Dossier d’œuvre architecture IA72059107 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Église Notre-Dame-de-l'Assomption, place de la Tour
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Commune Bessé-sur-Braye
  • Adresse place de la Tour
  • Cadastre 1829 E 435  ; 2020 AL 104
  • Dénominations
    église paroissiale
  • Vocables
    Notre-Dame-de-l'Assomption
  • Parties constituantes non étudiées
    sacristie, clocher

La tour-clocher, seul élément conservé de l’ancienne église de Bessé-sur-Braye (voir annexe), occupait l’angle de la nef, à gauche du portail occidental. Suite à la démolition de l’édifice, il occupe désormais le centre de la place. L’essentiel de la tour est très vraisemblablement un vestige de l’église primitive romane, bien que la datation soit difficile du fait du développement de la végétation, de multiples consolidations et modifications. La partie supérieure en pierre de taille, le dôme et la flèche sont quant à eux ajoutés au cours du XVIIe siècle. Le couronnement et la toiture, incendiés par la foudre dans la nuit du 9 au 10 octobre 1810, sont reconstruits à l’identique en 1812.

Le dynamique curé Louis Mézière est à l’initiative de la reconstruction de l’église de Bessé, beaucoup trop petite comparativement à la population de la commune. Il avait déjà fait remanier, presque reconstruire, entre 1878 et 1882, l’église de Saint-Mars-la-Brière en s’associant à l’architecte Pascal Vérité, deuxième du nom. Dès son arrivée dans la paroisse de Bessé, il obtient de l’évêque du Mans Hector-Albert Chaulet d’Outremont, à l’occasion de la bénédiction d’une troisième cloche le 19 août 1883, l’ouverture d’une souscription en faveur de la reconstruction de l’église. En 1885, après un temps d'hésitation, la municipalité se dit favorable au projet et autorise la fabrique à commander un avant-projet à un architecte. Le choix se porte sur Pascal Vérité, qui fournit un premier projet évalué à 110 000 F, hors sculptures, vitraux et mobilier, le 20 juillet 1886 : il s’agit d’une église de style néogothique d’environ 600 places, avec nef, chœur, transept à chapelles et clocher-porche. Le terrain dévolu à la construction est une portion du jardin du presbytère offerte par la municipalité. Celle-ci, bien que reconnaissant l'utilité du projet pour l'embellissement du bourg, ne s'investira pas davantage dans la construction de l'édifice.

En 1888, le montant des travaux est réévalué à 122 000 F. Face au coût du projet, les administrations préfectorale et diocésaine demandent d’envisager une simple restauration de l’église existante, ou de diminuer la hauteur du nouveau bâtiment. Ces options sont écartées par la fabrique et la municipalité, désireuses d’offrir aux habitants un monument à la mesure de la paroisse. De plus, l’ancienne église est en mauvais état, ses murs sont salpêtrés et sa couverture dégradée, elle gêne considérablement la circulation en centre-bourg et se trouve très près des maisons qu’elle obscurcit. Sa démolition est perçue comme une opportunité pour aérer le bourg. La fabrique, qui ne dispose pas des ressources suffisantes pour réaliser l’intégralité du projet, demande à lancer la construction du chœur, du transept et de la nef. La réalisation du clocher-porche est repoussée et on décide de conserver temporairement l’ancienne tour "jusqu’au jour où la fabrique sera en mesure d’en construire une attenant à la nouvelle [église]". Les plans et devis sont revus une dernière fois pour tenter de diminuer les coûts, avec notamment une simplification de la charpente réclamée par l’administration diocésaine.

En 1890, le ministère de la Justice et des Cultes accorde un secours de 9 300 F pour les travaux. En parallèle, la fabrique est autorisée par décret à aliéner divers immeubles et valeurs immobilières et à emprunter près de 22 000 F. Par ailleurs, l’abbé Mézière développe considérablement le pèlerinage de la Saint-Gilles (1er septembre), institué en 1659, afin de réunir des fonds pour les travaux. Ces sommes sont complétées par de nombreux dons de particuliers. La première pierre est posée en 1891, les travaux s’achèvent en 1893. Les procès-verbaux d’adjudication, qui auraient pu permettre d’identifier les entrepreneurs du chantier, n’ont pas été retrouvés. Le 16 novembre 1894, une délibération du conseil municipal scelle le sort de l’ancienne église : malgré la proposition d’un élu d’en conserver la nef pour en faire un marché couvert, la démolition est votée, puis autorisée par l’évêque le 5 mars 1895. Seul élément conservé, le clocher, qui menace de s’effondrer, fait l’objet d’une réfection complète en 1896, avec pose de tirants en fer.

Le 1er septembre 1897, dans un discours prononcé à la Saint-Gilles à Bessé, le doyen de La Chartre, l’abbé Lemeunier, félicite Mézière pour l’œuvre accomplie mais souligne l’inachèvement de l’édifice : "Une église sans clocher est une reine sans diadème". L’inachèvement de l’église est également toujours lisible dans les chapiteaux simplement épannelés, l’absence de sculptures et de décor peint. Les vitraux, signés par Ferdinand Hucher, propriétaire de la fabrique du Carmel du Mans, sont progressivement offerts par le curé, le vicaire et de généreux paroissiens. Endommagés par les bombardements de 1944, ils sont restaurés par Miette en 1957 et de nouveaux sont placés en remplacement d’autres détruits (ceux de la chapelle axiale portent la signature S. Flandru-Latron, atelier J Degusseau, Orléans, 1969). Le vitrail de saint Gilles est installé en 1994. L’église et le clocher font également l’objet de plusieurs réfections ponctuelles dans le courant du XXe siècle, la dernière ayant eu lieu en 2000.

L'architecture

De l'ancienne église, seule témoigne la tour-clocher au centre de l'actuelle place de la Tour. De plan carré, évasée à sa base avec un petit contrefort sur la face est, elle présente une élévation en moellons, couronnée par un étage en pierre de taille calcaire. La partie inférieure, dépourvue de tout décor à l'exception d'une corniche, est percée de petites baies éparses et, à son sommet, de quatre fenêtres en arc brisé à encadrement de calcaire. La partie supérieure présente également quatre fenêtres de plus grande taille, un bandeau et une corniche moulurés. Trois des quatre faces sont décorées de pilastres et d'un cartouche saillant (dont un très érodé), peut-être porteurs d'inscriptions invisibles depuis le sol. La tour est coiffée d'un dôme à huit pans à égout retroussé, surmontée d'un tambour octogonal portant une courte flèche.

Le plan de l'église a été inversé lors de sa reconstruction, si bien que le chœur fait ici face à l'ouest et non à l'est comme le veut l'usage. L'édifice comprend une nef unique de quatre travées, un transept, un chœur à deux travées avec une abside à trois pans, ainsi que deux chapelles (saint-Joseph et sainte-Croix) ouvrant sur le chœur et le transept par de grands arcs brisés. Une troisième chapelle (du Sacré-Cœur), placée à l'extrémité du chœur, surmonte un passage couvert. La sacristie, donnant dans le jardin du presbytère, est accolée à la chapelle sud. Le plan de l'église est tout à fait conventionnel et le style mis en œuvre par l'architecte est celui du gothique rayonnant, caractérisé par ses voûtes sur croisées d'ogives reposant sur des piles engagées formées de faisceaux de colonnes, les grandes baies en arc brisé aux remplages trilobés. De façon plus inhabituelle, les bras du transept sont éclairés par de grands triplets, l'église étant dépourvue de rose.

Les maçonneries sont en moellons du pays et mortier de chaux hydraulique, recouverts d'un parement de pierres colorées imitant la meulière, sur un soubassement en granit d'Alençon. Le calcaire est également utilisé en pierre de taille : il provient du Poitou (Tercé, Chauvigny ou Lussac-les-Châteaux) pour les piles, les contreforts et les baies, et de Savigny-sur-Braye principalement pour les éléments sculptés ou moulurés. Les voûtes sont en briques, la charpente en chêne et la couverture en ardoises d'Angers. L'église se singularise par son évident inachèvement : la façade principale n'a jamais reçu son clocher-porche, ni les portails leur décor. Seuls le rythme des contreforts, un bandeau et une corniche en modillons viennent animer les murs. A l'intérieur, quelques chapiteaux ont reçu leurs feuillages sculptés, mais la plupart demeurent toutefois simplement épannelés. Les peintures semblent également inachevées, avec un décor de monogrammes, un calvaire et un ange ornant les deux alcôves au revers de la façade principale (l'une d'elle aménagée en reproduction de la grotte de Lourdes). Un inventaire de 1902 indique que les deux chapelles de part et d'autre du choeur étaient également peintes. Toutes les clés de voûte ont été sculptées et peintes, chargées de blasons religieux et d'armoiries des prélats de l'époque de la consécration de l'église, telles celles du pape Léon XIII.

Le mobilier

L'église conserve une partie de ses vitraux d'origine, dans l'abside et la chapelle nord (chapelle Sainte-Croix). En écho au vocable de l'église, les verrières du chœur illustrent, au centre, l'Assomption et le couronnement de la Vierge et, de part et d'autre, plusieurs miracles et apparitions liés au culte marial du XIXe siècle : Notre-Dame du Chêne de Vion, La Salette, Lourdes, Pontmain. Dans la chapelle, les vitraux représentent l'invention de la Croix, l'exaltation de la Croix, l'apparition de la Croix à Constantin, la Cène, le curé d'Ars disant la messe, saint Dominique recevant le Rosaire et saint Pie V implorant la Vierge lors de la bataille de Lépante. D'après un inventaire de 1902, les vitraux disparus dans la chapelle Saint Joseph figuraient la fuite en Égypte, Nazareth, la mort de saint Joseph, saint François bénissant la ville d'Assise, le miracle des roses de sainte Élisabeth de Hongrie, la Vierge donnant le scapulaire à saint Simon Stock et sainte Thérèse. Les verrières actuelles à losanges colorés sont plus récentes, de même que celle de la grande baie de la façade principale, où aurait du se trouver la tribune à l'étage du clocher-porche non construit. Elle figure saint Gilles et sa biche devant une représentation du château de Courtanvaux, dans un décor de rinceaux.

Le mobilier de l'église est tout à fait remarquable, à commencer par la chaire en pierre, contemporaine du bâtiment mais non signée. De style néogothique, elle s'intègre au pilier formant l'angle entre la nef et le bras sud du transept. Reposant sur un pied formé de trois colonnettes, la cuve présente le Christ et les Évangélistes assis sous des arcs trilobés. Leurs visages très réalistes (et les rouflaquettes de l'un d'eux) laissent penser que le sculpteur a portraituré des personnages réels, peut-être le curé et les membres de la fabrique. Des consoles sculptées en forme d'anges soutiennent le dais orné de trilobes, de gâbles et de fleurons, surmonté d'une flèche ajourée de quadrilobes.

Une partie du mobilier provient de l'ancienne église de Bessé et du couvent de Camaldules supprimé à la Révolution. L'élément le plus ancien est le Christ en croix en bois, provenant d'une poutre de gloire, attribué au XIVe siècle, inscrit Monument Historique en 1982. Le groupe sculpté de Sainte Anne avec la Vierge à l'Enfant, du XVe ou du XVIe siècle, occupait le centre du portail de l'ancienne église avant sa démolition. Il a été classé Monument Historique en 1983. Une Vierge de l'Assomption en plâtre du XVIIIe siècle, placée dans le chœur, provient certainement d'un retable. Le bras sud du transept, qualifié de « chapelle saint-Gilles » dans l'inventaire de 1902, présente un aménagement contemporain de l'église comprenant un autel et une arcature, agrémenté de statues des XVIIe et XVIIIe siècles représentant saint Gilles (plâtre?), sainte Anne et saint Jean-Baptiste (bois). Les deux tableaux exposés, du XVIIe siècle, proviennent selon toute vraisemblance de la collection de Gilles Renard, fondateur du couvent des Camaldules. L'un, représentant l'apothéose de saint François de Sales, est attribué au peintre François Mongendre et inscrit Monument Historique depuis 2016. L'autre est une copie de la célèbre Descente de croix de Rubens conservée à la cathédrale d'Anvers (vers 1612-1614). Six autres tableaux aujourd'hui disparus sont signalés dans l'inventaire de 1902. Le mobilier comprend également des fonts baptismaux en marbre noir, des stalles et deux autels en bois des XVIIe-XVIIIe siècles.

  • Murs
    • grès moellon parement
    • calcaire pierre de taille
  • Toits
    ardoise
  • Plans
    plan en croix latine
  • Étages
    1 vaisseau
  • Couvrements
    • voûte d'ogives, en brique
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe polygonale
    • dôme polygonal
    • flèche polygonale
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • vitrail
    • peinture
  • Représentations
    • ornement végétal
    • armoiries
    • ornement figuré, scène chrétienne, Assomption, Couronnement de la Vierge, Vierge, saint, saint Dominique, ange
    • ornement en forme d'objet, calvaire
    • ornement a chiffre, monogramme
  • Précision représentations

    Feuillages sculptés sur certains chapiteaux des portails et des colonnes engagées. Armoiries sculptées sur les clés de voûte.

    Décor peint composé de monogrammes, d'un ange et d'un calvaire.

    Vitraux représentant l’Assomption, le couronnement de la Vierge, les dévotions à la Vierge de Notre-Dame du Chêne de Vion, La Salette, Lourdes, Pontmain, les épisodes de l'invention de la Croix, la Cène, le curé d’Ars, saint Dominique, saint Pie V.

  • Statut de la propriété
    propriété de la commune

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; 13 F 266. Papiers collection Calendini, commune de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; GG 1 à 15. 1580-1789 : registres paroissiaux de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 16 J 188 et 18 J 702. 1862 : chroniques paroissiales de Bessé-sur-Braye par l’abbé Guillaume-Pierre Mancelière (copie Chambois de 1936 et édition Barbin de 1990).

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 592. Collection Paul Cordonnier, commune de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 2 O 35/7. 1853-1927 : église de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 1 Q 69. 1801 : biens nationaux non vendus, commune de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 4 V 1. 1846 : renseignements statistiques sur les églises et presbytères de la Sarthe.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 5 V 101. 1832-1906 : comptes de fabrique de Bessé-sur-Braye.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîte 713. Papiers concernant la paroisse de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1807 à nos jours : délibérations du conseil municipal de Bessé-sur-Braye.

  • Archives municipales de Bessé-sur-Braye. 1821-1918 : église de Bessé-sur-Braye.

Bibliographie

  • LEMEUNIER, Abbé. Discours prononcé dans l’église de Bessé le 1er septembre 1897. La Chartre-sur-le-Loir : J. Moire, 1897.

  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1364-1366
  • LALLEMAND, Jeanine, MERY, Jean. Bessé. Vendôme : Garillon, 2001.

    p. 7, 19-27, 66
  • PESCHE, Julien-Rémy. Dictionnaire topographique, historique et statistique de la Sarthe, t. 1, 1829. Réédition Paris : Lorisse, 1999.

    t. 1, p. 162

Périodiques

  • FROGER, Louis. "Le portail de l’ancienne église paroissiale de Bessé-sur-Braye". La Province du Maine, t. 15, 1907.

    p. 15-19

Documents figurés

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Bessé-sur-Braye. (Collection particulière).

Annexes

  • L'ancienne église de Bessé-sur-Braye
Date d'enquête 2020 ; Date(s) de rédaction 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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