Dossier d’œuvre architecture IA53004409 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Demeure de villégiature dite le Cottage, 17 rue Berthe-Marcou
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Saint-Berthevin
  • Commune Changé
  • Adresse 17 rue Berthe-Marcou
  • Cadastre 2021 AB 251
  • Dénominations
    demeure
  • Précision dénomination
    demeure de villégiature
  • Appellations
    le Cottage
  • Parties constituantes non étudiées
    parc, étang, mur de clôture, portail, écurie, remise

Aucun bâtiment ne figure à cet emplacement sur le plan cadastral napoléonien de 1814 : les parcelles voisines nommées la Vigne, la Grande Vigne, la Petite Vigne, indiquent que le coteau était dévolu à la viticulture. La maison a été commandée par Louis Garreau des Pommiers, docteur en médecine à Laval, à l'architecte départemental Alfred Boutreux : les documents concernant la construction sont conservés dans le fonds de son successeur, l'architecte Louis Garnier. Les décomptes des travaux réalisés par les sieurs Mulot, maçon, et Letessier, menuisier, sont datés de 1871. La maison possédait initialement un plan en T : le bâtiment principal comprenant salon et salle à manger au rez-de-chaussée donnant sur la véranda, ainsi que l'aile en retour à l'arrière incluant le vestibule avec escalier et la bibliothèque. Le parc et la maison du jardinier sont réalisés simultanément. La maison n'est signalée comme imposable par les matrices cadastrales qu'en 1877.

En 1874, M. Garreau dont la santé semble s'être dégradée réclame à l'architecte la construction d'une marquise et surtout d'une chambre au rez-de-chaussée, avec balcon et cabinet de toilette attenant : "Nous désirons avoir notre chambre à coucher de plain-pied avec le rez-de-chaussée". Cette adjonction vient rompre la symétrie de la demeure, mais l'effet recherché est volontaire. Le commanditaire écrit ainsi que "vue de la route, tous les admirateurs de la maison trouvent que la base est un peu étroite […] or je crois qu'avec cette construction, l'ensemble y gagne beaucoup". La construction d'une galerie autour de la terrasse est également évoquée, mais ne sera vraisemblablement pas réalisée. En complément, l'architecte propose de convertir un bâtiment de l'autre côté de la route en écurie et remise : la façade est refaite et percée de deux portes cochères et d'une lucarne passante. En 1885, la maison est dotée d'un calorifère fourni par l'entreprise Thomas Cuigné.

Une carte postale des années 1900 présente la maison avec l'appellation "le Cottage" (qu'elle conserve toujours aujourd'hui), renvoyant à sa fonction de villégiature péri-urbaine. L'inspiration de l'exubérant décor sculpté de la maison, qui en fait l'une des plus ornées des bords de la Mayenne, demeure inconnue. Néanmoins, la correspondance entre M. Garreau et son architecte révèle que le commanditaire prenait les eaux dans diverses villes thermales, notamment le Mont-Dore, Dax et Pau. Il fait état de certaines villas qu'il y a visité ou de revues qu'il y a consultées, d'où il tire l'inspiration pour certains éléments qu'il souhaite voir reproduits dans sa maison de Changé (marquise, décor intérieur). Peut-être la théâtrale façade s'inspire-t-elle de maisons aperçues au cours de séjours dans des villes d'eaux.

En 1881, M. Garreau obtient de l'administration des Ponts et Chaussées l'autorisation d'aménager en bord de Mayenne une petite anse pour accueillir un petit bateau de plaisance. En 1917, la maison est mise en vente. Selon les annonces parues dans la presse : "A vendre à l'amiable, le Cottage sis commune de Changé, comprenant maison de maître, pavillon et communs, jardin anglais, jardins potagers. Contenance totale, 71 ares 22 centiares environ".

Dans le 4e quart du XXe siècle, la maison est rénovée, agrandie sur l'arrière et dotée d'un garage ; à cette occasion, les propriétaires font apposer leurs initiales AB et IZ sur la façade. L'essentiel du décor intérieur est toutefois intégralement conservé. Le parc, alors à l'abandon, est également remis en état et des terrasses et une piscine sont aménagées. L'ancienne écurie-remise située face au portail est totalement remaniée en maison individuelle dans le 1er quart du XXIe siècle.

La maison est implantée sur le coteau de la Mayenne et orientée au sud-est, vers la rivière. Il s'agit d'un bâtiment de plan en T, à cinq niveaux d'élévation et double en profondeur, sur lequel se greffent la véranda polygonale, en façade principale, et une aile en rez-de-chaussée, au nord-est. Les murs sont en moellons enduits, tandis que les angles et encadrements d'ouverture sont traités en pierre de taille : granite pour le niveau de soubassement, calcaire pour les niveaux supérieurs ainsi que les nombreux décors. La haute toiture de type complexe, abritant deux niveaux de combles, est en forme de gros pavillon brisé complété par deux croupes. De grandes souches de cheminée brique et pierre surmontent l'ensemble.

La façade principale à quatre travées, l'une des plus exubérantes des bords de Mayenne et véritable décor de théâtre, s'inspire des architectures Renaissance et baroque. Paradoxalement, elle n'accueille pas la porte d'entrée principale de la maison, l'espace central étant réservé à la véranda. Les lignes horizontales de la composition sont soulignées par des bandeaux d'appuis, une frise à cercles et demi-cercles et une corniche à modillons moulurés. Des colonnettes à chapiteaux feuillagés prenant appui sur des culots sculptés de pampres scandent les angles de la façade et chacune des travées. Les fenêtres, en arc déprimé, sont pourvues d'encadrements moulurés et surmontées de décors végétaux, d'enroulements et de guirlandes, d'où émergent des médaillons sur cuir découpé, des visages (une femme, un homme barbu et un personnage cornu), ainsi que des têtes de lion affrontées. Le décor de la véranda, ouverte sur le parc et la Mayenne, se compose de colonnes engagées à chapiteaux à volutes, d'arcs déprimés moulurés, d'écoinçons taillés en pointe de diamant et d'une corniche. La terrasse qui la surmonte est délimitée par un garde-corps à balustres en pierre. La porte du soubassement présente des panneaux métalliques ajourés de losanges et ornés de fleurettes. Le comble est éclairé par cinq lucarnes dont trois agencées autour d'une niche dans une composition pyramidale centrale. L'abondant décor se compose de multiples colonnettes cannelées superposées, de pans de draperie, de guirlandes végétales, d'ailerons, de volutes et d'un fronton cintré. Les épis en zinc qui surmontaient le tout, visibles sur une carte postale ancienne, ont aujourd'hui disparu.

Le décor de la façade principale est rappelé sur l'aile nord-est couverte en terrasse, dont la porte-fenêtre en arc déprimé mouluré est encadrée de deux colonnettes dont les culots sont restés inachevés, de même que l'agrafe. Le petit balcon en ferronnerie permet de profiter de la vue sur le parc. Les autres façades, beaucoup plus sobres, sont presque dépourvues de décors, à l'exception de chaînages d'angles harpés et de corniches. Les fenêtres possèdent des linteaux droits et les lucarnes sont pourvues de frontons cintrés. La façade sud-ouest, où se trouve l'entrée principale de la maison, est précédée d'une grande marquise droite reposant sur des colonnes en fonte.

Le niveau de soubassement devait abriter la cuisine et les pièces de service. On entre dans la maison par un vestibule où se trouve l'escalier en bois tournant, avec garde-corps en ferronnerie. Les pièces du rez-de-chaussée, salon, salle à manger, bibliothèque et ancienne chambre, sont accolées les unes aux autres sans couloir de distribution. Salon et salle à manger, donnant sur la véranda, ont conservé leur décor d'origine, avec cheminées en marbre, tapisseries et plafonds moulurés (décors d'anges et de végétaux). Les chambres sont placées à l'étage et au premier niveau du comble, le second étant à usage de grenier.

La maison est précédée d'un parc aménagé dans la forte pente du coteau. En partie remanié, il conserve une partie de ses arbres anciens ainsi que les restes d'une pièce d'eau. On y accède depuis la rue par un portail à piliers sculptés avec grille en fer forgé. La propriété comprend également un pavillon de jardinier, placé dans l'angle nord du parc tout près de la demeure. Il possède un plan en L et une tour à poivrière (qui n'abrite pas l'escalier), des pignons couverts, des bandeaux en brique et des encadrements de baies brique et pierre. Face au portail, l'ancienne remise-écurie a été transformée en maison.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée, 1 étage carré, 2 étages de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit brisé en pavillon croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état
  • Techniques
    • sculpture
    • ferronnerie
  • Représentations
    • ornement géométrique, cercle, enroulement, pointe de diamant, volute, losange
    • ornement végétal, vigne, feuillage, fleur
    • ornement architectural, colonne, balustre, fronton
    • ornement en forme d'objet, médaillon, cuir découpé, guirlande, draperie
    • ornement figuré, tête d'homme, tête de femme
    • ornement animal, lion
  • Précision représentations

    Façade principale ornée d'une frise à cercles et demi-cercles, d'une corniche à modillons moulurés, de colonnettes à chapiteaux feuillagés prenant appui sur des culots sculptés de pampres. Fenêtres surmontées de décors végétaux, d’enroulements et de guirlandes, d’où émergent des médaillons sur cuir découpé, des visages (une femme, un homme barbu et un personnage cornu), ainsi que des têtes de lion affrontées. Véranda ornée de colonnes engagées à chapiteaux à volutes, d’écoinçons taillés en pointe de diamant, d'un garde-corps à balustres en pierre. Porte du soubassement à panneaux métalliques ajourés de losanges et ornés de fleurettes. Lucarnes décorées de colonnettes cannelées superposées, de pans de draperie, de guirlandes végétales, d’ailerons, de volutes et d’un fronton cintré surmontant le tout.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; 183 J 124. Fonds Louis Garnier architecte, dossiers de l'architecte Alfred Boutreux, maison de M. Garreau à Changé, 1871-1883.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 81-83, 518, 1446. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Changé, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 5 S 509. Création d'une anse pour un bateau sur la propriété de M. Garreau à Changé.

Périodiques

  • La Mayenne. Annonces concernant la vente de la propriété le Cottage à Changé, 1917-1918.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plans et croquis de l'architecte Alfred Boutreux concernant la maison de M. Garreau à Changé, 1871-1874 (Archives départementales de la Mayenne ; 183 J 124).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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