Dossier d’œuvre architecture IA72059126 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Couvent de camaldules dit ermitage saint-Gilles de Bessé (vestiges) puis demeure dite château de la Gavolerie, actuellement demeure et gîte rural, chemin de la Vaugoire
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Perche sarthois
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - Saint-Calais
  • Commune Bessé-sur-Braye
  • Adresse chemin de la Vaugoire
  • Cadastre 1829 E 23 25 26 31  ; 2020 AB 23 29 à 31
  • Dénominations
    couvent, demeure
  • Genre
    de camaldules
  • Vocables
    saint Gilles
  • Appellations
    château de la Gavolerie
  • Destinations
    demeure, gîte rural
  • Parties constituantes non étudiées
    logement, chenil, grange, porcherie, réservoir, colonnade de jardin, parc, établissement élévateur des eaux

I. Le couvent de camaldules Saint-Gilles de Bessé (détruit, cf. annexe 1)

Le fonds est celui du couvent de camaldules fondé en 1659, construit en deux campagnes entre 1661 et 1688, désaffecté en 1786, supprimé en 1788 et détruit pour l'essentiel vers 1790, bien que la vente du couvent au titre des Biens Nationaux ne soit officielle que le 10 février 1791. L'acquéresse, Adelaïde Marie Penot de la Tournière, épouse à peu près au même moment Maximilien Bordet, administrateur du district de Saint-Calais, en charge de la vente.

Il ne subsiste que quelques éléments de l'ancien couvent :

Le bâtiment actuellement à usage de logement de fermier et de communs est très probablement le grand corps de logis couvert d'un toit brisé, édifié en 1688 par les maîtres-maçons de Mondoubleau Mathurin Pillon et François Ballu, auxquels est associé rapidement le maître-maçon René Labbé, de Bessé. Ce bâtiment, distribué à l'origine en quatre chambres destinés au portier, au procureur, aux hôtes et aux cuisiniers, grand réfectoire des moines et four à pain, conserve des portes accostées de fenêtres à chambranles brique et pierre, dispositions prévues là encore dans les marchés de construction passés en 1688. Sa distribution et sa façade ont été remaniées après la fin du XVIIIe siècle.

Quelques vestiges épars de l'église sont visibles dans la construction de l'actuel logis. L'inscription portant mention de la pose de la première pierre de l'église et quelques éléments sculptés (armoiries) provenant du monument funéraire de Gilles Renard ornent un refend de l'étage de soubassement. La pierre portant l'inscription FB 1661, visible dans la voûte de la cave située sous l'aile en retour droite du logis, pose problème : est-ce un réemploi ou bien est-elle en place, signalant alors la conservation de l'ancien sous-sol sus le chœur de l'église, succinctement décrit en 1791 ? L'année est bien celle du début des travaux de l'église, et les initiales peuvent renvoyer au moine convers Francis Bonhommeau, lequel est associé au moine et architecte Ange Martinet lors de la première campagne de construction (ou bien encore au maçon François Ballu).

Dans l'enclos, la partie ouest du mur de clôture semble celle édifiée entre 1688 et 1690 par le maître-maçon René Labbé (murs en moellons chaînés de briques, conformément au devis de 1688). Une partie du parc boisé peut également dater de cette période.

II. La demeure de la Gavolerie

1. la construction

Sur ces bases anciennes, la demeure actuelle est édifiée Pour Maximilien Bordet et son épouse Adelaïde Marie Penot de la Tournière entre juin 1790 et 1792. Très inspirée par les folies des décennies précédentes et profitant des potentialités du site (orientation vers le sud avec vue sur la vallée de la Braye, parc boisé), le logis en rez-de-chaussée surélevé sur étage de soubassement, accessible par un important perron, est remarquable par son appareillage brique et pierre à assises alternées et surtout par sa charpente à la Philibert Delorme. L'aile en retour droite du logis semble être resté inachevée : l'appareillage brique et pierre n'est employé que pour les parties basses des murs. Il est à noter que Maximilien Bordet, victime d'ennuis politiques, est assigné à résidence à Saint-Calais dès 1797 et semble quitter la région peu après.

Georges Menjot d'Elbenne déclare en 1790 être l'auteur des plans des travaux en cours à la Gavolerie, mais il n'est avec certitude que l'auteur des plans de la charpente, qu'il date de 1792 dans le traité sur les charpentes rurales qu'il publie en 1808. Le caractère expérimental de cette charpente est attesté par la présence des liernes clavées contreventant les fermes cintrées. Ces pièces, présentes dans les modèles de Delorme, disparaissent dans ceux que publie Menjot d'Elbenne, lequel reconnaît avoir simplifié l'assemblage après ses essais. La charpente de la Gavolerie, deuxième essai de charpente à la Delorme mené en Sarthe par Georges Menjot d'Elbenne, après celle du chateau de Cogners aujourd'hui disparue, est probablement la plus ancienne de ce type conservée dans le département.

Dans le même temps, l'ancien grand corps de logis conventuel est réaffecté en communs et logement de fermier. Son extrémité ouest, visible depuis l'allée d'accès à la maison, a peut-être remanié pour l'harmoniser avec la nouvelle construction : un appareillage brique et pierre partiel, actuellement masqué sous l'enduit, est en effet visible sur une photographie datée de 1890.

En 1829, l'édifice, jolie maison bâtie à la moderne, jouissant de la plus belle vue, est située à 12 lieues du Mans et de Tours et 6 de Vendôme, grande route de tous côtés, au milieu d'un clos de murs accessibles par deux allées de tilleuls d'au moins 30 ans, avec cour, parterre, grand jardin clos de murs, portion de vignes, petit bois, terres labourables et verger. Le logis est distribué par bas d'une vaste cuisine, trois cabinets dont deux tapissés, petit salon, office, cave voûtée avec fruitier, deux corridors dont l'un dessert la cuisine et l'autre contient l'escalier menant au premier. L'étage, distribué depuis l'extérieur par un vaste et magnifique perron en pierres dures, comprend au centre une salle à manger d'hiver chauffée par un poêle, à droite un salon et à gauche une chambre à coucher et deux cabinets chauffés par des cheminées. L'étage de comble, distribué depuis le salon par un escalier, est divisé en plusieurs chambres et mansardes. Les pièces sont ornées de boiseries, vastes placards et glaces, le salon et la chambre sont parquetées, la salle à manger d'hiver est meublée de deux buffets recouverts de marbre et le salon de canapés, bergères et fauteuils ainsi qu'une fort belle table de bouillotte. Les communs consistent en un vaste corps de bâtiments comprenant également le logement du fermier et une vaste cour close par les bâtiments, à laquelle on accède par un chemin faisant le tour de la propriété.

2. Les transformations

Les dispositions de l'enclos, des jardins et du logis décrites ci-dessus et figurées sur le plan cadastral levé la même année, sont globalement encore en place, de même qu'une partie du décor du logis (lambris de hauteur, glaces). La tour d'escalier hors œuvre adossée à l'élévation postérieure du logis date de la première moitié ou du milieu du XIXe siècle. Elle remplace l'escalier d'accès au comble mentionné en 1829, dont les traces n'ont pas été vues. Dans le même temps est ajoutée la remise en retour d'équerre.

La colonnade de jardin n'a pas été datée (colonnes en réemploi ?).

Dans la deuxième moité du XIXe siècle et dans le 1er quart du XXe siècle, les fenêtres du logis reçoivent une série de vitraux de style troubadour, illustrant notamment le passé religieux du site, et une pièce de l'étage de soubassement est réaménagée en salle à manger de même style, dont les meubles sont signés Bellanger, 61 rue des Saints-Pères à Paris. L'édifice est équipé d'une éolienne Bollée, connue par une photographie ancienne, et dont ne subsiste au bas du jardin que l'édicule abritant la pompe. Elle alimentait probablement le réservoir encore en place dans la cour. Le chenil à chaînages de briques construit dans cette dernière date également de cette époque.

3. La ferme

La ferme a été séparée du fond peu après 1829 et n'y est réuni que depuis peu. L'ancien logis conventuel était distribué en 1867 en une chambre à cheminée, deux cabinets, grenier dessus, étables au vaches avec grenier dessus et remise pour servir de grange, cette dernière pouvant correspondre au bâtiment construit en retour d'équerre du logement de fermier, figuré sur le plan cadastral de 1829. La grange et la porcherie en grand appareil de pierre de taille ont été édifiés après 1867 et sans doute avant la limite des XIXe et XXe siècles (graffiti 1900 dans la porcherie), la grange occupant l'emplacement de l'ancienne remise.

Le fonds occupe le haut du coteau dominant la vallée de la Braye. Partiellement clos de mur, il est accessible depuis le bas du coteau par une allée desservant les deux allées du jardin, et par le haut par une chemin contournant l'enclos et donnant sur la cour de la demeure et la cour de la ferme. Cette dernière, longtemps détachée du fonds, n'y est de nouveau réunie que depuis peu.

Dans l'axe du logis, le jardin est composé d'une terrasse situé au pied du logis, d'un parterre délimité par la colonnade de jardin (colonnes en pierre de taille réemployées?) puis d'une grande pelouse flanquée des deux allées boisées. Cette composition centrale est accompagnée à l'est par le bois et à l'ouest par plusieurs jardins clos de murs.

Le logis adopte un plan en U. Le corps principal est en rez-de-chaussée surélevé sur étage de soubassement et étage de comble, il compte 7 travées en façade, les 3 travées centrales réunies sous un fronton. L'aile en retour droite est également en rez-de-chaussée surélevé et l'aile en retour gauche, à usage de remise, en simple rez-de-chaussée. Une tour d'escalier et un couloir hors-oeuvres sont adossés à l'élévation postérieure du corps principal.

Le corps principal et l'aile en retour droite sont principalement construits en appareillage mixte de briques et de pierres à assises alternées, et en maçonnerie enduite pour le reste (élévations postérieures du corps principal, parties hautes de l'aile droite). La remise est en grand appareil de pierre de taille.

Le toit du corps principal est en carène, celui de la tour d'escalier est en pavillon, celui du couloir est en appentis, ceux des deux ailes à longs pans. Le tout est couvert d'ardoise.

Le rez-de-chaussée du corps principal est accessible depuis la terrasse du jardin par un perron, composé d'un escalier droit porté sur une voûte d'arêtes. L'étage de comble est accessible par un escalier tournant en bois logé dans la tour d'escalier hors-oeuvre.

Dans la cour située derrière le logis, le chenil (?) est un édicule à trois travées, construit en maçonnerie enduite chaînée de briques et couvert de tuiles mécaniques. Dans la même cour, le réservoir d'eau de plan circulaire en maçonnerie est couvert d'une terrasse en ciment.

En contrebas du jardin, l'édicule de plan octogonal en maçonnerie enduite et couvert d'un toit conique abritait la pompe mue par une éolienne Bollée disparue.

La cour de ferme est délimitée au sud par le logement de fermier et communs, à l'est par la grange, construite en retour d'équerre sur le logis, et à l'ouest par la porcherie. Le logement, avec parties agricoles sous même faite, est construit en maçonnerie de moellons enduits et couvert d'un toit brisé et de tuiles plates. La façade principale et la distribution sont remaniées, l'élévation postérieure montre plusieurs baies anciennes à chambranles briques et pierres. La grange et la porcherie sont en grand appareil de pierre de taille, la porcherie porte un graffiti avec la date 1900.

  • Murs
    • calcaire brique et pierre à assises alternées
    • brique brique et pierre à assises alternées
    • maçonnerie enduit
  • Toits
    ardoise, tuile plate, tuile mécanique, ciment en couverture
  • Plans
    plan régulier en U, plan centré
  • Étages
    étage de soubassement, rez-de-chaussée surélevé, étage de comble, en rez-de-chaussée
  • Couvrements
    • voûte en berceau en anse-de-panier
    • voûte d'arêtes, à lunettes
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit en carène
    • toit en pavillon
    • toit à longs pans
    • toit à longs pans brisés croupe brisée
    • toit conique
    • terrasse
  • Escaliers
    • escalier de distribution extérieur : escalier droit sur voûte
    • escalier hors-œuvre : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • Énergies
    • énergie éolienne produite sur place moteur éolien
  • État de conservation
    détruit, bon état
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries, mouton, casque, arc, couronne de laurier, figure mythologique symbole personnel,
  • Précision représentations

    Éléments de décor provenant de l'église conventuelle Saint-Gilles, réemployés dans un refend intérieur de l'étage de soubassement du logis :

    - armoiries de Gilles Renard : De... au renard accroupi, accompagné à senestre d'un amour tenant du bras droit une couronne au-dessus de la tête de l'animal, et du bras gauche un arc - casque et lambrequins - devise : CAUTIO VICTORIA CEDIT AMANTI. Ce décor est réputé provenir du mausolée funéraire de Gilles Renard, réalisé en 1670 par Louis-françois Maloeuvre.

    - Inscription : LE... [MA]RS 1661 CESTE PIERRE DE CESTE EGLISE A ESTE POSEE PAR M ANTHOINE GASSELIN S DE LA CHERMOYE CONER DU ROY LIEUTEN GNAL DES EAUX ET FOREST DU MAYNE BAILLY DU MARQ DE COURTANVAU DE GE REQUIS PAR GILLE REGANRD CONER DU ROY COMICE DES GUERRES FONDATEUR EN LHONNEUR DE ST GILLES.

  • Statut de la propriété
    propriété privée
  • Intérêt de l'œuvre
    à étudier
  • Éléments remarquables
    charpente

La charpente à la Philibert Delorme du corps principal du logis, construite en 1792 par Georges Menjot d'Elbenne, est probablement la plus ancienne de ce type conservée en Sarthe.

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; C Add. 163. 1777-1786 : route de La Ferté-Bernard à Tours et pont sur la Braye de Bessé-sur-Braye.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 16 J 188 et 18 J 702. 1862 : chroniques paroissiales de Bessé-sur-Braye par l’abbé Guillaume-Pierre Mancelière (copie Chambois de 1936 et édition Barbin de 1990).

  • Archives diocésaines du Mans. Paroisse de Bessé-sur-Braye. Boîte Camaldules.

  • Archives privées. Description de La Gavolerie en date du 14 août 1829, par V. Quantin fils.

  • Archives privées. Bail passé le 27 mai 1867 entre André Cosme Bailly demeurant à la Gavollerie commune de Bessé sur Braye et Jules Trottereau, cultivateur, pour une maison et des terres dépendant de la propriété de la Gavolerie.

Bibliographie

  • Annales camaldulenses ordinis Sancti Benedicti...D. Johanne Benedicto Mittarelli & D. Anselmo Costadoni,...auctoribus. Tomus primus [-tomus nonus] complectens res gestas ab anno Christi D.cccc.viii. ad annum M. xxvi ad fidem monumentorum & veterum chartarum, quae appendicem constituunt [Livre] / Mittarelli, Giovanni Benedetto

    t. 8, pp. 316, 372, 724
  • BALLU, P. Le citoyen Menjot, ci-devant chevalier d'Elbenne, d'après des documents inédits. Le Mans, Monnoyer, 1950, 17 p.

  • FROGER, Louis. Les Camaldules au Maine, Revue historique et archéologique du Maine : Saint-Gilles de Bessé, t. 2, 1877. Notre-Dame de la Consolation de la Flotte, tome IX, 1881. (Archives départementales de la Sarthe).

  • FROGER, Louis. Un amateur au XVIIe siècle. Gilles Renard. Revue historique et archéologique du Maine. Tome 34. Mamers, Fleury et Dangin ; Le Mans, Pellechat, 1893.

    p. 121-147
  • LAMBERTYE de, Caroline. Gilles Renard (1630-1670). Maîtrise d'histoire de l'art, sous la direction de monsieur le professeur Antoine Schnapper, Institut d'Art et d'Archéologie, Paris IV, 1986.

  • MENJOT D'ELBENNE, Georges. Constructions rurales, Moyen de perfectionner les toits, et de les rendre plus commodes, plus économiques, en conciliant l'élégance et la solidité ; ou Supplément à l'art du charpentier, du tuilier et du chaussumier, Paris, chez Colas et chez Delaunay, 1808. (Médiathèque du Mans ; fonds ancien, SA 4° 1572).

  • LASSUS, Louis-Albert. Vie et mort de deux ermitages camaldules du Maine, 1. Sainte-Marie de la Flotte (1648-1767), dans La Province du Maine [1925 en cours], 5e série, t. IV. (Archives départementales de la Sarthe).

Documents figurés

  • Plan cadastral de la Gavolerie, commune de Bessé-sur-Braye, levé en 1829, section A. (Archives départementales de la Sarthe ; PC/036/002).

  • Collections de cartes postales et de photographies anciennes, commune de Bessé-sur-Braye. (Collection particulière).

  • Plan de l'enclos et des terres du Couvent des Camaldules de Bessé, levé en 1787. Copie sur calque de la limite des XIXe et XXe siècle. (Archives privées).

Annexes

  • L'architecture de l'ancien couvent de camaldules Saint-Gilles de Bessé-sur-Braye
Date(s) d'enquête : 2020; Date(s) de rédaction : 2020
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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