Dossier d’œuvre architecture IA53004362 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Château, Lozé
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Lassay-les-Châteaux
  • Commune La Haie-Traversaine
  • Lieu-dit Lozé
  • Cadastre 1829 EU 194 à 197  ; 2021 ZC 23 à 25
  • Précisions anciennement commune de Oisseau
  • Dénominations
    château
  • Parties constituantes non étudiées
    orangerie, pigeonnier, parc, mur de clôture, portail, avenue de jardin, communs, écurie

Une demeure de campagne du XVIIIe siècle

Peu de documents concernant l’histoire de Lozé ont été trouvés dans les archives. Faute d’accès au site lors de l’inventaire, il faut se contenter de maigres informations rapportées dans quelques ouvrages. L’abbé Angot relève la donation des dîmes de Lozé au prieuré de Berne en 1209, et ne trouve pas d’autre mention du lieu avant le XVIIe siècle. Il semble qu’il n’ait existé ni seigneurie ni manoir en cet emplacement, comme le confirment les cartes de Jaillot et de Cassini du début du XVIIIe siècle ; seule une closerie est citée en 1688. Le hameau de Lozé est toutefois plus ancien, comme le révèlent quelques éléments (baies cintrées ou chanfreinées) visibles sur certaines maisons.

Une branche de la famille Tripier de la Fresnaye, qui allait devenir Tripier de Lozé, s’implante en ce lieu au XVIIIe siècle. Robert Tripier de la Fresnaye, procureur du roi à l’élection de Mayenne, aurait pris possession du domaine vers 1707, date à laquelle il dote la chapelle de La Haie-sur-Colmont (qui allait devenir La Haie-Traversaine). A sa suite, Pierre-Gabriel-Armand Tripier de la Fresnaye aurait été le commanditaire de la demeure. D’après les travaux de l’association Patrimoine du Pays de Mayenne, celle-ci est achevée en 1745, comme l’indiquerait une date portée en façade à côté de la maxime SAT MORITURO (curieusement, l’abbé Angot relève la même maxime, mais pas la date). En 1787, selon Grosse-Duperon, la famille Tripier de Lozé conforte ses possessions par l’achat, à l’abbaye de Fontaine-Daniel, de divers fiefs volants situés en la paroisse du Grand-Oisseau, dont Lozé et Chalon-Poisson : selon l'auteur, "ces fiefs étaient d’un produit insignifiant, mais ils avaient l’avantage de se trouver à proximité du château de Lozé".

Le domaine d'un physiocrate ?

Le château de Lozé semble avoir été conçu pour être une maison de campagne, la famille résidant habituellement à Mayenne. Pierre-Gabriel-Armand Tripier s’intéressait à l’agriculture : il rédigeait en 1766 un mémoire sur Les moyens d’obtenir la meilleure espèce de bétail dans le Bas-Maine, et préconisait, sans succès, la création d’une école vétérinaire à Mayenne et d’une école gratuite pour les cultivateurs, peut-être à Lozé même. Sans doute développa-t-il certaines de ses idées sur ses terres. On lit aisément la volonté d’organiser de manière rigoureuse l’espace du domaine, par le tracé de vastes allées rayonnant autour du château. Le parc devait ainsi se confondre avec les terres agricoles, dans un rapport tant d’ouverture sur l'espace environnant que de domestication de celui-ci.

Au XVIIIe siècle, la maison semble avoir entretenu une étonnante promiscuité avec le hameau de Lozé, puisque l’accès à toutes les fermes et maisons se faisait directement depuis la cour, comme le révèle le plan cadastral de 1829. Les propriétés privées et les communs de la demeure s’entremêlaient intimement et aucun mur de semblait alors les séparer : s’agissait-il d’une volonté du commanditaire, dans la perspective d’aménager un domaine agricole expérimental, dans l'esprit physiocratique ? Cet agencement a été totalement bousculé sans doute dans la 2e moitié du XIXe siècle, lorsque la demeure et son parc ont été isolés par un mur de clôture : les chemins ont été détournés vers l’est et une partie du hameau a été rasée. Certains éléments propres au domaine se sont retrouvés isolés hors de la clôture, comme le pigeonnier.

Lozé au XIXe siècle

A la Révolution, Gabriel-François Tripier de Lozé, garde du corps du roi résidant à Mayenne, ayant émigré en Espagne, le domaine est saisi par l’administration : "la terre de Lozé incluant la maison de maître, jardin, pré et autres réserves, la métairie de Lozé, la petite métairie de Lozé", le tout estimé à 60 000 livres, est affermée. Finalement, à son retour, la famille Tripier recouvre ses biens. Gabriel Tripier de Lozé, fils du précédent, est député de la Mayenne à l’Assemblée législative en 1849. Royaliste, opposé à l’Empire, il quitte la vie politique au coup d’État de Louis-Napoléon Bonaparte et revient à La Haie-Traversaine où il s’implique fortement dans la vie locale. C’est sous son impulsion que la paroisse en 1849, puis la commune en 1864 (dont il devient maire) sont créées, par détachement de la commune d’Oisseau. La famille se montre très généreuse envers ses administrés, offrant la construction de l’église en 1846, une maison pour servir de mairie, fondant une école libre de filles, etc. En 1871, un orphelinat tenu par des sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, chassé de Paris par la commune, se réfugie provisoirement à Lozé.

La demeure de Lozé, par analyse architecturale et comparaison avec le cadastre de 1829, semble avoir été agrandie et plus ou moins largement remaniée dans le courant du XIXe siècle. Malheureusement, aucune mention n’est précisée à ce sujet dans les matrices cadastrales (dont il faut toutefois signaler une lacune entre 1861 et 1864). En revanche, la construction d’une chapelle (disparue ?) dans le parc est portée aux registres en 1889 (achèvement des travaux en 1880). On note également l'ajout de communs derrière la maison, peut-être à la même époque. En 1899, l’instituteur communal évoque en termes élogieux la demeure de Lozé, "avec avenue et magnifique jardin anglais ; promenade sur un vallon dominant la rivière la Colmont, cette habitation est très agréable". Les propriétaires résident alors à Angers.

  • Période(s)
    • Principale : 2e quart 18e siècle, 19e siècle , (incertitude)
  • Dates
    • 1745, porte la date

La demeure de Lozé est implantée au centre d’une sorte d’isthme circonscrit par les rivières Mayenne et Colmont, et dont le bourg de La Haie-Traversaine est le seul accès. L’ensemble de cet espace en dépendait, comme le montrent les grandes allées en croix plantées d’arbres rayonnant autour de la maison et rejoignant le bourg de La Haie-Traversaine et les bords de rivière. Précédée d’un vaste parterre gazonné, la demeure est orientée au sud, vers le bourg. Construite en moellons enduits, elle présente un corps principal symétrique à cinq travées et deux étages carrés, flanqué de courtes deux ailes à un seul étage, correspondant sans doute à des pièces de service. La façade postérieure est flanquée d’un appentis et d’une tour centrale carrée abritant probablement l’escalier. Très sobre, l’édifice possède pour tout décor des corniches moulurées ainsi que des chaînages d’angles et des encadrements de baies harpés. D’après la bibliographie, une porte est surmontée de la maxime SAT MORITURO.

Le parc, sans doute initialement ouvert mais aujourd’hui clos, se développe essentiellement vers l’ouest car bloqué à l’est par le hameau. Il comprend de vastes pelouses délimitées par des rangées d’arbres et des bosquets, où se trouve l’orangerie de plan rectangulaire. Les bâtiments de communs sont placés à droite de la demeure et à l’arrière de celle-ci. L’un d’eux présente un plan symétrique avec un pavillon central et deux courtes ailes, et trois frontons ou lucarnes en façade. Le pigeonnier carré, couvert d’une toiture en pavillon et aujourd’hui envahi par la végétation, se trouve hors de la propriété dans le hameau.

Une statue du Sacré-Coeur en fonte, sur piédestal en granite, est placée à l'entrée du domaine. L'accès à la propriété n'a pas été autorisé pendant l'inventaire.

  • Murs
    • pierre moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    rez-de-chaussée, 2 étages carrés
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • État de conservation
    bon état
  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/19-3. Monographie communale de La Haie-Traversaine, par l'instituteur communal, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 291, 292. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de La Haie-Traversaine, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; Q 671. États de consistance et d’évaluation des biens des émigrés, district de Mayenne, 1793.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • GROSSE-DUPERON, Albert. GOUVRION, Émile. L’abbaye de Fontaine-Daniel, étude historique. Mayenne : 1896.

    p. 183-184

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Grand-Oisseau (commune de La Haie-Traversaine), 1829. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2706).

Date(s) d'enquête : 2021; Date(s) de rédaction : 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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