Dossier collectif des édifices « châteaux-manoirs-mottes » de VAIGES

 

 

Mentions de sites seigneuriaux repérées dans la documentation :

 

La carte publiée par Jaillot en 1706 et celle de Cassini dont la première édition a été publiée en 1766-1768 sont les sources principales avec le Dictionnaire de l’abbé Angot. D’autres sources peuvent ponctuellement également apporter des renseignements.

 

 

Jaillot

Cassini

Angot

Autres

Dénomination retenue dans l’enquête d’inventaire

Château de Vaiges (bourg)

/

/

-Châtellenie de Vaiges, vassale puis annexe du comté de Laval

-« la motte de Vaige avec les douves, environ ledit chastel et motte et environ la ville »

1456

« Il ne reste plus du château qu'une motte et les masure » (Davelu, 1780)

/

Aubigné

Château ou maison notable et chapelle

Château

-Hugues d’Aubigné, témoin d’un don au prieur de Bazougers

1103-1120

-Seigneurie vassale de Vaiges

1533

Terre et seigneurie

1693 (archives de Thévalles)

Manoir

Bois-de-Vaiges (le)

/

Ferme

Lieu de la Motte-Vyer, autrefois bois de Vaiges donné par Macé Vyer pour y fonder une chapelle

1557

Logis à étage

1791

(ADM, Q520)

Manoir, puis ferme

Boulay (le)

Château ou maison notable

Fief

Fief et domaine, relevant des fiefs de Vaiges qui appartenaient aux seigneurs de la Chapelle-Rainsouin

XVe et XVIe s.

« Château qui n’est pas grand-chose » (Davelu)

Manoir, puis ferme

Bray (le)

/

Ferme

-Fief vassal de Vaiges

-Gaufridus de Brolio vend au chapître du Mans une dîme en Vaiges

XIIIe s.

-La terre, fief et seigneurie du Breil-Breillant

1671

 

Motte

Châtellier (le)

/

Ferme ?

Fief et domaine mouvant de la châtellenie de Vaiges

« Château assez beau » (Davelu)

Manoir

Couillé

Château ou maison notable et moulin

Moulin à eau et moulin à vent

Coyet : manoir et moulin

 

Manoir

Courtentré

/

Ferme

Fief et domaine vassal de la Chapelle-Rainsouin par les fiefs de Vaiges

1553

 

Manoir

Ebaudière (l’)

/

/

-Raoul de l’Ebaudière donne un dîme à l’abbaye d’Evron.

Avant 1219

-Fief mouvant de Vaiges

1456

 

Motte

Ecorcé

/

Ferme

-Margot Descorcé

1392

-Fief et domaine mouvant de Saint-Christophe

 

Ecart, puis ferme

Francière (la)

/

Ferme

Fief, hébergement et domaine mouvant du Châtelier

 

Manoir

Haut-Mélé (ou Meslay)

/

Ferme

Fief relevant de Vaiges

Butte arasée à fin du XXe siècle (témoignage oral)

Ferme

Lesnières

Château ou maison notable et chapelle

Château

Terre seigneuriale, relevant de la châtellenie de Vaiges et en partie du fief de Beaufeu et du fief de l’Ebaudière

 

Château

Noëmontsûrs

/

/

Fief de Non-Montsûrs, 1463, au seigneur de Villiers, 1533

Fossé circulaire repéré en 1990 et détruit en 1992 (E. Mare)

Manoir

Petit-Rocher (le)

/

Ferme

Fief mouvant de Vaiges

Motte entourée d’une douve repérée en 1976, détruite à la fin des années 1980 (E. Mare)

Ferme

Plessis (le)

/

Ferme

-Fief

-Marguerite, veuve de Hamelin du Plessis, vend des dîmes au chapitre du Mans

1275

Enclos ou petite motte (E. Mare)

Ferme

Saillardières

/

Ferme

Terre noble du domaine de Vaiges

 

Manoir-écart

Sourche

/

/

Lieu et fief de Sourchette

1440

 

Ecart puis ferme

Tardivière de la Butte (la)

/

/

Fief et domaine aux seigneurs de Lesnières

1519

 

Motte

Tertre (le)

/

/

Hébergement, fief et domaine mouvant de Vaiges

1456

 

Ferme

Torlais (les)

/

/

Fief uni à celui d’Ecorcé

 

Ecart, puis ferme

Villiers

Château ou maison notable et chapelle

Fief

-Guérin de Villiers donne aux religieux d’Evron une dîme en Vaiges

1224

-Fief mouvant de la châtellenie de Vaiges

 

Manoir

Les dossiers sélectionnés sont en gras.

 

La documentation consultée a permis d’identifier 22 sites de fief ou seigneurie. 5 sont mentionnés comme tels sur les cartes de Jaillot ou de Cassini dont l’un (Couillé) est uniquement renseigné grâce à la carte de 1706. La plupart relevaient directement ou indirectement de la châtellenie de Vaiges, vassale du comté de Laval puis annexée à elle à la fin du XVe siècle, à la mort d’André de Laval, maréchal de Lohéac. Les fiefs du Boulay et de Courtentré dépendaient de La Chapelle-Rainsouin et celui d’Ecorcé de Saint-Christophe-du-Luat. Le château de Vaiges avait disparu en 1456 et la motte, encore en place en 1780, a été en grande partie démolie avant 1842.

 

Mottes et terrasses fossoyées

 

Mentions de mottes, douves ou système talus-fossés dans la toponymie :

 

 

Toponymie (état des sections, cadastre 1842)

Aubigné

La Douve : F 63     

Bailleul (le)

La Douve : H 60, 61   

Baslivières (les)

La Motte : C 191     

Bidaudière (la)

La Butte : F 259, 260    

Bourg

La Butte de la Motte : E 277, 278, 279, 280  

Bois-de-Vaiges (le)

La Douve : K 5 ; le château : K 32 

Bray (le)

La Douve du Bray : A 93   

Châtellier (le)

La Douve : K 37, 46, 57 ; la Motte : K 51   

Courtentré

La Douve : E 345 

Dérouardière (la)

La Douve : D 207       

Ebaudière (l’)

La Butte : C 18  

Ecorcé

La Butte : G 184   

Ferrand

La Douve : D 277 ; la Butte de la douve : D 278  

Gros-Chêne (le)

La Motte : K 220, 221, 222, 226  

Hamardière (la)

La Douve de la butte : F 12 ; la Butte : F 13

Juigné

La Motte : J 262 ; la Douve : J 282

Lesnières

La Douve : C 311, 312, 316    

Orière (l’)

La Motte : J 109  

Roucières (les)

La Douve des Roucières : C 375   

Sourche

H 306 : parcelle circulaire, appelée motte sur le plan terrier de 1772  

Tardivière de la Butte (la)

La Butte : D 154   

Terpinière (la)

H 94 : parcelle circulaire, appelée motte sur le plan terrier de 1772

 

Six mottes sont conservées, au moins partiellement, dans la commune, au Bailleul, au Bray, à l’Ebaudière, à Ferrand, à la Hamardière et à la Tardivière de la Butte. Onze autres ont été démolies : outre celle située dans le bourg, elles prenaient place à proximité des lieux-dits d’Aubigné, d’Ecorcé, de Sourche, du Petit-Rocher, de la Bidaudière, des Roucières et de la Terpinière et, de façon un peu plus incertaine, du Haut-Mélé, de Noëmontsûrs et du Plessis. Sur un total de dix-sept sites de mottes assurés ou très probables, six, le Bailleul, Ferrand, la Hamardière, la Bidaudière, les Roucières et la Terpinière, ne sont pas mentionnés dans la documentation connue comme des sites seigneuriaux. A la liste principale peuvent être ajoutés cinq autres sites, près des Baslivières, de la Dérouardière, du Gros-Chêne, de Juigné et de l’Orière, où l’hypothèse de l’existence de mottes féodales ne s’appuie que sur la toponymie des parcelles étudiée dans l’état des sections du cadastre de 1842.

Par ailleurs, cinq lieux étaient pourvus de terrasses fossoyées : Aubigné (terrasse rectangulaire médiévale, presque entièrement détruite), le Bois-de-Vaiges (terrasse circulaire médiévale), le Chatellier (cour et basse-cour partiellement conservées en 1842 et supprimés depuis), Lesnières (terrasse rectangulaire sans doute du XVIIe siècle) et peut-être Courtentré (la forme des parcelles et de la mare, dénommée la douve, sur le plan cadastral de 1842, suggère une terrasse rectangulaire).

 

Parties constituantes des sites seigneuriaux d’après les observations de terrain et la documentation

 

 

Logis seigneurial

Système défensif ou fossoyé ou douves

Motte

chapelle

Pigeonnier

Autres

Château de Vaiges

?

(détruit)

Douves (détruites)

X

(détruite)

/

/

Grand étang et étang Fardoul avec le moulin et la pêcherie (supprimés)

Aubigné

X

Terrasse fossoyée (fossés comblés)

X

(détruite)

X

(détruite)

X

(détruit)

Etable-grange

Bailleul (le)

/

/

X

/

/

/

Bois-de-Vaiges (le)

X

(détruit)

Terrasse circulairefossoyée

/

/

/

/

Boulay (le)

X

(détruit)

/

/

/

/

/

Bray (le)

/

/

X

/

/

/

Châtellier (le)

X

cour et basse-cour

(fossés comblés)

/

/

/

Ferme

Couillé

X

/

/

/

/

Etable

Moulin à vent (détruit) et moulin à eau

Courtentré

X

Terrasse fossoyée ?

(fossés en grande partie comblés)

/

/

/

Etable-grange

Ebaudière (l’)

/

/

X

/

/

/

Ecorcé

/

/

X

(détruite)

/

/

/

Ferrand

/

/

X

/

/

/

Francière (la)

X

/

/

/

/

/

Hamardière (la)

/

/

X

/

/

/

Haut-Mélé (le)

/

/

X ?

(détruite)

/

/

/

Lesnières

X

Terrasse fossoyée

/

X

/

Ecurie

Ferme

Noëmontsûrs

X

/

X (détruite)

/

/

/

Petit-Rocher (le)

X

/

X

(détruite)

/

/

/

Plessis (le)

/

/

X ?

/

/

/

Saillardières (les)

X

/

/

/

/

Ferme

Sourche

/

/

X

(vestiges)

/

/

/

Tardivière de la Butte (la)

/

/

X

(vestiges)

/

/

/

Tertre (le)

/

/

/

/

/

/

Torlais (les)

/

/

/

/

/

/

Villiers

X

/

/

X

/

Ferme

 

Douze logis seigneuriaux sont documentés dont deux ont été démolis au XIXe siècle (le Bois-de-Vaiges qui comportait un étage et le Boulay) et un a été trop remanié au XIXe et au XXe siècles pour pouvoir être étudié (le Petit-Rocher).Trois lieux comprenaient une chapelle : l’une a été détruite au milieu du XIXe siècle, à Aubigné, les deux autres ont été construites ou reconstruites en 1766 (Villiers) et 1838 (Lesnières). Un seul pigeonnier, démoli au milieu du XIXe siècle, est documenté (Aubigné). Enfin, les manoirs et le château étaient tous accompagnés de bâtiments agricoles, donnant généralement sur la même cour (sauf au Châtellier et au château de Lesnières où la cour du logis seigneurial et la cour de la ferme sont distinctes). Six sites conservent des dépendances agricoles antérieures à la Révolution : à Aubigné et à Courtentré, les étables-granges, construites au XVIIe et XVIIIe siècles, se distinguent des constructions des simples fermes par leurs importantes dimensions ; au Châtellier, le logis de fermier dispose, de façon exceptionnelle pour le XVIIe siècle, d’un comble à surcroît. A Lesnières, seul édifice avec Villiers et le Châtellier à avoir conservé après la Révolution sa fonction de résidence de notable, le principal bâtiment de dépendance, reconstruit au XIXe siècle, est doté d’une élévation ordonnancée.

 

Description et datation des logis seigneuriaux conservés

 

 

Plan

Niveaux

Escalier

Matériau de construction et mise en oeuvre

Matériau des encadrements de baies et mise en oeuvre

Matériau de couverture

Charpente

Décor

Datation

Aubigné

rectangulaire

un étage carré

hors-oeuvre

en vis

en maçonnerie

grès

moellon

-granite

pierre de taille

-calcaire

pierre de taille

(lucarnes)

ardoise

à ferme et à panne

-armoiries

-décor gothique (lucarnes)

limite XVe -XVIe s.

Châtellier (le)

rectangulaire

un étage carré

demi-hors-oeuvre

en vis

en charpente

calcaire marbrier

moellon

-granite

pierre de taille

(porte)

-calcaire

Pierre de taille (XIXe s.)

ardoise

à ferme et à panne sous chevron porteur

/

-1ère moitié XVIe s. ( ?)

-remanié fin XIXe s.

Couillé

en L

(résulte de l’adjonction d’une aile)

un étage carré

demi-hors-oeuvre

en vis

en charpente

grès

moellon

-granite

pierre de taille

(XV-XVIe s. et XVIIes.)

-tuileau

(XVIIIe-XIXe s.)

ardoise

en ruine

/

-limite XVe -XVIe s.

-agrandi XVIIe s.

-remanié XVIIIe-XIXe s.

Courtentré

rectangulaire

un étage carré

dans-oeuvre

à retours sans jour

en charpente

 

grès

moellon

-granite ( ?)

pierre de taille

-calcaire marbrier

pierre de taille (XIXe s.)

ardoise

à ferme et à panne sous chevron porteur

/

-2e moitié XVIIe s.

-remanié XIXe s. et 2e moitié XXe

 

Francière (la)

en L

(résulte de l’adjonction du pavillon

au XVIIe s.)

-en rez-de-chaussée

-un étage carré sur rez-de-chaussée surélevé et sous-sol

-extérieur

droit

en maçonnerie

-dans-œuvre

droit

en charpente

grès

moellon

-grès

moellon (XVIIes.)

-calcaire marbrier

pierre de taille

(XIXe s.)

ardoise

-remaniée

-à chevron porteur

/

-XIVe s. ( ?)

-1ère moitié XVIIe s.

-remanié XIXe s.

Lesnières

rectangulaire

un étage carré sur rez-de-chaussée surélevé et sous-sol

dans-œuvre

(XIXe s.)

moellon

calcaire de Bernay

pierre de taille (XIXe s.)

ardoise

à chevron porteur

armoiries, chiffres, décor néo-gothique (lucarnes)

-XVIIe s.

-remanié 3e quart XIXe s.

Noëmontsûrs

rectangulaire

-en rez-de-chaussée

-à un étage carré

dans-œuvre

droit

en charpente

grès

moellon

granite

pierre de taille

ardoise

tuile plate

tôle

à ferme et à panne sous chevron porteur

/

-XVIIe s. ( ?) en 3 campagnes

-remanié XIXe et XXe s.

Saillardières (les)

Rectangulaire

un étage carré

dans-œuvre

en vis

en charpente

grès

moellon

calcaire marbrier

pierre de taille (XVIIe s.)

tufeau

pierre de taille (XIXe s.)

ardoise

à panne sous chevron porteur

/

-1ère moitié XVIIe s.

-remanié et agrandi XIXe s.

Villiers

rectangulaire

un étage carré

-hors-œuvre (vestiges)

-dans-œuvre

à retour

 

grès

moellon

calcaire

pierre de taille

ardoise

non vue

armoiries, décor Renaissance

(lucarnes)

-milieu XVIe s.

-remanié XVIIIe s.

 

Un seul logis seigneurial conserve des éléments significatifs antérieurs au milieu du XVe siècle : la Francière, dont le corps principal, en rez-de-chaussée, est doté d’une cheminée sur mur-gouttereau. Les autres se répartissent en deux groupes égaux. Quatre ont été édifiés (ou dans la cas d’Aubigné en grande partie reconstruit) à la fin du XVe siècle ou dans la première moitié du XVIe siècle et disposent d’un étage carré et d’une tour d’escalier hors ou demi-hors-œuvre (à plan circulaire, sur l’élévation postérieure dans trois cas ; à plan polygonal, sur l’élévation antérieure à Aubigné). Les quatre derniers ont été édifiés au XVIIe siècle et présentent, du fait d’abord de la diversité de leurs dimensions (du château au petit manoir), une certaine hétérogénéité architecturale : ils sont majoritairement dotés d’un étage carré, mais le manoir de Noëmontsûrs, construit en plusieurs campagnes, réunit deux parties en rez-de-chaussée et une troisième à rez-de-chaussée bas et étage carré ; leurs escaliers, dans-œuvre, en charpente, présentent des types divers : à retour sans jour à Courtentré, en vis aux Saillardières, droit à Noëmontsûrs.

Ils ont fait l’objet de remaniements importants, dès le XVIIe siècle à la Francière (adjonction d’un pavillon à étage) et à Couillé (allongement du logis), au XVIIIe siècle à Villiers (déplacement de l’escalier, cloisonnement interne), au XIXe siècle dans tous les édifices (remaniement des baies, cloisonnement interne) et dans la seconde moitié du XXe siècle (Courtentré, Noëmontsûrs, les Saillardières).

Tous sont construits en moellon de pierre locale, grès surtout, calcaire marbrier au Châtellier. Ils sont par contre presque systématiquement couverts d’ardoises (sauf une partie des Noëmontsûrs), de provenance extérieure au territoire. De même, les matériaux d’encadrement antérieurs au XIXe siècle, n’ont pas une origine locale (sauf le grès employé sur le pavillon de la Francière au XVIIe siècle et le calcaire marbrier utilisé à la même époque aux Saillardières) : il s’agit principalement de granite (cinq occurrences entre le XVe et le XVIIe siècle) et secondairement de calcaire, vraisemblablement de Bernay (2 occurrences, limite XVe-XVIe et milieu XVIe). La mise en œuvre de ces matériaux sous forme de pierre de taille (sauf le grès de la Francière), distingue aussi les manoirs des logis de fermes et de hameaux antérieurs au XIXe siècle.

Le décor sculpté n’apparaît que sur les trois édifices les plus importants. Il est concentré sur les lucarnes. A Lesnières, il résulte du remaniement intervenu dans le troisième quart du XIXe siècle.

Les charpentes à ferme et à panne sous chevron porteur sont majoritaires : 1 cas vraisemblablement dans la 1ère moitié du XVIe siècle, 3 au XVIIe siècle. Deux charpentes à chevron porteur ont été repérées, sur deux constructions du XVIIe siècle : à Lesnières et sur le pavillon de la Francière. Enfin, le manoir d’Aubigné (limite XVe –XVIe siècle) est doté d’une charpente à ferme et à panne (avec faux-entrait).