niveau supérieur, gravé sur la pierre.

A l'intérieur, l'église réunit une nef à vaisseau unique précédée d'une avant-nef portant en partie le clocher, un transept dont le bras nord est une chapelle seigneuriale et dont le bras sud communique au nord avec une sacristie, et un tout petit chœur liturgique terminant en abside. L'abside est étayée par deux contreforts, tandis que le mur nord de la nef en présente et le mur sud.

Comme une avant-nef, une travée portant en partie le clocher carré précède la nef. Les deux demi-colonnes qui renforcent les murs sont dotées de chapiteaux à têtes d'angelots. La nef lambrissée laisse voir cinq entraits* de charpente ; le quatrième porte la date –repeinte- de 1536 qui peut correspondre à la fin de l'agrandissement de l'église. La chapelle seigneuriale est couverte d'une voûte quadripartite dont la clé porte l'écu aux trois rosses des Ronsard. La nervure d'un arc retombe sur une console en forme de petit personnage (angelot) portant un chapelet.

L'avant-nef est couverte par deux voûtes. Le clocher repose sur une voûte portée par une colonne et deux demi-colonnes engagées. Le chapiteau de deux d'entre elles a été orné de têtes d'angelots, le troisième (celui de la grosse colonne) ne présente que des feuillages. La nef est couverte d'un lambris en arc brisé, sous une charpente à cinq entraits. La chapelle seigneuriale est couverte d'une voûte quadripartite en pierre, dont l'une des nervures repose sur une console en forme de demi-personnages portant une sorte de chapelet. L'abside est voûtée en cul-de-four.

L'église est éclairée par 8 baies : dans la nef, 3 baies d'époques différentes au mur sud et 2 très hautes baies au pignon est, dans l'abside, trois baies, dans la chapelle seigneuriale une baie au mur est, dans le bras sud du transept une baie au mur sud. L'abside et le chœur sont éclairés par trois petites baies cintrées. Toutes sont enrichies de divers vitraux.

  • Murs
    • silex moellon enduit
    • grison moellon enduit
    • grès moellon enduit
    • calcaire moellon enduit
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan allongé
  • Couvrements
    • lambris de couvrement
    • cul-de-four
    • voûte d'arêtes
  • Couvertures
    • toit à longs pans pignon découvert
    • toit en pavillon lanterneau
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • ornement végétal
    • feston
    • dent de scie
    • guirlande, pomme de pin
    • poisson, armoiries
    • ange, tête d'ange
    • cuir découpé
    • rinceau
    • couronne
    • fronton
    • pilastre
    • saint Michel
  • Précision représentations

    Abside, décor roman : petite baie centrale encadrée de colonnettes à chapiteau végétalisé, festons sur l'arc, dents de scie au-dessus.

    Mur nord, décor fin 15e ? (porte murée)

    Mur nord, décor 1ère Renaissance : corniche avec guirlande de fruits et de pommes de pin dans laquelle se cache une petite tête ; armoiries

    Portail occidental, décor 1ère Renaissance : dans un grand cartouche rectangulaire, de fins rinceaux encadrent deux petits personnages (anges ?) portant un cuir découpé au motif armorié illisible, sous une couronne. Fronton trapézoïdal encadré de pilastres sculptés, que surmontent trois niches. La niche centrale abrite un saint Michel, doté de deux ailes et portant une épée.

    Pignon est nef : armes des Ronsard.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune
  • Protections
    inscrit MH, 2020/07/03
  • Précisions sur la protection

    église inscrite au titre des Monuments historiques par arrêté du 3 juillet 2020

  • Référence MH

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; GG 1 à 7. 1569-1791 : canton de La Chartre-sur-le-Loir, registres paroissiaux de La Chapelle-Gaugain.

  • Collection particulière. Document manuscrit. Rapport de l’inspecteur des Monuments Historiques au Mans, abbé Tournesac : Description archéologique de l’église paroissiale de La Chapelle-Gaugain, 21 novembre 1841.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 63/6 : La Chapelle-Gaugain, église : réparations (1817-1929) ; presbytère : réparations, location (an XIII- 1932).

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Mi 230. Compte des travaux de restauration faits par A. Cottereau sculpteur-ornemaniste. Premier registre (1886-1897).

    église de La Chapelle-Gaugain, déc. 1890 ; p. 192.
  • Archives départementales de la Sarthe ; 5 V 115. Comptes de gestion, fabriques de La Chapelle des Bois et La Chapelle-Gaugain (1828-1906).

Bibliographie

  • DECIRON, Paul. Cadrans solaires de la Sarthe. Association pour la mise en valeur du petit patrimoine sarthois : Le Mans, 1996.

    p. 50
  • PASTY DE LA HYLAIS, Emmanuel-Jacques. Le Bas-Vendômois historique et monumental (1878). Paris : le Livre d'histoire, 2015.

  • HALLOPEAU, Louis-Alfred. Le Bas-Vendômois de Montoire à La Chartre-sur-le-Loir, Excursions sur les rives du Loir et de la Braye au pays du poète Ronsard. La Chartre-sur-le-Loir : impr. et libr. J. Moire, 1906.

    p. 111-115
  • MONTENAT, Christian, LEMOINE-DESCOURTIEUX, Astrid, WASYLYSZYN, Nicolas. Une pierre étrange... Le grison, dans l'histoire du bâti entre Val de Seine et bord du Loir. Co-édition Association des Géologues du Bassin de Paris (AGBP)/Association des amis des Monuments et Sites de l'Eure (AMSE), collection Mémoires hors-série n° 8, 2012.

  • HALLOPEAU, Louis-Alfred. Les souvenirs des Ronsart dans les églises paroissiales de leurs seigneuries (1 et 2). Annales fléchoises, La Flèche, 1905.

    p. 100-115, 180-189
  • LEGEAY, Fortuné. Documents historiques sur la vente du mobilier des églises de la Sarthe pendant la Révolution, Le Mans, Leguicheux, 1887.

    p. 174 Vente du mobilier de la ci-devant église de La Chapelle-Gaugain

Périodiques

  • CONTENSON, Marie-Laure de. La Possonnière à travers ses hôtes XVIe-XIXe siècles. Blois : Sté Sc et Lettres L & C, 2002. (Archives départementales du Loir-et-Cher ; 90 J 214).

  • BOUVET, Gérard. Églises romanes de la Champagne Mancelle, La Vie Mancelle et Sarthoise, 2006

    n° 388, p. 10-17

Documents figurés

  • Archives départementales de la Sarthe ; 13 F 305. Fonds Calendini, cartes postales.

    La Chapelle-Gaugain
Date d'enquête 2013 ; Date(s) de rédaction 2013
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays Vallée du Loir
Aquilon Stéphanie
Aquilon Stéphanie

Chargée de mission Inventaire du Patrimoine PETR Pays Vallée du Loir

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