Dossier d’œuvre architecture IA53004412 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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  • enquête thématique départementale, rivière Mayenne
Château, actuellement hôtel-restaurant, le Bas-Mont
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Mayenne - Mayenne Est
  • Commune Moulay
  • Lieu-dit le Bas-Mont
  • Cadastre 1827 A2 438 à 441  ; 2021 ZH 9 10
  • Dénominations
    château
  • Destinations
    hôtel, restaurant
  • Parties constituantes non étudiées
    chapelle, parc, mur de clôture, logement, terrasse en terre-plein, écurie

Avant le château

L'histoire ancienne du Bas-Mont demeure peu connue faute de documents. L'abbé Angot relève les premières mentions dans les cartulaires de Marmoutier, Savigny et Fontaine-Daniel, entre le XIe et le XIIIe siècle ("terra que dicitur de Montibus", "inter gardam et Bassum Montem"). La terre des Monts, comprenant le Bas-Mont, la Courmont et le Haut-Mont, était cédée en 1197 à l'abbaye de Fontaine-Daniel. En 1218, un certain Geoffroy des Monts est signalé. Si une occupation seigneuriale est avérée au milieu du Moyen-Age, il faut chercher sur le site les traces d'une motte castrale. Or il subsiste, dans le parc du château, à une centaine de mètres à l'est de celui-ci, un monticule de taille modeste qui surplombe un étroit chemin désaffecté et le ravin descendant vers la Mayenne. Peut-être cette motte - si c'en est bien une - commandait-elle un franchissement de la rivière dont il ne reste aujourd'hui plus trace, ou bien le point de vue dégagé sur la rive opposée, aux portes de la ville de Mayenne, justifiait-il à lui seul le choix du site pour cette implantation. En l'absence d'étude archéologique du site, il faut se contenter d'hypothèses.

D'après Angot toujours, Geoffroy Février, seigneur des Monts, rendait aveu de son fief à Mayenne au XIVe siècle. On ignore ce qu'il advient véritablement du Bas-Mont par la suite, car la période de la fin du Moyen-Age et du début de la période moderne n'offrent qu'un vaste angle mort dans l'histoire du lieu. Il n'est pas établi qu'un manoir vint se substituer à la motte, aucun document d'archive n'en fait état ni aucun vestige archéologique. Le cadastre napoléonien de 1827 révèle toutefois que plusieurs bâtiments ont aujourd'hui disparu. Leur positionnement sans cohérence avec le château pourrait indiquer leur antériorité, mais aucun élément ne permet plus de l'affirmer.

Le château de Germain Ricœur

La construction du château actuel, à la fin du XVIIe siècle ou au début du XVIIIe siècle, est commanditée par Germain Ricœur (1639-1716), maître de forge, comme son père du même nom, au Champ-de-la-Pierre (Orne). Propriétaire du Bas-Mont, il avait épousé, en 1664 à Mayenne, la fille du prévôt de cette ville, Renée Lefebvre. En 1669, Germain Ricoeur déclare dans l'aveu du duché de Mayenne "sa terre de Mont ou Bas-Mont, dommaines, fiefz, hommes et debvoirs, avec justice foncière pour s'en faire obéir" : le château n'étant pas cité, il semble qu'il n'était pas encore construit à cette date. Germain Ricœur est anobli et fait écuyer à Rouen en 1698, il prend alors officiellement le titre de seigneur du Bas-Mont. C'est peut-être par la suite qu'il entreprend la construction du château, bien qu'aucun document ne permette de l'affirmer. En revanche, il est établi grâce aux registres paroissiaux de Moulay que la chapelle Saint-Germain est bénie le 17 mars 1712.

La forme des toitures et la présence incongrue de deux chaînages harpés au centre de la façade postérieure indiquent que le château devait présenter initialement un plan en U ; la travée centrale fut ajoutée pour aboutir à un plan rectangulaire, sans doute au cours du XVIIIe siècle. Les deux ailes basses, peut-être également postérieures, étaient moins profondes et placées en retrait par rapport au corps central du côté de la rivière. Germain Ricœur semble avoir résidé au Bas-Mont plutôt sur la fin de sa vie ; il y décède en 1716 et est inhumé en l'église de Moulay. Le château passe ensuite à son fils François, commandant de vaisseau dans la marine. En 1754, il est vendu par son neveu, Charles-René Lefrère du Frettey, à Jacques Jacquet du Seuil.

Le Bas-Mont au début du XIXe siècle

Le cadastre de 1827 mentionne, en plus du château, de la chapelle, de l'écurie et du logement de fermier, divers bâtiments aujourd'hui disparus ou transformés. On accède à la propriété par une grande allée coudée tracée depuis la sortie du hameau de la Huardière, reprise en partie par la route actuelle : le pavillon du concierge, toujours visible, est déjà signalé à son extrémité en 1827. Le château est entouré de jardins : le potager carré, clos de murs dont il reste des vestiges et avec pavillon de jardinier, se trouve à l'ouest, tandis que les jardins d'agrément ponctués de bosquets se situent à l'est. La section de chemin qui passe au pied de la motte est utilisée comme promenade.

Le domaine, progressivement agrandi, incluait la retenue du château, les métairies du Bas-Mont, de la Courmont, du Haut-Mont et du bourg de Moulay, les closeries du Val-de-Maine, de la Clergerie, de Grenoux, ainsi que le moulin du Pont-de-Moulay sur l'Aron. En 1818, il est acheté pour 213 100 F par Louise-Jeanne Benoiste, veuve de Michel-François Girard, riche négociant en toiles à Mayenne : "Un château au pied duquel coule la rivière de la Mayenne, chapelle, cours, jardins, parterre, bosquets, bois coupé en avenues, avenues communiquant du château à la grande route de Mayenne à Laval". En 1854, il est mis en adjudication par le notaire Benoiste et ainsi décrit dans l'annonce : "Grande et belle terre du Basmont, d'une superficie totale de 166 hectares 79 ares 6 centiares […] comprise entre la route de Paris à Brest et la Mayenne qui la baigne sur une longueur de 3 kilomètres. Une avenue d'un kilomètre plantée de beaux hêtres conduit au château, qui domine la rivière et est entouré de deux vastes jardins potagers et de vallons dessinés en jardins anglais".

Les transformations des XIXe et XXe siècles

En 1868, le château devient propriété de Charles-Alexandre Jailliard, que l'instituteur Davoust décrit dans sa monographie communale (1899) comme un "riche bourgeois archi-millionnaire". Il résidait la plus grande partie du temps à Rennes où il avait ouvert à la construction un vaste lotissement en périphérie de la ville. En 1871, il obtient l'autorisation de faire clore d'une haie vive l'ensemble du domaine du Bas-Mont du côté du chemin du halage, qui s'étend depuis l'Aron jusqu'au Haut-Grenoux, soit environ 2,3 km le long de la Mayenne. On lui doit les remaniements de la ferme (démolitions et construction d'un nouveau logement enregistrées dans les matrices cadastrales en 1871). M. Jailliard est probablement le commanditaire d'une mise au goût du jour des intérieurs du château, incluant la réalisation de l'escalier d'honneur actuel et l'aménagement de nouvelles cheminées dont il reste un exemple au rez-de-chaussée. On lui doit selon toute vraisemblance la construction du belvédère sur le toit du château ainsi que la pose des ornements de faîtage en zinc. Une grange-étable est édifiée de l'autre côté de la route à la fin du XIXe siècle ou au début du XXe siècle.

Le château est légué par Louise Jailliard au diocèse de Laval en 1943 ; il abrite quelques temps un petit séminaire pour vocations tardives. Un établissement des Maisons Familiales du Nord de la Mayenne, destiné aux jeunes filles, s'y installe de 1965 à 1999. Le restaurant La Marjolaine est créé dès 1988 dans une dépendance, complété par la construction des bâtiments de l'hôtel au début des années 1990. Le château, à l'abandon, est finalement racheté en 2004 pour être restauré et intégré au complexe hôtelier (Jean-Michel Lemarié architecte). Les deux ailes sont remaniées et agrandies du côté de la rivière. La charpente et la toiture sont en partie refaites. La distribution de l'étage est remodelée pour abriter une partie des chambres de l'hôtel. En parallèle, l'environnement paysager est également modifié du fait de la revente des fermes aux exploitants au XXe siècle, puis de la construction des bâtiments de l'hôtel à l'emplacement du potager.

  • Période(s)
    • Principale : limite 17e siècle 18e siècle, 1er quart 18e siècle, 18e siècle, 3e quart 19e siècle, limite 19e siècle 20e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1712, daté par source

Le château du Bas-Mont est construit en surplomb de la rivière Mayenne et du chemin de halage. Il se trouve à l’extrémité d’une longue avenue de près d’un kilomètre, aujourd’hui partiellement chemin public. La propriété comprend le château, la chapelle située à proximité, les anciennes écuries et remises remaniées, des bâtiments de ferme ainsi que les constructions modernes de l’hôtel-restaurant.

Le château

Le château, construit en moellons de granite enduits avec des chaînages d'angles et des encadrements harpés en pierre de taille, est orienté au sud-est sur la cour et au nord-ouest sur la rivière. Il comprend un corps central à étage carré, initialement en U, aujourd'hui rectangulaire. Il est couvert d'un toit à longs pans et à croupes percé, côté cour, d'œils-de-bœuf en pierre, et côté Mayenne, de lucarnes en bois. Il est flanqué de deux ailes en rez-de-chaussée remaniées, couvertes de toits brisés et pourvues de lucarnes à frontons triangulaires. Les façades sont sommées de corniches en doucine, tandis que les chaînages harpés des fenêtres se prolongent sur les plein-de-travée.

La façade principale du corps central, symétrique, compte cinq travées de grandes ouvertures. La travée centrale est saillante et surmontée d'un fronton cintré ajouré d'un oculus, couronné d'un vase en pierre d'où émerge un bouquet de lys en métal. La porte, placée entre deux oculi, est ornée de pilastres et surmontée d'un fronton également cintré, sculpté des armoiries de la famille Ricœur ("d'azur, au chevron d'argent, accompagné en chef de deux étoiles à cinq rais d'or et en pointe d'un cœur du même") coiffées d'une couronne comtale – de toute évidence usurpée – et portées par deux griffons. La façade postérieure présente également cinq travées mais est dépourvue de tout décor. Les traces de grilles sont visibles aux fenêtres du rez-de-chaussée. Le toit est surmonté d'une crête de faîtage et, en son centre, d'un belvédère octogonal pourvu d'ornements végétaux en zinc.

La porte principale donne sur la cage d'escalier, autour de laquelle s'articulent les pièces du rez-de-chaussée. L'escalier tournant à droite, suspendu, est en bois et possède une rampe supportée par des colonnettes. Le salon nord conserve une cheminée à manteau en marbre noir et hotte à décor de pilastres ; le salon sud s'ouvre sur les pièces donnant sur la Mayenne par un grand arc en anse de panier. L'étage et le comble ont été remaniés, ainsi que les deux ailes qui devaient correspondre aux pièces de service. Une petite cave est à signaler sous le château.

Les bâtiments annexes et le parc

Située près du château, la chapelle présente un plan rectangulaire et une abside à trois pans. Également construite en moellons enduits et couverte d'un toit à croupes en ardoise, elle est ornée de décors en pierre de taille de granite : solin, bandeau, corniche moulurée, pilastres d'angles à bossages. La porte, accessible par un perron de trois marches, possède un encadrement à crossettes et un fronton surbaissé surmonté d'une croix. Les deux fenêtres qui éclairent le chœur, en arc segmentaire, sont pourvues de grilles ouvragées ; les vitraux aux armes des Ricœur signalés par l'abbé Angot ont disparu. L'intérieur a perdu son décor et son mobilier, tandis que la voûte est masquée par un plafond. Deux niches sont aménagées dans les pans coupés du chœur.

Les communs, remaniés et agrandis pour les besoins de l'hôtel-restaurant, sont situés de part et d'autre de la cour ; deux bâtiments récents de l'hôtel sont édifiés sur l'emplacement de l'ancien potager carré dont subsiste une partie du mur de clôture. Le logement du fermier, simple maison de plan rectangulaire avec porte centrale, donne sur la route. En face se trouve une grange-étable à façade en pignon, dont les chaînages, bandeau et encadrements d'ouvertures sont parés d'une alternance de brique et de pierre de taille à bossage rustique.

Le parc à l'anglaise se déploie entre la route et le ravin bordant la Mayenne. Une charmille et une promenade dominent la vallée et permettent de profiter de la vue sur la rivière. L'ancienne motte castrale, de dimensions modestes, est également placée sur le rebord du ravin. La terrasse qui devance la façade du château côté Mayenne a été reconstruite à l'identique. Un chemin donne un accès direct à la Mayenne. En contrebas du château, des marches en pierre descendant dans le lit de la rivière apparaissent lorsque le niveau de l'eau est bas. A l'entrée de la grande avenue venant du bourg de Moulay est postée l'ancienne conciergerie en forme de pavillon, ainsi qu'un calvaire en granite.

  • Murs
    • granite moellon enduit
  • Toits
    ardoise
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré, étage de comble
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation ordonnancée
  • Couvertures
    • toit à longs pans croupe
  • Escaliers
    • escalier intérieur : escalier tournant à retours avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état, restauré, remanié
  • Techniques
    • sculpture
  • Représentations
    • armoiries
    • ornement animal, griffon
    • ornement architectural, fronton, pilastre
  • Précision représentations

    Porte du château ornée de pilastres et d'un fronton surbaissé sculpté des armoiries de la famille Ricœur portées par deux griffons.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Mayenne ; E-dépôt 120. Registres paroissiaux de Moulay, bénédiction de la chapelle Saint-Germain du château du Bas-Mont, 10 mars 1712.

  • Archives départementales de la Mayenne ; MS 80/18-10. Monographie communale de Moulay, par l'instituteur Davoust, 1899.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 278, 643, 1569. Matrices cadastrales, registres des augmentations et diminutions de construction de la commune de Moulay, XIXe-XXe siècles.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 227 Q 140. Adjudication du château et du domaine du Bas-Mont à Moulay à Louise-Jeanne Benoiste, veuve Girard, 18 avril 1818.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 227 Q 495. Vente du château et du domaine du Bas-Mont à Moulay à Gabriel-Léon Géré, 23 février 1859.

  • Archives départementales de la Mayenne ; 227 Q 745. Vente du château et du domaine du Bas-Mont à Moulay à Charles-Alexandre Jailliard, 8 septembre 1868.

  • Archives départementales de la Mayenne ; S 515. Pétitions pour la clôture du domaine du Bas-Mont à Moulay le long du chemin de halage de la Mayenne, 1869-1871.

  • Archives départementales de la Seine-Maritime ; 3 B 1130. Archives de la Cour des Aides de Rouen, anoblissement de Germain Ricœur, 1698.

Bibliographie

  • ANGOT, Alphonse (abbé). Dictionnaire historique, topographique et biographique de la Mayenne. Laval : Goupil, 1902.

  • ANGOT, Alphonse. La Mayenne : sites, monuments et souvenirs du département.

  • GROSSE-DUPERON, Albert, GOUVRION, Émile. Cartulaire de l’abbaye cistercienne de Fontaine-Daniel (Mayenne). Mayenne : Poirier-Béalu, 1896.

  • GROSSE-DUPERON, Albert. Le duché de Mayenne, aveu du 11 avril 1669. Mayenne : Poirier Frères, 1904.

    p. 36
  • Le patrimoine des communes de la Mayenne. Paris : Éditions Flohic, 2002.

Périodiques

  • THOUANEL, Françoise. "Le domaine du Basmont à Moulay ou l’histoire d’un château en Mayenne". Les cahiers du Pays de Mayenne, numéro spécial, 2010.

Documents figurés

  • Collection de cartes postales anciennes des communes de la Mayenne. (Archives départementales de la Mayenne ; 5 Fi).

  • Plan cadastral napoléonien de Moulay, 1827. (Archives départementales de la Mayenne ; 3 P 2756).

Date d'enquête 2021 ; Date(s) de rédaction 2021
(c) Conseil départemental de la Mayenne
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
Barreau Pierrick
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Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

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