Dossier d’œuvre architecture IA72058944 | Réalisé par
Barreau Pierrick (Contributeur)
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.
  • inventaire topographique, Bourgs et petites cités du Perche sarthois
Auberge des Trois Rois, puis école privée Saint-Pierre, actuellement maison, 12 Grande-Rue
Œuvre étudiée
Auteur
Copyright
  • (c) Région Pays de la Loire - Inventaire général

Dossier non géolocalisé

Localisation
  • Aire d'étude et canton Pays du Perche sarthois - La Ferté-Bernard
  • Commune Tuffé Val de la Chéronne
  • Adresse 12 Grande-Rue
  • Cadastre 1836 D2 259  ; 2019 AE 18, 374
  • Dénominations
    auberge, école
  • Précision dénomination
    école privée
  • Appellations
    les Trois Rois
  • Destinations
    maison
  • Parties constituantes non étudiées
    cour, mur de clôture, hangar agricole, four, portail

La maison peut être datée de la fin du XVe siècle ou du début du XVIe siècle, de par sa haute toiture pentue, sa charpente, sa tour d’escalier, ses baies chanfreinées et surtout ses grandes fenêtres à meneau et traverse conservées à l’étage côté rue, avec leurs larmiers à culots sculptés de personnages et d’animaux : ceux-ci semblent renvoyer au monde médiéval du spectacle, acrobate, danseur (?), montreur d’ours (?), chien. Ils pourraient signaler, à l’instar d’une enseigne, la vocation originelle de la maison, peut-être un cabaret. Ceci ne semble pas incompatible avec la fonction de la maison au XVIIIe siècle, puisqu’on y trouvait alors une auberge à l’enseigne des Trois Rois. C’est ce que confirme le plan terrier du prieuré dressé entre 1757 et 1759 : les bâtiments et de vastes terrains à l’arrière appartiennent alors à la demoiselle Renée Venot demeurant au Mans. Le 29 mars 1757, cette dernière déclare ainsi posséder « une maison nommée les Roys scituée audit bourg de Tuffé composée de trois chambres basses et trois hautes à pignons et cheminées, grenier dessus, cave dessous [...] ; un fournil y attenant, une grange et une écurie sous même faitte, avec un petit toit à porcs au bout dudit fournil, une grange bâtie sur la cave de la veuve Couronne, cour derrière les bâtiments dans laquelle il y a un puits et trois jardins séparés par une ruelle qui sert pour l’exploitation de la pièce de la Sablonnière ».

Le plan terrier figure la maison actuelle, mais également un corps placé en retour côté cour, sur le flanc droit de la tour d’escalier. Cette partie aujourd’hui disparue explique un certain nombre d’anomalies visibles à cet emplacement : corbeaux orphelins, portes murées au rez-de-chaussée de la tour et du salon actuel, arrachement à l’angle de la tour. D’autres éléments de la façade postérieure, à gauche de la tour, suscitent des interrogations : reprises de maçonneries, portes murées dans la tour à l’étage, trace d’encorbellement. Ces indices semblent plaider en faveur d’une galerie extérieure en bois desservant l’étage à gauche de la tour, disparue avant l’établissement du plan terrier où elle ne figure pas. Au XVIIIe siècle, le rez-de-chaussée sur rue est remanié et percé de nouvelles ouvertures, en arc segmentaire délardé : les vantaux de la porte en sont contemporains, de même que la cheminée du salon. La date du percement de la fenêtre centrale à l’étage est plus incertaine. A l’intérieur, une peinture murale porte la date 1775 (ou 1773 ?) et la signature LP. Par la suite, le plan cadastral napoléonien de 1831 mentionne les bâtiments dans leur disposition actuelle, avec une petite excroissance au niveau de l’accès de la cave (appentis?) : ils appartiennent alors à un certain Louis Papillon (un éventuel Louis Papillon père aurait-il pu signer la peinture murale de 1775 ?).

Au cours du XIXe siècle (2e moitié ?), l’étage de la maison côté cour est pourvu de nouvelles baies à encadrement en brique, l’escalier dans la tour, semble-t-il en pierre, est remplacé par un autre en bois. A une date inconnue, sans doute dans les années 1860, la maison est adjointe à l'école libre de filles tenue par les sœurs de la Charité d’Évron (au 10 Grande rue) grâce à un legs de la marquise de Rasilly, châtelaine de Chéronne, comme le rappelle la plaque au-dessus de la porte. Les dépendances sont alors remaniées en préau. Temporairement fermée après la séparation de l’Église et de l’État, l’école se tient au XXe siècle au seul 12 Grande rue (le 10 abritant un hospice). On y trouve deux classes, primaire et maternelle, et jusqu’à une soixantaine d’élèves dans les années 1950. Dans les années 1980, on l’agrandit de bâtiments préfabriqués, désaffectés lors de la fermeture de l’école vers 2000 et actuellement en cours de démolition. Devenue maison particulière, la propriété est restaurée. La principale transformation est le percement d’une grande baie dans la façade postérieure, au rez-de-chaussée, dans le 1er quart du XXIe siècle.

  • Période(s)
    • Principale : limite 15e siècle 16e siècle, 18e siècle, 4e quart 18e siècle, 2e moitié 19e siècle
    • Secondaire : 4e quart 20e siècle, 1er quart 21e siècle
  • Dates
    • 1775, porte la date

La façade sur rue du bâtiment principal, orientée au nord-est, présente trois travées. Les ouvertures du rez-de-chaussée possèdent des encadrements en pierre de taille saillants, des linteaux en arc segmentaire délardé et des agrafes saillantes. La porte à imposte a conservé ses vantaux à moulures chantournées, comme d’autres portes à l’intérieur. Elle est surmontée d’une plaque en marbre avec l’inscription « Legs d’Adèle de Gramont marquise de Rasilly ». A l’étage, une petite baie à encadrement en bois est encadrée de deux grandes fenêtres à meneau et traverse, chanfreinées et à congés, pourvues d’appuis moulurés et de larmiers. Ces derniers reposent sur des culots sculptés de personnages et d’animaux : acrobate la tête en bas, danseur (?), ours assis surmontant une tête d’homme, chien couché. Deux grandes lucarnes devaient prendre place au niveau du comble, comme le suggèrent les dispositions de la charpente : il n'est pas impossible qu'elles aient été remontées au château de Chéronne par les Razilly. La façade arrière, qui présente notamment des petites baies à encadrement en brique et des corbeaux à l’étage, est divisée en deux par une tour d’escalier carrée coiffée d’une croupe et percée de petites fenêtres chanfreinées à appuis moulurés. L’accès à la cave (plafonnée) se fait par un escalier droit sous une grande baie récente.

A l’intérieur, le rez-de-chaussée est scindé par un couloir médian. A gauche, le salon a conservé une grande cheminée peinte en faux marbre, à moulures chantournées, à volutes et à chutes de fleurs. On observe, dans l’ébrasement d’une fenêtre, un vestige de décor peint d’un cartouche et de motifs géométriques. La porte du couloir donnant sur la tour d’escalier est également surmontée d’une peinture murale, signée LP et datée de 1775 (ou 1773) : elle représente, dans un panneau en trompe-l’œil cantonné de fleurettes, un château à sept travées sur une colline arborée, entouré de quelques maisons et d’une chapelle à droite. Le dessin est naïf et les perspectives très maladroites. L’escalier à vis en bois dessert l’étage et le comble via des portes chanfreinées. Deux autres portes aujourd’hui murées, donnant sur la gauche de la tour, pourraient avoir été les accès à une ancienne galerie en encorbellement avec escalier particulier, en bois. La charpente de la maison, très haute et pentue, est à chevrons porteurs.

Dans la cour, close d’un mur en moellons, se trouve un petit hangar à piles en briques, dont un mur gouttereau est en pan-de-bois. Le mur-pignon présente les vestiges d’un ancien four à pain.

  • Murs
    • calcaire moellon enduit partiel
    • grès moellon enduit partiel
  • Toits
    tuile plate
  • Étages
    sous-sol, rez-de-chaussée, 1 étage carré
  • Couvrements
    • charpente en bois apparente
  • Élévations extérieures
    élévation à travées
  • Couvertures
    • toit à longs pans
  • Escaliers
    • escalier hors-œuvre : escalier en vis avec jour en charpente
  • État de conservation
    bon état, remanié
  • Techniques
    • sculpture
    • peinture
  • Représentations
    • ornement figuré, homme, tête d'homme
    • ornement animal, chien, ours
    • représentation figurative, paysage d'architecture
    • ornement en forme d'objet, cartouche
  • Précision représentations

    Culots des larmiers des fenêtres de l'étage ornés d'un acrobate la tête en bas, d'un danseur (?), d'un ours assis surmontant une tête d’homme, d'un chien couché.

    Décors peints représentant un cartouche et des motifs géométriques, ainsi qu'un tableau avec un château, des maisons et une chapelle dans un paysage valonné et boisé.

  • Statut de la propriété
    propriété d'une personne privée

Documents d'archives

  • Archives départementales de la Sarthe ; H 209. 1757-1759 : domaines du prieuré de Tuffé, rénovation du terrier de la baronnie.

  • Archives départementales de la Sarthe ; 18 J 607. Collection Paul Cordonnier, commune de Tuffé.

  • Archives diocésaines du Mans ; boîtes 1497 à 1500. Papiers concernant la paroisse de Tuffé.

Bibliographie

  • Le patrimoine des communes de la Sarthe. Paris : Flohic éditions, 2000. 2 vol.

    p. 1628
Date(s) d'enquête : 2019; Date(s) de rédaction : 2019
(c) Région Pays de la Loire - Inventaire général
(c) Pays du Perche sarthois
Barreau Pierrick
Barreau Pierrick

Chercheur auprès du Pays du Perche sarthois jusqu'en octobre 2020. Depuis novembre 2020, chercheur auprès du Conseil départemental de la Mayenne.

Cliquez pour effectuer une recherche sur cette personne.